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Critiques de Téhem (105)
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Quartier Western

En ce mois de septembre 1976, ce petit quartier de Saint-Denis va quelque peu s'animer...

Dans sa boutique qui tient lieu d'épicerie et de bar, Serge Ha-Fok est photographe à ses heures perdues. Ayant immortalisé quelques habitants dans leur posture favorite, il espère que ses clichés seront publiés dans la revue "Photos d'arts magazine". Aussi, l'on voit Titi et Gérard, deux gamins espiègles qui n'en loupent pas une et qui vont d'ailleurs avoir quelques démêlés avec le prêtre... Il y a aussi Céline et Angélo qui rêvent de quitter La Réunion et s'envoler vers Paris... Quant à Monsieur Turpin, le jardinier, il va rencontrer des fantômes ! L'on fera également connaissance avec Ti-Quatorze, La momie, madame Massain et sa fille ou encore Cazanove. Tous vont vivre une journée agitée et inoubliable...





Tehem nous offre un album pour le moins original. Le prologue présente les quelques personnages, puis trois chapitres donnent voix à quelques-uns et enfin le dernier réunit un peu tout le quartier. L'on assiste ainsi parfois à la même scène mais vue d'un œil différent. Entre les vols, les courses-poursuites, les bagarres, les "fantômes", ce quartier de la capitale réunionnaise est loin d'être de tout repos. Cette tragi-comédie fait montre d'un réalisme à la fois triste, grinçant mais aussi drôle. Soumis à la pauvreté et au racisme, ces habitants du quartier, tous des personnages anthropomorphiques, se révèlent toutefois attachants, malgré leurs actes pour le moins répréhensibles. Téhem croque avec justesse toutes les ethnies et nous plonge au cœur d'un quartier mouvementé. Le scénario est parfaitement maîtrisé et le dessin, tout en nuance de gris, des plus charmants.

Un album endiablé !
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Piments zoizos

Ile de la Réunion, 1965.

Si une dame blanche est venue chercher Jean et sa petite soeur chez lui, puis les a séparés, c'est sûrement parce qu'il avait crevé un ballon avec un couteau, ce jour-là. Nulle malice de sa part, pourtant : il voulait juste voir ce qu'il avait dans le ventre pour rebondir aussi bien. Bref, ce fut certainement la bêtise de trop qui a fait craquer leur maman seule, débordée, fatiguée. Cette conviction ne quittera jamais Jean.

Les enfants raisonnent ainsi : je suis responsable des malheurs autour de moi (divorces, décès). Et nous ne sommes guère différents, adultes, avec nos superstitions diverses et sentiments de culpabilité (largement entretenus par les religions)...

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A travers l'histoire fictive de Jean et de sa petite soeur Didi, cet album évoque le sort des 'enfants de la Creuse', un épisode honteux de l'Histoire de France, entre 1962 et 1984. Ce terme est abusif/réducteur puisque ces 2000 mineurs ont été envoyés dans 83 départements différents (et 10 % d'entre eux dans la Creuse), mais il donne une bonne idée du choc culturel qu'ils ont pu ressentir (racisme des métropolitains, vocabulaire et accent, climat, paysage, mode de vie...), après avoir été arrachés à des parents mal informés et dupés sur le 'projet'.

Certaines victimes parlent de 'déportation', la détresse de Jean y fait en effet penser.

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Sans manichéisme, les auteurs montrent un processus né d'une décision politique (Michel Debré était alors député de la Réunion) face à la surpopulation réunionnaise - processus où il est difficile de mesurer la responsabilité de chaque acteur : du simple maillon d'une chaîne au décideur, via l'exécuteur zélé. Avec magouilles d'état civil, quand même, qui rendent les recherches difficiles pour ceux qui souhaitent retrouver leurs origines.

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On voit dans cet album des enfants en souffrance, comme le personnage principal ; d'autres s'en sortent mieux, selon le lieu où ils atterrissent. Certains vivent en foyer, d'autres dans des familles d'accueil où ils peuvent être intégrés et aimés comme les autres enfants du couple parental, ou au contraire servir de domestique malgré leur jeune âge (notamment dans des fermes).



