Elle montra une poitrine lisse,
Une épaule parfaite,
Et je craignis qu'elle n'eût la soif
Du fils de l'opulence.
Ses flancs et son ventre
Étaient cruels
Comme le tranchant d'un sabre,
À tel point qu'on les croirait
Capables de briser
Les piliers de pierre d'une voûte.
Des flancs,l'on se transporte vers le coussinet
D'un sein arrondi et plein,
Dont le sommet tremble
Comme la dune de sable travaillé par le vent.
On a dit aussi : Quand elle marche, c'est un triomphe ; quand elle s'assied, c'est une architecture;quand elle devient complète en concevant un enfant, c'est une richesse.
Lorsque la promenade nuptiale en cortège fût terminée, declara-t-il,et que nous parvint finalement le bénéfice de nous trouver suls,lorsqu'on nous enleva la couronne, les parures, et qu'il me sembla que la pleine lune dans sa nuit luisait dans un ciel bien nettoyé,
Je me décidai à déchiffrer les signes
De la beauté inscrite sur son visage,
En psamodiant les versets
Des rayons du soleil déjà hauts
Sur l'horizon.
Lorsqu'elle se prit à entrouvrir
Les lèvres, montrant la parure
De perles, mots rares et assonancés,
À l'intérieur de sa bouche,
Je commençai à égrener
Les expressions musicales
Du chapitre premier : Au nom de Dieu....
Lorsque la parade nuptiale fût terminée et que tomba pour nous enfin l'occasion d'être seul à seule,les voiles disparurent pour laisser apparaître les beautés d'un riche jardin.
Dont les marques de pudeur
Tamisaient les rayons,
Dont le front tenait le rôle
De bastion fortifié.
Ses fleurs étaient parsemées
Sur les joues épanouies
Et les branches souples des muscadiers
Se penchaient vers le sol,
Comme accablées par le poids de leurs fruits.
On y cueillait
Les plus merveilleuses des roses.
À l’automne 132AH (749), Abû al-‘Abbas as-Saffah - « le Boucher » - est proclamé calife sous les acclamations de la troupe et des gens d’Iraq. Mais les Omeyyades tiennent encore le nord de la province ainsi que le Shâm et l’Égypte. Près d’un siècle après Siffin, une nouvelle confrontation historique - et fratricide - devra donc décider de l’issue de la lutte pour le pouvoir entre Banû Hâshim et Banû Umayya : ce sera la bataille du Grand Zab, du nom d’un fleuve irakien le long duquel s’assemblent les deux armées en cette fraîche journée d’hiver. Mais cette fois, il n’y aura ni pitié, ni arbitrage. Après avoir maladroitement chargé contre le mur de lances formé par l’infanterie abbasside, la cavalerie syrienne est décimée et les fuyards, dont pas moins de trois cents membres du clan omeyyade, implacablement poursuivis et noyés ou massacrés. La première défaite de Marwân II en personne sur un champ de bataille sera aussi la dernière : véritable tremblement de terre, elle marque la disparition définitive du califat omeyyade de Damas. Son armée, bien supérieure numériquement, comptait pourtant nombre de vétérans aguerris des campagnes du Caucase et de Byzance. Mais leur moral et leur combattivité, bien entamés par des années d’incessantes marches à travers l’empire qui avaient valu à leur souverain le surnom de « l’Âne », n’étaient guère en mesure de soutenir la ferveur juvénile d’un mouvement si vigoureux surgi droit des entrailles de la Oumma.
Dans la foulée, le calife déchu fuit vers sa capitale, où l’entrée lui est refusée comme à un vulgaire malfaiteur ; pourchassé par des assassins abbassides, il sera exécuté sommairement en Égypte avant que sa tête soit remise, en guise de trophée, à ‘Abd Allâh ibn ‘Alî, oncle du nouveau souverain abbasside chargé de sa poursuite. Après un siècle de sanglantes répressions des différentes révoltes alides, la revanche des Banû Hâshim est terrible.
Connu pour son immense attachement au hâjj, Hârûn ar-Rashîd, surnommé « le pèlerin des Abbassides », se rend pas moins de huit fois en pèlerinage durant son règne – une anecdote qui montre bien sa personnalité très énergique, tant ces voyages à dos de chameau étaient pénibles en ce temps. Ces pieuses expéditions, qui sont des événements publics très appréciés au cours desquels les gens attendent avec impatience le passage du calife, lui permettent de se mêler au peuple et aux élites pieuses, puisqu’il reste toujours quelque temps au Hijâz pour visiter les savants de la région et les lieux liés à la Sîra. Après les échecs de son grand-père al-Mansûr en la matière, Hârûn ar-Rashîd lance ainsi une grande offensive de charme à l’égard des juristes les plus illustres de son temps, à commencer par Mâlik ibn Anas, auprès duquel il se rend, à Médine, pour étudier le hadîth avec ses deux jeunes fils et successeurs – le seul calife à agir ainsi pendant son règne –, et ash-Shâfi’î, la nouvelle étoile montante du fiqh avec sa célèbre Risâla, une épître dans laquelle il est le premier à produire un système global et défini autour des fondements de la Loi islamique. Si Abû Hanîfa, du temps d’al- Mansûr, avait obstinément refusé d’accepter un poste officiel, Hârûn réussit à convaincre ses étudiants de rejoindre son appareil judiciaire et sa cour, en tant que juges et conseillers : ainsi d’Abû Yûsuf, qui est nommé grand qâdî du califat, et de Muhammad ibn al-Hasan ash-Shaybanî, notamment. Proche du juriste al-Layth ibn Sa’d, fondateur de l’école de fiqh éponyme aujourd’hui disparue, et du muhaddîth et ascète ‘Abd Allâh ibn al-Mubârak, le calife assure par ces bonnes relations une certaine harmonie entre le pouvoir et les élites religieuses, qui permet d’éviter les confrontations entre l’État et le cercle des pieux savants qui avaient trop souvent marqué les époques précédentes.