AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Anne Rivers Siddons (76)


Cette première année de guerre fut et demeure nimbée d'un brillant halo d'excitation et de joie de vivre, d'un éclat d'innocent chauvinisme émanant, pour moi, autant de l'esprit de Lucy que de l'état d'esprit de l'Amérique en cette première phase du conflit. Pour la plupart des Américains, à l'exception de ceux qui y prirent réellement part, la Seconde Guerre mondiale fut un épisode extrêmement romanesque. Elle possédait tous les ingrédients d'un poème épique de Tennyson : impératif moral clairement défini, forces de la lumière et de l'ombre nettement distinctes, héros et méchants simples et plus grands que nature, sacrifices, violence autorisée, hommes braves luttant et mourant pour leur pays, femmes courageuses attendant leur retour.
Commenter  J’apprécie          110
Aujourd'hui encore, alors que depuis longtemps déjà j'ai ma propre maison en bord de mer que j'adore, à quelque mille cinq cents kilomètres de là, je rêve encore de la demeure de Ginger Fowler. Tout, dans cette construction et dans la côte sauvage qui l'entoure, me convient parfaitement. Son isolement et sa tranquillité s'infiltraient dans mon sang et irradiaient mon corps, sa sauvagerie faisait écho à ma sauvagerie intime. Moi qui jamais n'avais trouvé d'endroit où plonger mes racines, je venais de découvrir un lieu qui m'embrasait comme une fièvre du désir de le posséder.
Commenter  J’apprécie          100
- Alors ? fit Hank après que nous eûmes fini nos steaks et commandé du café.
Tom gonfla les joues et expira longuement.
- Et bien... c'est difficile à expliquer. Ce que j'ai vu là-bas est tout à fait différent de l'idée qu'on s'en fait : la culture des jeunes, les grands meetings et les manifestations... en réalité leurs seules préoccupations se bornent à savoir ce qu'ils vont se mettre sur le dos et trouver à fumer... mon Dieu, je ne savais pas qu'il y avait autant de drogues là-bas, tout le monde en prend, du Mellow Yellow au L.S.D., ils sont tous accros à quelque chose et il en apparait de nouvelles chaque semaine. La drogue, le sexe et la musique, il n'y a que ça qui les intéresse... ils font l'amour partout, avec n'importe qui... ils font brûler de l'encens, parlent d'astrologie, de philosophie orientale, de non-violence. "Faites l'amour, pas la guerre", c'est un de leurs slogans favoris. Ils parlent de liberté, de faire l'amour sans tabous, de jouir sans entraves et de vivre en communauté, mais il ne se passe rien. C'est du vent.
- Il y a bien des radicaux..., des activistes... dit Hank.
- Pas parmi les épaves que j'ai vues là-bas. Ils sont trop camés.
Commenter  J’apprécie          90
Le seul héritage qu'offre un suicidé à ses enfants est la possibilité. La mort en option. Même si cette idée éveille la colère, le dégoût et le chagrin, le suicide reste une des seules choses que l'enfant du suicidé peut considérer impunément comme une solution, puisque son parent l'a réussi. Cela ne signifie pas qu'il veuille nécessairement se donner la mort, c'est plutôt qu'il ne peut pas dire : "Jamais je ne ferai cela." Son créateur l'a fait, il pourrait le faire lui aussi.
Commenter  J’apprécie          80
J'aurais du me douter que la merde attire toujours les mouches.