Le 18 février 2014, l'Assemblée nationale adopte la résolution proposée par Ericka Bareigts (députée socialiste de la Réunion), qui reconnaît la 'responsabilité morale' de l'État français. Rien n'a été proposé à ce jour pour réparer le préjudice.

La DDASS et l'ASE sont montrées comme partiellement responsables.

Aujourd'hui encore, il y a des progrès à faire en matière de protection de l'enfance, en France, mais c'est une autre histoire.



Très agréable à lire (alternance d'époques et pages documentaires), émouvant et instructif, comme beaucoup d'albums de chez Steinkis.



Autres ouvrages sur le sujet :

• L'île de mon père, Brigitte Peskine (roman jeunesse)

• Aux vents mauvais, Elena Piacentini (roman noir).



■ MERCI A BABELIO & AUX EDITIONS STEINKIS
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Piments zoizos

Pour réaliser ma cinq centième critique, j'ai choisi Piments zoizos, Les enfants oubliés de la Réunion, ouvrage retenu dans le cadre de l'opération Bulles d'Argent 2023 organisée par la médiathèque de ma ville.



Dans cette BD de 164 pages, Tehem, dessinateur d'origine réunionnaise nous raconte l'histoire des « enfants dits de la Creuse » à travers l'histoire fictive de deux enfants réunionnais, Jean et Didi. Entre 1962 et 1984, à la suite de choix politiques, 2015 mineurs réunionnais à la charge de la DDASS ont été envoyés dans l'Hexagone où ils ont été répartis dans 83 départements. 215 d'entre eux ont été accueillis dans le département rural de la Creuse, dépeuplé, de la région Limousin.



La BD débute en 2008… Fond vert…. Jean arrive à l'aéroport Roland Garros de la Réunion, à la recherche de ses origines, de sa famille, il dispose d'un morceau de papier sur lequel figure une adresse : Chemin Gourouvin.

En 1966… Fond rose….Jean et Didi, sa petite soeur jouent tranquillement lorsque Jean perce le ballon avec un couteau pour comprendre pourquoi il rebondit. Cet épisode coïncide avec l'arrivée d'une l'assistante sociale qui vient prendre en charge les deux enfants et les fait monter dans une voiture. Leur mère signe un document en pleurant. Jean a tout juste le temps de faire un dessin pour Didi. Les deux enfants sont séparés, Didi est prise en charge par des soeurs. Jean, poursuivi par la culpabilité – il a crevé le ballon – se retrouve avec d'autres garçons au centre d'Hell-Bourg, où il se fait un ami, Michel. Bientôt, il prend l'avion, destination… la métropole, la Creuse.

Fond jaune…. 1966 Lucien Hérant a été nommé à la préfecture de la Réunion, affecté au bureau en charge du BURIDOM. Sur la route, les chemins de Jean et de Lucien Hérant vont brièvement se croiser….



Trois récits s'entrecroisent selon un code couleur précis : le passé est coloré de rose : c'est l'histoire de Jean et sa soeur Didi, de leur séparation et de tout ce qui se passe ensuite en métropole…. le présent, le retour de Jean à la Réunion en 2008, sur les traces de sa famille est coloré de vert. L'histoire de Lucien Hérant, qui a travaillé à la préfecture de la Réunion dans les années 1960 a une couleur jaune. Ce responsable découvre, effaré, ce qui se passe, comment les enfants sont séparés, comment leurs identités sont modifiées pour couper tous les liens avec les familles d'origine. Plus tard, il préférera passer sous silence cette période de sa vie.

Plusieurs pages de « la gazette de l'ïle de la Réunion » viennent s'intercaler dans le récit sans l'alourdir. Elles apportent des informations précises sur l'histoire de l'île et toutes les circonstances économiques et politiques qui ont entraîné la transplantation des enfants en métropole. le rôle joué par Michel Debré, le ministre de l'époque, dans l'accélération et le développement des départs des enfants est expliqué. Mais le ministre n'est ni à l'initiative de la transplantation des mineurs, ni responsable du début de sa mise en oeuvre. Les graves manquements de l'ASE, l'aide sociale à l'enfance sont dénoncés.



