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Critiques de Paul d’Ivoi (23)
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Les cinq sous de Lavarède

Si je vous dis : tour du monde en un temps record, aventures, voyage en ballon, en sous-marin, en train, si je vous dis encore déguisements, avatars, ruse et flegme plein d'humour, à qui pensez-vous ? Normalement à Jules Verne. Elémentaire puisque Paul d'Ivoi est un continuateur de la veine vernesque.



Avec l'aide d'un nègre - Henri Chabrillat -, Paul d'Ivoi publiera en moins de quinze ans une vingtaine de romans d'aventures largement inspirés des "Voyages extraordinaires" de Jules Verne, qu'il appellera d'ailleurs "Voyages excentriques". Partant de là, on peut lire "Les cinq sous de Lavarède", publié en 1894, un peu comme une parodie.



On y retrouve une très grande partie des éléments novateurs et ingénieux qui ont fait le succès de Jules Verne, et pour commencer l'idée d'un défi, d'un pari fou, d'un challenge. C'est là la clé du récit au cours duquel Armand Lavarède, journaliste et dilettante parisien, se voit contraint de faire le tour du monde avec vingt-cinq centimes en poche et dans un délai d'un an s'il veut hériter d'une fortune colossale. Accompagné dans son périple par des amis ou des adverses tenaces, Lavarède se heurtera avec bonheur et succès à une incroyable et fabuleuse série d'aventures, plus burlesques que périlleuses pour la plupart.



Quant à moi... je me suis bien ennuyée pendant cette lecture. Même si le verbe classique est doux à l'oreille, n'est pas Jules Verne qui veut et là où le bât blesse cruellement, c'est dans le rythme qui s'enlise. Les auteurs perdent un temps fou dans des détails sans aucun intérêt si ce n'est celui de noircir des pages - rappelons que la mode du feuilleton littéraire battait alors son plein et que les écrivains étaient payés à la ligne. Quand on a lu les aventures de Phileas Fogg, on a bien du mal à s'intéresser sérieusement à celles d'Armand Lavarède. Déjà parce que tout paraît cousu de fils blancs, ensuite parce que le tempérament du héros est outrancier. Cet excès, peut-être volontaire, le rend peu crédible et, pour ce qui me concerne, peu attachant.





Challenge MULTI-DEFIS 2022

Challenge XIXème siècle 2022

Challenge ABC 2021/2022

Challenge PAVE 2022
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Le docteur mystère

Près des côtes bretonnes, Cigale, jeune mousse parisien, sauve héroïquement une jeune fille étrangère de la noyade. Les deux seront recueillis par un énigmatique médecin que le jeune homme décide de surnommer le Docteur Mystère. La jeune fille s'exprime dans un dialecte inconnu de Cigale, mais que le docteur reconnait et parle couramment. Elle dit se prénommer Anoor et venir de la lointaine Inde où elle a été enlevée par l'infâme brahme Arkabad. Le Docteur Mystère, qui semble avoir des comptes à rendre avec cette caste de prêtres indiens, décide d'aider la jeune fille à retrouver les siens. Il mettra toutes ses ressources, toute sa science, au service de cette cause... et, bien sûr, Cigale les accompagnera !



Le Docteur Mystère fait partie des Voyages Excentriques, une série de 21 romans écrits par Paul d'Ivoi entre 1893 et 1914. Après l'avoir lu, il m'est impossible d'en parler sans évoquer Jules Verne et ses Voyages Extraordinaires, tant il est évident que Paul d'Ivoi s'en est très largement inspiré. Car les points communs vont bien plus loin qu'une simple ressemblance entre « excentriques » et « extraordinaires ».



Comme chez Verne, ce voyage est un récit mêlant aventure et science-fiction. Le Docteur Mystère, hindou luttant pour libérer l'Inde des brahmes et de leurs alliés anglais, et génie scientifique aux commandes d'un véhicule fabuleux – une maison automobile en aluminium fonctionnant à l'électricité et dotée d'un armement révolutionnaire – fait immanquablement penser au Capitaine Nemo. Cigale, quant à lui, débrouillard et téméraire, à la langue bien pendue, évoque la figure du serviteur français très fréquente chez Verne – on pense à Passepartout' par exemple.

L'histoire est parsemée d'explications géographiques et historiques sur les lieux traversés, avec la volonté d'instruire tout en divertissant... comme chez Verne.

Ultime ressemblance, le texte est illustré de magnifiques gravures, signées Louis Bombled.



Mais si l'originalité est clairement absente, qu'en est-il de la qualité ? Et bien, ma foi, ce n'est pas si mal ! Si le Docteur Mystère n'arrive pas à la cheville de l'iconique Nemo, il vaut bien un Robur. Arkabad est un méchant très caricatural mais il « fait le café », comme dirait Cigale qui, pour sa part, est un gamin très attachant.



Pour l'aspect scientifique, par contre, Paul d'ivoi n'a pas le même talent que l'auteur nantais. Certaines inventions font clairement carton-pâte et les explications scientifiques font hausser le sourcil tant on a l'impression que même l'auteur n'est pas convaincu. Je pense particulièrement au « téléohone-téléphote », une caméra capable de capter image et son à des kilomètres grâce aux ondes ambiantes. Je suis resté perplexe et, comme Cigale : « Je n'ai rien compris, mais tant que ça marche... Bah ! »



L'humour, également, est mal dosé. De trop nombreux personnages (un couple avec ses douze enfants, un autre couple d'italiens, un haut gradé anglais obèse...) ne servent à rien d'autre que des intermèdes comiques qui cassent le rythme. Et ce n'est même pas toujours drôle, en plus. Les réparties de Cigale me suffisait amplement pour sourire, il était inutile d'en rajouter.



Malgré ces petits défauts, l'histoire est divertissante. Paul d'Ivoi compense ses lacunes par un enthousiasme communicatif. Laventure est pleine de dangers et de rebondissements. L'Inde, avec ses nombreuses sectes et ses bêtes sauvages, est une source d'exotisme intarissable. Je ne me suis pas ennuyé !



Une copie, certes, mais qui ne manque pas de charme !
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Les semeurs de glace

L'histoire débute en Martinique. Jean, un jeune ingénieur français, souhaite voir de près le fameux mont Pelé. Sur place, il surprend des bandits menés par un certain Olivio de Avarca. Ce dernier projette de faire sauter le volcan ! Le pauvre Jean se fait capturer, mais parvient à s'échapper juste avant la catastrophe. Pendant l'éruption, qui dévaste la rêgion, il réussit à sauver Stella, une jeune femme qui se trouve être la fille d'un scientifique assassiné par le sinistre Olivio. Jean accepte de l'aider à se venger, et pour cela, ils devront se rendre au Brésil.



Au Brésil, oui, car il sera également question d'une prophétie Inca, d'un trésor et d'une sœur prêtresse du soleil à sauver d'un sacrifice. Un peu confus n'est-ce pas ? Et encore je ne vous ai pas parlé des deux pères adoptifs de Jean, ni des quatres aventuriers' deux marseillais et deux canadiens, également à la poursuite de la prêtresse inca. Et dire que je n'ai pas non plus parlé des capsules de verres capables de générer un froid intense, inventées par le père de Stella et dérobées par Olivio !



Avec sa profusion de personnages et de sous-intrigues, les Semeurs de glace souffre de gros problèmes de rythme et de structure. Paul d'Ivoi préfère s'attarder sur les passages humoristiques plutôt que sur l'aventure. Certains moments, bien trop long, ne sont que prétextes à des quiproquos digne d'un théâtre de boulevard , tandis qu'ailleurs, l'auteur nous résume trois mois de voyage dans la jungle en deux petites pages. C'est très frustrant, parce que c'est justement cela que j'aurais aimé lire !



J'ai déjà parlé de la pléthore de personnages, mais j'ai omit de dire que la plupart avaient des accents caricaturaux. Entre oun italiano qui parla commé zéla, un marseillais avé l'assent pitchoun ! un anglais so british, des nègres qui parler piti nègue, ti comprendre mi, massa ? C'est une vraie tour de Babel, là dedans, et certains dialogues en deviennent particulièrement pénibles à déchiffrer !



Malgré tout, le roman a des côtés plaisants. Il y a quand même de l'aventure, si l'on gratte un peu, avec son lot de péripéties et d'exotisme. Les personnages sont pittoresques et attachants, si on fait abstraction des accents insupportables. La science-fiction est moins présente que dans le Docteur Mystère, mais elle repose sur des bases scientifiques plus crédibles. Et enfin, le texte est illustré de magnifiques gravures. J'oserais même dire qu'elles sont bien plus belles que celles des roman de Jules Verne (et cela me coûte de le reconnaître !).



