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Citation de enkidu_


Puisque l'univers est un, comment peut-on en parler ? Puisqu'il est appelé un, comment ne peut-on pas en parler ? L'un et son expression font deux ; ces deux et l'un (originel) font trois. Un habile calculateur qui voudrait continuer à aller ainsi n'y réussirait pas ; comment un homme ordinaire pourrait-il y parvenir ? En déduisant du néant à l'être, on obtient déjà trois idées distinctes. A combien d'idées parviendra-t-on si l'on veut déduire de l'être à l'être ? C'est en ne déduisant pas qu'on a raison.

Le Tao n'a pas de borne ; la parole n'est pas sûre. C'est de la parole que viennent toutes les distinctions établies par l'homme. Permettez-moi de vous exposer ces distinctions. La gauche et la droite, les traités et les commentaires, les divisions et le subdivisions, les discussions et les disputes : voilà les huit catégories de discours humain.

Or, tout ce qui est par-delà l'univers, le saint admet son existence, mais n'en traite pas. Tout ce qui est à l'intérieur de l'univers, le saint en traite mais ne le commente pas. Les annales de printemps et d'automne et les histoires des anciens rois, le saint les commente mais ne les conteste pas. Derrière tout division il y a quelque chose d'indivis ; derrière toute discussion il y a quelque chose d'indiscutable. Comment cela ? Le saint embrasse le tout ; les hommes se disputent pou faire valoir leurs opinions. Ansi, il est dit : "Toute discussion implique une vision partielle."

Le Tao suprême n'a pas de nom ; le discours suprême ne parle pas ; la bienveillance suprême exclut toute bienveillance partielle ; la pureté suprême est sans ostentation ; le courage suprême est sans cruauté.

Le Tao explicité n'est plus le Tao ; le raisonnement discursif n'atteint plus la vérité ; la bienveillance qui s'obstine est incomplète ; la pureté exclusive ne conquiert pas le cœur ; le courage qui s'accompagne de cruauté n'atteint pas son but. Tous sont comme un cercle qui s'efforcerait de devenir un carré.

Savoir qu'il y a des choses qu'on ne peut connaître, voilà le sommet du savoir. Qui sait que le discours est sans paroles et que le Tao est sans nom, celui-là possède le trésor du Ciel. Verser sans jamais remplir, puiser sans jamais épuiser, et ne pas même savoir pourquoi, voilà ce qu'on appelle « Cacher sa lumière » (pp. 41-42)
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