2008 : Virginie Hérant fait parvenir à Jean une grosse enveloppe qu'elle a trouvé en rangeant le bureau de son père, qui vient de décéder. Une enveloppe au nom de Jean, témoignage de l'affection de Lucien Hérant pour le petit garçon dont il a croisé le regard, il y a longtemps, en 1965, et qu'il a aussi rencontré dans l'avion…. Une clef vers le passé… mais surtout vers l'avenir…. pour Jean, Michel et les autres.…



Piments zoizos est une BD qui ne laisse pas indifférent. J'ai beaucoup aimé le scénario et le dessin de Tehem.



Cette histoire nous interroge : comment pouvait-on imaginer que tout se passerait pour le mieux, que les enfants seraient partout accueillis à bras ouverts ? Des enfants en carence affective, coupés de leurs racines ont servi de main d'oeuvre bon marché, certains ont été maltraités. D'autres se sont certainement intégrés, mais à quel coût humain ?



La BD a été réalisée sous la supervision historique de Gilles Gauvin, membre de la commission d'information sur les enfants dits de la Creuse.

Un regard d'historien, au service de tous ces enfants devenus adultes qui exigent, à juste titre, des réponses.

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Piments zoizos

En 1965, Jean, alors âgé de 9 ans, et sa petite soeur, sont pris en charge par des services sociaux. Ceux-ci font croire à leur mère que ses enfants pourront étudier et qu'une vie meilleure va s'ouvrir à eux, en quittant (provisoirement) la Réunion. Les deux enfants sont expédiés loin de leur île natale, en métropole, dans la Creuse.



De 1962 à 1984, environ 2 000 enfants réunionnais sont ainsi déracinés et envoyés vers la métropole, pour leur bien, paraît-il. Un dixième d'entre eux arrive ainsi dans le département sous-peuplé de la Creuse, les autres sont répartis dans d'autres départements. Leur sort dépend du lieu d'accueil. Même lorsque les familles adoptives sont bienveillantes, ils souffrent du déracinement, du racisme des autres enfants et des adultes (à cause de leur couleur, mais aussi en raison de leur façon de parler). Certains sont simplement considérés comme une main d'oeuvre à bon marché.

L'identité d'origine reste difficile voire impossible à retrouver pour beaucoup, puisque leurs noms et prénoms ont été modifiés.



Cette BD met en scène les destinées de quelques-uns de ces enfants et montre les rouages d'un système administratif défaillant qui a permis ce scandale.

Le ton reste mesuré, les auteurs étant conscients que des acteurs de ce système étaient sincères, avec une volonté de bien faire, d'agir dans l'intérêt même des enfants concernés.



Cette lecture est intéressante et poignante, avec quelques pages d'explication insérées dans l'histoire, qui permettent de bien situer le contexte social et politique.
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Piments zoizos

Voilà un roman graphique comme je les aime: instructif et agréable à lire, et sans que je reste sur ma faim.

J'avais entendu parler des "Enfants de la Creuse", ces enfants réunionnais qu'on a envoyé en métropole (et pas seulement dans la Creuse) dans l'espoir pour leurs parents d'une vie meilleure , ou de main d'oeuvre pas chère pour les agriculteurs ou artisans de métropole qui les accueillaient, tout en ayantl'impression de faire une bonne action. Michel Debré, député de la Réunion dans les années soixante a porté ce projet dès 1964, notamment pour lutter contre la pauvreté et la surpopulation de l'époque. Il s'est terminé dans les années 80 et environ 2000 enfants ont été ainsi séparés et déportés..

Avec le personnage de Jean, jeune réunionnais, qui va être déporté, c'est à la fois le choc culturel, l'administration de la protection à l'enfance, les injustices et brimades de ces enfants qui sont décrites.

Les aller-retours entre Jean enfant et adulte des décennies plus tard de retour sur l'île dénoncent aussi la grande difficulté à retrouver sa famille, ses repères et ses souvenirs, à se construire alors que cette séparation est un dechirement et incompréhensible.

Outre cette page de l'histoire dont l'administration française ne peut clairement pas être fière, j'ai apprécié retrouver l'ambiance, les paysages réunionnais ainsi que le créole, très présent aussi.

