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3.82/5 (sur 128 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Le Prix Clara, destiné aux écrivains en herbe de moins de 17 ans est un grand concours de nouvelles organisé en collaboration avec L'Actu, le quotidien des ados (Play Bac Presse).

Ce prix a été créé, en 2007, en mémoire de Clara, une adolescente décédée en 2006 des suites d'une malformation cardiaque.

Il donne lieu chaque année à la création d’un recueil de nouvelles, publié aux Editions Héloïse d’Ormesson. Le recueil est vendu au bénéfice de l’ARCFA, Association pour la Recherche en Cardiologie du Fœtus à l’Adulte.

Il est décerné par un jury présidé par Erik Orsenna et composé de onze personnalités du monde des lettres et de l’édition.

page Facebook : https://www.facebook.com/prixclara/
site : https://prixclara.fr/

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Bibliographie de Prix Clara   (14)Voir plus


Entretien des Lauréats du Prix Clara 2012 avec Babelio

Babelio a rencontré les Lauréats du Prix Clara 2012, de jeunes écrivains âgés entre 14 et 17 ans. Découvrez notre entretien avec ces auteurs en herbe.


Et Après ? de Capucine Dao


Avez-vous été inspirée pour l`écriture de cette nouvelle, par un auteur ou par un livre par exemple ?

Même si je n`y ai pas particulièrement pensé en écrivant, je crois que Oscar et la dame rose, d`Eric Emmanuel Schmitt m`a inspirée. J`avais particulièrement aimé sa manière de faire parler un enfant sur des questions aussi essentielles que la vie, la mort, la religion etc. Je me souviens également que la première fois que l`on m`a lu une nouvelle « à chute » en cinquième, le dénouement était une naissance, mais je ne me souviens plus du nom du texte.


Avez-vous déjà songé à faire de l`écriture votre métier ?

Lorsque j`étais petite, je rêvais d`être écrivain et je pensais que j`aimerais ne faire que cela. Maintenant, que je suis en Terminale et donc au choix de l`orientation, je réalise que cela ne me suffirait pas car c`est la vie quotidienne, les rencontres, les découvertes de nouvelles activités qui me donnent l`envie d`écrire. En ce sens je crois que tant que j`y prendrai du plaisir je continuerai à écrire, car c`est comme un moment à part dans ma routine et je l`apprécie donc d`autant plus.


Nous nous demandons au fil des premières pages où se trouvent les deux enfants. On peut penser à En attendant godot de Samuel Beckett, avec ces deux personnages isolés, dans un lieu inconnu, bannis à rester ensemble, à se parler alors qu`ils n`ont rien à se dire. Aviez-vous cette pièce derrière la tête en écrivant votre nouvelle ?

J`ai bien lu En attendant godot, mais je n`y ai pas du tout pensé en écrivant. En y réfléchissant, il est vrai que les premières pages de ma nouvelle peuvent y faire penser. Cependant, j`ai été incapable de trouver un sens aux dialogues de Vladimir et Estragon.


Au début de votre nouvelle, les deux enfants parlent de ce qu`il y aura «après», et en l`occurrence, de la mort, alors qu`il s`agit du début de l`aventure de la vie, sauf pour la petite fille. En ce sens, le début n`annonçait-il pas déjà la fin, à savoir, sa mort ?

Les enfants parlent bien de ce qu`il y aura «après» mais ils n`ont aucune idée de ce dont il s`agit, d`une manière générale, ils parlent plutôt de l`inconnu. le fait que la petite fille ne voit rien de ce que le garçon perçoit annonce en effet dès le début qu`elle ne verra jamais rien d`autre que l`univers dans lequel elle a vécu durant neuf mois. En réalité, lorsque j`écrivais, je transposais la conversation dans notre monde, «la vie » et je me demandais si le fait de croire ou non en « l`au-delà » pouvait nous permettre d`y avoir ou pas une nouvelle existence.


Points de vue d`Anne-Elise Guilbert-Tétard


Avez-vous été inspirée pour l`écriture de cette nouvelle, par un auteur ou par un livre par exemple?

Un peu d`Alice aux pays des merveilles de Lewis Carroll je pense. Il m`inspire dans tous mes écrits.


Avez-vous déjà songé à faire de l`écriture votre métier ?

