Shaykh Sidi al-Hajj `Ali Harâzim Ibn al-`Arabî Barrâda

Dans son oraison, le Shaykh al-Akbar dit : « Il est la Perle Blanche de laquelle est issu le Hyacinthe Rouge ». Il désigne, ici, par Perle Blanche, la Réalité Mohammadienne (Haqîqa al-Muhammadiyya) et par Hyacinthe Rouge, la formation de l’univers dans sa totalité.

Quant au propos allusif du Shaykh, notre maitre ‘Abd al-Qâdir al-Jîlânî, figurant dans son poème en ces termes :

« Notre rencontre eut lieu autour de la Perle Blanche »,

Il s’agit de la perle qui a existé avant la création des cieux et des terres et que, soudain, le Glorieux et Très-Haut saisit et transforma en eau.

Les vagues de cette eau s’agitèrent pendant mille ères (hiqb), chaque hiqb égalant à un qarn, un qarn à mille ans, un an à mille jours, un jour à mille heures, une heure à soixante-dix mille fois la durée de la vie de ce monde. Pendant ces périodes, un amas se forma de l’écume que Dieu étala sur la surface de l’eau et en forma une terre. Il en créa les sept couches. Puis, Il créa les cieux. Tel est l’objet de l’allusion du grand maitre (shaykh al-akbar) – que Dieu l’agrée –. C’est la fin de la dictée que nous a faite notre maître – que Dieu l’agrée – et notre maître – que Dieu l’agrée – de poursuivre :

« Ce que Dieu, Le Très-Haut, créa en tout premier lieu fut son âme (rûh) bénie qui est la Réalité Mohammadienne (al-Haqîqa al-Muhammadiyya). C’est de son âme noble et bénie qu’Il tira celle des créatures. Quant à son argile qui n’est rien d’autre que son noble corps, Dieu en créa les corps des Prophètes, des Messagers et des Pôles et les fit fermenter par la noble argile avec l’eau de la pérennité pendant une durée équivalent à la somme des deux nobles noms que sont (notre maître) Muhammad et (notre maître) Ahmad. Tu multiplies leur nombre par sept, puis le résultat par lui-même, puis tu multiplies la somme par mille ans, chaque unité de ces nombres par mille ans. Il est entendu que chacun des jours de ces années comprend mille ans des années de notre ère. Il s’agit là des jours du Seigneur. Chacune de ces années fait trois cent soixante milles ans. La somme de toutes ces multiplications est égale à un milliard trente million deux cent vingt-cinq mille (1.030.225.000). Telle est la somme de toutes les multiplications. On la multiplie par les Jours du Seigneurs. Le résultat sera trois cent soixante dix mille milliards huit cent quatre-vingt-et-un milliards (370.881.000.000.000). Telle est la durée de fermentation de la noble argile mohammmadienne. Que Dieu lui accorde les meilleurs saluts et paix. » C’est la fin de ce qu’il nous a dicté textuellement et de mémoire – que Dieu l’agrée –. (pp. 396-398)

Remarque et précision : les négateurs participent en effet à l’amour et de la Miséricorde, ainsi que le Shaykh l’a dit en commentant la Parole de Dieu : « Si vous aimez Dieu… » (Famille Imran, 31). Il dit en effet : « Dans cet Amour, sont compris tous les êtres créés, même les incroyants qui, eux aussi, sont dignes de l’amour de Dieu ». Pour illustrer cela, il a dit : « La pureté est de deux sortes : la pureté originelle et la pureté accidentelle. La pureté originelle se trouve dans tous les êtres existants pris dans leur individualité et dans leur ensemble. Cette pureté a pour origine l’arcane entourant Son Nom Al-Quddûs – Le Très-Sanctifié – qui se manifeste dans chaque atome de l’univers. Al-Quddûs signifiant le pur par excellence, le parfait, l’exempt de toute déficience. Dans les Asmâ’ al-Idrîsiyya, il est dit : yâ quddûs t-tâhir min kulli sû’ ! Rien parmi ces créatures ne lui oppose refus en raison de Sa Bienveillance. Il n’y a dans l’existence que pureté et perfection qui dérivent de Son Nom d’Al-Quddûs, qui transparaît en chaque atome. Et tout ce qu’Il a créé, Il s’est manifesté pour son Nom d’Al-Quddûs. Si l’impureté et la déficience étaient inhérentes chaque atome de l’univers, Ses Attributs, auraient été entachés d’imperfections. Or, Il est Le Sanctifié de toute déficience, Sinon, cela eût rendu Sa Divinité non inopérante, Sa Divinité embrassant l’ensemble des corpuscules.

La Divinité est un degré transcendant tout ce qui existe. Il n’y a dans l’existence qui ne soit sous Sa Souveraineté, par soumission à Lui, obéissance, domination, glorification et prosternation. Si quelque atome s’en trouvait entaché d’un quelconque crime, il n’accomplirait son devoir, en tant que serviteur de Dieu, ne Le servirait, ne se prosternerait devant Lui, ne le glorifierait pas. Cette sanctification est donc universelle, car entourée par Sa divinité et Son Nom d’Al-Quddûs se manifestant en tout corpuscule. C’est de cette pureté originelle dont il s’agissait. (pp. 507-508)

Il est d’une grande générosité et d’une abondante utilité pour les hommes. C’est comme si tous les hommes étaient ses propres enfants, ses frères ou ses amis intimes. Il ne cesse de les assister avec empressement, de les exhorter à suivre la voie de Dieu, leur citant sans relâche ce hadîth :

« Les hommes sont la famille de Dieu, mais l’être humain qu’Il aime le plus est celui qui est plus utile à Sa famille, » Il ne cessait de le répéter, son état intérieur y tendant en toute chose. Il conduit les hommes vers Dieu autant que possible, suivant les dispositions positives qu’il trouve chez l’individu. S’il n’y trouvait qu’une seule bonne disposition, celle-ci lui suffirait à le guider. N’est-ce pas le gnostique qui dit : « Si le Guide ne trouvait en toi qu’une seule qualité, telle que la pudeur, la générosité ou autre comme l’amour du maître, par exemple, l’innocence ou la franchise, ce serait sur cette base qu’il traiterait avec toi et te guiderait avec bienveillance. »

Il dit aussi : « Dieu peut pardonner à un homme ne possédant qu’une seule qualité, Sa Miséricorde étant plus vaste que tout et ne cherchant qu’à s’exercer. Elle s’installe là où elle trouve la moindre occasion. » (p. 306)