AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Norge (193)


 Norge
Au bord du temps le coeur s'arrête
et ne meurt pas. Le temps s'arrête,
Il fait si froid. le coeur tout nu
jette des cris qui restent sans réponse.
Commenter  J’apprécie          20
Craie des songes

Il vit qu’il avait raté
Une importante partie
De sa négligente vie
Et de son éternité.

Peu lui chaut. D’un coup d’éponge
Il l’efface au tableau noir,
Puis, avec la craie des songes,
Il s’écrit une autre histoire.

Hélas : de nouveau raté!
Mais il peut recommencer
Et pareil à Dieu qui crée,
Se faire une destinée

De néant: d’un peu de craie!
Commenter  J’apprécie          20
UNE CHANSON


Une chanson bonne à mâcher
Dure à la dent et douce au cœur.
Ma sœur, il faut pas te fâcher,
Ma sœur.

Une chanson bonne à mâcher
Quand il fait noir, quand il fait peur,
Comme à la lèvre du vacher,
La fleur.

Une chanson bonne à mâcher
Qui aurait le goût du bonheur,
Mon enfance, et de tes ruchers
L’odeur.
Commenter  J’apprécie          20
LA VOIX


Ah ! cette cantatrice : sa voix l’élevait sur la pointe
de l’orteil. Elle ne pesait plus et se maintenait très bien, je
l’ai dit, sur la pointe de l’orteil. Un soir elle chanta plus
fort, monta dans les airs et on ne la revit jamais.
Commenter  J’apprécie          20
Ah, je suis l'œuf dans sa coquille!
Par un grand festin solitaire,
Je goberai tous mes trésors,
Mes fleuves, mes lions, mes mouches,
Ne gardant pour seule fortune
Que mon miel et ma planche à clous.
Commenter  J’apprécie          20
 Norge
LE CAVALIER

Eh bien, quand viendra le jour du Jugement Dernier, moi, je ne me lèverai pas. Je veux dormir tout mon soûl. Pas tellement curieux de voir les bons, les mauvais, la Trinité, les diables, les anges. Les anges! non, ils peuvent souffler dans leurs cuivres. J'ai été hussard pendant sept ans et j'en ai assez de sortir du lit chaud pour une trompette!
Commenter  J’apprécie          22
Plusieurs malentendus

INVESTITURE


Tu es belle comme une pomme.

Tes mouvements ont la musculeuse
tension d'un piège,

le troublant équilibre
d'une algèbre.

Et tu m'apportes le magnétisme
d'un film inédit.

Mais je renonce à cette obtuse
équation, car je demeure
trop fragmentaire.

On ne peut te circonscrire
ni par la fervente fiction
d'une verrière gothique,

ni par l'exacte souplesse
d'un roulement à billes.

Soyons nus sous le ciel primaire
et aimons-nous
frustement comme dans
la Génèse.

p.26-27
Commenter  J’apprécie          20
ZÉZETTE

La mouche Zézette sait lire,
Elle sait lire et sait écrire.

Elle se trempe sans crier
Les quatre mains dans l'encrier...

Puis elle trotte sur la page
Comme un oiseau dans un nuage.

Ah ! les cœurs ont tant de chemins
Qu'il faut les dire à quatre mains.

Cette écriture musicale
A de lumineuses rafales.

On sent que de pareils sursauts
Durent voir les choses de haut.

Et ne trouvent pas dérisoire
L'ardeur des fois contradictoires.

On sent qu'un si gracieux zèle
S'épanouit parmi des ailes

Et que tous les vents de l'esprit
Dans ses mailles se trouvent pris.

Point de grammaire ou d'orthographe
En ces spirituels paraphes

Où le sourire aux larmes pointe
Comme pied-de-nez à mains jointes.

Il n'est de grappe ou de visage
Qui ne s'avoue en ces jambages

Car la colère à la douceur
Y propose un baiser de sœur.

Est-ce trop de tant de méandres
Pour tant de vérités apprendre ?

Tous les détours des passions
Tremblent, subtils dans leurs sillons.

Celui que l'ineffable touche
Lira pieusement la mouche.

Elle danse, elle caracole ;
Elle fait de la haute école

Et Norge a raison de vanter
Une écriture qui s’envole

Quand elle a fini de sécher.

p.225-226

Commenter  J’apprécie          20
Extrait LES RÂPES

ŒIL POUR ŒIL

Aime-toi bien, hirondelle,
Aime-toi bien, haridelle,
Tu n’as que toi pour cervelle,
Tu n’as que toi pour ancelle.