Néanmoins, les Semeurs de glace cumule trop de défauts pour être une lecture plaisante. Dans la série des Voyages excentriques, vous pouvez l'oublier sans regret. J'ai largement préféré le Docteur Mystère.
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Le Sergent Simplet à travers les colonies fra..

Misère !

Depuis des années je voulais m'essayer à la prose de Paul D'Ivoi qu'on vantait ici et là comme un challenger de Jules Verne.

Ayant gavé ma liseuse de façon hétéroclite en vue de mon voyage j'ai fini par plonger dans le sillage du Sergent Simplet sur le ferry qui mène à Koh Chang pour rester dans l'ambiance.



A 10 ans j'aurais peut-être validé, il y a ici tout ce qui me faisait rêver alors.

On carapate à pied, à cheval en voiture, mais surtout en bateau, aux quatre coins du monde, il y a des méchants aussi retors que tenaces, des amitiés viriles, une héritière américaine, sublime et richissime comme il se doit, des animaux féroces et des indigènes tantôt cruels et stupides, tantôt amicaux et stupides aussi.

Le tout sur un fond historique et géographique qui m'a semblé assez bien documenté malgré l'absence d'internet à l'époque.



Mais bon, tout cela a très mal vieilli, l'humour et les cocoricos colonialistes surtout.

Verne n'avait aucun souci à se faire, Paul d'Ivoi est tout juste un second couteau.



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Les cinq sous de Lavarède

Comme Alexandre Dumas, Jules Verne a eu des émules et des continuateurs.Ce n’est guère étonnant : quand vous écrivez des romansd’aventures aussi captivants, aussi riches de forme et de fond, le public en redemande, et c’est un créneau que certains écrivains affectionnent particulièrement, citons entre autres Gustave Le Rouge, Maurice Renard, Louis Boussemard, ou encore Paul d'Ivoi.

Paul d'Ivoi (1856-1915) est en effet l'un des plus connus de ces continuateurs. A la fois hommage, parodie et production originale, l'œuvre de Paul d'Ivoi se situe dans la droite ligne de celle de son illustre devancier : aventure, dépaysement, inventions scientifiques, tout y est. C'est sans doute sur ce dernier point que se traduit la différence : Jules Verne se fondait sur l'état de la science à son époque et les extrapolations qu'il élaborait pouvaient, dans une certaine mesure, paraître plausibles. Paul d'Ivoi, lui, verse dans une fantaisie qui tire plus vers un fantastique pseudo-scientifique, avec des inventions improbables à l'époque, comme des nuages mortifères, des manipulation de climat ou encore des rayons lasers (le plus curieux étant que ces élucubrations sont devenues réelles un siècle après !)

Paul d'Ivoi, s'inscrit de lui-même dans le sillage de Jules Verne : il écrit (seul ou en collaboration) vingt et un volumes auxquels il donne le terme générique de "Voyages excentriques", en hommage évident aux "Voyages extraordinaires" (à moins qu'il ne s'agisse d'un coup de publicité, ce n'est pas exclus). Quoi qu'il en soit, cette série a eu en son temps un grand succès auprès du public, et le premier volume 'Les Cinq sous de Lavarède" a fait l'objet de nombreuses rééditions.

A juste titre, d'ailleurs, tant le roman présente de qualités : dans le style du "Tour du monde en 80 jours", Paul d'Ivoi raconte le périple aventureux d'un jeune journaliste, Armand Lavarède. Armand est criblé de dettes, et persécuté par son créancier et propriétaire, le féroce Bouvreuil. Celui-ci, en plus, aimerait bien qu'il épouse sa fille Pénélope, laquelle n'est pas, mais pas du tout au goût d'Armand. Sur ces entrefaites, Armand hérite d'une énorme fortune, à la condition qu'il fasse un tour du monde avec seulement cinq sous en poche. Un ami du défunt, sir Murlyton, est chargé de surveiller la régularité du parcours. Armand n'hésite pas et se lance, avec d'autant plus de plaisir que Miss Aurett, la jolie fille de Sir Murlyton, ne lui est pas indifférente. Mais Bouvreuil, on s'en doute, est bien décidé à lui mettre des bâtons dans les roues...

Sur ce scénario somme toute classique, Paul d'Ivoi et Henri Chabrillat bâtissent un brillant roman plein d'allant et de vivacité, drôle, alerte, avec des portraits bien dessinés, des péripéties sans nombre, un exotisme qui passe bien, et un humour permanent.

Les vingt autres volumes ne sont pas tous de la même qualité. La plupart se lisent très bien, en particulier les dix premiers, mais on finit par trouver un certain essoufflement, une certaine lassitude, particulièrement sensibles dans les derniers volumes.

Difficiles à trouver en librairie classique, ces romans sont pour la plupart disponibles en e-books et vous aurez peut-être la chance d'en trouver chez un bouquiniste ou dans une brocante. Si l'occasion se présente, ne la ratez pas. Même si elle vous coûte un peu plus que cinq sous.

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Les cinq sous de Lavarède

La comparaison avec Le tour du monde en quatre-vingts jours de Jules Verne (que, par un heureux hasard, j’ai lu l’an passé) sera inévitable. Certes, Henri Chabrillat et Paul d’Ivoi perdent le bénéfice de l’originalité puisque leur roman est paru vingt-deux ans après celui de Jules Verne. Mais j’en ai malgré tout préféré l’exécution plus vivante et trépidante.



Commençons avec l’histoire en elle-même. L’histoire de Lavarède se passe donc vingt ans après celle de Phileas Fogg ; l’origine n’en est pas un pari, mais une clause testamentaire ; Lavarède a donc droit beaucoup plus de temps que Fogg, mais beaucoup moins d’argent pour le réussir. Or, ce dernier point n’est pas anodin. Parmi les diverses sources de déception lors de ma lecture du Tour du monde… se trouvait la prodigalité de Phileas Fogg, les billets distribués à gogo aplanissant bien facilement tous les obstacles dressés sur sa route. C’est un expédient auquel Lavarède ne peut recourir, ne pouvant pas même se payer un simple billet de train. Tout au long de son aventure, il devra donc faire preuve d’imagination, de ruse et de travail – additionnés de chance et d’entraide – pour poursuivre sa route. C’est donc une source inépuisable de rôles endossés par le héros, de rebondissements et de suspense. Certes, le suspense est relativisé par le fait qu’on doute peu de sa réussite, mais l’on s’interroge sur la manière dont il se sortira de tel ou tel mauvais pas.



De plus, là où Fogg était froid et calculateur, Lavarède est un héros bien plus aimable. De par sa verve, son insouciance et sa joie de vivre – qui n’entament en rien sa volonté de gagner son héritage –, il est un personnage plaisant à suivre et l’on comprendra facilement la sympathie qu’il attirera à lui tout autour du globe.

Miss Aurett, même si elle sera amenée à être sauvée ici ou là (tout comme Lavarède), n’est pas un personnage féminin totalement passif comme on peut souvent le regretter. Sa joliesse est soulignée, mais ce n’est pas sa seule « qualité », loin de là, les auteurs insistant finalement moins sur ce point que d’autres bien contemporains. Outre le fait qu’elle traverse des contrées bien hostiles sans frémir, elle prend des initiatives à plusieurs reprises, convainc bien souvent son père du bien-fondé d’aider Lavarède sans trahir l’impartialité lié à son rôle, remet Bouvreuil à sa place et tire au pistolet lorsque leurs vies sont en jeu.



En outre, j’ai apprécié l’immersion dans les pays traversés qui m’avait manqué chez Jules Verne. Alors que Verne se focalisait sur Fogg qui avançait l’œil rivé à sa montre, Chabrillat prend le temps de décrire les paysages, les habitations et leurs habitants. Il s’inscrit également davantage dans son époque, racontant les travaux (et leurs multiples déboires) du canal de Panama, présentant l’immigration chinoise aux États-Unis, évoquant l’amitié franco-russe et l’inimitié franco-prussienne suite à la guerre de 1870 et l’annexion de l’Alsace-Lorraine.



Toutefois, je ne prétendrai pas que ce roman est sans défauts. Outre quelques longueurs au bout des énièmes rebondissements, Les cinq sous de Lavarède souffre des tares de bien des romans de cette époque.

