Il s’agirait, pour le dire autrement, de rompre avec le vieux fond romantique qui continue de peser sur l’imaginaire de nombre d’acteurs de ce monde professionnel (artistes mais aussi bien politiques), et d’oser affirmer : non, l’art en général et le théâtre en particulier ne luttent pas contre la barbarie, ni contre le réchauffement climatique, non plus que contre toute autre essence en majuscule et article défini. Et alors ? S’ils aident à sentir, à penser et à agir dans le monde, à avoir prise sur lui, au quotidien, ce n’est déjà pas si mal. Mais alors, pour être crédible dans le rôle, encore faudrait-il que le champ du théâtre public balaie un peu les inégalités et dominations qui s’amoncellent à sa porte, et que la grandiloquence permet aussi parfois d’escamoter. (Bérénice Hamidi-Kim)