Il ne voulait plus regarder dans les miroirs, pas même pour se raser, si possible. Il en avait assez de voir son image. A se regarder dans le miroir tous les jours, on finit par s'habituer à ce qu'on voit. Il aurait dû y penser depuis longtemps: en évitant les miroirs il aurait oublié totalement son visage. Et puis un jour, se regardant soudain, il aurait vu ce que voyaient les autres: toute le réalité, la sienne, sans faux-semblants. C'était la seule façon de pouvoir se mettre à la changer.
J'avoue que ma famille n'était pas tout à fait typique mais s'il y avait des différences entre elle et les autres familles grecques, ce n'était sans doute qu'une question de degré. Dans la mienne en tout cas, les femmes restaient à la maison comme une araignée derrière sa toile, attendant la venue des mâles sans cervelle afin de les dévorer ; et leur plaisir n'était pas dû à la dévoration, mais à cette occasion qu'elles trouvaient de se mettre en noir et pleurer.
"Au revoir, chère héroïne, au revoir, chère indomptable! tu es comme la Grèce, folle mais avec un cœur d'or"