Même si Lavarède sait considérer avec amitié des personnages comme Ramon (Indien du Panama) ou Rachmed (Tekké), on n’échappera pas aux sentiments de supériorité d’un auteur occidental, reflet inévitable du colonialisme et certaines considérations oscilleront entre condescendance ou franc mépris. Toutes les nationalités sont sources de clichés et d’humour (les différences de tempérament entre le Français Lavarède et l’Anglais Murlyton en premier lieu), mais ceux sur les Occidentaux sont bien plus potaches et gentils que ceux sur les Asiatiques par exemple.

De même, même si le personnage d’Aurett a l’honneur de ne pas être uniquement celui de la belle demoiselle en détresse, on pourra regretter cette opposition un peu facile (mais tellement classique) entre sa beauté – symbole éclatant de sa gentillesse, son intelligence, sa générosité, son courage, etc. – et la « laideur » de sa rivale, Pénélope (qui se languit bien à l’abri pendant que papa Bouvreuil court pour lui ramener Lavarède), présentée comme grande (or tout ce qui est mignon doit être petit), anguleuse, que l'on veut nous faire croire aussi sèche de figure que de cœur.



A travers ce roman d’aventures trépidantes et parfois improbables, Lavarède nous offre un voyage autour du monde tel qu’il se présentait à la fin du XIXe siècle (avec la mentalité que cela suppose parfois, même si on lui saura gré d’un personnage féminin qui est loin d’être une potiche).
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Les cinq sous de Lavarède

C’est ce que doit réaliser Armand Lavarède, trente cinq ans, journaliste ayant également poursuivi des études de médecine et scientifiques mais homme dépensier, possédant des dettes un peu partout.



Surtout avec monsieur Bouvreuil, qui pratique l’usure en plus de ses différentes occupations de banquier et financier, agent d’affaires. L’homme, peu sympathique, qui a racheté les quittances de loyer, veut bien passer l’éponge sur ses dettes, des loyers en retard, si Lavarède accepte d’épouser sa fille, la triste et sèche Pénélope. Ce que refuse catégoriquement Lavarède qui ne veut en aucun cas se mettre un boulet à la cheville.



Il est convoqué chez un notaire qui lui signifie qu’il est le légataire universel de son cousin Richard, qui s’était installé en Angleterre, pour un héritage s’élevant à quatre millions environ, et composé de maisons et propriétés, de rentes, d’actions et d’obligations. Mais pour percevoir ce pactole, il devra faire le tour de monde avec seulement vingt-cinq centimes en poche. Et pour vérifier si notre voyageur, qui accepte les clauses du testament, ne triche pas, il sera accompagné par sir Murlyton et sa fille Aurett, les voisins de cousin Richard en Angleterre. Autant Pénélope est moche, autant miss Aurett est belle à ravir. Mais nous ne sommes pas là pour digresser sur les avantages physiques de celle qui va suivre, en compagnie de son père ne l’oublions pas, les tribulations de Lavarède qui devront durer un an, jour pour jour. Rendez-vous est pris donc pour le 25 mars 1892, avant la fermeture des bureaux.



Première étape gare d’Orléans, direction Bordeaux, puis correspondance avec un transatlantique qui va rallier l’Amérique. En gare, comme il connait un sous-chef, il promet à celui-ci une forte somme d’argent s’il parvient à toucher l’héritage. L’homme accepte sans difficulté et Lavarède se niche dans une caisse à piano sur laquelle est apposée la mention Panama. Dans le même train voyagent sir Murlyton et sa fille Aurett, ainsi que l’oiseau de mauvais augure du nom de Bouvreuil, qui doit également effectuer le voyage, étant le président du syndicat des porteurs d’actions du Panama. La conversation s’engage et Bouvreuil sait à présent que Lavarède doit se trouver à bord d’une caisse, miss Aurett l’ayant aperçu.



Heureusement la jeune fille parvient à avertir Lavarède, niché dans sa caisse, et celui-ci a le temps de s’extirper avant que Bouvreuil exige des employés que le caisson soit ouvert. Mais point de Lavarède à l’intérieur au grand dam de l’homme d’affaires.



Nous suivons Lavarède à bord du paquebot qui va le transporter gratuitement jusqu’au Panama, avec à ses trousses Bouvreuil et en compagnie ou suivi de loin, voire parfois protégé par sir Murlyton et sa fille. Surtout sa fille.



Première escale en Martinique, puis arrivée au Panama, qui à l’époque faisait partie de la Colombie, via La Guaira, le port de Caracas au Venezuela. Un nouveau personnage entre alors en scène, don José Miraflorès y Courramazas, un aventurier qui s’accoquine avec Bouvreuil. Puis tout ce petit monde gagne le Costa-Rica à dos de mulets ou de cheval pour les plus chanceux. A la faveur d’une révolution Lavarède se trouve propulsé comme le nouveau président de la république costaricienne. Mais il est bientôt destitué à cause d’une nouvelle révolution et départ pour la Californie où les voyageurs passent quelques temps à Frisco dans le quartier chinois. Ensuite embarquement pour les îles Sandwich, toujours sans payer, car Lavarède trouve une nouvelle astuce pour voyager à bord d’un navire. Il se fait passer pour mort et enfermer dans un cercueil à la place d’un Chinois, membre d’une franc-maçonnerie chinoise.



Tout ce petit monde parviendra en Chine en aérostat, puis la traversée du Tibet verra notre voyageur désigné comme un nouveau dieu.



Les avatars continuent jusqu’à l’arrivée en Europe puis à Londres où Lavarède arrive pile à l’heure, en compagnie de sir Murlyton, qui s’est pris d’affection pour ce compagnon aventureux, et de miss Aurett qui ressent un sentiment nettement plus amoureux.







Ce roman a été publié pour la première fois en 1894, mais l’on ne pourra s’empêcher de penser au Tour du monde en 80 jours de Jules Verne, roman publié en 1873. En effet Les cinq sous de Lavarède propose un tour du monde avec retour au lieu de départ à une date fixée par contrat, et les différents moyens de transports employés, par terre, par mer, par air, possèdent un air de ressemblance avec l’un des plus célèbres romans de son prédécesseur qui signait les Voyages Extraordinaires, tandis que la série des voyages imaginés par Paul d’Ivoi se nommait les Voyages excentriques.



L’intrigue et la narration des Cinq sous de Lavarède sont nettement plus enlevés, plus rapides, plus passionnants, moins pédagogiques même si le lecteur voyage beaucoup et sans véritables temps morts. Un roman d’action, d’aventures, dont les épisodes sont parfois rocambolesques, humoristiques, avec ce petit côté ludique, qui ne peut qu’engendrer le plaisir de lire et inciter à se plonger dans d’autres ouvrages du même genre et en déborder pour découvrir d’autres styles, d’autres catégories.



Même si parfois on se rend compte qu’on est en face d’aventures débridées, pas toujours crédibles, on se laisse emporter par ce périple au long cours. Un classique de la littérature qui a été adapté aussi bien en bandes dessinées qu’au cinéma, justement par ce côté grandiloquent dans les situations diverses dans lesquelles notre héros, et ses compagnons de voyage sont entraînés. Sans oublier le cas de Bouvreuil qui suit à la trace ou voyage de concert avec Lavarède et à qui il arrive de nombreuses avanies. Mais chacun des personnages de ce roman est lui aussi confronté à des situations périlleuses ou amusantes, et l’enchainement des divers épisodes oblige le lecteur à poursuivre son chemin sans avoir envie de s’arrêter.
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Les cinq sous de Lavarède

Bonjour,



Voici un livre que j'ai affectionné durant toute mon enfance et que j'avais envie de relire pour mon anniversaire : Les cinq sous de Lavarède de Paul d'Ivoi et Henri Chabrillat aux éditions Hachette dans la collection bibliothèque verte.



Lavarède va devoir réaliser un tour du monde avec seulement cinq sous en poche : en voilà une idée ! Et c'est pourtant une vraie condition que lui impose son cousin défunt dans son testament s'il veut hériter des millions de francs en relevant son défi.



Lavarède va donc s'aventurer à travers le monde sans un sous en poche, ou presque, sous la surveillance d'un lord anglais, Murlyton et de sa fille Aurett. Un voyage plein de péripéties les attendent, surtout que Bouvreuil, qui avait promis Lavarède en épousailles à sa fille Pénélope, va être de la partie et va tout faire pour que Lavarède échoue à arriver dans les temps.



Superbe livre que j'ai aimé relire. Avec ma tête d'adulte il y a des scènes que j'ai mieux comprises qu'avant, les sous entendus, l'humour léger, pas le temps de reprendre son souffle que les péripéties s'enchainent les unes aux autres. Je n'avais pas lu à l'époque le tour du monde en 80 jours de jules verne mais il faut dire que cette histoire est callée sur le même genre.