Oui mais c`était il y a longtemps... maintenant ce serait plus une activité parallèle.


Nous suivons les tribulations du « Cheval de Caligula »à travers ces mini-récits. Comme vous le dites, tout est une question de point de vue : la trouvaille peut-être une aubaine incroyable pour l`un-Pipo-, ou le début des ennuis pour l`autre-Incitatus. de quel côté vous mettriez-vous ?

Je ne suis d`aucun côté. La trouvaille est géniale pour les avancées archéologiques et pour comprendre comment pouvaient vivre les populations antiques. C`est aussi un côté positif d`un sens pour Incitatus: il a une vie après la mort, mais ce n`est qu`à la fin qu`il commence à aimer cette vie. Puis il y a un côté négatif car en le déterrant on trouble le sommeil éternel d`Incitatus puis on le "maltraite" ce qui a un sens différent pour chaque parti. Il y a des idées séduisantes des deux côtés... Il m`est impossible d`en choisir un.


Cette nouvelle se caractérise par sa polyphonie narrative. Vous prêtez même une voix à la poterie tant désirée. Que dirait un vieux livre, poussiéreux, abandonné dans une bibliothèque, si vous le prêteriez voix ?

Il raconterait sa vie, la nostalgie du temps passé. Son impression-naissance, les joies qu`il a procuré à son lecteur, puis ses mésaventures (quel livre n`en a pas?) et comment il est arrivé dans cette bibliothèque, le temps passant et le début de la solitude, les premières poussières d`un hiver éternel… le récit serait basé sur la nostalgie d`une époque révolue.


Le monde est couleur d`Alexandre Imbert


Avez-vous été inspiré pour l`écriture de cette nouvelle, par un auteur ou par un livre par exemple?

Dire non serait mentir. J`ai énormément été inspiré dans mon histoire par des livres en tous genres, entre autre 1984 de Georges Orwell, Fahrenheit 451 de Ray Bradbury ou La symphonie pastorale d` André Gide. Tous ces livres m`ont frappés et donné envie d`écrire sur un tel sujet, j`ai réussi à donner plus de matière à mon histoire grâce à ces romans. le genre dystopique est un genre que j`affectionne particulièrement car il permet de comprendre les erreurs du présent en explorant le futur, dire les conséquences de notre mode de vie actuel.


Avez-vous déjà songé à faire de l`écriture votre métier ?

J`y ai songé souvent, surtout dans ma prime jeunesse. Je ne rêvais d`ailleurs que de ça, être écrivain. Depuis que je me suis lancé dans l`écriture, je désire être un magicien des mots à plein temps, vivre de ceci. Maintenant, je veux poursuivre cette passion en parallèle d`un vrai travail qui me permettra de m`y adonner sans contrainte aucune, seulement avec le plaisir d`écrire quand je veux et à la vitesse que je désire. Je ne veux pas être "obligé" d`écrire pour vivre.


Votre nouvelle peut faire penser à 1984 de George Orwell : les personnages, dénués de tout sentiment, de toutes sensations et de raison, sont de pures machines. Maelle, l`héroïne, est elle aussi «un être-machine» jusqu`à ce qu`elle entame la lecture du livre. Sa vie change, son quotidien morne et gris s`anime, des choses qu`elle n`avait jamais vues auparavant se révèlent et lui sautent aux yeux comme une évidence. Pensez-vous que l`écriture peut être créatrice ou recréatrice du monde ?

Elle peut l`être en effet. Grâce aux livres, on peut découvrir le monde tel qu`on ne l`a jamais vu et ne le verront aussi peut-être jamais. A travers le livre, le riche peut se rendre compte de ce qu`est la misère, le raciste la ségrégation, l`occidental l`Orient. Même si la vision de l`auteur est toujours subjective, elle nous donne quand même une vision du monde tel qu`il est, et non tel qu`on souhaiterait qu`il soit. En ce sens l`écriture peut en effet être créatrice du monde. Elle peut aussi le recréer à travers des "Et si?", grâce aux uchronies par exemple qui envisagent le monde tel qu`il aurait pu être. L`écriture à ce moment va refaire le monde entièrement de par l`absence souvent d`un évènement historique et le comparer à l`actuel. de manière générale, je dirai surtout que l`écriture est créatrice d`un monde: celui de l`auteur qu`il transmet au lecteur.