Un roman graphique que j'ai donc savouré malgré la gravité du contexte historique.
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Avocat du Diable

Cette BD raconte, en cent strips, le quotidien d'un avocat, entre le tribunal, le parloir, la prison et son domicile, qui passe son temps à défendre des cas impossibles.

. Avec cet hilarant Avocat du diable, Téhem s’amuse à imaginer un avocat, sosie de Jacques Vergès, dont les clients seraient les pires individus de l’histoires : dictateurs génocidaires, escrocs, prêtres pédophiles…



Parmi ces cas indéfendables(Robespierre, Hitler…Barbe bleue, le Minotaure…King Kong, Kim Jong-un, Dark Vador...et même le pangolin responsable de la pandémie de COVID-19).



Drôle et finalement plus malin quon ne pense de prime abord !!
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Chroniques du Léopard

Île de la Réunion, 1941, Charles voit arriver un nouvel élève au prestigieux lycée Leconte-de-Lisle dans lequel il est pensionnaire. Rapidement, le courant va passer entre Lucien et lui, mais un peu moins avec le reste des pensionnaires tout comme avec les garants de l'institution... Ainsi, le temps passe au fil des pages pour nous faire découvrir les facettes d'une île divisée et disputée lors de la Seconde Guerre mondiale. De Raymond Barre aux frères Vergès, du rejet des pétainistes à la montée du communisme, cet album offre avec fraîcheur une immersion dans la société réunionnaise de l'époque. Du coup de crayon, aux couleurs des planches en passant par un scénario aussi drôle qu'intelligent, Appollo et Tehem signe un roman graphique formidable. Vous ne serez donc pas étonné si j'affirme qu'il s'agit d'un coup de cœur !



Département colonial où il fait bon d'être blanc ou appartenir à la bourgeoisie locale même en 1941, la Réunion a étonnamment été le théâtre d'un enjeu politique sur l'échiquier mondial. Aussi, à travers les aventures de Charles et Lucien nos deux élèves pensionnaires, Appollo et Tehem entraînent le lecteur sur les chemins de l'île, sur les chemins de l'Histoire.



Les périodes rythmées de différentes couleurs rendent ce roman graphique frais et aéré, mais marquent également les émotions de nos protagonistes. Ainsi, le rose pastel détermine la période de disette qui marqua le territoire pendant la guerre, l'orangé pour aborder le racisme intérieur ou le vert pour les villégiatures de la bonne société dans les hauts de l'île, etc...



Au son des bonnes réponses du premier de la classe, j'ai nommé Raymond Barre qui déjà vise les sommets de l'Etat, des idées communistes des frères Vergès, au célèbre syndicaliste Lépervanche, cet album regorge de clins d’œil aussi succulents les uns que les autres.



Des personnages attachants, un graphisme séduisant et un scénario épatant, cette BD transpire cette ambiance créole propre à la Réunion et rappelle une période trouble où l'avenir de la départementalisation se profile.



Bref, je suis littéralement tombée amoureuse de ce roman graphique qui dégage une saveur particulière, où l'odeur du massalé se mélange à celui des mangues, où le son des roulèr se confondent à celui de la fureur. Et puis faut dire que j'ai eu droit à une magnifique dédicace, ça valait le coup de faire une heure de queue... Coup de cœur !
Lien : http://bookncook.over-blog.c..
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La drôle de guerre de Papi et Lucien, tome 1

Ce premier tome de "La drôle de guerre de Papi et Lucien" offre une perspective intéressante sur les différences de perception et d'expérience entre les générations. Papi représente la vieille garde, encore profondément marquée par les horreurs de la Première Guerre mondiale, tandis que Lucien, son petit fils, essaie de lui faire comprendre que le conflit en cours est différent. Cette tension entre les points de vue génère un conflit narratif fascinant.



L'histoire promet également une aventure captivante alors que Papi et Lucien se lancent dans un road-trip périlleux à travers la France pour rejoindre la Résistance à Londres. Les obstacles et les défis auxquels ils sont confrontés ajoutent de l'aventure au récit.