J'adore cet intrépide personnage qu'est Lavarède, en effet on a l'impression qu'il prend tout à la légère, que voyager sans payer ne lui pose aucun problème. Il s'ingénu même à trouver comment payer honnêtement et légalement, en travaillant ou en rendant service pour ça !



Tous les moyens de transport modernes sont mis en avant, train voiture, bateau et même montgolfière. Tout pour accélérer sa fuite en avant. Il va jusqu'à gagner une course de vélos, rien que ça ! Et le plus plaisant, c'est grâce au cycle de Bouvreuil, prêté généreusement par Pénélope, un comble !



D'un côté on a Lavarède qui voyage gratuit, et de l'autre on a le lord anglais Sir Murlyton et sa fille Aurett, n'oublions pas Bouvreuil également qui suit derrière, qui dépensent sans compter pour suivre Lavarède. Surtout qu'ils ne dorment pas à la belle étoile, ni chez le paysan du coin, et que les transports à l'époque coutent encore une blinde.



Bon, il fallait bien que le personnage principal tombe amoureux de la fille, évidemment. Lavarède qui m'apparait plus précieux que je ne l'avais vu petite. Il a ce petit côté suffisant qui ressort également. Je me rends compte qu'il ne voyage pas n'importe comment, qu'il choisi ses destinations et ses transports avec un minimum de confort et de praticité, du coup, le train est constamment mis à l'honneur.



Le récit en lui-même est quelque peu truffé de situation rocambolesque. Lavarède arrive toujours à se sortir de situations inextricables par un coup de chance ou de Trafalgar de sa part. L'auteur a du bien se triturer les méninges pour créer les effets de surprises alors qu'il n'y en avait pas nécessairement besoin.



Même si les souvenirs que j'en avaient de ce livre sont quasiment restés intacts, j'ai relu avec mes yeux d'adulte et une vague de nostalgie m'a envahie. J'ai adoré ce livre petite, je l'adore toujours en tant qu'adulte, et c'est avec un grand plaisir que je le relirai dans quelques années. Par contre je prendrais la version ebook, car mon livre broché est en piteux état. Je l'ai tellement sollicité qu'il a des pages qui se décollent, que la couverture se détache de l'ensemble. Il ne lui en faut pas beaucoup pour tomber en lambeau, littéralement.



Bonne lecture, amis Lecteurs !
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Les cinq sous de Lavarède

C'est un roman d'aventures qui rappelle un peu le Tour du monde en 80 jours, de Jules Verne et qui est assez plaisant, avec son lot de péripéties toutes plus rocambolesques et improbables les unes que les autres, et ses personnages fort sympathiques (en tout cas, pour les "gentils").

Mais il comporte aussi de gros défauts qui ont rendu sa lecture souvent laborieuse et parfois même pénible.

Outre les énormes clichés et idées reçues sur les autres peuples du monde (mais qui peuvent s'expliquer, peut-être, par l'époque où ce livre a été écrit - fin 19e siècle), l'aspect le plus rébarbatif de ce roman était les innombrables noms propres qu'il contient, que ce soient des noms de lieux (villages, villes, fleuves, montagnes...) totalement inconnus au bataillon (comment pourrait-on connaître le nom de petits villages perdus d'Amérique du Sud, de Chine ou de Russie ?) ou des noms de personnages ayant soi-disant existé, mais pour lesquels il aurait fallu faire des recherches car je n'en avais jamais entendu parler. Ces énumérations revenaient bien trop souvent pour ne pas ralentir le récit, qui sans cela aurait eu un bon rythme, et j'ai trouvé cela dommage.
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Les cinq sous de Lavarède

Ma plus vieille lecture peut-être, mon premier roman sans aucun doute : une aventure extraordinaire dont ne me reste que l'énigme principale... et le souvenir d'un moment fantastique. 5 étoiles d'émotion
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Les cinq sous de Lavarède

Une aventure dans laquelle l'excentricité prend une grande place.

C'est léger, complètement improbable mais drôle.

Même les méchants ne font pas peur...
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La course au radium

Nonchalamment étendu dans un fauteuil de son appartement parisien, Dick Fann, détective privé anglais, se repose béatement. Il n’a rien d’autre à faire. Sauf que Jean Brot, son serviteur engagé de la veille, un gamin d’une quinzaine d’années, s’introduit dans la pièce en précisant qu’une jeune fille désire lui parler. C’est une question de vie ou de mort, selon elle.



Aussitôt le détective redevient l’homme d’action et reçoit Fleuriane Defrance, Canadienne. Son père, Catulle Defrance, est le syndic de l’Association mondiale du commerce des pierres précieuses. Or quelques mois auparavant, un vol simultané a été perpétré en divers pays, et les individus malhonnêtes se sont emparés de quelques vingt-trois grammes de radium.



Des expériences ont démontré que l’exposition de corindons ordinaires au radium transformait ces pierres de peu de valeur en pierres précieuses tandis que l’exposition des gemmes dans un four électrique amenait une décoloration et une dépréciation de ces mêmes gemmes. Des manipulations préjudiciables dans certaines circonstances mais destinées également pour éloigner des individus peu scrupuleux.



Fleuriane sent que les voleurs de radium la surveillent pour l’amener à la cachette de pierres précieuses transformées en vils corindons, et elle a peur pour son père resté au Canada. Aussi elle se propose d’organiser une course automobile, et elle demande à Dick Fann d’être son mécanicien. Ce qui lui permettrait de rejoindre l’autre côté de l’Atlantique en compagnie d’autres concurrents.



C’est à ce moment que Jean Brot introduit un policier émérite en la personne de monsieur Ginat. Celui-ci demande d’enquêter sur un vol de pierres précieuses en la boutique d’un joailler installé rue de la Paix, le sieur Larmette. Dick Fann se rend au lieu indiqué et s’aperçoit que le célèbre joailler a pipé les dés et que le vol est du pipeau.



Bientôt c’est le grand jour du départ de la course automobile, qui part de Paris, traverse l’Atlantique, se rend de New-York à San-Francisco, remonte à Valdez en Alaska, traverse le détroit de Béring, puis parcourant la Sibérie, revient à Paris via Moscou. Parmi les concurrents, Dick Fann qui sert de mécanicien, c’est-à-dire de chauffeur à Fleuriane, le jeune Jean Brot ainsi que dame Patorne, la dame de compagnie de Fleuriane. Ils voyagent à bord d’une De Dion de 30 CV. Mais Larmette, le joailler prétendument spolié, participe également à cette course en compagnie de Botero, l’ingénieur qui a mis au point leur véhicule de 100 CV, sorte de tout terrain. Larmette s’attache aux pas, ou plutôt aux roues de Fleuriane, dans l’espoir que celle-ci l’amènera à son père et aux corindons trafiqués. La vie de Catulle Defrance, de sa fille Fleuriane, et bien entendu des accompagnateurs de la jeune fille, est menacée. Ils s’en rendront rapidement compte.



Car voyage ne s’avère pas être de tout repos. De nombreux incidents, voire accidents, ponctuent ce périple. Dick Fann est obligé de se grimer à afin de pouvoir mieux surveiller les agissements de Larmette et consorts. De plus il se trouve embarqué dans une enquête à la demande de Gregson, chef de la police new-yorkaise, à l’initiative de Larmette qui a présenté les deux hommes l’un à l’autre. Pendant ce temps Fleuriane, Jean Brot et madame Patorne continuent leur périple à travers les Etats-Unis, conduits par un nouveau mécanicien, un homme à la solde de Larmette. Larmette lui-même se trouve parfois devant, parfois derrière Fleuriane qui sera rejointe par Dick Fann en cours de route. Jean Brot, qui tient un carnet de voyage, transcrit leurs péripéties, nombreuses et mouvementées, lorsque Dick Fann est occupé par ailleurs.







Il existe une similitude entre Dick Fann, détective privé britannique, et Sherlock Holmes. C’est un adepte de la déduction par l’observation. Il pourra démontrer ses talents à moult reprises au cours de ce voyage qui s’inspire de The Great Race, un événement médiatisé durant les années 1907 et 1908 en France et aux États-Unis. Et qui n’est pas sans rappeler le film de Blake Edwards, La grande course autour du monde, sorti en 1965, avec Tony Curtis, Jack Lemmon et Nathalie Wood dans les rôles principaux. Fatalitas !



Des autres concurrents, il n’est est pas question, l’auteur s’attachant à décrire les aventures partagées par Dick Fann et ses compagnons d’une part, et dans un moindre nombre d’épisodes, à Larmette et consorts.