Cette nouvelle peut également faire penser à l’importance des livres pour le souvenir du passé, la transmission, l’histoire. , la transmission, l`histoire. Si Maelle n`était pas tombée par hasard sur ce livre, elle n`aurait jamais ressuscité, «recréé», ce monde enfoui. A votre avis, peut-on dire que les livres sont comme des vestiges, des témoins privilégiés du passé ?

Parfaitement. Les livres d`une époque nous servent souvent à nous imaginer ce que fut la vie des contemporains de cet auteur. Bel-Ami par exemple De Maupassant fait un portrait de sa société et est littéralement un vestige historique. Nombreux sont ces romans qui sont des témoignages de leur siècle. le livre est immortel par définition. Il est la vision de l`auteur sur son temps que ce soit explicite ou implicite (à travers le style ou les mots employés qui peuvent être spécifique d`une époque). Les écrits restent toujours alors que les paroles sombrent bien souvent dans l`oubli. de nombreuses civilisations sont connues surtout par le biais des écrits qu`elles nous ont laissés, ce qui montre que les livres au même titre que les objets ou les os sont des vestiges importants du passé


Mon Alban de Sarah Léon


Avez-vous été inspirée pour l`écriture de cette nouvelle, par un auteur ou par un livre par exemple ?

Ce sont la musique et le cinéma, plus que la littérature, qui ont été pour moi des sources d`inspiration. Ainsi, je voue un véritable amour à la musique romantique allemande, et l`atmosphère de « Mon Alban » provient sans doute du « Voyage d`hiver » de Schubert, une œuvre que je place au-dessus de tout. Quant au cinéma, j`ai été très marquée par plusieurs films mettant en scène Berlin, comme « La Vie des autres », « Good bye Lenin » ou « Les Ailes du désir ». C`est grâce à la fusion de ces deux sources que j`ai pu rédiger mon texte.


Avez-vous déjà songé à faire de l`écriture votre métier ?

Oui, bien sûr ! Il s`agit en réalité d`un rêve d`enfant. Et je travaille activement à sa concrétisation : en ce moment par exemple, je suis plongée dans la rédaction d`un long récit romanesque dont les thèmes principaux (musique, Allemagne, hiver…) sont dans la continuité de ceux de ma nouvelle. J`espère qu`il connaîtra le même destin que « Mon Alban »


Pourquoi avoir choisi cette période de la Guerre Froide pour situer votre nouvelle ? Vous est-elle particulièrement familière, intéressante ?

Comme je l`ai déjà dit, j`ai été très marquée par des films se déroulant à Berlin au temps du Mur. Ceux-ci m`ont assurément influencée pour le choix du cadre spatio-temporel. Par ailleurs, j`étudiais aussi la Guerre Froide au lycée lorsque j`ai rédigé ma nouvelle. le fait qu`il s`agisse d`une époque certes proche de nous, mais appartenant déjà à l`Histoire, me fascine ; comme j`avais résolu d`écrire sur l`Allemagne, le choix de cette période s`est fait tout naturellement.


Cette correspondance à sens unique ressemble de près à un journal intime. Même le jour où elle apprend sa mort, la mère d`Alban continue à lui écrire. Diriez-vous qu`elle cherche plus à exorciser sa douleur à travers l`écriture, qu`à lui parler ?

Il est indéniable, en effet, que cette correspondance s`apparente à un journal intime. de fait, dès la deuxième page, Constance remarque qu` « écrire à un absent est une situation périlleuse, funambulesque même : on voudrait ne parler que de lui, mais poser des questions sans réponses est vite lassant… » Cette phrase justifie le glissement de la correspondance au journal, tant à ses propres yeux qu`à ceux du lecteur : pour éviter que la lettre tourne court, Constance est obligée de se mettre elle-même en scène. Ce constat s`affirme au fur et à mesure de la correspondance, sans besoin de justifications supplémentaires, jusqu`à ce qu`il soit si bien intégré que le principe de la « lettre à… » se réduise à une sorte d`alibi. Dans cette mesure, on peut donc considérer que Constance est partagée de façon plus ou moins consciente entre son désir de communiquer réellement avec Alban, et celui d`exorciser sa douleur par l`écriture.


