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Citations de Pline le jeune (39)


 Pline le jeune
Il vaut mieux exceller en une chose que d'être médiocre en plusieurs.
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J'imagine que cette épaisse épaisse vapeur arrêta sa respiration et le suffoqua. Il avait naturellement la poitrine faible, étroite et souvent haletante. Lorsque la lumière reparut (trois jours après le dernier qui avait lui pour mon oncle), on retrouva son corps entier, sans blessure. Rien n'était changé dans l'état de son vêtement, et son attitude était celle du sommeil plutôt que de la mort.
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 Pline le jeune
Tout mon temps, je l'ai passé au milieu de mes tablettes et de mes carnets dans une paix des plus agréables. "Comment, dis-tu, as-tu pu faire cela, en ville ?" C'étaient les jeux du cirque, genre de spectacle qui ne me séduit pas le moins du monde. Rien de nouveau, rien de varié, rien qu'il ne suffise d'avoir regardé une seule fois.
Aussi, je m'étonne d'autant plus que tant de milliers de spectateurs raffolent sans cesse, d'une manière aussi puérile, de voir des chevaux au galop, des cochers dressés sur leurs chars. Si encore c'était la vitesse des chevaux ou la virtuosité des chevaux qui les attirait, il y aurait une raison.
Mais en réalité, c'est une casaque qu'ils supportent, une casaque qu'ils aiment. Et jamais, en pleine course et au beau milieu de la lutte, on intervertit les couleurs, leur passion et leur ferveur changeront de camp ; tout à coup, ils laisseront tomber ces fameux conducteurs de chars, ces illustres chevaux qu'à tout moment ils reconnaissent à distance, dont ils hurlent les noms. Telle est la popularité, tel est le prestige qu'il y a dans une tunique de si peu de valeur, passe encore dans la populace, ( ... ) , mais également auprès de certains hommes sérieux. Quand je songe que les gens s'abaissent à un amusement futile, stérile, répétitif, qu'ils recherchent de façon insatiable, j'éprouve un certain plaisir à ne pas y trouver de plaisir.
Et pendant ces journées, je suis très heureux de consacrer à la littérature mon temps libre ; ces journées, d'autres les gaspillent en occupations plus inutiles.
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Lettres , VI , 20 ( la destruction de Pompéi ) .
6. C'était déjà la première heure du jour, et la lumière était encore hésitante et blafarde; déjà, alors que les bâtiments alentours étaient fortement agités, bien que dans un endroit ouvert, mais pourtant étroit, la crainte de la destruction était grande et certaine.
7. Alors seulement il nous parut souhaitable de sortir de la ville; une foule suit, hébétée, et (dans la crainte on devient sage) on préfère suivre le conseil d'autrui plutôt que le sien, et la foule presse et pousse les fuyards dans son immense marche.
8. Une fois sortis de la zone construite, nous nous arrêtons. Nous sommes victimes de nombreuses surprises, de nombreuses terreurs. En effet les chariots que nous avions ordonné d'amener étaient bousculés dans des directions contraires, bien que l'on fût dans un espace très plat, et même calés avec des pierres ils ne restaient pas dans les mêmes traces.
9. Ensuite, nous voyions la mer s'absorber en elle-même et pour ainsi dire repoussée par le tremblement de terre. Le rivage s'était sans doute avancé et retenait prisonnier de nombreux animaux marins sur les sables secs. De l'autre côté un nuage noir et terrifiant s'ouvrait en de longues formes de flammes, rompu par les allées et venues tordues et oscillantes du souffle de feu; ces dernières étaient à la fois semblables et plus grandes que des coups de foudre.
10. Mais alors, le même ami d'Espagne dit, plus vivement et plus instamment: "Si ton frère, si ton oncle vit, il veut que vous soyez saufs. S'il a péri, il a voulu que tu lui survives. Ainsi donc, pourquoi tardez-vous à vous échapper?" Nous lui répondîmes que nous ne nous rendrions pas coupables de nous préoccuper de notre salut alors que nous ne savions rien du sien.