Chapitre 26
Troisième partie. Les Greene
Commenter  J’apprécie          70
Après un long silence, Grand-Maude, s'étant reprise, me dit plus doucement :
- Tu as raison évidemment. Les hommes ont toujours eu ouvertement le pouvoir à Retreat, mais seulement celui que nous leur avons donné. Le pouvoir réel, lui, nous a toujours appartenu. Je crois que j'en ai toujours été consciente. Regarde autour de toi, c'est un monde dirigé par de vieilles femmes pour des hommes restés des enfants. Et nos filles meurent de manque d'amour.
Commenter  J’apprécie          60
Pourquoi fallait-il absolument vouloir se sentir utile pour exister ? "Être" suffisait.
Commenter  J’apprécie          60
La route qui traverse le Delaware jusqu'à Norfolk est semée de petites villes, de fermes, de champs et de forêts comme une ceinture de cow-boy l'est de clous. Il se dégageait de ces paysages quelque chose de magique en ce matin doré de septembre, rare et merveilleux. Peut-être n'était-ce rien de plus qu'un reflet sur une girouette, ou un étal, peint d'un écarlate violent et proposant les premières pommes de l'automne, ou la pancarte d'une épicerie de bourgade. Pas un kilomètre ne passait sans offrir son lot de détails enchanteurs.
Commenter  J’apprécie          60
Il devrait y avoir un corpus littéraire sur l'homme rejeté comme il y en a sur la femme. Des femmes touchées par l'amour ou transpercées par la perte de l'objet aimé jonchent la littérature mondiale comme des roses brisées. Mais le mâle rejeté est un sujet de plaisanterie. Pis, il ne sait pas comment porter le deuil d'un amour perdu et qui le lui dira ? Ses amis, gênés, lui conseilleront de se soûler, de baiser une autre fille, de trouver un nouvel amour. Et surtout de se taire. La littérature ne lui étant d'aucun secours, il se traîne péniblement à travers sa souffrance - comme je le fis -, inconsolable et soupçonnant à juste titre d'être pour les autres un personnage ridicule et indésirable.
Commenter  J’apprécie          60
En ces derniers jours tranquilles avant 1954, nous avions une vue simpliste des Noirs de notre monde. Apparemment, ils jouaient pour nous un double rôle : meubles et bouffons. Les Roses et les Gods de Buckhead avaient grandi dans une mer de visages noirs mais ces figures se trouvaient invariablement au-dessus de mains travaillant pour nous : nurses, cuisinières, femme de chambre, chauffeurs, jardiniers, femmes de ménage, voire nourrices sèches. Ils montraient pour nous une patience, un amour infinis et nous nous délections de leur chaleur, mais c'était la chaleur, le confort de vieux meubles anonymes, appartenant inéluctablement à notre maison. La plupart d'entre nous avaient conscience, à un niveau profond et jamais exploré, que nous avions pouvoir sur eux, même dans notre petite enfance, trop de cris, de larmes ou de plaintes et la nurse était renvoyée avant que notre petite bouche rose se soit refermée.
Commenter  J’apprécie          61
Si c'était une vieille maison, je penserais presque qu'elle est hantée, mais qui a jamais entendu parler d'une maison neuve hantée ?
Commenter  J’apprécie          60
La maison ne parlait qu'à elle ; c'est à elle seule que sa chanson était destinée.
Commenter  J’apprécie          60
- Colquitt, tu me demandes de croire que cette maison est... hantée ou je ne sais quoi. Ne comprends-tu pas que je ne peux pas croire une chose pareille ? Je veux bien supposer... je ne sais pas... qu'il y a dans ce terrain un champ magnétique, une poche de gaz toxique, bref un agent physique qui pourrait expliquer certains déréglements comportementaux, mais ne me demande pas de souscrire à l'idée qu'il y aurait là je ne sais quelle intelligence maligne. Une maison dont la construction date d'un an ? Dans cette rue ? Ce voisinage ? Allons, Colquitt, si je croyais cela, mais je ne pourrais même plus vivre dans ce monde. J'irais me mettre au lit et je n'en bougerais plus pour le restant de mes jours, parce que je n'aurais plus confiance dans un monde où le diable s'incarnerait dans un tas de pierres. Non, ne compte pas sur moi pour avaler ces sornettes.
Commenter  J’apprécie          50
Dès ma première semaine à Retreat, je fis la connaissance des trois personnes qui bousculèrent le cours de ma vie aussi sûrement qu'une charge de dynamite détourne le tracé d'un fleuve. La première fut Amy Potter. Je n'avais jamais eu d'amie avant elle, et elle devint l'aune à laquelle se mesurerait toute amitié nouvelle. La deuxième fut son mari, Parker, et la troisième un homme, dont je ne connaissais pas encore le nom, qui me sauva la vie. Tous trois sont morts à présent. Quelle ironie de constater que bien souvent le fleuve survit aux cataclysmes qui l'ont créé...