Les Playmobil ne jouent pas à cache-cache de Fanny Perdereau


Avez-vous été inspirée pour l`écriture de cette nouvelle, par un auteur ou par un livre par exemple ?

Je ne peux pas vraiment dire que j`ai été inspirée par un auteur ou un livre pour écrire cette nouvelle spécialement. Côté style, c`est celui d`Annie Saumont, fragmentaire et télégraphique, tragique et fort, qui m`a poussée il y a deux ans vers l`écriture de nouvelles. Et pour l`histoire en elle-même... Je ne crois pas.

Avez-vous déjà songé à faire de l`écriture votre métier ?

Oui bien sûr, mais je ne pense pas que ça me suffise... Je veux dire, même en admettant qu`un jour je puisse vivre de ma plume, je ne suis pas sûre de vouloir y consacrer toute ma vie, j`aurais besoin d`une autre activité à côté. Mais comme dit Rudyard Kipling : "Les mots sont, bien sûr, la drogue la plus puissante utilisée par l`humanité".


L`enfance de l`héroïne de la nouvelle semble s`être arrêtée après la mort de son frère, Camille. Cette référence aux "Playmobil qui ne jouent pas" dans votre titre renvoie-t-elle à cette enfance brisée ?

On peut y trouver une métaphore, oui. Lorsque l`héroïne contemple les jouets de son enfance dans la chambre de son frère, elle souhaiterait que ce dernier revive, comme les héros des contes de fées. Mais elle sait maintenant que la vie n`a rien de féerique... Et d`autre part, c`est son autre frère qui voudrait l`aider, et lui reproche de jouer à cache-cache, de refuser son aide. Elle va finalement arrêter de se cacher car oui, l`enfance est bel et bien terminée...


Thelma semble avoir définitivement perdu goût à la vie au début de la nouvelle. Avec le temps, elle parvient peu à peu à se reconstruire. Pensez-vous que le temps guérit des blessures, même des plus profondes ?

Quelle question compliquée... Dur d`y répondre quand on a dix-sept ans ! J`aurais envie de dire que oui, le temps apaise les blessures. Je pense qu`il ne les guérit pas vraiment, mais il fait en sorte qu`on apprenne à les supporter, les dompter, parfois même à les oublier momentanément. Je dirais que le temps cicatrise les blessures : elles sont toujours là, mais font moins souffrir.


Vertige de Clara Prieur


Avez-vous été inspirée pour l`écriture de cette nouvelle, par un auteur ou par un livre par exemple?

Pour écrire « Vertige », je ne me suis pas inspirée d`un auteur ou d`un livre en particulier mais des paysages, des personnes et des atmosphères qui m`entouraient ainsi que des sentiments et sensations que je pouvais ressentir.


Avez-vous déjà songé à faire de l`écriture votre métier ?

J`ai déjà songé à faire de l`écriture mon métier tout restant réaliste: ce serait un bonheur et une chance de pouvoir vivre de mes livres et consacrer à l`écriture tout mon temps, mais en même tant j`ai beaucoup de mal à « écrire sur commande » et l`idée d`être forcée à écrire pour assurer mes revenus ou même par contrat éditorial me déplaît voire même m`effraie...


Les mêmes personnages sont nommés différemment-la mère des deux petites filles est par exemple nommée « Maman » ou « Madame Lise »-de sorte que l`on ne sait plus vraiment qui parle. Cherchez-vous à brouiller les pistes en employant une telle polyphonie narrative?

Pour garder la métaphore musicale, la polyphonie narrative est une manière, je pense, non de brouiller les pistes mais de permettre au lecteur d`entendre les différentes mélodies qui la composent. Il peut prêter l`oreille à celle qu`il veut. Peut-être que « Vertige » pourrait se lire comme on écoute du Bach par exemple. La superposition de plusieurs lignes mélodiques forme, en s`entremêlant, une musique nouvelle ; tout comme la superposition de plusieurs regards, plusieurs voix de personnages tissent ensemble ce « Vertige », au sens d`exaltation et non d`embrouillamini.


Nous sommes tour à tour dans la tête de plusieurs personnages, de façon si rapide que nous en attrapons le tournis, d`où peut-être le titre de votre nouvelle. N`y a-t-il pas au fond, qu`un seul narrateur, la petite fille ?

