AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Charlotte Elisabeth de Bavière (81)


À la Raugrave Louise
Saint-Cloud, le 4 septembre 1697
...
L’amour dans le mariage n’est plus du tout de mode ; les époux qui s’aiment bien paraissent ridicules. Les catholiques, dans leur catéchisme, rangent le mariage parmi les sacrements, mais dans le fait ils vivent avec leurs femmes comme ceux qui ne croient pas que ce soit un sacrement et plus mal encore : c’est chose convenue que les hommes ont des liaisons galantes et dédaignent leurs femmes...
Commenter  J’apprécie          271
Paris, le 27 avril 1719, 7 h du matin

... Le duc de Richelieu est un archidébauché, un vaurien, un poltron qui nonobstant ne croit ni à Dieu ni à sa parole. De sa vie, il n’a rien valu et ne vaudra jamais rien, il est faux et menteur, ambitieux avec cela comme le diable...
Commenter  J’apprécie          230
Il y avait donc un écolier faisant toute sorte d'espiègleries : il vaguait toute la nuit au lieu de dormir dans sa chambre. Les pères le menacèrent, s'il n'y restait pas la nuit, de le fouetter d'importance. Le gamin s'en va chez un peintre et le prie de lui peindre deux saints sur les deux fesses, à savoir : saint Ignace à droite et saint François de Xavière à gauche. Ce que fait le peintre. L'autre remet bonnement ses hauts-de-chausses, s'en revient au collège, et commence cent méchantes affaires. Les pères l'appréhendent au corps et disent : « Pour cette fois-cy vous ores le foüet. » Le gamin se débat et supplie, mais ils lui répondent que les supplications n'y feront rien. Alors l'écolier se jette à genoux et dit : « Ô saint Ignace, ô saint Xavière, ayez pitie de moy et faitte quelque miracle en ma faveur pour monstrer mon inocensse. » Là-dessus les pères lui descendent la culotte et comme ils lui lèvent la chemise pour le fesser, le gamin dit : « Je prie avec tant de ferveur que je suis sur que mon invocation ora effet. » Quand les pères aperçoivent les deux saints, ils s'écrient : « Miracle ! seluy que nous croyons un fripon est un saint », se jettent à genoux, impriment des baisers sur le postérieur, et réunissent tous les élèves...

Saint-Cloud, le 13 avril 1681.
Commenter  J’apprécie          201
Si le roi devait punir tous les gens vicieux comme ils le méritent, il resterait sans princes, sans gentilshommes, sans domestiques. Pas une maison de France qui ne serait en deuil...

Saint-Cloud, le 17 juillet 1699.
Commenter  J’apprécie          160
Port-Royal, le 22 août 1698
Quand on est belle cela ne dure guère, un beau visage change bien vite, mais avoir bon coeur, voilà ce qu'il fait bon posséder en tout temps. Il faut que vous ayez perdu tout souvenir de moi pour que vous ne me rangiez pas parmi les laides : je l'ai toujours été et le suis devenue davantage encore par suite de la petite vérole : de plus ma taille est monstrueuse, je suis carrée comme un dé, la peau est d'un rouge mélangé de jaune, je commence à grisonner, j'ai les cheveux poivre et sel, le front et le pourtour des yeux sont ridés, le nez est de travers comme jadis, mais festonné par la petite vérole, de même que les joues ; je les ai pendantes, de grandes mâchoires, des dents délabrées ; la bouche aussi est un peu changée, car elle est devenue plus grande et les rides sont aux coins : voilà la belle figure que j'ai, chère Amelise !

p. 238
Commenter  J’apprécie          151
Vous avez perdu beaucoup des vôtres, mais, chère Louise, le monde est ainsi fait : ou bien il faut mourir soit-même, ou voir mourir ceux qu'on aime. On pourrait appliquer à cela ce que feu Mme de Brégie avait coutume de dire : « Cela est bien désobligent. » Un jour que, dans mon cabinet, elle était assise par terre, dans un coin, elle se mit à faire cette exclamation-là : « Que dites-vous ? lui demandai-je. — Madame, me répondit-elle, je faisais réflexion tout à l'heure, que nous sommes avant de naistre dans un néant très propre ; nous ne demandons point à venir en ce monde, on nous y met sans demander nostre advis, cela est bien désobligent. Nous sommes en ce monde, nous y avons bien du mal, cependant nous nous y accoustumons et nous n'en voulons point sortir. On nous prend, quand nous y songeons le moins, et on nous en fait sortir malgré nous, cela est bien désobligent... »

Marly, le 18 juillet 1715.
Commenter  J’apprécie          110
Quand je choisis mon médecin, je le prévins qu'il ne devait pas s'attendre à une obéissance aveugle de ma part ; je lui permettrais de dire son opinion, mais non de se fâcher si je ne la suivais pas chaque fois. Ma santé et mon corps étant à moi, j'entends, lui dis-je, les gouverner à ma guise.