11. Ne s'attardant pas plus, il se précipite et s'éloigne du danger par une course immodérée. Peu après, le nuage descendit sur les terres et couvrit la mer; il avait entouré Capri et l'avait cachée, il avait dérobé à la vue la partie en saillie du cap de Misène.
12. Alors à ma mère de me prier, de m'exhorter, de m'ordonner que je fuie par quelque moyen que ce soit; en effet, un jeune homme le pouvait, et elle mourrait volontiers, alourdie par les années et sa corpulence, si elle n'était pas la cause de ma mort. Moi, je lui répondis au contraire que je ne me sauverais qu'avec elle. Lui ayant ensuite saisi sa main, je la force à allonger le pas.
13. Elle obéit avec peine et s'accuse de me retarder. A l'instant, des cendres, jusque-là pourtant rares. Je me retourne: un nuage sombre et dense nous menaçait par derrière, qui nous suivait à la manière d'un torrent répandu sur le sol. "Faisons un détour", dis-je, "tant que nous y voyons, pour éviter d'être renversés et piétinés dans la nuit par la foule des fuyards."
14. A peine nous étions-nous assis que ce fut la nuit, non comme une nuit sans lune ou nuageuse, mais comme dans un espace clos, toutes lumières éteintes. Tu aurais pu entendre les cris perçants des femmes, les appels au secours des enfants, les cris des hommes; les uns recherchaient en criant des parents, d'autres leurs enfants, d'autres encore leur conjoint, et tentaient de les reconnaître à la voix;
15. Certains s'affligeaient de leur propre malheur, d'autres de celui des leurs; il y en avait qui suppliaient la mort par crainte de la mort; beaucoup levaient leurs mains aux dieux; plusieurs expliquaient qu'il n'y avait déjà plus de dieux nulle part et que cette nuit serait éternelle et serait la dernière du monde. Il ne manquait pas de gens pour augmenter les dangers réels par des terreurs fictives et mensongères. Etaient présents des gens qui annonçaient qu'à Misène tel bâtiment s'était écroulé, tel autre était la proie des flammes; c'était faux, mais il ne manquait pas de gens pour y croire.
16. Ça brillait un peu à nouveau, mais pas comme le jour, comme l'annonce d'un feu qui approche. Et du moins le feu ne s'avança pas particulièrement loin; de nouveau ce furent les ténèbres, de nouveau ce furent les cendres, abondantes et lourdes. Nous levant sans cesse, nous nous secouions pour les faire tomber; sans quoi nous serions recouverts et même écrasés sous leur poids.
17. Je pourrais me vanter de n'avoir pas fait sortir un gémissement, une parole peu courageuse au milieu de tels dangers, si je n'avais pas cru en consolation misérable de la condition de mortel, grande consolation pourtant, que je périssais avec tout, que tout périssait avec moi.
18. Enfin, ce nuage, pour ainsi dire affaibli en fumée ou en brouillard, disparut; ce fut bientôt le jour véritable; même le soleil se mit à briller, jaune pourtant, comme il est d'habitude lors d'une éclipse. Tout à nos yeux en désarroi se présentait transformé et recouvert d'une profonde couche de cendres, comme de la neige.
19. Revenus à Misène, après s'être réconforté vaille que vaille, nous passâmes une nuit incertaine et indécise, entre l'espoir et la crainte. La crainte prévalait; en effet, même le tremblement de terre continuait, et la plupart, rendus fous par des présages terrifiants, se moquaient de leur maux et de ceux d'autrui.
20. Pourtant, nous ne prîmes pas même la décision de partir, bien que nous connussions le danger et que nous l'attendissions, avant d'avoir des nouvelles de mon oncle.
Voici des faits nullement dignes de l'histoire; tu les liras sans avoir l'intention de les écrire et tu t'en prendras assurément à toi, qui me l'as demandé, puisque ces événements ne sont même pas dignes d'une lettre. Salut.
