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Citation de SZRAMOWO


Les obstacles qui s’opposoient à ce mariage de Mademoiselle étoient également nombreux et considérables. En général, un temps de guerre la plus vive et la plus infortunée, la misère extrême du royaume qui ôtait les moyens de fournir aux choses les plus pressantes, la dépense du mariage, l’apanage à fournir, une double maison à entretenir, l’âge et le naturel de M. le duc de Berry doux et craignant le roi à l’excès, qui n’avoit que vingt-quatre ans, et qui parmi plusieurs commencements de galanteries n’avoit encore su ni les embarquer, ni les conduire, ni en mettre aucune à fin, ce qui devoit guérir les scrupules ; l’âge et l’union de Mgr et de Mme la duchesse de Bourgogne qui leur avoit donné des enfants, et qui leur en promettoit pour longtemps encore ; enfin la perspective si naturelle d’un mariage étranger, sans comparaison plus décent, et qui pouvoit servir de prétexte à rapprocher l’empereur, ou à détacher le Portugal qui étoit dans la guerre présente une si dangereuse épine à l’Espagne. En particulier, l’état personnel de M. le duc d’Orléans pour qui le roi n’étoit point revenu à fond, à qui Mme de Maintenon ne pardonneroit jamais ce cruel bon mot d’Espagne, la considération du roi d’Espagne, toujours persuadé que, de concert avec les alliés, il avoit voulu usurper sa couronne ; l’idée du public et de la cour en France qui n’étoit point déprise de cette même opinion, et qui déjà froncée de voir tous ses princes légitimes si mêlés avec les bâtards, le seroient bien autrement d’un mélange qui remonteroit si près du trône ; enfin il s’agissoit du fils de Monseigneur et de son fils favori : de Monseigneur qui marquoit sans cesse jusqu’à l’indécence sa haine pour M. le duc d’Orléans depuis l’affaire d’Espagne, qui étoit gouverné par les ennemis personnels de ce prince, et par des ennemis, qui ayant la même prétention, au mariage de M. le duc de Berry, se porteroient à tout pour rompre celui de Mademoiselle par Monseigneur, malgré lequel il faudroit l’emporter. L’union récente, et qui s’entretenoit, que les menées qui avoient perdu Chamillart avoient mises entre Mme de Maintenon, Mlle Choin et Monseigneur, et le crédit nouveau qui avoit paru en ce prince sur le roi son père dans l’éclat de cette disgrâce, tout cela se réunissoit contre Mademoiselle, et ne paraissoit pas possible à être surmonté ; de raison d’État aucune, et de famille moins encore s’il se pouvoit avec cette opposition de Monseigneur et cette offense du roi d’Espagne, nulle considération qui pressât un mariage, et si la paix n’en fournissoit point d’étranger, ce qui étoit impossible à croire, le domestique toujours aisé à retrouver dans une des trois branches du sang légitime. Enfin, après ce dont M. le duc d’Orléans avoit été accusé en Espagne, avec ses talents et son esprit, [il semblait] dangereux à le faire beau-père de M. le duc de Berry pour un temps ou pour un autre.
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