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Citation de araucaria


La deuxième chose qui m'a frappée - et dont j'ai souvent parlé dans mes conférences -, c'est l'extraordinaire morosité des Français. Je venais de mon bidonville où, en dépit de toute la saleté et de tous les problèmes, règne la joie de vivre et j'arrive dans le métro parisien. C'était incroyable! Je regardais ces gens, chacun assis dans son coin sans oser regarder son voisin, avec ces têtes d'une tristesse pas possible. J'avais envie de leur dire : "Qu'est-ce qui vous est arrivé? On vous a tout volé? Vous avez perdu un être cher? Mais enfin, qu'est-ce que vous avez?" Cela m'a fait réfléchir. Je suis comme tout le monde. Si je vivais à Paris, je ferais sans doute la même tête triste. Mais pourquoi? Il doit y avoir une raison. Comment se fait-il qu'un pauvre diable de chiffonnier qui vit dans une cabane sans eau, sans électricité, sans le moindre confort, qui n'a aucun loisir à l'extérieur - sauf, s'il est un homme, le minable bistrot du coin - paraît plus heureux qu'un Européen qui a tout?
J'ai vécu une expérience époustouflante au Sénégal. Dans des cabanes dont les murs étaient en carton bouilli et le sol en terre battue, j'ai rencontré un groupe de femmes qui m'ont expliqué qu'il n'y avait pas de travail pour elles mais qu'elles se "débrouillaient" en ramassant les fruits et les légumes qui restaient après la fin du marché. Il n'y avait rien dans ces cabanes. Et quand je dis rien, c'est rien. Or ces femmes, pendant toute la durée de ma visite, n'ont pas arrêté de rire et de s'amuser. Elles paraissaient les femmes les plus heureuses du monde. Je n'arrive pas à m'expliquer cela. Est-ce le fait de ne pas avoir sous les yeux le luxe des autres? De ne pas être constamment tenté, comme on l'est à Paris, à cause des vitrines, de la télévision, des affiches, etc., par les plaisirs de la société de consommation? Qu'est-ce qu'il faut, finalement, pour qu'un homme soit heureux? Je n'en sais rien. Toujours est-il que moi, j'ai constaté que moins tu as, plus tu vis. Je le crois dur comme fer.
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