Cependant, certains pourraient trouver que le personnage de Papi, bien que reflétant une époque révolue, est un peu stéréotypé en tant qu'ancien combattant grognon et têtu. De plus, l'intrigue semble un peu prévisible dans la mesure où l'on peut anticiper des moments d'apprentissage et de rapprochement entre Papi et Lucien au fil de leur voyage.



Dans l'ensemble, "La drôle de guerre de Papi et Lucien, tome 1" semble promettre une histoire intéressante et émouvante sur la relation intergénérationnelle, mais il pourrait également bénéficier d'une plus grande complexité dans le développement des personnages et de l'intrigue pour plaire à un public plus large.
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Piments zoizos

C'est l'histoire fictive de Jean et de sa petite soeur Madeleine dite Didi, deux enfants réunionnais dans les années 60. Leur père est décédé et leur maman, pauvre et de santé fragile, accepte de les confier à la DASS qui leur fait miroiter éducation et meilleures conditions de vie en métropole.



Mais ce pourrait aussi bien être l'histoire de 2000 autres enfants, ceux qui seront surnommés « les enfants de la Creuse ».

De 1962 à 1984 ils furent arbitrairement arrachés à leurs familles, séparés de leurs frères et soeurs et transférés dans l'hexagone. A cette époque, où Michel Debré est député, l'ile de la Réunion souffre de surpopulation, alors que dans les campagnes métropolitaines, en particulier en Creuse, la main d'oeuvre fait défaut. Les plus chanceux de ces jeunes seront adoptés et feront des études, les autres, une grande majorité, seront placés, exploités, maltraités et hélas oubliés pendant des décennies.



On imagine aisément l'angoisse et le traumatisme vécu par ces enfants déracinés, exilés dans une région où ils ne comprennent pas la langue (ils parlent surtout créole) et de surcroit subissant les affres du climat.



C'est le cas de Jean, qui transplanté en foyers et familles d'accueil, dont il fuguera à plusieurs reprises, n'aura de cesse, toute sa vie durant, de comprendre le pourquoi de sa situation et de rechercher et se réapproprier ses origines. C'est ainsi qu'on le retrouve en 2008 débarquant à l'aéroport de Saint-Denis-de-la-Réunion, muni de très peu d'éléments lui permettant d'aboutir. En cinquante ans, les lieux ont été modernisés et les noms de rues modifiés. Les recherches administratives sont d'autant plus complexes, que lors de leurs transferts en métropole les autorités attribuaient aux enfants une identité provisoire formée de leurs premiers et deuxièmes prénoms, supprimant du même coup leur patronyme d'origine...



Ce roman graphique parfaitement documenté est instructif, écrit tout en pudeur et neutralité. Téhem (dont la famille est d'origine réunionnaise) aidé par l'historien Gilles Gauvain prend un certain recul et raconte simplement les faits, le contexte historique particulier et insiste sur ce chapitre méconnu et peu glorieux de la Vème république. L'album est agréable et fort bien conçu. Il comporte trois récits, réalisés dans des couleurs différentes permettant ainsi de passer aisément de l'un à l'autre : les recherches de Jean en 2008, sa jeunesse à partir de 1965 et Lucien, un jeune employé à la préfecture de la Réunion qui tel un nouveau "Candide" observe et s'étonne. Les auteurs ont également inséré des pages d'information et coupures de journaux, qui aident beaucoup à la compréhension.



#Challenge Riquiqui 2023

#Challenge illimité des Départements français en lectures (94 - Val-de-Marne)



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Piments zoizos

Les enfants oubliés de La Réunion, c'est le sous-titre de ce superbe roman graphique. On la connait cette histoire plutôt avec le vocable de Les enfants de la Creuse, alors qu'ils ont été répartis un peu partout en France. Dans Piments Zoizos on suit l'itinéraire de Jean qui sera arraché de son île pour avoir une vie meilleure dans notre beau pays... Enfin c'est ce que l'on faisait miroiter aux parents, car il n'y avait pas que des orphelins que la Dass plaçait. Départ forcé pour un avenir incertain. Merci à Michel Debré pour son zèle.

Dans cette Bd il y a des larmes, des incompréhensions, des enfants envoyés loin pour souvent servir de main d'oeuvre dans des fermes. Dépeuplé un peu ce département pour repeupler des départements ruraux, quelle idée géniale.

