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Critiques de Sortir du colonialisme (6)
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De l'esclavage aux réparations : les textes-c..

Le colonialisme et l’impérialisme ne sont pas quittes avec nous…



Dans son introduction, Louis-Georges Tin indique, entre autres, qu’un crime contre l’humanité sans réparation devient « un crime parfait : sans victime, sans coupable ». C’est en effet, me semble-t-il, un bon point de départ. Il ne suffit pas de nommer les victimes, il convient d’assigner « en réparation » les coupables, surtout lorsque s’il s’agit d’institutions ou d’États. Il s’agit toujours d’un choix politique : traiter ou non de ces « réparations ».



D’ailleurs, comme le souligne l’auteur « ainsi, tandis que les réparations pour les victimes de la colonisation en Amérique avaient été refusées, les réparations pour les auteurs de la colonisation en Afrique de Nord furent acceptées » ou pour le dire autrement « Apparemment, pour la droite française, les vraies victimes de l’histoire coloniale, c’étaient les colons ». Je ne suis pas sûr que cette position ne soit que celle de la droite…



Tout en partageant ces éléments avec l’auteur, je suis plus dubitatif sur l’objet et l’intérêt de la Loi Taubira et plus généralement des Lois dites mémorielles.



Quoiqu’il en soit, Louis-Georges Tin écrit à juste titre : « les réparations liées à l’esclavage ou à la colonisation ne sont pas seulement un moyen de rendre justice aux victimes en raison de méfaits passés ; elles sont aussi un moyen de remettre en cause les déséquilibres économiques d’aujourd’hui entre les anciennes colonies et les anciennes puissances coloniales car, à l’évidence, la richesses des uns s’est constituée en bonne partie grâce à l’exploitation des autres ». L’expropriation, dans chaque pays concerné des grandes sociétés « françaises », et la restitution de leurs actifs aux organisations de citoyen-ne-s devraient, de ce point de vue, être soutenues par les organisations syndicales françaises de ces groupes. Sans oublier l’annulation des dettes et la restitution des « biens mal-acquis ».



Les formulation de Patrick Farbiaz, dans sa postface me paraissent plus satisfaisantes que celles de l’introduction, par exemple :



« Même s’il est évident que la traite et le commerce triangulaire sont liés à l’ordre colonial exercé sur les Amériques, il n’en demeure pas moins que la désignation de l’esclavage comme crime unique et spécifique contre l’humanité produit une grille de lecture historique où le colonialisme des XIXe et XXe siècles est en quelque sorte minoré par rapport à l’horreur de l’esclavage. L’exigence du droit de réparation apparaît désormais comme un levier politique et un instrument légitime des peuples pour sortir de ce faux débat. Le colonialisme et l’esclavage sont les deux facettes d’un même état d’exception, fondé sur l’exploitation du travail forcé des hommes, le pillage des ressources et l’idéologie raciste. »



« Le droit de réparation est un combat d’avenir car il se traduit dans les luttes anticoloniales d’aujourd’hui par les exigences d’annulation de la dette, de souveraineté alimentaire, de lutte contre la piraterie du brevetage du vivant. En ces sens, le droit de réparation ouvre une nouvelle page de la lutte contre le nouvel ordre colonial ».



Un remarque supplémentaire, la question des réparations à Haïti, relève partiellement d’une autre démarche. En effet, les haïtien-ne-s ont payé (à titre de punition pour leur révolution, leur indépendance nationale et leur auto-libération) à l’État français des sommes (relevant de la rapine, du racket ou du gangstérisme international). Elles et ils ont payé pour en finir avec le préjudice qu’elles et ils subissaient !!!!