Les personnages mis en scène ne manquent pas d’originalité apportant au récit des touches d’humour, dans une intrigue débridée.



Le radium a été découvert par Marie Curie et son mari Pierre en 1898 et de nombreux romanciers se sont emparés de cette donnée scientifique pour l’imposer dans des romans de science-fiction. Tout naturellement Paul d’Ivoi y a trouvé un emploi dans ce roman d’aventures fantaisistes et policières, teintées de fiction scientifique, et lui offrant quelques débouchés originaux, le tout combiné à cette fameuse course évoquée ci-dessus.



Le point de départ semble un peu faible, tiré par les cheveux comme disait le chauve, mais il est rapidement gommé par l’accumulation d’épisodes, reliés ou non, qui constituent l’intrigue, un peu dans l’esprit, mais par anticipation, de la série télévisée animée composée de 34 épisodes et qui s’intitulait Satanas et Diabolo et les fous du volant.
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L'aéroplane fantôme

Près de deux cent mille personnes sont agglutinées sur le camp de Mourmelon afin d’assister à un meeting aérien, un championnat du monde de voltige et d’adresse. Et le clou du spectacle, le final, doit être assuré par un jeune ingénieur Français, François de l’Etoile, qui réussit un magnifique parcours, selon des critères imposés, et se pose en douceur à l’endroit précis, dans le temps imparti, à bord d’un polyplan construit par la firme Loisin et de l’Etoile.



Dans la foule, outre Loisin et Tiral, son vieux comptable deux petits groupes revendiquent leur participation aux félicitations destinées au héros du jour. D’un côté Margarèth von Karch, veuve, et son père, un richissime noble Allemand, de l’autre Edith, et sa famille, Lord Fairtime, son père, et ses deux frère Peterpaul et Jim. Margarèth demande à François de l’emmener faire un petit tour à bord de son polyplan, contre une jolie somme d’argent, mais il avait déjà promis à Edith la même chose, voici les deux jeunes femmes survolant Mourmelon en compagnie de leur pilote.



Von Karch est un espion Allemand qui brigue les inventions de François de l’Etoile et pour ce faire il a soudoyé une jeune femme, Liesel, qui procède au ménage dans la pension où vit le jeune ingénieur. Elle dérobe des plans et les remet à Von Karch qui lui promet que dans un mois son père sera en son pouvoir. Liesel est une métisse orpheline qui a perdu sa mère toute jeune et ne connait pas son géniteur. Quant aux plans qu’elle a dérobé, Von Karch se rendra compte plus tard qu’ils ne lui servent à rien, il manque des morceaux afin de réaliser l’assemblage.



Chargé d’une mission par Loison, François se rend d’abord en Bretagne puis s’apprête à embarquer pour l’Angleterre retrouver la famille Fairtime. Mais à la terrasse d’un café, il reconnait en ses voisins, Von Karch, Margarèth et Liesel, devisant. Nonobstant il embarque à destination de Londres où il retrouve dans leur fastueuse demeure de Wimbleton les Fairtime. C’est alors qu’un inspecteur de police le quémande lui signifiant qu’il est accusé de meurtre envers la personne de Liesel. Pour preuve, le stylet que François recherchait depuis une quinzaine. Meurtrier est un bien grand mot, puisque la victime du poison qui enduisait la pointe du stylet se retrouve dans un état quasi végétatif. François est emmené en prison. Fin d’un rêve ? Non !



Or le comptable Tiral apprend par les journaux que Liesel, qui est placée dans un hôpital dit pour insensés à Paris, possède sur le pied un tatouage. Et ce tatouage, Tiral le connait dort bien, puisqu’il s’agit d’une sorte de carte aux trésors, et donc Liesel serait sa fille. Tiral devient l’allié de Von Karch, tandis que François croupit en prison jusqu’à ce qu’il soit délivré par une manœuvre subtile. Il se suicide, enfin on l’aide à se suicider puis il est inhumé dans le caveau familial des Fairtime.







Quelques temps plus tard, un aéroplane détruit des aéronefs allemands au-dessus du champ d’expérimentation de Grossbeeten devant des milliers de spectateurs médusés. Et ce n’est que le début de la vengeance de François de l’Etoile, car c’est bien lui qui est aux commandes de cet aéronef qu’il a construit en grand secret. François est aidé par quatre adolescents, Tril et Susan, deux Américains envoyés par Jude Allan, le roi des enfants abandonnés, et Joé et Kitty, deux Anglais qui vivent à Londres. Joé a été recueilli par le gardien-chef de la prison où est incarcéré François, et il sert de petite-main comme surveillant, détenant les clés. Kitty est une jeune bouquetière profondément attachée à Joé. Les deux amis sont abordés par Tril et Susan et c’est ainsi que s’est déroulé le complot pour aider François à sortir de sa geôle. La suite est un enchaînement de péripéties toutes plus hautes en couleurs les unes que les autres.







L’univers de Paul D’Ivoi est proche de celui de Jules Verne par le côté anticipation technologique, mais il se montre beaucoup plus passionnant par la continuité des actions, des épisodes rapides. L’aspect scientifique prend une grande place dans les aventures excentriques mais elle n’est pas étouffante, analysée, décrite avec des longueurs comme dans les romans de Jules Verne, l’action et l’aventure primant.



Parmi les nombreuses avancées technologiques que nous décrit Paul d’Ivoi, sans être pontifiant et longuet, on retiendra notamment cet aéroplane nouvelle génération qui se déplace dans les airs grâce à l’électricité, sans bruit, et ayant la particularité de s’élever ou descendre à la verticale et même pouvant lors d’interventions spécifiques de faire du sur place.



Le baron Von Karch communique avec des personnages hauts placés de l’état allemand à l’aide d’un téléphote, un téléphone qui est muni d’un panneau d’apparence métallique transmettant les images. Ainsi il peut voir son correspondant téléphonique.



De même François de l’Etoile et ses compagnons se servent d’une sorte de pistolet lançant des rayons électriques qui annihilent les gestes de ses ennemis, une sorte de taser moderne, ou cette arme tuant sans bruit pouvant amener la mort par réfrigération.



Un roman qui n’engendre en aucun l’ennui tant les épisodes tumultueux s’enchaînent avec rapidité, excluant les temps morts, et dans lequel Jude Allan, le Roi des Lads ou des gamins, est juste évoqué.



Mais les exploits de François de l’Etoile et ses compagnons ne manquent pas de visées politiques, l’Allemagne étant l’ennemi « privilégié » de la France et d’autres nations. C’est ainsi que le jeune ingénieur et ses amis se déplacent dans de nombreux pays dont la Pologne, l’autre Alsace selon l’auteur, ou encore au Danemark, qui sont encore sous le joug germanique, ou encore en Amérique Centrale à la recherche du trésor de Tiral.



Il y a trois Alsaces qui pleurent sous le joug de l’Allemagne : l’Alsace française, la province polonaise de Posen, et puis les provinces danoises de Schleswig et de Hoslstein, arrachées par la Prusse au Danemark, en 1866.



Des heures de lecture-plaisir et un délassement appréciable pouvant être mis entre toutes les mains et sous tous les yeux !






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La capitaine Nilia

L'ouvrage que j'ai récupéré, j'ose à peine le dire, dans une benne, est une édition de 1816 chez Boivin et Cie. à Paris, dans la collection "voyages excentriques". Son aspect évoque beaucoup les édition Hetzel de Jules Verne. Il me reste à le lire.....
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Cigale en chine

Pékin, 1900, la révolte des Boxers :

« Les 55 jours de Pékin » vu par des Français.

Le héros principal est un croisement de Tintin, Gavroche et de certains personnages de Jules Verne.

Des rires, des larmes, du suspense, de l’aventure, de l'amour.

Attention, les Chinois de l’époque n’étaient pas des tendres : la torture semblait-être un sport national.

De nos jours, ce roman semble un peu politiquement incorrect, mais comme les Occidentaux et les Chinois se traitent mutuellement de barbares...
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Les cinq sous de Lavarède

L'édition présente laisse présager d'une histoire très enfantine un peu à la Capitaine Fracasse de Théophile Gautier, et c'est bien le cas. Cependant, je me suis surprise à préférer le récit de Paul d'Ivoi à celui de Théophile Gautier, du moins en ce qui concerne l'histoire. En effet, même si celle-ci reste très enfantine, j'ai trouvé les aventures de Lavarède - bien qu'un peu exagérées - très amusantes et surtout très diversifiées.
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15 tours du monde

Comme j'aime les récits de voyage, j'ai pris ce livre dans une boîte à livres. Claude Appel y a réuni 15 événements liés au tour du monde, la plupart historiques.