Jean sera déraciné, perdra sa soeur dans l'histoire, sera balloté dans différentes familles, après le foyer. il y aura quelques personnes qui sauront lui tendre la main, et quelques salauds. Ainsi va l'histoire. Moche et tragique.

D'autant plus que ces enfants ont eu leur état-civil trafiqué. Un nouveau nom qui n'aide pas à retrouver ses racines.

Avec des aller et retour Tehem nous raconte ce déracinement que l'on appelé déportation, Des planches sobres d'une seule teinte, intercalent des documents d'époque pour accentuer les faits, une gazette pour dire les faits.

J'ai aimé la bouille touchante des personnages principaux, les expressions vivantes des visages. L'amitié de Jean et de Michel, la force de ce Jean, personnage fictif mais qui semble si vrai.

Cela remue un peu tout ça. Une Bd intéressante qui ne met pas la France à l'honneur une fois de plus.

Belle collection que ces Bd chez Steinkis qui nous apprend beaucoup de façon très accessible. J'ai noté quelques autres titres dans la même veine.

Merci à masse critique et à Steinkis pour cet envoi.
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Malika Secouss, tome 5 : Fais pas ta star

En faisant le tri dans la bibliothèque de mon fils, j'ai retrouvé une bande dessinée que je n'avais jamais eu l'occasion de lire : le tome 5 de la série Malika Secouss.

Malika Secouss traîne ses baskets avec ses deux meilleurs potes, Jeff et Dooley, au beau milieu d'une banlieue ordinaire.

Dans les supermarchés, dans les cages d'escalier, sur les terrains de sport... La débrouillardise devient un mode de vie.

Fais pas ta star est une bande dessinée sympathique toutefois je l'ai trouvé assez caricaturale.

Certes c'est de l'humour, ça se passe en banlieue et il est logique qu'il y a quelques clichés.

Mais là, je n'ai pas vraiment rit. Une ou deux planches m'ont amusés toutefois j'ai vraiment eu l'impression de passer à coté de ma lecture. Je me suis parfois ennuyée.

Je connaissais Malika Secouss de nom, il est fort possible que j'ai déjà lu un tome mais je n'en ai pas gardé de souvenir particulier. Tout comme ce tome ci sera vite oublié.

Ce n'est pas désagréable à lire, mais ça ne casse pas trois pattes à un canard. Mon fils ne se souvenait pas du tout avoir cet ouvrage dans sa bibliothèque et à 20 ans lui non plus n'a pas été convaincu par sa relecture.

Avis mitigé donc, je ne mets que trois étoiles.

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Piments zoizos

Jean et sa petite sœur Didi sont deux jeunes enfants réunionnais dont la mère décide un jour de se séparer et de les remettre à l'assistance sociale en vue d'être mis dans un avion direction la métropole. Seulement voilà ils sont séparés avant même les longues heures de vols et Jean n'aura de cesse de tenter de retrouver la trace de sa sœur. Victimes d'un programme de dépeuplement de la Réunion voulu par le gouvernement français pour alléger la pression démographique de l'île et au passage repeupler certains départements métropolitains. Et tout ça avec la conviction de l'aide sociale à l'enfance persuadée de faire ce qu'il y a de mieux pour tous ces enfants.



BD bien conduite avec à la fin de chaque chapitre une fausse page de journal avec de vraies informations historiques sur cette période sombre. J'ai apprécié le changement de couleurs des planches selon l'époque et le personnage, cela m'a beaucoup aidée à me repérer dans le temps. En revanche je n'ai pas eu de coup de cœur pour les dessins et ne suis pas plus rentrée que ça dans l'univers de l'auteur. Cette BD m'a fait penser à une lecture d'un roman il y a quelques mois et traitant du même sujet : "L'île aux enfants" d'Ariane Dubois.



Lecture plaisante donc sur un véritable sujet de société.
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Les dossiers de Zap Collège, tome 1 : Le trône d..

Il y a bien longtemps que je n'avais pas lu la série Zap Collège de Téhem.

