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3.46/5 (sur 24 notes)

Nationalité : États-Unis
Né(e) à : Joliet, Illinois
Biographie :

Patrick Michael Finn est romancier et nouvelliste.

Il est titulaire d'un B.A. à l'Université de Californie à Riverside et d'un M.F.A. à l'Université de l'Arizona.

"Ceci est mon corps" (A martyr for Suzy Kosasovich, 2008), son premier roman, a obtenu le Ruthanne Wiley Memorial Novella Contest 2006.

Son recueil de nouvelles, "From the Darkness Right Under Our Feet", est lauréat du Hudson Prize 2009.

Professeur d’écriture créative, il a enseigné à l'Université de l'Arizona et à l'University of North Carolina-Asheville. En 2007, il crée un programme de création littéraire au Chandler-Gilbert Community College où il enseigne.

Il vit à Mesa en Arizona avec son épouse, l'écrivaine Valerie Bandura, et leur fils.

Twitter : https://twitter.com/PatrickMFinn1
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Les coups de coeur Bruno Richard pour L'écrit du suD. Obsession Textuelle n°23 du 9.06.2018.


Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Suzy s’arrêta et jeta un œil à l’intérieur. Bien que cela lui fût interdit, elle eut subitement envie d’entrer, plus que tout au monde. Elle vit un tas d’homme du quartier encore vêtus de leur bleu de travail maculé de graisse, la casquette fourrée dans la poche arrière, certains en tricot de corps poisseux, qui buvaient des pressions tout en suivant le match de White Sox sur un téléviseur noir et blanc suspendu au mur…
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- Chuis un artiste, ouais, dit Joey, la voix pâteuse. Un artiste de la baise. J’ai mon propre musée de la baise dans cette rue. Tous, ils s’étranglèrent de rire. Suzy comprit que c’était elle la blague, quelle bande de connards, et Joey était qu’un connard lui aussi, mais le bourbon lui monta subitement à la tête et ses yeux s’emplirent de larmes. Elle contint ses sanglots en fixant de toutes ses forces le cendrier au milieu de la table, un cercle rouge doté de quatre petites encoches qui enlaçait un amas infect et fumant de mégots écrabouillés. – Merde, elle va gerber, dit l’un d’eux, et Suzy se réjouit qu’ils n’aient pas perçu l’immensité de sa tristesse.
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« Je me suis remariée. J’ai divorcé. J’ai une autre fille. […] Et puis je travaille dans la cafétéria du lycée. Dans la queue du self les garçons se lancent des vannes quand ils me voient. La moitié ont sauté Tammy, je suppose qu’ils aiment bien en rire […] Elle a épuisé tout l’amour que j’avais pour elle. »



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Elle le savait, les grands du bus se foutaient bien qu’elle fût là ou pas, mais ça ne la dérangeait pas beaucoup. Elle était encore jeune, puis de toute façon ils lui faisaient un peu peur, les garçons comme les filles, avec leurs vestes en jeans déchirées cousues des têtes de mort, serpents et épées de leurs groupes de metal favoris. Les fards à paupières, le maquillage sur les lèvres, les yeux et les ongles, les cheveux permanentés, les bottines cradingues, les gencives luisantes et roses, les cris, rires, beignes. Les palots langoureux.
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Comment un tel homme, qui paraissait si vieux et si mûr, qui agissait avec un calme aussi détaché, pouvait-il réellement projeter de foutre sa vie en l’air, à l’exemple d’un de ces minables du bus ? Suzy n’y croyait pas une seconde. À ses yeux, Joey Korosa était un écorché vif sublime qui, comme elle, quitterait un jour cet endroit pour s’épanouir ailleurs, un ailleurs plus vaste et plus riche, où son passé sulfureux servirait à nourrir sa légende au milieu de gamins surprotégés et inexpérimentés qui aduleraient la moindre de ses actions.
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La plupart des lycéens toutefois se contentaient de rouler en boule le règlement et le jetaient dans les poubelles ou par terre à leur sortie du gymnase. Ils le savaient, seul un meurtre pouvait vous faire exclure définitivement de Joliet West. L’exemplaire du règlement intérieur de Suzy était rangé soigneusement dans son classeur de cours, qu’elle trimballait avec elle de classe en classe puis ramenait à la maison dans son cartable. N’ayant jamais couru le risque de s’exposer à la moindre punition, elle ne le lisait jamais.
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Elle regretta amèrement d’avoir ouvert la bouche et se demanda pourquoi elle attachait tout à coup tant d’importance à ce que les grands pensaient d’elle. Elle dut admettre que c’était important, ça l’avait toujours été, et qu’elle avait désiré capter leur attention. En se tenant à l’écart de leur groupe, en refusant de leur parler, elle se laissait une chance de dire un jour quelque chose de parfaitement original, une chose qui les blufferait et les exciterait tellement qu’ils seraient comblés de sa présence parmi eux.
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Certains de ces saints étaient des martyrs, Suzy savait cela. Qu’ils aient été battus à mort, lapidés, violés, ébouillantés, transpercés de flèches, énucléés, ou encore pendus tête en bas sur des croix, ils avaient expiré leurs derniers souffles de vie dans d’inimaginables souffrances, comme celles du Christ, pire même que les siennes, tout ça pour l’orgueil sacré, coupable, qu’ils tiraient de leur foi en Lui. Suzy n’avait qu’une connaissance limitée de concepts comme l’espérance ou l’empathie.
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Elle était encore jeune, puis de toute façon ils lui faisaient un peu peur, les garçons comme les filles, avec leurs vestes en jeans déchirées cousues des têtes de mort, serpents et épées de leurs groupes de metal favoris. Les fards à paupières, le maquillage sur les lèvres, les yeux et les ongles, les cheveux permanentés, les bottines cradingues, les gencives luisantes et roses, les cris, rires, beignes. Les palots langoureux.
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Elle savait qu’elle pouvait être tout aussi méchante sans alcool, comme la fois où elle avait crié sur Busha, c’est-à-dire la veille. Quel crime avait commis Busha, si ce n’était s’épuiser sa vie durant à leur prodiguer ses soins et son amour infini ? Elle imagina sa grand-mère à l’endroit où elle l’avait quittée ce soir : seule dans la maison vide, sans autre occupation que prier sur son chapelet.
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