Tes petits cris dans l’azur,
Tes craquements de fémur,
Sont tes amours les plus sûrs
Passés, présents et futurs.

Bouvreuil, chevreuil, écureuil,
Le monde est là, sur ton seuil,
Tu n’as que toi pour accueil,
Tu n’as que ton œil pour œil.

Vie à plume, vie à laine,
À coquille, à poil, à graine,
Tu n’as que toi pour haleine,
Pour nuit, pour jour, pour semaine.

Frissonnant dans ton pelage,
Foisonnant dans ton ramage
Bête qui voles, qui nages,
Bête d’eau, de bois, de plages.

Regarde d’un œil cuisant,
Hume d’un museau luisant
Le songe vert et flottant
Qui passe avec ses printemps.

Serre-toi dans ta hantise,
Goûte-toi dans ta bêtise,
Tu n’as que toi pour chemise,
Pour jeu, pour cœur et pour guise.

Bêtes et gens, gens et bêtes,
Hirondelles, mauviettes,
Vaches, veaux, corbeaux, poètes,
Aimez fort ce que vous êtes.

p.60-61

Commenter  J’apprécie          20
extrait de FAMINES (1950)
POLTRON

C’est pas tant la peur du tonnerre
Avec son grand zigzag,
C’est pas tant la peur des années
Avec leur grand zodiaque,
C’est pas tant la peur de l’enfer
Avec son grand tic-tac,
C’est pas tant la peur de l’hiver
Avec son grand colback,
C’est pas tant la peur tracassière
Avec son grand bivouac,
C’est pas tant la peur de la guerre
Avec son grand micmac,
C’est pas tant la peur de l’amour
Avec ses grands cornacs,
C’est pas tant la peur du suaire
Avec son grand cloaque :
C’est surtout la peur ordinaire,
C’est surtout la peur de la peur
Avec son bric-à-brac.

p.76
Commenter  J’apprécie          20
HIRONDELLE

Le joli destin
De l'hirondelle,
Le clair intestin
Qui nourrit celle

Où tant de matin
Fuse et ruisselle,
N'en diras-tu rien,
Cœur infidèle ?

Ne diras-tu rien
Du cri, de l'aile,
Du bleu, du salin,
Du vif, du zèle,

Du vite et du fin
De l'isocèle
De l'aérien,
Et le plus grêle ?

J'entends, séraphins,
Des voix pucelles
Qui font leur chemin
Dans vos ruelles.

Le sifflant dessin
De ces dentelles,
C'est à quelles fins
Spirituelles ?

N'en diras-tu rien,
Cœur infidèle?
Tu bêles, tu geins,
Tu geins, tu gèles.

Ne diras-tu rien
De l'hirondelle?

p.68-69
Commenter  J’apprécie          20
BOULET SAUGRENU

Trop dédoublé ;
trop devenu spectateur
de moi-même.

Et je ne m’intéresse plus
pour m’être exagérément
ausculté.

J’ai vu le fond du puits,
j’ai conquis le baiser final,
j’ai troué le voile du temple
et l’arche n’est pas en or.

Nous pourrions très bien
nous entendre
en nous voyant moins.

Hélas moi-même, faux frère
que je traîne avec moi
boulet !

p.18
Commenter  J’apprécie          20
LA PÊCHE DU POÈME…

Leurre comme tout et tous
mais je goûte quand même
belle,
la belle tentation de dire.

Ô, si confusément tiré des limbes
cérébraux : poème :
poisson un peu étrange
et féerique à travers
les rutilances de l’aquarium
et le cohue de l’eau.

Scintille et sois né !

Or, voici la phrase – illusion optique –
si fièrement et drôlement indigente
et non dite.

p.17
Commenter  J’apprécie          20

La belle saison
MOUCHE EN VIGNE

Je m'entends avec l'hirondelle,
Je suis bien avec le crapaud.
Pas de traître ni d'infidèle
Dans nos vieux pactes d'animaux.

Et même toi, mademoiselle.
La mouchette au joli museau
Que souvent j'écrase avec zèle,
Va, je t'aime, petit oiseau !