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Je crois en effet que tous les hommes doivent penser qu'ils ont le choix entre l'immortalité et la condition de mortel. Dans le premier cas, il faut lutter, faire des efforts, dans l'autre, se reposer, se détendre, ne pas se fatiguer pour rien dans sa brève existence, comme je vois beaucoup de gens le faire, qui sont finalement amenés, en fournissant un semblant d'activité pitoyable et peu gratifiant, à avoir une piètre idée d'eux-mêmes.
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C. Pline à sa chère Calpurnia salut

Vous ne sauriez croire combien vous me manquez. La raison en est mon amour d'abord, puis que nous n'avons pas l'habitude d'être éloignés l'un de l'autre. Voilà pourquoi une grande partie de mes nuits se passe pour moi à me représenter tout éveillé votre image, pourquoi en plein jour, aux heures où j'avais l'habitude d'aller vous voir, mes pieds me portent d'eux-mêmes, comme on a bien raison de le dire, vers votre appartement, pourquoi enfin, triste, affligé comme si on m’avait fermé la porte, je reviens de votre chambre vide.
Il n'est qu'un temps où je sois exempt de cette torture: c'est celui que je passe au forum et absorbé par les procès de mes amis.
Représentez-vous donc ce qu'est ma vie, quand je dois chercher mon repos dans le travail, ma consolation dans les ennuis et les soucis. Adieu.
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Lettre VIII , Pompeius Saturninus .

La vertu toute seule est sujette à l’envie, mais parfois plus encore quand on la glorifie et la vante en public, et les bonnes actions n’échappent au dénigrement et à la malveillance que si elles sont ensevelies dans l’obscurité et le silence.
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Il existait à Athènes une maison spacieuse et commode, mais de mauvaise réputation et maudite. Dans le silence de la nuit, on entendait un son métallique et, si on tendait l'oreille, on percevait un bruit de chaînes, d'assez loin d'abord, puis de très près : Bientôt apparaissait un spectre, un vieillard épuisé par la maigreur, en haillons, la barbe longue et les cheveux hérissés; il portait, aux pieds, des entraves et, aux mains, des chaînes qu'il agitait. Aussi les habitants passaient-ils, dans la crainte, des nuits blanches, sinistres et effrayantes. L'insomnie les rendait malades, puis venait la mort, car la crainte allait croissant : en effet, même en plein jour, malgré la disparition du fantôme, les yeux gardaient son souvenir et la peur persistait plus longtemps que les motifs d'avoir peu.
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Il y avait à Athènes une maison spacieuse et commode, mais de mauvaise réputation et hantée. Dans le silence de la nuit, on entendait un son métallique et, si on tendait l’oreille, on percevait un bruit de chaînes, d’assez loin d’abord, puis de très près : bientôt apparaissait un spectre, un vieillard épuisé par la maigreur, en haillons, la barbe longue et les cheveux hérissés ; il portait, aux pieds, des entraves et, aux mains, des chaînes qu’il agitait. Aussi les habitants passaient-ils, dans la crainte, des nuits blanches, sinistres et effrayantes. […] La maison fut donc délaissée […]. On y mit cependant une affiche, au cas où quelqu’un, dans l’ignorance d’un défaut si grave, eût voulu l’acheter ou la louer. Le philosophe Athénodore vint à Athènes, lut l’annonce et entendit le prix que sa modicité rendait suspect. Il s’informe, apprend toute l’affaire et malgré cela, ou plutôt pour cette raison, loue la maison. À la tombée du jour, il se fait placer un lit dans l’entrée, réclame des tablettes, un stylet, de la lumière ; il […] concentre son attention, ses yeux, sa main, à écrire, de crainte que son esprit, livré à lui-même, n’entende des bruits imaginaires et ne se crée d’inutiles frayeurs. D’abord, comme partout ailleurs, le silence de la nuit ; puis des bruits de fer et des mouvements de chaînes. Il ne lève pas les yeux, ne dépose pas son stylet, mais renforce sa concentration et en fait un écran contre ce qu’il entend. Alors le bruit s’intensifie, se rapproche : on l’entend déjà sur le seuil, pour ainsi dire, et déjà à l’intérieur. Le philosophe se retourne, regarde et reconnaît l’apparition dont on lui avait parlé. Elle se tenait debout et faisait signe du doigt, comme pour l’appeler ; mais Athénodore, de la main, lui signifie d’attendre un peu et se penche à nouveau sur ses tablettes et son stylet. Elle, elle lui faisait résonner ses fers au-dessus de la tête pendant qu’il écrivait. Le philosophe se retourne, voit qu’elle lui fait le même signe qu’auparavant et, sans attendre, il prend la lumière et la suit. Elle marchait d’un pas lent, comme alourdie par les chaînes. Après avoir obliqué vers la cour, tout à coup, elle disparut, abandonnant son compagnon. Laissé seul, celui-ci marque la place d’un tas d’herbes et de feuilles. Le lendemain, il va trouver les magistrats et leur conseille de faire creuser l’endroit. On découvre, au milieu des chaînes, des os emmêlés que le corps en décomposition par l’action du temps et du sol avait laissés décharnés et rongés par les liens. Rassemblés, ils sont enterrés aux frais de l’État. Après cela, la maison fut débarrassée des mânes, qui avaient reçu une sépulture
selon les rites.