Introduction : Réparation vs repentance, par Louis-Georges Tin



Les textes clés d’hier et d’aujourd’hui



Première partie. La question des réparations en France



1. Nicolas de Condorcet, Réflexions sur l’esclavage des Nègres, 1781



2. Jean Charles Léonard Sismonde de Sismondi, Nouveaux Principes d’économie politique, ou De la richesse dans ses rapports avec la population, 1819



3. Cyrille Charles Auguste Bissette, projet de loi pour l’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises, Revue des colonies, juillet 1835



4. Félix Milliroux, Demerary, Transition de l’esclavage à la liberté. Colonies françaises, future abolition, 1843



5. Victor Schœlcher, Histoire de l’esclavage pendant les deux dernières années, 1847



6. Victor Schœlcher et Henri Wallon, rapport fait au ministre de la Marine et des Colonies par la Commission instituée pour préparer l’acte d’abolition immédiate de l’esclavage, 1848



7. Décret d’abolition, 27 avril 1848



8. Rapport rendu le 29 novembre 1849 au président du Conseil des ministres, chef du pouvoir exécutif, de la Commission instituée pour préparer le règlement de l’indemnité due par suite de l’abolition de l’esclavage, par décision de la Commission du pouvoir exécutif du 14 juin 1848.



9a. Frantz Fanon, Peau noire, masques blancs, 1952



9b. Frantz Fanon, Les Damnés de la terre, 1961



10. Loi Taubira tendant à la reconnaissance de la traite et de l’esclavage en tant que crime contre l’humanité, 10 mai 2001



11. Loi n° 2005-158 portant reconnaissance de la Nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés, avec l’article 4 ultérieurement amendé, 23 février 2005



12. Aimé Césaire, Nègre je suis, Nègre je resterai, 2005



13. L’État français assigné au tribunal de Fort-de-France, 23 mai 2005



Deuxième partie. La question des réparations à Haïti



14. Aimé Césaire, La Tragédie du roi Christophe, 1963



15. Charles X, ordonnance du 17 avril 1825



16. Christiane Taubira, question écrite au ministre des Affaires étrangères, 1er janvier 2003



17. Jean-Bertrand Aristide, discours du 7 avril 2003



18. François Rivasseau, porte-parole du Quai d’Orsay, déclaration du 8 avril 2003



19. Régis Debray, « Haïti et la France », rapport à Dominique de Villepin, ministre des Affaires étrangères, 2004



Troisième partie. La question des réparations aux États-Unis



20. « Mumbett », manuscrit de Maria Sedgwick, 1853



21. Belinda, requête devant le Congrès du Massachusetts, 14 février 1782



22. Résolution de la Chambre des représentants du Massachusetts, 1783



23. David Walker, Appel en quatre articles et un préambule, adressé aux citoyens de couleur partout sur la terre, mais plus particulièrement, et très directement, à ceux des États-Unis d’Amérique, Boston, 1829



24. Général Sherman, ordonnance accordant « 40 acres et une mule » aux anciens esclaves, 1865



25. Thaddeus Stevens, proposition de loi pour les esclaves africains aux États-Unis à la première session du quarantième Congrès, Chambre des représentants de Pennsylvanie, 11 mars 1867



26. Chant d’un ancien esclave réclamant le paiement d’une pension, fin du XIXe siècle



27. Marcus Garvey, déclaration des droits des peuples noirs du monde, New York, 1920



28. Malcolm X, Par tous les moyens nécessaires, 1965



29. Martin Luther King, Révolution non-violente (Why we can’t wait), New York, 1963



30. James Forman, Le Manifeste noir (Black Manifesto), 1969



31. John Conyers, membre du Congrès des États-Unis, proposition de loi en faveur des réparations liées à l’esclavage, 1989



32. Loi de transparence au sujet de l’esclavage, Californie, 2000



33. Les excuses de JP Morgan Chase liées à l’esclavage, 2005



Quatrième partie. La question des réparations au niveau international



34. Manifeste de Londres, deuxième congrès panafricain, 1921



35. Wole Soyinka, Le Fardeau de la mémoire, la muse du pardon, 1999



36. Enoch P. Kavindele, vice-président de la Zambie, déclaration à la conférence de Durban, septembre 2001



37. Jakaya M. Kikwete, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale de la République unie de Tanzanie, déclaration à la conférence de Durban, septembre 2001