Les dossiers de Zap Collège est une série dérivée de Zap Collège et nous retrouvons tous nos protagonistes dans une nouvelle aventure : Le trône de fer blanc.

À l'âge de l'adolescence, tout est permis. Même de s’intéresser aux autres.

L’installation d’un camp de migrants à côté du collège n’est pas du goût de tout le monde, et surtout pas de celui du nouveau principal.

À l’intérieur de l’établissement, les « pour » et les « contre » s’affrontent à coup d’actions, de sit-in et de manifestations. Lorsqu’ils rencontrent Mamoud, un gamin du camp qui leur raconte son histoire, Jean-Eudes, Écoline et Eddy décident de tout mettre en œuvre pour l’aider.

Au risque de se confronter avec le principal, ils vont prendre fait et cause pour le jeune migrant et sa famille…

Le trône de fer blanc est une bande dessinée qui, sous couvert d'humour, aborde un sujet très sérieux et tout à fait d'actualité : les migrants.

Le nouveau directeur ne pense qu'à l'argent, qu'à rendre la vie de tous compliquée alors qu'un camp de migrant s'est installé à coté du lycée. Et quand je dit à coté, je devrais même dire qu'il est collé au lycée !

Cela crée des situations improbables, parfois drôles, mais qui font réfléchir.

Le nouveau directeur interdit aux élèves migrants de rentrer dans le lycée, il est absolument abject et cela ne m'a pas laissé indifférente. Les lecteurs pourront réfléchir sur ce sujet brûlant, qui est bien traité.. même si tous les gags ne m'ont pas convaincue.

Dans l'ensemble, c'est une bande dessinée intéressante, qui plaira aux amateurs de la série Zap Collège mais aussi aux autres.

Ma note : quatre étoiles.
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Les dossiers de Zap Collège, tome 1 : Le trône d..

Lorsqu'un camp de migrants jouxte un collège cela met un bazar monstre dans l'établissement, car le nouveau principal est intégralement contre, borné et raciste. Les enseignants ne sont pas en reste et deux camps s'opposent, chacun avec ses arguments, ce qui nous vaut quelques échanges intéressants.

Tiré de Zap collège que je ne connaissais absolument pas j'ai découvert quelques personnages phares de cette série qui m'ont assez séduits. Jean-Eudes, venu de la bourgeoisie ou Hayat qui maltraite la langue française. Ils sont cinq qui écrivent la gazette du collège. Ceux là sont acquis à la cause des migrants, et avec l'un deux. L'histoire tourne vite au pugilat et c'est un peu trop caricatural à mon goût mais assez plaisant à lire par certaines trouvailles et répliques qui ont bien faire rire mes 2 lecteurs à qui j'avais passé la BD. Elle a le mérite de mettre en avant la situation des migrants. Même si c'est assez ubuesque et totalement invraisemblable.

Accompagné d'un dossier assez succinct mais très clair tiré de la " Gazette du collège Claude François" cela permet de donner des informations utiles et nécessaires aux jeunes adolescents pour en savoir un peu plus sur cette tragédie.

En conclusion la Bd n'est pas très sérieuse, assez brouillonne mais cela marche bien auprès du lecteur ciblé. Personnellement j'ai été un peu surprise mais je vais découvrir d'autres tires de cette série.

Merci à Babelio et aux éditions Bamboo éditions pour cet envoi dans le cadre de masse critique.





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Malika Secouss, tome 2 : Crise de têtes

Mieux vaut être dans les amis de Malika qu’au bout de sa godasse. Sympa, marrante et pêchue, elle ne se laisse pas marcher sur les Rangers, ni par les jeunes fachos qui croisent sa route, ni par son amoureux éconduit, un gamin qui renouvelle inlassablement son abonnement aux râteaux.



On retrouve le trio black-blanc-beur banlieusard qui nous a régalés dans le premier opus. Malika, Jeff et Dooley passent quelques jours de vacances "chez les sauvages" (comprenez "à la campagne"), accompagnés de l'éducateur plein de bonne volonté mais à côté de la plaque.