« Vertige » est comme une rêverie, un « roman impressionniste ». L`idée même de la figure d`un narrateur, d`une logique dramatique, d`une « histoire », sont des cadres conventionnels d`où le songe s`échappe... tout rêve ne conçoit pas de règle. Ces cadres sont comme dissous entre les pointillés d`un tableau impressionniste, dont la petite fille serait la tonalité dominante des couleurs. S`il s`agit bien d`un songe d`enfant parfois amer, si c`est bien dans les yeux de la petite fille que clignote un paysage en pointillés, elle n`en raconte des bribes que très furtivement, une ou deux fois. Ici, le narrateur serait plutôt un peintre qui chercherait à retranscrire ce vertige ambiant dont l`enfant respire les vapeurs.


Esquisse pour un chaos d`encre et de sang de Pauline Rolland


Avez-vous été inspirée pour l`écriture de cette nouvelle, par un auteur ou par un livre, par exemple ?

Je ne crois pas avoir été inspirée par une œuvre littéraire pour la rédaction de ma nouvelle. A l`origine, je ne voulais même pas parler de la greffe de cœur : je me concentrais uniquement sur la transformation du sang du héros en encre, ce qui aboutirait à la transformation de sa conception de l`écriture. C`est une idée qui m`est venue il y a deux ans, en imaginant l`histoire que je pourrai construire en prenant l`expression « se faire un sang d`encre » au sens propre. C`est il y a un an, quand le ciné-club de mon lycée a diffusé « Todo sobre mi madre » de Pedro Almodovar que la question de la greffe de cœur s`est vraiment posée à moi, et dès lors j`ai décidé de rajouter cet épisode dans la trame de ma nouvelle, que j`ai écrite quelques semaines plus tard.


Avez-vous déjà songé à faire de l`écriture votre métier ?

Oui, bien sûr. Depuis que j`ai commencé à écrire, et depuis que c`est vraiment devenu une passion pour moi, j`ai envisagé de devenir auteur, pour, selon l`expression, « vivre de ma plume ». L`idée de pouvoir consacrer tout mon temps à l`écriture m`enchante, et j`ai déjà pu en profiter pendant les vacances scolaires, par exemple. Cela permet de s`immerger dans un environnement presque totalement. C`est très agréable, car on a l`impression d`être libre de créer et de vivre ce que l`on veut. Bien sûr, devenir auteur est quelque chose de presque irréalisable, je le sais. Les livres ne sollicitent plus autant de gens qu`auparavant, et les auteurs ont ainsi de plus en plus de mal à vivre des ventes de leurs œuvres. Mais bon, l`espoir fait vivre !


Avez-vous tenté de poser la question du don d`organes, et de la « seconde vie » que celui-ci offre, à travers votre nouvelle ?

Bien sûr. Si la greffe de cœur du héros, dans ma nouvelle, a un but narratif, car elle sert de charnière entre un avant et un après, d`élément déclencheur, elle invite également à réfléchir, pas seulement sur la greffe de cœur, mais aussi sur le don, d`organes, ou encore de sang, de plaquettes. Malgré le fait qu`on en parle beaucoup, on sait que les malades manquent toujours de dons. Je voudrai s que cette nouvelle sensibilise les gens, qu`ils prennent un peu de temps pour aller donner leur sang, par exemple, cela ne prend que quelques minutes, et ça peut sauver des vies. Avec son nouveau cœur, mon héros reçoit ici une nouvelle identité, en quelque sorte. Sa conception de l`écriture, et par là même de sa vie, presque entièrement consacrée à cette tâche, en est changée. C`est une nouvelle période de sa vie qui commence, « une seconde vie ». Je pense en effet que la greffe de cœur comme le don d`organes peut véritablement changer la vie de certaines personnes : on leur offre une nouveau mode de vie, une nouvelle existence loin des problèmes de santé, loin de cette menace permanente de la mort qui planait auparavant sur eux.


Le jeune héros de la nouvelle manque d`inspiration mais aussi de talent, du « petit truc » qui pourrait faire de ses écrits un chef d`œuvre, jusqu`à cette greffe. Pensez-vous que savoir écrire est quelque chose d`inné, ou que cela s`acquière avec le temps, et le travail ?