38. Stafford Neil, ambassadeur de la Jamaïque aux Nations unies, déclaration à la conférence de Durban, septembre 2001



39. Desmond Tutu, déclaration au nom du Conseil œcuménique des Églises à la conférence de Durban, septembre 2001



40. Kofi Annan, secrétaire général des Nations unies, déclaration à l’occasion de la Journée internationale pour l’abolition de l’esclavage, 2 décembre 2001



Postface : Le droit de réparation, par Patrick Farbiaz



Le titre de cette note est extraite d’un texte de Frantz Fanon qui a aussi écrit : « Cette aide doit être la consécration d’une double prise de conscience par les colonisés que cela leur est dû, et par les puissances capitalistes qu’effectivement elles doivent payer »
Lien : http://entreleslignesentrele..
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Le 17 octobre 1961 par les textes de l'époque

En ouverture, un poème de Kateb Yacine cité par Gilles Manceron.

« Peuple français, tu as tout vu

Oui, tout vu de tes propres yeux.

Tu as vu notre sang couler

Tu as vu la police

Assommer les manifestants

Et les jeter dans la Seine.

La Seine rougissante

N’a pas cessé les jours suivants

De vomir à la face

Du peuple de la Commune

Ces corps martyrisés

Qui rappelaient aux Parisiens

Leurs propres révolutions

Leur propre résistance.

Peuple français, tu as tout vu,

Oui, tout vu de tes propres yeux,

Et maintenant vas-tu parler ?

Et maintenant vas-tu te taire ? »



La vérité devient enfin visible, même si elle n’est toujours pas reconnue par l’État massacreur, l’État colonisateur, cette république aux mains sanglantes.



Le mouvement ouvrier français a fait de Charonne, le massacre à commémorer, pour mieux cacher, taire, oublier le massacre de ces parias qui « ont eu, de surcroît, l’impudence de s’habiller comme des citoyens, de porter des vestons, des chemises blanches, des cravates, des robes et des vêtements du dimanche, pour affirmer en plein paris qu’ils ne voulaient plus être les inconnus des colonies, des bidonvilles et des banlieues lointaines, dépourvus d’existence et d’égalité. »



Il faut lire les textes de l’époque, ces pages policières, répressives et assassines de l’histoire de l’État français. Mais il ne faut oublier cette guerre menée, entre autres, par la SFIO, le vote des pleins pouvoirs au gouvernement pour faire « la police en Algérie » par le PCF (au nom probablement du moindre mal et d’une version de l’internationalisme prolétarien transformée en pur chauvinisme). Elles et ils n’étaient pas nombreuses et nombreux, celles et ceux qui ont soutenu la lutte pour l’indépendance. Il ne faut les confondre avec celles et ceux qui ont attendu la fin des années 50 voir le début des années 60 pour passer du peu glorieux « Paix en Algérie » au nécessaire « Autodétermination des algérien-ne-s » et « Indépendance pour l’Algérie »



Un livre pour qu’enfin soit reconnus les crimes d’État, celui du 17 octobre 1961 et tous les autres, dans toutes les colonies d’hier et d’aujourd’hui.



Appel : 17 octobre 1961 – 17 octobre 2011 50ème anniversaire : Vérité et Justice



Le 17 octobre 1961, des dizaines de milliers d’Algériens manifestaient pacifiquement à Paris contre le couvre feu discriminatoire qui leur avait été imposé par Maurice Papon, Préfet de police de Paris. Ils défendaient leur droit à l’égalité, leur droit à l’indépendance et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Ce jour-là, et les jours qui suivirent, des milliers de ces manifestants furent arrêtés, emprisonnés, torturés ou, pour nombre d’entre eux, refoulés en Algérie. Des centaines perdirent la vie, victimes d’une violence et d’une brutalité extrêmes des forces de police.



