Jeudi 6 juillet.
Comme nous traversions une autre localité indienne, j'ai jeté un coup d’œil dans deux ou trois de leurs habitations. Elles sont nues et désolées : pas de lits, pas de tables, de chaises ni d'autres meubles, seulement quelques couvertures roulées et des peaux de bisons, quelques chaudrons, et c'est tout. Des squaws et d'innombrables papooses étaient accroupis à l'entour de leurs tipis ; les squaws fabriquaient des mocassins ou les décoraient de perles. Quand nous leur avons dit "How", elles ont souri en levant deux doigts pour signifier qu'elles en demandaient deux dollars. Nous n'en avons pas acheté.
Les pionniers n'ont pas toujours besoin d'un fusil pour abîmer la nature et en détruire des éléments vitaux pour la population autochtone. Tandis qu'ils transmettent à celle-ci des maladies nouvelles (rougeole, variole, choléra), leur bétail transmet la brucellose aux bisons. Et tandis que le bétail ravage les alentours des pistes, ses propriétaires ravagent le lit des cours d'eau à force de les franchir, et leurs rives à force d'en couper les peupliers indispensables aux Indiens.
Quand nous avons terminé le repas, composé de galettes toutes chaudes, d'oeufs au jambon, de compote de pommes, de café et de céréales (que j'aurais dû citer en premier), je vide le lait dans une barette - un modèle ancien, plus large en bas qu'en haut -, ferme le couvercle avec soin et la place à l'avant du chariot de marchandises, où le lait sera brassé par les mouvements du véhicule, si bien que nosu aurons, quand nous nous arrêterons ce soir, une motte de beurre le plus doux et le plus délicieux qu'on ait jamais goûté.
Des rondins de cèdre sont attachés sous les chariots, dans le sens de la longueur, et comme il n'y a ni souche ni pierres sur la route le transport se passe bien. Lorsqu'on ne trouve pas de bois à ramasser, on coupe un morceau du rondin et on le fend. je suis surprise de la petite quantité qu'il faut pour cuire tout un repas sur ces poêles en tôle.
Et de poursuivre: "En plus des tâches qui leur sont habituellement dévolues , ces femmes (...) conduisent et même réparent des chariots, enterrent des morts, gèrent les réserves, négocient des achats avec les Indiens, participent aux décisions et à la logistique.