J'ai trouvé cet ouvrage très intéressant, facile à lire. J'ai été surtout touché par les prouesses humaines plutôt que techniques.

1) La première circumnavigatio par Magellan, on y découvre la volonté, l'intelligence et les difficultés qu'il a fallu surmonter à l'époque.

2) Le tour du monde de La Pérouse et le mystère qui entoure sa disparition.

3) La naissance et l'engouement international pour la Marseillaise. J'ai trouvé très intéressant de connaître (enfin) l'histoire de mon hymne national et d'apprendre que la Marseillaise aurait dû s'appelait la Strasbourgeoise !

4) Un extrait du "Tour du monde en quatre-vingts jours" de Jules Verne.

5) J'ai découvert Nelly Bly, l'une des première reporter, et qui a eu le cran d'être la première et la première femme à faire le tour du monde en moins de 80 jours, à la manière de Philéas Fogg. Sa rencontre (réelle) avec Jules Verne est très touchante. On ne parle décidément pas assez des femmes dans l'Histoire.

6) Voici l'histoire dont la narration m'a le plus émue : celle de la naissance de la Croix-Rouge qui, en quelques années, s'est imposée sur les champs de bataille comme une présence médicale neutre.

7) Le premier tour du monde en solitaire par Chichester qui a dû surmonter un nombre incalculable de difficultés, tant la poisse lui collait aux chaussures !

8) Une course en automobile autour du monde, avec toutes les difficultés mécaniques et humaines que cela entraîne. Et un coup de pouce (réel, là encore) du destin !

9) le premier tour du monde en avion, en 1924, au début de l'aviation donc.

10) un extrait du roman "Les cinq sous de Lavarède" de Paul d'Ivoi, qui m'a laissée perplexe, car, si le personnage a de la ressource, il passe son temps à mentir et ruser.

11) le tour du monde à bord du Graf Zeppelin qui aurait dû sonner la suprématie des ballons sur les avions.

12) En 1952, un homme tente de relever et améliorer le pari de Philéas Fogg en utilisant les lignes commerciales.

13) Un autre tour du monde en avion, cette fois sans escale, donc avec ravitaillement en vol. Un exploit technique qui n'est pas mineur.

14) Un tour du monde raconté par Bertrand Solet, qui dénonce le tourisme de masse. Proposé par une agence de voyage, le couple qui voyage ne voit pas grand chose, trop occupé par des petits tracas familiers ou à acheter des souvenirs en toc.

15) Retour sur le premier pas sur la Lune. Mais au lieu de raconter l'exploit du voyage spatial, Appel rappelle l'exploit du direct télévisuel, un peu plus de cinquante ans après l'invention du cinéma. J'ai été surprise du regard décalé porté sur l'événement international des premiers hommes sur la Lune.
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Les voleurs de foudre

Généralement, lorsqu'il commence un roman, Paul d'Ivoi part sur une excellente idée. Le seul problème, c'est qu'il n'a aucune idée de là où elle va le mener. Car ce conteur exceptionnel, qui marchait pourtant sur les traces de Jules Verne, était un improvisateur singulier, mais hélas inégal et volontiers pressé d'en finir.

Ainsi ce 18ème voyage excentrique semble moins s'adresser à son habituel lectorat d'adolescents qu'à un public beaucoup plus jeune, auprès duquel il aborde néanmoins des thématiques qui, elles, n'ont rien d'enfantin.

Divisé en deux parties, qui semblent en fait être un collage malhabile de deux récits distincts (les personnages de la première partie apparaissent seulement dans le dernier tiers de la deuxième partie), « Les Voleurs de Foudre » nous fait partager le destin inattendu de Charles, un jeune orphelin élevé par un notable, Ariste Brasset qui est mystérieusement assassiné par un "coup de foudre" (au sens propre) jailli par la fenêtre de sa maison, peu de temps avant qu'il ne révèle à son pupille le mystérieux secret de sa naissance.

Heureusement, le jeune homme reçoit nuitamment dans sa chambre la visite de trois petites bohémiennes qui ont découvert le secret de la naissance de Charles, en tentant de cambrioler l'appartement de Brasset.

Charles est en fait le prince héritier du royaume de Valbéryl. Brasset était chargé d'assurer sa protection, car une organisation criminelle, la C.M.U. (Camorra Maffia Union) a juré d'empêcher le jeune prince de monter sur le trône. Or, pour pouvoir régner, le prince doit se présenter à une certaine villa de Saint-Germain-en-Laye avant la date de son 18ème anniversaire.

Révoltée par cette injustice, la jeune Régine, et ses deux acolytes bohémiennes, Furette et Satin-Noir, décident de se mettre au service du prince et de l'aider à réclamer le trône de Valbéryl, en fuyant continuellement la traque de la C.M.U. et de leur cruel chef, Marino Orsini, lequel possède une arme diabolique qui projette la foudre sur une ou plusieurs cibles. C'est avec cette arme qu'il a lâchement assassiné Ariste Brasset.

Parvenu à ce point-là, un certain nombre de questions s'imposent au lecteur :

- Pourquoi la C.M.U. veut-elle empêcher Charles de prétendre au trône de Valbéryl ?

- Pourquoi d'ailleurs ce prince doit-il se rendre dans une villa de Saint-Germain-en-Laye afin de réclamer ses droits ?

- Pourquoi ces trois petites bohémiennes, vivant de rapines et de larcins, décident-elles d'épouser la cause de ce jeune prince, au risque de leur vie ?

- Et d'ailleurs, où se trouve exactement ce fameux royaume de Valbéryl ?

Que le lecteur le sache d'entrée de jeu : après 445 pages d'action trépidante, toutes ces questions demeureront sans réponses...

En effet, cette première partie des « Voleurs de Foudre » n'est qu'une succession de courses-poursuites au cours desquelles Charles est régulièrement capturé par les sbires de la C.M.U., promis à une mort atroce ou condamné à l'exil sur une île lointaine. À chaque fois, fort habilement, la petite Régine et ses comparses parviennent à le délivrer, avant de reprendre tous ensemble leur fuite. Ils passent ainsi d'Acapulco en Haïti, apprennent qu'Orsini est en fait l'oncle de Charles, puis Orsini mourant frappé par la foudre - la vraie - sur le pont d'un navire, on imagine que la C.M.U. va cesser de poursuivre le prince, mais non, elle continue, alors que plus personne ne la paye et qu'aucun objectif connu ne demeure...

Durant toute cette fuite, Régine et Charles, qui se découvrent des sentiments mutuels, sont amenés à discuter d'un problème moral crucial. Régine en effet est une voleuse, et c'est grâce à ce don pour la kleptomanie que Régine a souvent pu délivrer Charles. Seulement voilà, pour Paul d'Ivoi, il y a, de l'autre côté de son roman, un jeune lectorat auquel il faut faire comprendre que ce n'est pas bien de voler - donc régulièrement, nos deux tourtereaux y reviennent. Mais comme le dit lui-même Charles, ce n'est pas bien de voler, mais quand c'est nécessaire, il faut le faire. Et dans ce roman, le nombre de voleurs - et rarement de foudre - est tout bonnement incalculable. On reconnaît bien là un Paul d'Ivoi qui n'accordait pas tout à fait la même importance à la rigueur morale que Jules Verne.

Néanmoins, lorsque Régine subtilise le lanceur de foudre pour annihiler les 30 membres d'équipage d'un navire, Charles n'y trouve rien à redire. Voler, ce n'est pas bien, mais tuer lâchement les méchants, c'est vachement chouette !

Bref, on le devine, Charles pourra arriver à temps à la villa de Saint-Germain-en-Laye pour y réclamer son trône, et en profitera pour demander Régine en mariage.

Sans surprise, et bien qu'intimidée, Régine accepte, mais elle a d'abord une mission urgente à remplir à Pékin. Le lendemain du couronnement du prince, elle s'enfuit, laissant une lettre à Charles, dans laquelle elle lui explique qu'elle doit sauver sa sœur qui est en danger en Chine, et recommande à Charles de ne surtout pas la suivre. Bien entendu, le jeune prince part sur l'heure pour Pékin...

C'est là que commence la deuxième partie du roman, où on découvre une autre histoire sans rapport avec la première : celle des employées curieusement féminines d'un garage situé dans la mission anglaise de Pékin. Deux d'entre elles, une jeune fille nommée Lizzie Topaz puis une autre plus jeune, une enfant trouvée surnommée Sais-Pas car elle ne sait pas quel est son nom, subissent une tentative d'enlèvement par un homme, agissant devant témoins, à bord d'une voiture dont la particularité est que chaque personne la voit d'une couleur différente, ce qui en empêche l'identification formelle.