50 ans après, la Vérité est en marche. Cependant, la France n’a toujours pas reconnu sa responsabilité dans les guerres coloniales qu’elle a menées, – en particulier la Guerre d’Algérie – non plus que dans le cortège de drames et d’horreurs qu’elles ont entraînés, comme ce crime d’État que constitue le 17 octobre 1961. Certains osent encore aujourd’hui continuer à parler des “bienfaits de la colonisation”, célébrer le putsch des généraux àAlger contre la République et le pouvoir encourage les nostalgiques de l’Algérie Française et de l’OAS.



La “Fondation pour la mémoire de la Guerre d’Algérie ”, dotée de plus de 7 millions d’euros, créée en application de l’article 3 (dont l’abrogation est demandée sous sa forme actuelle)de la loi du 23 février 2005 vantant les “aspects positifs de la colonisation” est sous la coupe d’associations nostalgiques qui voudraient pouvoir exiger des historiens qu’ils se plient à la mémoire de “certains” témoins. Pour être fidèles à leur mission scientifique, les historiens ont besoin de pouvoir accéder librement aux archives, échapper aux contrôles des pouvoirs ou des groupes de pression et travailler ensemble, avec leurs homologue des deux rives de la Méditerranée. La vérité doit être dite sur l’organisation criminelle de l’OAS que certains, au sein même du parti du Président de la République, cherchent à réhabiliter. Ce n’est qu’à ce prix que pourra disparaître la séquelle la plus grave de la guerre d’Algérie, à savoir le racisme dont sont victimes aujourd’hui nombre de citoyens ou de ressortissants d’origine maghrébine ou des anciennes colonies, y compris sous la forme de violences policières récurrentes, parfois meurtrières.



On ne construit pas la démocratie sur des mensonges et des occultations. 50 ans après, il est temps :



que les plus hautes Autorités de la République reconnaissent les massacres commis par la Police Parisienne le 17 octobre 1961 et les jours suivants, comme un crime d’Etat.



que la Fondation pour la Mémoire de la guerre d’Algérie soit re-fondée sur des bases totalement différentes.



que la liberté d’accès aux archives soit effective pour tous, historiens et citoyens.



que la recherche historique sur ces questions soit encouragée, dans un cadre franco-algérien, international et indépendant.
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Résister à la Guerre d'Algérie : Par les textes d..

« Nous respectons et jugeons justifié le refus de prendre les armes contre le peuple algérien. Nous respectons et jugeons justifiée la conduite des Français qui estiment de leur devoir d’apporter aide et protection aux Algériens opprimés au nom du peuple français. La cause du peuple algérien qui contribue de façon décisive à ruiner le système colonial, est la cause de tous les hommes libres. » (dernières phrases du Manifeste des 121 pour le droit à l’insoumission dans la guerre d’Algérie- 5/9/1960)



Au moment où certains valorisent la civilisation « Française » en opposition à une mythique barbarie des « Autres », où certains semblent oublier le lien historique entre « République » et impérialisme et colonialisme, où d’autres, ou les mêmes, oublient les « confettis » de l’empire mais colonies réellement existantes, il est bon de mettre en mémoire, de donner à lire les oppositions concrètes à la sale guerre coloniale que fut celle d’Algérie.



Ce travail est aussi un travail contre les inventions de l’histoire par la droite et d’un prétendu rôle positif de la colonisation, du silence d’une partie de la gauche bien pensante, et d’une amnésie du PCF qui oublie son vote des pleins pouvoirs en 1956, son refus de soutenir les déserteurs, sa négation de la « nation algérienne », ses « Paix en Algérie » lorsque d’autres, plus justement criaient « Autodétermination » et « Indépendance pour les algérien-ne-s » ; sans oublier la juste protestation contre le « massacre de Charonne » mais dans le silence pesant du 17 octobre 1961, sept morts « français » valant probablement plus que des centaines d’algériens !!!



Comme le rappelle Tramor Quemeeur, seules de toutes petites organisations FCL (Fédération communiste libertaire) et PCI (Parti communiste internationaliste) prennent position dès novembre 1954. (En fait, seuls une partie des courants libertaires et trotskistes n’ont jamais abandonné la nécessaire lutte contre le colonialisme).