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On me blâme en tous lieux, dites-vous, parce que, en toutes circonstances, je louerais immodérément mes amis. Je reconnais mon crime, et même je le chéris. Car quoi de plus beau que de pécher par tendresse ? Et qui sont donc ces individus qui prétendent connaître mes propres amis mieux que moi-même ? Supposons encore que cela soit, pourquoi m'envier un erreur si flatteuse ? Quand bien même mes amis ne seraient pas tels que je les déclare, je suis heureux pourtant de les imaginer ainsi. Que ces malignes gens portent ailleurs leurs soins importuns, et s'il ne manque pas de gens pour croire que blâmer ses amis est une marque d'équité, moi, je ne me laisserai jamais persuader que j'aime trop ceux qui sont mes amis.
(VII,28)
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Nous avons coutume d'entreprendre de longs voyages, de passer les mers, pour voir des choses que nous négligeons lorsqu'elles sont sous nos yeux.
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C'est avec cette ingéniosité qu'on prend à l'un pour donner à l'autre, qu'on cherche dans sa rapacité à passer pour généreux.
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Continuons à être, quand nous allons bien, les hommes que nous nous promettions d'être quand nous étions malades.
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Rappelle toi qu'il faut fuir plus que tout cette alliance moderne du luxe et de la mesquinerie.
Pris séparément ces défauts sont déjà une honte, ils le sont plus encore quand on les met ensemble !
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Vous me demandez comment se passent mes journées, l’été, dans ma villa de Toscane ? Je m’éveille quand il me plaît, d’ordinaire vers la première heure, souvent plus tôt, rarement plus tard. Mes fenêtres demeurent fermées : il est remarquable, en effet, combien je puis, à l’abri de tout ce qui distrait grâce au silence et à l’obscurité, libre et livré à moi-même, non pas assujettir mon attention à mes yeux, mais mettre au service de mon esprit mes yeux qui voient tout ce que voit mon esprit aussi longtemps qu’ils ne sont pas sollicités par un autre spectacle. Si j’ai quelque ouvrage en chantier, je compose de tête, je compose jusqu’aux mots, semblable à celui qui écrit et corrige, tantôt plus, tantôt moins selon que j’ai trouvé plus ou moins de difficulté à élaborer et à retenir. J’appelle alors un secrétaire et, fenêtre ouverte, je dicte ce que je viens de mettre en ordre ; il sort, puis une seconde fois, ce secrétaire et rappelé et renvoyé.
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Minerve n'erre pas moins que Diane dans les montagnes !
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Tout se noue, tout s'enchaîne, et je vois grandir de jour en jour la horde de mes tracas.
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Je suis partagé entre l'étude et la paresse, les inséparables rejetons du temps à soi.
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Soyons donc tolérants pour les plaisirs des autres afin de gagner leur indulgence pour les nôtres.
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Est ce que chacun n'y va pas de sa petite complaisance envers soi même ?
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