Un peu des deux. Je pense qu`il faut au départ avoir une certaine disposition pour l`écriture, un don, un talent. Il faut savoir trouver les mots qu`il faut pour évoquer tel ou tel sujet, émouvoir ou bien faire rire. Bien sûr, on est influencé par notre mode de vie, par l`éducation que nos parents nous ont donnée, ou encore par notre simple caractère. Mais d`un autre côté, je ne crois pas trop en cette idée d`inné, comme si la nature aurait choisi d`attribuer tel don à telle personne, selon son bon vouloir. Ce serait une vision trop pessimiste de l`humanité, on renoncerait alors à la liberté, en partant ainsi vaincu : car, avec cette conception, quelqu`un qui voudrait écrire ne pourrait-il jamais y arriver ? Certaines personnes ont peut-être quelques facilités à écrire, comme d`autres ont des facilités à dessiner. Mais cela reste de l`art, et comme le peintre doit s`exercer encore et encore pour parvenir à un dessin qui imite parfaitement les traits d`un homme, l`écrivain doit s`entraîner encore et encore, pour trouver les mots justes.


Dans ma cité de Enya van den Abeele


Avez-vous été inspirée pour l`écriture de cette nouvelle, par un auteur ou par un livre par exemple?

Non, ni par un auteur ni par un livre. Un sketch que nous avions écrit en sixième avec deux amies, mettant en scène trois « mégères » critiquant les jeunes, m`a inspiré en partie. Pour le reste, c`est ce que je vois et entend tous les jours au collège qui m`inspirait.


Avez-vous déjà songé à faire de l`écriture votre métier ?

Non. le prix Clara était mon premier essai et je n`ai que 14 ans. D`ailleurs, je ne sais pas encore clairement quel(s) métiers(s) je voudrais exercer plus tard.


Pourquoi avoir choisi de situer votre histoire dans une cité ?

Dans mon collège, j`ai beaucoup de copains et copines habitant dans des cités. Leurs « petites histoires », leur manière de s`exprimer, certains problèmes qu`ils rencontrent m`ont donné envie de mettre en scène des personnages leur ressemblant plus ou moins.


La cité que vous décrivez est un microcosme, un petit cocon dans lequel tout le monde se connaît : les « mini-histoires » que vous racontez se mêlent les unes aux autres pour ne finalement devenir qu`une seule histoire ; les relations entre des personnages, aux antipodes les uns des autres, se nouent, pour devenir de véritables amitiés. Avez-vous voulu rompre avec l`image très négative que les gens ont des cités à travers votre nouvelle ?

Les cités sont effectivement des petits mondes où chacun se connaît, ou plutôt croit se connaître. Ce sont les préjugés et l`indifférence que l`on peut avoir pour quelqu`un que l`on croise tous les jours que j`ai voulu décrire. C`est vrai que les problèmes dont je parle se terminent plutôt bien et que ça peut faire « gentillet », mais ce que je voulais, c`était montrer que l`acceptation de l`autre tel qu`il est et la solidarité sont de vraies forces, dans n`importe quel milieu, les cités comme les autres.


Découvrez Les Nouvelles d`Ados du Prix Clara 2012 aux Editions Héloïse d`Ormesson



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Léo Riehl est l'un des 6 lauréats du Prix Clara 2019, il nous raconte. Le Prix Clara est un concours d'écriture de nouvelles pour adolescents. L'édition 2020 est ouverte jusqu'au 22 mai, à vos plumes ! Le Prix Clara, à vocation caritative, est tenu par les éditions Éloïse D Ormesson et les éditions Fleurus. Les lauréats 2019 sont : Alice Lafon--Verroest, Léo Riehl, Inès Valade, Ethel Bellaïche, Jeanne Pion et Zoé Littardi. Pour en savoir plus : https://www.fleuruseditions.com/prix-clara-2020 Découvrez le livre " Pour Clara" édition 2019 : https://www.fleuruseditions.com/9782215167587-pour-clara-nouvelles-d-ados-prix-clara-2019-group.html Retrouvez Léo avec un vlog spécial "Prix Clara" sur sa chaîne @Illuminaire ! https://youtu.be/y4dY2Iv4Vws