Mais de 1954 à l’indépendance en 1962, elles et ils furent des dizaines de milliers, celles et ceux qui n’obéirent pas, qui désobéirent, qui refusèrent « l’union nationale » et aidèrent le FLN algérien, y compris contre le silence ou l’inaction de leurs organisations.



Certain-e-s ont fait de la prison, d’autres subirent des exclusions ou des condamnations. Elles et ils sont notre passé, notre présent, notre résistance.



Quelques citations :



« C’est parce que cette guerre est contraire à tous les enseignements que nous avons pu tirer pendant notre jeunesse, qui s’est déroulée sous occupation étrangère, que nous avons appris le dégoût d’une armée installée chez un peuple étranger »



« Simplement ceci : les peuples d’Afrique du Nord ne veulent pas être exploités par les colons, brimés par les policiers, martyrisés par la répression . Ils veulent gérer eux-mêmes leurs affaires ; ils ne veulent plus êtres nos sujets, mais nos associés. Comment ne pas les comprendre ? Comment ne pas approuver ? »



« Au moment où le peuple algérien s’est levé pour libérer son sol national du joug colonialiste, ma place est aux côtés de ceux qui ont engagé le combat libérateur »



« le peuple français et le peuple algérien ont objectivement un ennemi commun – le groupe de colonels et de généraux qui dirige la guerre d’Algérie »



En postface aux textes re-publiés, Niels Andersson, indique, entre autres : « la question nous est posée aujourd’hui, pour modifier les rapports dominants/dominés, colonisateurs/colonisés, et pour notre propre émancipation, d’une réelle solidarité, d’une histoire partagée avec les mouvements des peuples arabes, avec ceux d’Amérique latine… »



Patrick Farbiaz, animateur de Sortir du colonialisme, souligne, quant-à lui : « Rappeler que la société française n’a pas été unanime, que dans toutes les catégories sociales il y a eu des combattants anticolonialistes – des ouvriers, intellectuels, avocats, étudiants – pour contester le nationalisme, le chauvinisme, le racisme et la guerre coloniale, est une pédagogie politique essentielle alors que la mondialisation et la crise recomposent le paysage politique français en exacerbant l’identité nationale agressée de l’extérieur »



A lire et à faire lire
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Guide du Bordeaux colonial et de la métropole..

Intéressant de pouvoir faire le lien entre le nom de rues, de places... et l'Histoire. Bordeaux a en effet un passé colonial fort. Ce guide présente une viographie, c'est-à-dire une présentation des noms de rues, en décrivant notamment le rôle et l'action des personnes (colonialistes et quelques anticolonialistes) . Il présente également les "grands hommes " ayant marqué la ville de Bordeaux.
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Guide du Bordeaux colonial et de la métropole..

Ni s’incliner ni regarder ailleurs : interroger



Dans l’introduction, les auteurs et autrices indiquent : « Ce Guide prend la question de l’histoire de Bordeaux par le petit bout de la lorgnette, en la braquant sur les noms des rues et autres voies qui ont été retenus pour honorer ceux qui ont contribué à la construction de la France coloniale ».

Des lieux magnifiques construits grâce aux fortunes réalisées dans le commerce colonial, la traite négrière et l’esclavage mais pas seulement, le « parti colonial », la constitution de l’Etat français comme Etat colonial, les luttes des dominé·es, Bordeaux et la constitution de l’empire, la place du commerce du vin en droiture, les noms comme témoins de l’histoire et « de ce rôle assumé par les édiles dans leur dénomination »…



Les autrices et les auteurs précisent : « Nous le redisons pour éviter les faux débats. Souvent ce n’est pas en tant que négriers, esclavagistes, sabreurs, administrateurs coloniaux, théoriciens du racisme, que beaucoup de personnalités ont été honorées. Mais elles ont été, à un moment de leur vie, clairement engagées dans ce système ». Iels discutent, entre autres, de l’accusation d’anachronisme, de logique systémique, du tabou négrier, des lieux de mémoire, des référents racistes…



Sommaire :



Viographie



Place des grands hommes… bordelais »