Commenter  J’apprécie          51
Les grands changements de notre vie, les failles irréversibles, se produisent si subrepticement qu'ils passent inaperçus. Pour ma part, en tout cas, je n'en ai jamais été consciente. Ce n'est que plus tard que je réalise la gravité de tel événement ou de telle période de ma vie. Très souvent aussi, ils surviennent à une époque de calme, où le temps semble suspendu. Mais si un sismographe intérieur nous permettait de les observer, on découvrirait l'importance des écarts entre les pics et les vallées de ces petits tremblements de terre intérieurs. S'ils étaient visibles, nous pourrions nous épargner beaucoup de peines et de chagrins, mais la vie ne fonctionne pas comme ça. Du moins, pas la mienne.
Commenter  J’apprécie          50
Ce furent de sinistres retrouvailles. Je me souviens que tous pleuraient, même ceux qui n'aimaient pas particulièrement Kennedy. Nous savions que nous avions perdu bien plus qu'un président. Notre jeunesse était morte, notre enfance commune avait pris fin. Cette journée divisait le temps, et désormais nous verrions nos vies séparées entre ce qui s'était passé avant et ce qui se passerait après.
Commenter  J’apprécie          50
C'est ainsi que je fis mon entrée. Dès le début ce fut un triomphe, et je fus la reine de la soirée. Je puis l'affirmer maintenant, car c'est une chose qui ne s'était jamais produite auparavant et ne se reproduisit plus par la suite, et je sais que c'est Peter Chambliss qui avait allumé le feu qui brûlait en moi ce soir-là, transformant aux yeux de tous, relations et cousins, l'espèce de rejeton noiraud de Caroline et Gus Gascoigne en véritable beauté. Car j'étais loin d'être une beauté, à ce moment-là comme plus tard. J'étais une créature des bois et des étangs, une sauvageonne. Mais cette nuit-là j'étincelais comme un cierge, rien que parce qu'il était à côté de moi, me faisant danser et rire en me murmurant des choses à l'oreille.
Commenter  J’apprécie          40
Atlanta, à l'automne 1966, sortait à peine de terre. Une immense onde de choc souterraine venue du sud faisait trembler la ville. Les plus sensibles à l'appel de la modernité, c'est-à-dire les jeunes, affluaient des horizons les plus divers : des petites villes léthargiques comme des universités en effervescence, des fermes et des faubourgs industriels ou des endroits les plus reculés du pays, que la lutte pour la défense des Droits civiques n'avait pas encore effleurés.
C'était une époque propice à la jeunesse. Un nouveau président, jeune lui aussi, avait fait appel aux forces vives du pays et les jeunes avaient répondu avec la ferveur de leur âge et la conviction de leur invulnérabilité, comme de la sienne. Son assassinat, dans une autre petite cité endormie du Sud, qui l'avait élevé au rang de martyr, n'avait pas pour autant endigué la marée montante des jeunes vers la ville nouvelle. Au contraire, leur enthousiasme se trouva galvanisé par la révélation des spasmes du monde : ce n'était pas une mince affaire d'avoir un héros tout neuf rien qu'à soi. Fortifiés par le sang du sacrifice, les jeunes s'élançaient vers le soleil et accouraient en foule... pour construire Atlanta.
Commenter  J’apprécie          40
Mais Lucy était pour moi l'être cher par excellence. Elle avait pénétré dans ma vie comme un tourbillon radieux, apportant avec elle la libération, le rire, l'enfance, et j'avais succombé sans qu'un seul coup de feu ait été tiré. En outre, j'avais accueilli la joie qu'elle avait fait naître comme le secret que j'attendais depuis si longtemps, et il ne m'était pas venu à l'esprit que je pouvais le perdre. Je faisais à présent l'expérience de la vulnérabilité, de la fragilité et du terrible pouvoir du monde.
Commenter  J’apprécie          40
Tout cela pour dire que nous sommes, Walter et moi, des gens plutôt ordinaires. Hors norme, cependant ; il y a en nous un rien de grâce et d'originalité, un je-ne-sais-quoi qui nous fait traverser avec élégance et désinvolture le quotidien. C'est ce que disent nos amis.
Commenter  J’apprécie          30



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Anne Rivers Siddons (306)Voir plus

Quiz Voir plus

Les plus grands classiques de la science-fiction

Qui a écrit 1984

George Orwell
Aldous Huxley
H.G. Wells
Pierre Boulle

10 questions
4869 lecteurs ont répondu
Thèmes : science-fictionCréer un quiz sur cet auteur

{* *}