(Lettre à Louise La Raugrave, Marly le 2 mai 1705)
Commenter  J’apprécie          111
... Il m'est impossible d'entendre prêcher sans m'endormir : un sermon c'est de l'opium pour moi. Une fois que j'avais la toux bien fort, je passai trois nuits sans fermer l'oeil. Je me souvins alors que je dormais à l'église dès que j'entendais prêcher ou chanter les nonnes. Aussi me rendis-je en voiture à un couvent où on allait prêcher un sermon. A peine les nonnes eurent-elles commencé leurs chants que je m'endormis et je dormis de la sorte pendant les trois heures que dura l'office, dont je sortis complétement remise.

19 mars 1693, p. 155
Commenter  J’apprécie          110
Versailles, le 13 mai 1705
[...] j'ai entendu dire que l'empereur [il s'agit de Joseph 1er] ne couchait plus avec sa femme. Mais de cette façon elle ne pourra pas avoir de fils ! Cela se voit souvent que les hommes débauchés ont peu d'enfants. Un médecin d'ici à qui l'on demandait pourquoi les enfants de la reine n'étaient pas sains, répondit : "C'est que le roy n'aporte que la rinsure de ses veres à la reine (sic)..."
Commenter  J’apprécie          110
Quelle fantaisie prend-il donc au roi de Suède de ne plus vouloir souffrir de réformés? Il devrait cependant profiter de l'exemple des autres à qui ce procédé a si mal réussi. Sa cour doit être terriblement ennuyeuse. Je ne puis supporter les rois qui s'imaginent plaire à Dieu en priant. Ce n'est pas pour cela qu'il les a mis sur le trône. Faire le bien, exercer le droit et la justice, contenir les prêtres, et les forcer de s'en tenir à leurs prières sans se mêler d'autres choses, voilà quelle devrait être la vrai dévotion des rois. Qu'un roi fasse sa prière matin et soir, cela suffit; du reste il doit songer à rendre ses sujets heureux autant qu'il est en son pouvoir. Je suis de votre avis; tout est vanité.

Saint-Cloud, le 20 mai 1696.
Commenter  J’apprécie          100
... C'est un grand honneur d'être à côté du roi, au sermon, mais je céderais volontiers ma place car S. M. ne veut pas me permettre de dormir : sitôt que je m'endors, le roi me pousse du coude et me réveille...

Versailles, le 20 février 1695.
Commenter  J’apprécie          100
Ce qu'il y a de certain, c'est qu'on donne présentement un tour étrange à la religion et à la piété en ce pays-ci. Cela ne me dit pas le moins du monde et je suis tentée de faire comme cet Anglais que l'on nomme Fildin. Il y a quelques années de cela, Wendt lui demandait à Fontainebleau : « Estes-vous huguenot ? monsieur. — Non dit-il. — Vous estes donc catholique, répliqua Wendt. — Encore moins répond l'Anglais. — Ah, dit Wendt, c'est que vous estes luthérien. — Point du tout dit Fildin. — Et qu'estes vous donc ? reprend Wendt.— Je m'en vay vous le dire, répond l'Anglais, j'ay un petit religion appart moy. » J'estime que moi aussi j'aurais bientôt « un petit religion apart moy. » Et le bon roi Jacques également aurait mieux fait d'agir de la sorte plutôt que de perdre trois royaumes par bigoterie...

Saint-Cloud, le 13 septembre 1690.
Commenter  J’apprécie          100
A la duchesse de Hanovre - Versailles, le 29 décembre 1701.

... Je suis convaincue que vous n'avez pas autant de rides que moi... mais je ne m'en soucie nullement : n'ayant jamais été belle, je n'y ai pas perdu grand chose. Puis je vois que celles que j'ai connues belles jadis sont, à cette heure, plus laides que moi : âme qui vive ne reconnaîtrait plus Mme de la Vallière ; Mme de Montespan a la peau comme quand les enfants s' amusent à jouer avec du papier, à le plier et à le replier : tout son visage est recouvert de petites rides si rapprochées des unes des autres que c'en est étonnant ; ses beaux cheveux sont blancs comme la neige, et toute la figure est rouge...
Commenter  J’apprécie          100
Le roi avoue lui-même qu'il y a des fautes dans l'architecture de Versailles. Cela vient de ce que, dans le principe, il ne voulait pas y bâtir un si vaste palais, mais seulement faire agrandir un petit château qui s'y trouvait. Par la suite, l'endroit a plu au roi : mais il ne pouvait y résider, vu l'insuffisance du logement. Alors, au lieu de faire abattre entièrement le petit château et d'en construire un grand sur un dessin nouveau, il a, pour sauver l'ancien château, fait élever des constructions tout autour, le recouvrant, pour ainsi dire, d'un beau manteau, et cela a tout gâté...