Lieux emblématiques et de mémoire



Les musées



Annexes



Nous sommes co-auteurs du Guide du Paris colonial et des banlieues. Nous incitons à lire celui du Bordeaux et de la métropole bordelaise, de discuter du présent et du passé, des mémoires et de l’avenir émancipé commun…



Des hommes, des pratiques, beaucoup de militaires, des négriers, des commerçants, des écrivains, des politiques, mais aussi des abolitionnistes, des anti-colonialistes, beaucoup d’oubliés et d’invisibilisés. Un cahier d’illustrations et une belle couverture de Tardi. Et contre l’indignité des notes d’humour…



En lien ou non avec les nominations et les analyses proposées ici, nous allons essayer de regarder sous certaines surfaces, de formuler des pistes de réflexion…



« Quel message délivrons-nous aux enfants, aux jeunes, aux étudiants en leur proposant comme référents Paul Bert ou Broca ».



Sur le premier, nous rappellons, un court texte, Les guenilles colonialistes accrochées à nos écoles, https://entreleslignesentrelesmots.blog/2020/06/17/les-guenilles-colonialistes-accrochees-a-nos-ecoles/.

Sur le second, Paul Broca, « il invente l’anthropométrie crâniale, déterminant à partir de l’anatomie du crâne et du cerveau les capacités mentales et intellectuelles ». Un scientifique affabule et fournit des bases pseudo-scientifiques à la hiérarchisation raciste et sexiste des êtres humains. Le racisme est bien en premier lieu une construction « savante ». Le rôle des intellectuels, médecins ou juristes (cf les constructions raciales des nazis), des religieux, des hommes de pouvoir ne saurait être surestimé…



Des sabreurs, des galonnés et des médaillés, des tueurs et des massacreurs (aujourd’hui nombre d’entre-eux seraient qualifiables de criminels de guerre et de criminels contre l’humanité). Les autorités institutionnelles aiment bien honorer les va-en-guerre pilleurs et colonisateurs, les « tueurs assermentés », ceux qui permirent la continuité de l’Etat contre d’autre guerriers mais aussi contre toutes les insoumissions et rébellions. Certes, ils ont le plus souvent été nommés par des pouvoirs politiques mais cela n’enlève rien à la force de la hiérarchie militaire et à leurs responsabilités propres. La guerre et le complexe militaro-industriel, la colonisation et la marche des affaires, l’autorité et le devoir d’obéissance, des piliers d’une militarisation nécessairement anti-démocratique… Nous comprenons alors mieux les hommages rendus, l’acharnement à ne pas vouloir remiser au musée les images de ces brutes galonnées. Ils sont là pour l’exemple, la valorisation de l’obéissance et la hiérarchie, la défense d’un certain ordre social. Sans oublier les déguisements d’apparats, les médailles pour meurtres (à quand la réhabilitation pleine et entière des fusillés de la première guerre mondiale pour désertion et insubordination ?) ou exterminations…



Des noms de rues, des statues, en France particulièrement, des éditocrates, des politiques, des historien·nes même, refusent le débat. Ils et elles confondent histoire et roman national, hommage et histoire. Iels créent de fausses continuités (pensez un peu à ce mensonge de nos ancêtres les gaulois) à partir d’une lecture rétroactive du présent. Niant les événements, les changements et les ruptures, iels tissent une toile d’araignée enfermant les possibles de chaque époque dans un déterminisme sans contradictions, sans acteurs et actrices. Iels inventent un enchaînement magique, en le renforçant par des hommages anachroniques et insupportables, des statues glorifiant la mort, des noms affichés véritables insultes aux disparu·es et aux vivant·es. Il leur faut enfoncer le clou des morbides méritocraties pour refuser l’égalité de/pour toustes…
Lien : https://entreleslignesentrel..
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Résister à la Guerre d'Algérie : Par les textes d..

Ce petit livre constitue une très intéressante anthologie, qui exhume des documents dont certains n'étaient connus que des spécialistes de la « sale guerre ».
Lien : http://www.telerama.fr/criti..
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