Cet homme se nomme Wilm Odorp, et il est amoureux de Lizzie, mais celle-ci l'ayant repoussée - car elle a un tendre penchant pour le bibliothécaire de la mission, qui porte le nom mirifique de Napoléon Prudent -, Wilm Odorp est déterminé à kidnapper Lizzie pour l'épouser de force ou pour la tuer, ça dépend des pages...

Néanmoins, grâce à sa voiture magique et au peu de flair d'un détective stupide (Que fait un détective dans une mission anglaise en Chine ? On ne le saura pas non plus), Odorp parvient enfin à s'emparer de Lizzie, et c'est à nouveau une course-poursuite qui s'engage, à laquelle participe la petite Sais-Pas avec son corbeau dressé (et lui aussi voleur) nommé Tenaille, et voyez comme ça tombe bien, car on va découvrir que Sais-Pas s'appelle en réalité Louison est qu'elle est la fille d'un brave employé du garage, inventeur à ses heures perdues, et même que c'est lui qui a inventé la voiture à plusieurs couleurs de Wilm Odorp, lequel la lui a subrepticement volé. (Et on vous rappelle que c'est pas bien de voler !)

L'employé n'avait pas reconnu sa fille, qui elle-même n'avait pas reconnu son père qui travaillait dans le même atelier qu'elle. Et alors ? Ce sont des choses qui arrivent, non ?...

La course-poursuite atteint bientôt le royaume de Siam, où Wilm Odorp occupe le prestigieux de conseiller privé d'un sultan (et Dieu sait que la Thaïlande a toujours regorgé de sultans !). Mais comme malgré cette position sociale avantageuse, Lizzie ne veut toujours pas épouser Wilm, celui-ci la livre comme espionne au sultan, lequel se décide à lui faire écraser la tête par un éléphant (coutume locale), mais, heureusement, Lizzie est sauvée in extrémis par un jeune prêtre (?) indien-siamois (?), qui n'est autre que Régine déguisée ! Oui, Régine que l'on attendait depuis quasiment 200 pages et qui montre enfin le bout de son nez !

Après d'ultimes péripéties qui mènent nos héros à la frontière de l'Annam (actuel Vietnam), le traître Wilm Odorp est arrêté, et se pend de désespoir dans sa cellule. Charles de Valbéryl arrive enfin en Annam alors que tout est fini (C'était bien la peine de partir aussi vite). Il apprend que Lizzie est bien la sœur de Régine, et que toutes deux sont en fait les princesses héritières d'un autre sultan thaïlandais (nommé Kalim ou Zalim suivant les pages), et que donc Charles peut s'enorgueillir d'épouser une vraie princesse de son rang, et non pas une simple bohémienne voleuse - même si on se demande bien pourquoi Régine jouait depuis des années les bohémiennes voleuses...

Voilà toute l'histoire : elle est affligeante, on peut bien évidemment en rire à gorge déployée, même si les plaisanteries les plus courtes sont les meilleures et que celle-ci fait un peu trop long feu. Ouvertement parodique, ce récit abracadabrant aurait pu être très drôle, mais hélas, Paul d'Ivoi prend indéniablement ses lecteurs pour des imbéciles et bâcle sans scrupules, mais avec le plus grand sérieux, une histoire sans queue ni tête, en alternant d'interminables bavardages niaiseux avec des actions trépidantes et souvent lacunaires, des rebondissements volontiers confus et imprécis, du tirage à la ligne stérile, tout ça en un honteux travail d'amateur, incompréhensible chez un auteur qui avait alors plus de vingt ans de carrière.

Il est probable, quoique non certain, que Paul d'Ivoi ait hâtivement collé des manuscrits inachevés plus anciens à la seule fin de s'en débarrasser, tant les deux parties ne semblent pas être rédigées de la même manière ni à la même époque. Reste que tout cela n'est qu'un médiocre bricolage littéraire, assez indigne d'un écrivain qui pouvait faire bien mieux quand il se donnait du mal.

Aujourd'hui, on peut toujours lire « Les Voleurs de Foudre » comme une involontaire parodie des romans d'aventures de la Belle-Époque, tant l'aspect désuet, les ficelles usées du genre, ont acquis un charme kitsch et nanardesque, mais le lecteur aura à se montrer indulgent envers une oeuvre qui ne dégage même pas une naïveté sincère, et qui n'est au final qu'une pauvre tentative d'étourdir jusqu'à l'abrutissement un lectorat jeune et candide.
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Le serment de Daalia

Paul D'Ivoi nous reste célèbre pour être un imitateur de Jules Verne parmi les plus farfelus. Aux «Voyages Extraordinaires » de Jules Verne, il répondit par ses «Voyages Excentriques », une collection de 21 romans qui reprennent sensiblement le même concept que les romans de Verne, mais de manière un peu crapuleuse : il n'est pas question ici d'aventures pédagogiques et érudites, imprégnées de morale chrétienne, mais de récits pour adolescents volontiers canailles et mécréants, assez souvent centrés sur les rencontres amoureuses et exotiques - mais très chastes.

Si évidemment tout cela est bien moins rigoureux et monolithique que Jules Verne, Paul D'Ivoi souffrait hélas d'une inspiration inégale, dûe majoritairement au fait qu'en bon feuilletonniste, il improvisait au fur et à mesure de leur publication les chapitres de ses romans sans trop forcément savoir où il allait. Certains de ses romans parviennent à garder une certaine cohérence. D'autres, au contraire, partent très vite dans toutes les directions, et le lecteur s'y perd d'autant plus volontiers que l'écrivain lui-même ne sait pas tellement davantage où il en est. Cette instabilité romanesque, si elle ne nuisait absolument pas à son succès littéraire, lequel resta constant et ne fut interrompu que par la mort de l'auteur, posa néanmoins problème chaque fois qu'il fut question de rééditer ses ouvrages dans les décennies qui suivirent. Tallandier, dans les années 20-30, put rééditer l'intégralité du cycle, écrit originellement entre 1894 et 1914. Une tentative de réimpression assez médiatisée fut testée en 1983 par les éditions J'ai Lu. Ce fut d'ailleurs ainsi que je découvris moi-même Paul D'Ivoi. Hélas, les ventes furent faibles et la réimpression s'arrêta au bout de 9 volumes. En 2011, les éditions Encrage s'y essayèrent également, mais s'arrêtèrent encore plus vite : au 5ème volume seulement.

Il y a donc bien peu de chances de revoir un jour rééditée l'intégrale des 21 volumes de ce cycle, et malheureusement, en lisant « Le Serment de Daalia », publié initialement en 1904, on en comprend plus ou moins les raisons.

Souvent, chez Paul d'Ivoi, l'idée de départ est excellente, et ici, c'est précisément le cas. Une paire d'amis fortement désargentés, Albin Gravelotte et Morlaix, décident de mettre conjointement fin à leurs jours, et s'offrent avant de faire le grand bond, un dernier repas dans un restaurant de luxe, où l'on peut même dîner dans des cabinets privés Or, ces cabinets sont mitoyens les uns des autres et fort mal isolés, et les deux jeunes gens entendent la conversation du cabinet voisin dans lequel se trouvent trois personnes : Niclauss, sa fiancée Lisbeth, et le père de celle-ci, Mr. Fleck. Or, Niclauss Gravelotten est le cousin germain (dans le sens propre du terme) d'Albin : tous deux sont originaires d'Alsace, une région qui, en 1904, est allemande depuis depuis 1870. Le père d'Albin, résolument francophone, a quitté l'Alsace aussitôt marié afin que son enfant grandisse en Terre de France. Son frère, le père de Niclauss, industriel, est au contraire resté en Allemagne pour y faire fortune dans les aciéries, et a germanisé son nom de famille.

Or, ces deux hommes avaient un autre frère, François, parti faire sa vie en Indonésie, et dont sa famille était sans nouvelles, jusqu'à il y a peu. Il s'est manifesté auprès de ses cousins allemands, car il est devenu fort riche en s'installant dans l'île de Sumatra, mais sa fortune lui pèse, d'autant plus qu'il est marié de force avec huit épouses qui refusent de le laisser partir - à moins qu'un garçon de sa famille n'accepte de le remplacer - mais ce garçon doit passer une épreuve avec chacune de ses épouses, afin qu'au moins la moitié de ce cheptel le valide comme futur mari.