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Citations et extraits (59) Voir plus Ajouter une citation
C’est vrai qu’on est bien tous les deux, vieillissant côte à côte, suivant une même routine sous le ciel gris : œufs, boulot, cigarette, télé, cognac. J’aime bien quand il boit son cognac, avachi dans son grand fauteuil en tissu rouge. La chaleur emplit la pièce, l’odeur de tabac s’incruste dans mes narines, je perds la notion du temps, moi-même assise dans mon fauteuil, le corps mou, épuisée, le souffle court comme après avoir couru sous la pluie, semblable à une première taffe de clope. Il ne fait pas attention à moi, ses yeux vissés sur la télévision, mais moi, je fais attention à lui. Il est immobile, ancré d’une telle façon qu’on pourrait croire que le mobilier fait partie de son corps.
(Le repas du dimanche soir, Luna Dauger, pages 96-97)
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L’infini était là, si proche et pourtant si loin, à la fois à portée de main et à des milliers de kilomètres. Le ciel vertigineux s’étendait au-dessus de leurs têtes, les encerclant, les dominant, les recouvrant d’une immensité bleu nuit.
(Funambules. Émilie Mahé, page 25)
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- Amusez-vous bien ! Et surtout : soyez sages…
Éloïse soupire. Le fameux « soyez sages » commun à tous les parents, de toutes les époques, de tous les pays, de tous les âges. Comme quoi, une simple phrase peut réunir tout individu quel qu’il soit. Elle lui fit le sourire le plus candide possible et claqua la porte derrière elle.
(Funambules. Émilie Mahé, page 18)
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Je suis effrayée par le parcours de ces demandeurs d’asile, les mois voire les années passées à fuir leur pays, essayant juste de survivre, exploités et ballotés d’un pays à l’autre. Arrivés en France, ils croient être au bout de leurs peines et découvrent alors qu’ils ont encore tout à faire. Ils dorment dans le froid, sont volés, roués de coups, et malgré cela restent si positifs et souriants. C’est une vraie leçon de vie, eux qui sont parfois à peine plus âgés que moi ! Durant cette période où nous, Français, avons tendance à nous plaindre d’atteinte aux libertés individuelles, eux voient leurs vies volées par les talibans.
(Camille Benveniste, page 56)
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Il (Armin) avait su, par un ami rencontré à la porte de Pantin, que les bibliothèques étaient de merveilleux endroits ouverts aux migrants, où ils pouvaient passer tout leur temps et rester au chaud. En particulier, la bibliothèque de la Villette, qui offrait des cours de français et d’informatique aux migrants.
(La silhouette de l’ombre, Camille Benveniste, page 87-88)
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Ils s’endormirent donc, avec d’un côté l’infini d’un ciel grondant, et de l’autre, des phrases laissées en suspens, comme des funambules accrochés à leurs fils.
(Funambules. Émilie Mahé, page 45)
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Tes dessins sont somptueux. Il n’y a pas de proportions, liberté de toutes normes et pourtant tout y est puissamment réussi.
(Ta bohème, Bertille Bricou, page 125)
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Elle t’offre un sourire croissant au beurre, le genre de chose qu’Alice dirait. Cette fille, c’est une fantaisie dérangeante, un surréalisme en retard. Tu lui retournes son sourire.
(Ta bohème, Bertille Bricou, page 128)
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Tandis que sa fille parle, Sahar regarde Armin. Il devient un beau jeune homme, bien bâti, pense-t-elle non sans une certaine fierté. Ses yeux brillants couleur noisette lui donnent un air doux, presque timide, et sa mâchoire carrée, qui contraste avec son regard, lui donne un charme farouche. Le fils de Sahar a des cheveux d’un noir particulier, couleur ébène. Ils sont bouclés et certaines mèches retombent gracieusement sur son front.
(La silhouette de l’ombre, Camille Benveniste, page 61)
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Écrire a toujours été une évidence. Toujours. Les mots ouvrent une infinité de portes, donnent corps aux rêves les plus fous, apaisent les flots de l’inspiration en la laissant voguer au gré des histoires. Ils permettent de s’évader, plus loin, sans cesse. L’écriture est exigeante, mais elle vous procure ce sentiment d’être libre et unique.
(Ève Renard, page 144)
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