Je zézaie et toi tu zézaies
Envoutés du même frisson.
Ah ! cueillir aux suaves treilles !
Moi, j'essaie et nous essayons !
Commenter  J’apprécie          20
LE MORDEUR

Naquit mordeur, enfant de terre ;
Mordit fort au lait de sa mère.
(...)
Mordit à la pomme d'enfance
(...)
Mordit au chiffre, à la grammaire.
(...)
Mordit au sein de ses chéries,
(...)
Mordit le doux, mordit l'amer.
(...)
Mordit au bois, mordit au fer ;
(...)
Mordit au sel, mordit au gel,
Mordit au gel et à la guerre,
(...)
Mordit aux draps de maladie.
Dieu, qu'il est tôt, ma fleur de vie ;
Lavande, œillet, chardon, fougère !
A peine mordue et finie.
Commenter  J’apprécie          21
CHANDELLE

Assez dormi,
Mon ami.
Allons, plus vite,
Ressuscite.

Ô merveilleux,
Ô merveille,
Tes mains, tes yeux,
Tes oreilles

Pour ceindre un monde
Et l'aimer.
Tu surabondes,
Affamé !

De l'eau, du vent,
Jusqu'aux cendres,
L'amour levant
Pour les prendre.

Des seins, du vent,
Des visages,
Amour les prend
Comme otage.

Froments nouveaux
Si tu sèmes;
Le monde est beau
Si tu l'aimes.

Allons, de l'aile
Au voyage,
Planez, oiselles
De passage.

Allons, du cœur
A l'ouvrage,
Aimez, mes sœurs
De nuages.

Chandelle, on part,
Hop, debout !
Et brûlons par
Les deux bouts.
Commenter  J’apprécie          20
Les pirouettes de Norge sont une manière de brocarder le grand mufle qu'est la douleur humaine. C'est entendu, il se gausse, mais il ne connaît pas le cynisme. Au détour d'une strophe, on perçoit la candeur, sinon la grâce franciscaine : car il y a du vierge et du matinal chez Norge.

François Jacqmin, préface
Commenter  J’apprécie          10
SÉRAPHIN

Un jour est repu
Le ver calme et blanc
Qui ronge.

Le dernier venu

Du songe.
Le petit rampant.
Le petit mineur
Se sent en humeur

D'azur.
A d'autres gloutons
Il cède un peu ton

Fémur.

Il boit tout le ciel,
Il goûte le miel
Des nues.

Le petit dodu
Se sent les vertus
Emues.

Ainsi, séraphin
De l'argile, enfin

Te venge
Son désir ailé
Son élan d'aller

Aux anges.
Commenter  J’apprécie          10
UNE ROSE

Si haute du front.
Ma rose expirante.
Fleurit ta raison
Souriante.

Quand l'aigre fléau
Dessèche ta sève.
Tu vas au tombeau
Comme en rêve.

Ta corolle étroite
Se souvient de mai.
Ta hanche est plus droite
Que jamais.

Si ta bouche, tu
La durcis, chagrine
Sur un amour tu
Qui te mine.

Pas un cri, pas un
Eclat de détresse !
Rosa. tu ne laisses
Que parfum.

C'est assez livrer
Dans la fleur de l'âge
Ton souffle altéré
Aux nuages.

C'est assez mourir
Que perdre les aubes
Dont l'or vint rougir
Sur tes robes.

Sied-il que tu donnes
Un front de rancœur
Aux dents de l'automne
Et du cœur?

Non. grave et modeste.
Ma rose en mourant,
Disait poliment :
Je proteste.
Commenter  J’apprécie          10
Pour finir

Le savez-vous, chez ce peuple d’oiseaux,
La mode fut qu’on se coupât les ailes ;
Pourquoi de l’aile, on ne volait plus guère,
On mangeait trop et l’on marchait si peu
Que pour finir on se coupa les pattes.
Quant à chanter, le fait devint si rare
Que pour finir, on se coupa la gorge.
Commenter  J’apprécie          10



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Norge (86)Voir plus

Quiz Voir plus

Métro Quiz

🎬 Film français réalisé par François Truffaut sorti en 1980, avec Catherine Deneuve et Gérard Depardieu, c'est ...

Le premier métro
Le dernier métro
L'ultime métro

10 questions
64 lecteurs ont répondu
Thèmes : métro , chanson , romans policiers et polars , cinema , romanCréer un quiz sur cet auteur

{* *}