Rémy Gratier de Saint Louis

"Par le Diable, pourceau, souffre donc qu’ouïr pareil tutoiement n’est point de mon goût. Déguerpis avec tes compères, ta vue et ton fumet sont autant d’injures à mes sens. Faites-le céans et je consentirai peut-être à épargner vos misérables existences de tire-laines pathétiques. "

Brusquement, ce fut le silence. Un silence lourd et oppressant. Un silence que même le vent semblait respecter, laissant en berne les bannières qui peu de temps auparavant claquaient encore fièrement au gré de la brise hivernale. Brisant cette surprenante quiétude, un vol de corbeaux traversa le ciel. Les croassements lugubres des volatiles parurent subitement assourdissants, tant le lieu était devenu calme et silencieux. Instinctivement, de nombreux guerriers levèrent les yeux au ciel, observant les noirs corbeaux avec un profond respect. Considérés comme les yeux des dieux sur la terre des hommes, les becs-noirs étaient révérés par les storns et leur présence au cours d’un évènement, quel qu’il pût être, indiquait que les dieux lui portaient de l’intérêt.

De plus en plus menaçant, le ciel prenait une inquiétante couleur ardoise. Très loin à l’horizon, des éclairs muets déchiraient les cieux, annonçant bien pire que la pluie aux matelots et aux soldats de nouveaux massés à la proue du navire. Quelques gouttes commencèrent à tomber sans que l’on puisse vraiment dire qu’il pleuvait. Le commandeur de Barcy regardait le ciel de son œil unique, tout en implorant Dieu de lui laisser le temps de vaincre les mahométans, avant de lui imposer une nouvelle épreuve...

-Pas très courageux, les gaillards, ironisa Styx. ils ont eu peur d'un gros livre.
-Je ne suis pas gros ! s'offusqua le grimoire, vexé.J'ai du contenu, c'est tout.

Que ce soit les fabuleuses aventures d'Arielle Petitbois ou la geste du marquis de Morteterre, c'est toujours un excellent moment de lecture.... la suite!!!!

Quelques instants plus tard, le Gnome redescendait de son échelle, les bras chargés de livres.
— Voilà, j’ai votre commande.
Posant ensuite la pile de manuels sur son comptoir, il ajouta en se munissant de sa plume :
— Quel nom dois-je inscrire dans mon registre ?
— Euh… Petitbois, lui répondit l’adolescente. Arielle Petitbois.
— Petit-pois ?
— Non ! Petitbois. Comme un bois de petite taille, le reprit Arielle. Le tout en un seul mot.
— Oh, excusez-moi, jeune fille, rougit le libraire en rectifiant son erreur. J’ai peut-être de grandes oreilles, mais je n’entends malheureusement plus très bien.
— Ces livres sont plutôt gros, constata Arielle, en s’adressant à Styx. L’idée de les porter tout ce temps ne m’enchante guère. On aurait dû commencer par autre chose, ne crois-tu pas ?
— Tu n’as qu’à les mettre dans ton chapeau.
— Mais oui ! C’est une bonne idée, lui sourit-elle, en s’exécutant aussitôt.
Son chapeau à nouveau sur sa tête, elle salua poliment le libraire et quitta sa boutique.

Quand un mystère archéologique se transforme en cauchemar...