La recette reste la même et tant mieux : gags sur une page, situations amusantes et chutes à la hauteur. Humour plutôt subtil et pas si caricatural sur le quotidien dans la Cité des Pâquerettes. Cynisme avec les cadeaux merdiques de la mairie qui montrent que les mesures censées améliorer les banlieues grises sont au mieux inappropriées, au pire perverses.



Bons moments de détente souriante. Dès 10-12 ans.
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Malika Secouss, tome 1 : Rêves partis

Malika vit dans la Cité des Pâquerettes, dans une banlieue dite 'défavorisée'. Lumineuse dans ce triste paysage de béton, Malika a du répondant et se marre bien avec ses deux potes, Dooley le Black bouboule, et Jeff le basketteur.



Gags en quelques vignettes sur une page, moins convenus qu'on pourrait le craindre, et même souvent subtils. Les images habituelles sur les banlieues grises sont bien là, on ne va quand même pas prétendre que Saint-Denis, ça peut être Neuilly - d'ailleurs a-t-on déjà vu des cités (pardon : des résidences) s'appeler "Pâquerettes", à Neuilly ?

Mais ce trio black-blanc-beur sympathique ne ne se laisse pas décourager. Victime du système, ça a ses limites. Dynamisme, amitié et humour, ça aide bien.



Beaucoup de situations bien vues et drôles. L'éducateur plein de bonne volonté, naïf et dépassé, est particulièrement rigolo. Il trouve formidables les initiatives de la mairie pour rendre la banlieue plus fun. Intentions parfois louables des pouvoirs publics qui tombent à côté de la plaque, intentions sournoises et sadiques, souvent.



Très bon, à dévorer non stop, dès 10-12 ans. Humour, réflexion, et surtout une fraîcheur inattendue sur ce genre de sujet.

Neuf albums parus à ce jour. Le dernier date de 2008, on peut craindre que la série s'arrête là.



A ne pas confondre avec les "Maliki".
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Nowan, tome 1 : Par amour de l'art

Nowan, c'est celui qui est là au moment de la naissance des œuvres.

On découvre ainsi entre autre, à travers des minis récits, les fresques de la grotte de Lascaux, Mona Lisa, Néfertiti et bien d'autres histoires.

Un petit album ludique, marrant, accrocheur qui fera le plaisir des jeunes lecteurs et leur permettra d'avoir une première approche sympa sur le sujet.

La lecture est rapide et agréable.
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Avocat du Diable

Sans prise de tête, Téhem fait défiler tout un tas de criminels de l'histoire. Des dictateurs, aux serial killer, en passant par les trafiquants en tout genre. En 4 cases, un petit avocat pervers les défend avec un humour noir pas toujours original.



C'est une bande-dessinée moyenne, avec des blagues moyennes, parfois bien trouvées parfois franchement grossières et sans originalité. C'est distrayant, parfois piquant mais ça manque de finesse et tombe trop facilement dans la répétition de blagues de fesses.
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Malika Secouss, tome 3 : Crache ta joie

Je suis fan de cette héroïne des Z.U.P.

C'est bien gratté, et les gags me font rire.

Cette bande dessinée est tonique, avec des personnages attachants et pittoresques.

Et puis, mine de rien, quelques messages sympas sont envoyés par l'auteur au lecteur parti en visite dans ces "quartiers".

Une bonne série, donc, à lire et à picorer après et sans retenue.
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Piments zoizos

Tout d'abords, je précise que depuis que je suis allé à La Réunion, j'y ai découvert de grands artistes de Bande dessinée, il s'y développe un style et une culture par le biais du 9ème art. Tehem fait partie de ces génies qui méritent d'être reconnus. Avec Piments zoizos, ils réussit à parler de l'affaire Bumidom ou des enfants de la Creuse avec beaucoup d'émotion. Avec Jean, il retrace le parcours de deux gamins abandonnés et transbahutés loin de chez eux qui ont eu une enfance plus que cabossée. Il ne juge pas mais raconte les faits avec beaucoup de sincérité.

Comme la dédicace "A tous ceux qui ont souffert ou souffrent encore directement ou indirectement de cette affaire. A tous les enfants de l'ASE d'hier à aujourd'hui. Tehem et Gilles Gauvin", cet album explique un pan de l'histoire cachée de La Réunion. Bravo
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