Sous l'influence du cupide Mr. Fleck, Niclauss est tenté de jouer le jeu, à la seule fin de mettre la main sur le magot et de revenir ensuite en Allemagne, fortune faite, afin d'épouser sa fiancée Lisbeth, sorte de petite cruche blonde qui ne s'exprime qu'à travers le langage des fleurs.

Albin et Morlaix réalisent qu'ils tiennent là une chance de damer le pion à ces cousins malhonnêtes. Par une habile mystification, ils se font passer pour des policiers, et parviennent à extorquer à Mr. Fleck l'argent pour leur voyage à Sumatra, tout en retardant les trois fourbes.

Hélas, ce qu'aucun des deux cousins ne sait, c'est que l'oncle François Gravelotte, à Sumatra, est riche, certes, mais pas le moins du monde décidé à céder sa fortune. Il n'a pas non plus huit épouses, il n'en avait qu'une seule, qui est morte après avoir mis au monde une ravissante jeune fille, aujourd'hui adolescente, prénommée Daalia. Or cette jeune fille subit la pression d'un culte religieux de fanatiques locaux, les Adorateurs de M'Prahu. Pour l'en soustraire, François Gravelotte a l'idée de la marier à l'un de ses cousins d'Europe. N'ayant pas réussi à retrouver Albin, il s'est rabattu sur Niclauss, mais tient à lui faire subir une série d'épreuves, soi-disant auprès de ses épouses fictives, pour estimer son courage et sa détermination. En réalité, les huit prétendues épouses ne seront que Daalia et sa servante Rana sous divers déguisements sophistiqués.

François Gravelotte est néanmoins ravi de voir débouler inopinément l'autre cousin français, qui a plus volontiers sa préférence. Sans révéler sa filiation, Daalia assiste à leur arrivée, et un seul regard suffit pour qu'Albin et Daalia tombent amoureux l'un de l'autre. Quelques jours plus tard, ils sont rejoints par Niclauss, Lisbeth et Mr. Fleck, furieux de retrouver à Sumatra leurs coquins de cousins français.

Les Adorateurs de M'Prahu, quoique un peu amers, acceptent le futur verdict des huit épreuves, qui correspondent en réalité à leur rite des huit épreuves du guerrier que chaque homme doit subir pour être digne de prendre femme. Mais il faut que ces huit épreuves soient équitables, et que les deux cousins partagent les mêmes épreuves. Hélas, fondamentalement honnête, Daalia leur confesse qu'elle est d'ores et déjà amoureuse d'Albin, et qu'à aucun prix elle n'épousera Niclauss, quel que soit le résultat de l'épreuve. Cette prise de position est jugée sacrilège, et Daalia doit prêter serment à M'Prahu de se montrer la plus neutre possible et de dissimuler à la fois ses sentiments et son identité à Albin. Si jamais elle ne pouvait y parvenir, elle serait automatiquement égorgée par l'assassin de la secte, un nommé Oral, fameux pour savoir traquer retrouver un ennemi n'importe où, même à l'étranger.

Les épreuves de rencontres avec les pseudo-épouses commencent, et sont remportées haut-la-main par Albin, face à un Niclauss handicapé par sa balourdise, sa cupidité, sa fourberie et sa lâcheté, caractères typiquement germaniques, parait-il...

Mais Albin, après la troisième épreuve, a des soupçons. Il croit reconnaître sous ces déguisements d'épouses la silhouette et le regard ému de la jeune femme qu'il a aperçue au port et qu'il veut éperdument retrouver. Il cherche à la démasquer, à savoir qui elle est, en tentant de pénétrer nuitamment dans sa chambre d'hôtel, mais, par un malentendu, sa route va le mettre sur le chemin de deux touristes anglaises à moitié idiotes, que les complices de l'oncle François et les Adorateurs de M'Prahu vont prendre pour Daalia et Rana déguisées en quatrième épouse et sa servante. Les deux anglaises, ne comprenant rien au rôle qu'on leur fait jouer, tombent amoureuses d'Albin et de Niclauss et ne les lâchent plus, révélant ainsi au grand jour la mystification de l'oncle François.

Dès lors, Daalia, mais aussi Lisbeth, séduite au fil des jours par le beau Morlaix, vont sauver Albin et son ami de ces deux furies. Seulement, Daalia trahit ainsi son serment, et les Adorateurs de M'Prahu envoient à ses trousses leur assassin Oral pour la traquer et la tuer. Comme si ça ne suffisait pas, les quatre jeunes gens, fuyant collectivement l'assassin des Adorateurs de M'Prahu, les deux anglaises et la vengeance de Niclauss et Mr. Fleck, tombent sur une bande de pirates dont le chef reconnaît Daalia, la capture, ainsi que ses amis, et exige à l'Oncle François une rançon délirante pour les libérer.

Cependant, les pirates vont devoir compter non seulement avec l'assassin Oral, qui se taille de manière sanglante un chemin jusqu'à Daalia, mais aussi avec l'un des leurs, un pirate éperdument amoureux de la jeune femme, qui tentera tout pour la libérer avec les siens, alors que tout autour de Sumatra, la marine chinoise et la marine russe s'enlisent dans une guerre navale qui sème de torpilles et de missiles le chemin d'Albin et Daalia vers l'amour et la liberté...

Comme on le voit, « Le Serment de Daalia » commence comme une farce boulevardière somme toute assez xénophobe (les allemands sont tous des brutes mauvaises, les anglaises sont des boudins hystériques et nymphomanes, et les Indonésiens sont des barbares primitifs, sauf Daalia parce qu'elle est à moitié française), dans une Asie du Sud en carton pâte que l'auteur connaît bien mal, puisqu'il en suppose les habitants de type ethnique hindou, et qu'il y situe même un de ces ordres religieux assassins que l'on ne trouvait qu'en Inde sous la domination coloniale britannique.

Très logiquement, Paul D'Ivoi nous dépeint aussi une île de Sumatra proprement imaginaire, avec des coutumes dont je n'ai pas trouvé trace sur Internet, et qui relèvent tellement d'une théâtralité exotique qu'elles en deviennent presque surréalistes. Ainsi, par exemple, le portrait de ces teinturières "colorées", habitant la chaîne de Bukit Barisan (décrite comme un massif montagneux, mais il s'agit en fait exclusivement de volcans), et qui sont chargées de teindre les saris que portent toutes les femmes de la région. Comme les pigments de teinture sont volatiles quand on les chauffe, ces femmes se retrouvent au bout de quelques années avec une peau complètement bleue, rouge, verte, orange ou jaune. Elles sont alors respectées comme des demi-déesses, et leurs faveurs sexuelles et sentimentales sont ardemment recherchées. L'histoire est très jolie mais complètement fausse, à l'image de quasiment tout ce que Paul d'Ivoi peut raconter sur Sumatra, dont il nous livre une carte postale attendrissante mais totalement fantasmée.

Quant à l'intrigue elle-même, comme on l'a vu, elle part d'un récit presque comique transposé en terre exotique, avant de s'embrouiller progressivement dans une course-poursuite générale, irréaliste et incohérente, où Paul d'Ivoi se perd volontiers lui-même, et nous avec lui. Heureusement, au final, comme on s'en doute, tout finira par s'arranger : Albin épousera Daalia, Morlaix épousera Lisbeth, les Anglaises rentreront chez elles le coeur brisé à la recherche de leur 400ème fiancé (!), les Adorateurs de M'Prahu seront désavoués par leur dieu, et quant à Niclauss et Mr. Fleck, abandonnés sous somnifères dans une chambre d'hôtel lors de la fuite de Morlaix avec Lisbeth, ils sont tout simplement.. oubliés par Paul D'Ivoi, et on n'entend plus parler d'eux...

Bref, d'une idée sympathique et originale, Paul D'Ivoi tire un ouvrage chatoyant, mais assez souvent confus, incohérent et bavard, encombré de xénophobies diverses et décomplexées, improvisé avec plus de talent que de maîtrise, et dont la fin un peu baclée nous laisse quand même assez dubitatifs. Abusant d'un humour terriblement désuet, Paul d'Ivoi signe avec «Le Serment de Daalia » un roman qui a terriblement mal vieilli, comparé à la plupart des autres volumes des «Voyages Excentriques », et l'on en retiendra surtout cette Sumatra imaginaire et colorée, qui avait tout pour faire rêver les jeunes adolescents de la Belle-Époque, et par laquelle il est tentant de se laisser griser, même un siècle plus tard.
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Aventures autour du monde

Deux classiques à lire ou à relire avec plaisir, la version broché comprend en plus des illustrations originales.
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