Il prit une grande inspiration et entonna d'une voix solennelle :
Ikusten duzu goizean,
Argia hasten denean,
Menditto batten ganean
Etxe ttipitto aintzi xuri bat,
Lau haitz ondoren erdian,
Xaku xuri bat attean
Itturiño bat aldean
Han bizi naiz ni bakean !
(Vous voyez le matin, au point du jour, sur une colline, une petite maison à la façade blanche, entre quatre chênes, une petite source à côté, un petit chien blanc à a porte, c'est là que moi je vis en paix.)
Adamsmendy ne comprenait pas le basque mais il eut le sentiment que la chanson s'accordait parfaitement à la situation.
Inutile d'essayer d'en retirer une quelconque loi physique, si ce n'était l'attraction relative générée par la présence d'un bar qui augmentait localement la concentration humaine.
Au-dessus de la porte, un linteau de granit était gavé d'une inscription en lettres basques :
Jaurreguy - 1787
La maison avait connu la révolution, pensa intérieurement Adamsmendy, en doutant que cette période troublée de l'Histoire ait eu de quelconques répercussions sur ce bout de terre.
Vous verrez ça demain si vous avez l'occasion de venir en ville. On y chante une chanson très populaire pour les enfants.
Debout, debout, debout, Léon
Il est temps de mettre ta couronne
Pour nous ce sera toujours toi
Le roi des fêtes de Bayonne
Son interlocuteur avait autant de caractère qu'une piperade sans piments.
En ces jours froids d'hiver, l'océan semblait avoir vieilli en même temps que lui