Émission "Anthologie étrangère" diffusée le 5 juillet 1961 sur la RTF. Une présentation par Jean de Beer, aidé par Georges Gravier.
Garder son calme dans l'adversité, c'est déjà s'enlever la moitié du mal.
(PSEUDOLUS).
C'est par la valeur qu'il faut rechercher la victoire, non par la cabale. On a toujours assez de partisans lorsque l'on agit bien, si les gens dont cela dépend sont des gens loyaux.
(Uirtute ambire oportet, non fauitoribus.
Sat habet fauitorum semper qui recte facit,
si illis fides est quibus est ea res in manu.)
Prologue d'AMPHITRYON.
C'est une grande sottise de confier à un esprit timide un grand dessein ; car toute chose est ce qu'on la fait, si l'on veut qu'elle soit grande.
J'ai été envoyé justement pour présenter une juste requête à des justes ; chercher à obtenir une chose injuste auprès de justes ne convient pas, de même demander une chose juste à des hommes injustes est de la déraison, car, dans leur injustice, ils ignorent le droit et ne l'observent point.
(Amphitryon)
PSEUDOLUS : Selon la manière dont vous traite la Fortune, on passe pour un grand homme, et tout le monde assure que l'on est habile. Si l'on apprend que quelqu'un a réussi dans ses projets, nous disons que c'est un rusé, et nous appelons un imbécile celui qui a échoué. Pauvres sots que nous sommes, nous ignorons à quel point nous sommes stupides lorsque nous désirons passionnément obtenir quelque chose, comme si nous pouvions savoir ce qui est vraiment de notre intérêt. Nous laissons échapper le certain, en courant après l'incertain.
Être élégant selon sa fortune, paraître selon ses ressources, c'est se souvenir d'où l'on sort !
(La Marmite).
« Lupus est homo homini, non homo, quom qualis sit non novit »
Quand on ne le connaît pas, l'homme est un loup pour l'homme.

EUCLION, seul.
J’ai voulu faire un effort, et me régaler pour la noce de ma fille. Je vais au marché ; je demande. Combien le poisson ? trop cher. L’agneau ? trop cher. Le bœuf ? trop cher. Veau, marée, charcuterie, tout est hors de prix. Impossible d’en approcher ; d’autant plus que je n’avais pas d’argent. La colère me prend, et je m’en vais, n’ayant pas le moyen d’acheter. Ils ont été ainsi bien attrapés, tous ces coquins-là. Et puis, dans le chemin, j’ai fait réflexion : quand on est prodigue les jours de fête, on manque du nécessaire les autres jours ; voilà ce que c’est que de ne pas épargner. C’est ainsi que la prudence a parlé à mon esprit et à mon estomac ; j’ai fait entendre raison à la sensualité, et nous ferons la noce le plus économiquement possible. J’ai acheté ce peu d’encens et ces couronnes de fleurs ; nous les offrirons au dieu Lare, dans notre foyer, pour qu’il rende le mariage fortuné. Mais que vois-je ? ma porte est ouverte ! Quel vacarme dans la maison ! Malheureux ! est-ce qu’on me vole ?
CONGRION, de l’intérieur de la maison.
Va demander tout de suite, chez le voisin, une plus grande marmite. Celle-ci est trop petite pour ce que je veux faire.
EUCLION.
Hélas ! on m’assassine. On me ravit mon or, on cherche la marmite. Je suis mort, si je ne cours en toute hâte. Apollon, je t’en conjure, viens à mon secours. Perce de tes traits ces voleurs de trésors : tu m’as déjà défendu en semblable péril. Mais je tarde trop. Courons, avant qu’on m’ait égorgé.
Plus l'ami est ancien, meilleur il est.
MERCURE : Il fait l'amour, il a raison ; il fait bien, puisque c'est là son plaisir. C'est ce que tout le monde devrait faire, à condition que cela ne fasse pas de mal.
AMPHITRYON, Acte III, Scène 4.