(Lettre à la duchesse de Hanovre, Paris, le 1er novembre 1699, 11 heures du matin)
Commenter  J’apprécie          90
Mon fils m'a raconté l'autre jour l'histoire suivante qu'il tient d'un chevalier de Clermont, lequel a longtemps navigué sur un vaisseau portugais. Une fois il s'éleva une grande tempête ; le capitaine courut à son bahut, en retira une poupée qu'il plaça entre deux cierges dans une niche et la supplia — c'était saint Antoine — de toutes les forces de son âme de mettre fin à la tempête. Celle-ci n'en continua pas mois. « Hâtez-vous, dit alors le capitaine au saint, ou bien vous vous en trouverez mal. » Le temps ne se mettait toujours pas beau. Il fit chercher des menottes et les mit aux pieds du petit saint. Cela non plus ne servit à rien. Alors il prit une corde, la lui noua autour du corps et le suspendit au-dessus de l'eau, tout près du niveau. Il appela un Turc, lui ordonna de brandir son sabre, mais de ne couper la corde que sur un signe qu'il lui ferait. Enfin alors le temps de rasséréna. Le capitaine hissa le saint et dit au chevalier : « Vous autres François, vous vous moquer de nos manières, mais je vous assure qu'il y a des saints qui veullent este menassés et chastiés , sans cela ils ne font rien qui vaille... »

Versailles, le 2 novembre 1704.
Commenter  J’apprécie          80
...L'histoire que vous me racontez de cette Hollandaise me rappelle celle du comte de Gramont. Quand, il y a deux ans, il était à la mort, on lui lut la Passion. De sa vie il ne l'avait entendue en français, aussi ne la connaissait-il pas. Quand on arriva à l'endroit où les apôtres abandonnent Notre-Seigneur Jésus-Christ, le comte de Gramont se mit à pleurer et dit : « Ah les traistres, mais aussi pourquoi prenait-il des marauds pour le suivre et des communes gens comme des pêcheurs, que ne se faisait-il suivre par des gentilhommes gascons, ils ne l'auraient jamais trahi ny abandonné. » Puis il appela sa femme et lui dit : « Comtesse, tout ce qu'on vient de me lire là, cela est-il bien vray? » La comtesse de Gramont me l'a raconté elle-même et j'ai demandé au comte si c'était vrai. Il en convient...

Paris, le 24 avril 1696.
Commenter  J’apprécie          82
... Monsieur m'a dit une nouvelle hier, à savoir que la vieille [ Mme de Maintenon, maîtresse de Louis XIV ] est atteinte d'un cancer de la matrice. Quel bonheur ce serait, mais j'ai peine à le croire : souvent déjà j'ai remarqué qu'elle fait semblant d'être malade à la mort dès qu'elle craint que son homme lui échappe, afin de l'attendrir et de la ramener à elle et sitôt que c'est fait, elle reparaît fraîche et bien portante...

Versailles, le 27 février 1695.
Commenter  J’apprécie          82
J'eus un dialogue bien comique avec notre roi. Il me tançait vertement de ce que j'avais mis une écharpe : « On n'a jamais estés à la procession en escharpe, dit-il. — Cela se peut, répondis-je, mais il n'a jamais fait aussi froid qu'il fait. — Auttrefois, dit le roi, vous n'en metties pas. — Auttrefois, répliquai-je, j'estois plus jeune et ne sentois pas tant le froid. — Il y en avoit de plus vieille que vous, dit-il, qui ne mestois pas d'écharpe. — Ce que (c'est que) répondis-je, ces vieilles là aimoit mieux ce geller que de mettre quelque chose qui ne sioit pas bien, et moy j'aime mieux estre mal misse et ne me pas morfondre la poictrine, car je ne me pique pas de gentillesse. » À quoi il ne répondit rien...

Versailles, le 3 février 1695.
Commenter  J’apprécie          81
On avait par politesse appris au duc de Bourgogne et à ses deux frères à se servir de la fourchette en mangeant. Mais quand ils furent admis à la table du roi, celui-ci n'en voulut rien savoir et le leur défendit. A moi on ne me l'a jamais défendu, car de tout temps je me suis servie, pour manger, que de mon couteau et de mes doigts.

(Lettre à la duchesse de Hanovre - Marly, le 22 Janvier 1713)
Commenter  J’apprécie          80
On ne m'a jamais grondée de ce que je dormais à l'église ; j'en ai donc tellement pris l'habitude, que ne ne puis plus m'en défaire... Je crois que le diable ne s'en moque pas mal que je dorme ou non, car de dormir, c'est une chose indifférente ; ce n'est pas un péché , mais simplement une faiblesse humaine.

(Lettre à Amélie-Elizabeth La Raugrave - Versailles, le 18 juin 1705)
Commenter  J’apprécie          80



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Charlotte Elisabeth de Bavière (118)Voir plus

Quiz Voir plus

Qui a écrit cette oeuvre?

Qui a écrit 1984 ?

H.G Wells
O Wells
S Beckett
G Orwell

11 questions
10561 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}