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Citations de Revue Vagabondages (15)


Lettre qui peut servir d’introduction à mon œuvre


Extrait 3

Là où mourir est le quai je m’étendrais sous l’aile gigantesque
de l’oiseau du sommeil l’oiseau-femme qui gémit comme
sirène des enchantements à dormir sur l’extrême bord des
paupières
Là où mourir est le quai je serais le vagabond des étoiles et
j’inscrirais sur un fond de musique espagnole les grandes
lignes de ma vie
Plus tard j’irais chercher refuge chez les castors
Là où mourir est le quai ma mort sera maintes fois plus sage
que ne l’aura été ma vie


//Antoine Mechawar (1940 – 1975)
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Plage de Bon-Secours



c'était temps de décrue
et tout à coup
à travers ce calme qui succède aux bruissements de l'eau,
les jaunes
se fondaient au loin dans un ciel absent.

certains
avaient tissé quelques syllabes
pour conjurer l'inévitable.

d'autres,
préférant à ce semblant de pouvoir
la vertu d'un geste,
levaient un bras, une main, un doigt.

plus tard
un lent travail se fit
à la limite de tous les sables
quand les cailloux s'ouvrirent.

ÉQUERRE du désir.

décembre 1977


//Thierry LANCIEN extrait de Lieux-dit, p.73
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Les brumes de chaleur…



Les brumes de chaleur
montent en silence sur l’eau
nul appui
dans ce monde


//Kuzuara Taeko (1907 – 1985)
/ Traduit du japonais par Makiko Ueda et Denis Andro
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Lettre qui peut servir d’introduction à mon œuvre


Extrait 2

Dans quelle contrée stérile nos cheveux seront-ils le buisson
contre lequel viendra se gratter le cerf
Seigneur j’ai vu la dernière de tes larmes s’accrocher au mât
d’un vieux bateau coulé il y a des siècles au large d’une mer
qui a perdu son nom
De ce bleu si tendre qui fut le seul souvenir que nous ayons
gardé de nous je ne sais s’il ne faut point peindre la terre
Scaphandrier des ténèbres léger comme la chrysalide j’attends
l’orage de ta présence en caressant le long de ces végétations
torrides l’hermine messagère de ta venue


//Antoine Mechawar (1940 – 1975)
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Femmes de mon pays
  
  
  
  
Femmes de mon pays
une même lumière durcit vos corps,
une même ombre les repose ;
doucement élégiaques en vos métamorphoses.
Une même souffrance gerce vos lèvres,
et vos yeux sont sertis par un unique orfèvre.
Vous,
qui rassurez la montagne,
qui faites croire à l’homme qu’il est homme,
à la cendre qu’elle est fertile,
au paysage qu’il est immuable
Femmes de mon pays
vous, qui dans le chaos retrouvez le durable


// Nadia Tueni (1935 – 1983)
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Anastasia Kharitonova



Dans la neige de janvier à Tbilissi
J’embrasse tes boucles d’or.
Les femmes nous épient, renards soyeux
Derrière les vitres noires.
Et voici de nouveau la mer, Ovide.
– Les Tristes ou Les Fastes ?
Je ne sais pas, au juste.
Offensé par un labeur insipide
Le facteur bossu dérape sur la neige durcie
Et reprend l’inutile distribution
De ses journaux que gâte le grésil.
Il y a infiniment plus de lumière dans le monde
Même si nous sommes sans doute à contre-jour.


Средь снежного январского Тбилиси
Целую я твой золотистый локон.
И женщины, как шёлковые лисы,
Внимательно глядят из чёрных окон.
И это снова море и Овидий,
Не знаю только — "Скорби" или "Фасты".
На скучную профессию в обиде,
Согбенный почтальон скользит по насту
И раздаёт ненужные газеты,
Немного мокрым снегом их попортив.
И в мире бесконечно много света,
Хоть мы с тобой, наверное, и против.
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Lettre qui peut servir d’introduction à mon œuvre


Extrait 1

     Afin de ne parler guère de ces attaches qui depuis
quelques jours me lient au sable du désert je vais m’étendre
sur l’eau des lacs ainsi que nénuphars du Nil et converser
avec le vent
     Chaque herbe sur les rives sera mon destin du soir et
pour ne point gagner les limites de l’angoisse l’ombre d’ophélies
mortes flânera sur ma peau.
     Je déploierais en guise de voile le filet de sang que je porte
dans mon corps et je dirais adieu à la terre
     J’avance parmi le soupir des algues et peu m’importe que
je sois venu au monde sous forme humaine. Je rejoins l’éther
originel de ce qui n’a jamais existé
     Depuis mon voyage il m’a poussé sur le corps quantité
d’herbe inconnues et de fleurs
     Je ne reviendrai jamais sur la terre


//Antoine Mechawar (1940 – 1975)
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Écriture inconnue


Dans le tourment de votre vol
Depuis des millénaires,
Quel secret écrivez-vous,
Dans le frémissement de vos cris,
Goélands des grèves ?


//Maodez Glanndour (le 07/03/1909-25/11/1986)
Traduit du breton par l’auteur
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L'écharde...
L'écharde d'une seule ère à l'âme
un jugement de Dieu
entre asphalte et ronces

Nul n'est ici coupable

Zaghloul Morsy
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Anastasia Kharitonova


Personne à présent n’aura raison de moi.
Il n’y a plus de sens dans une vie non désirée.
Je suis séparée de moi-même par une paroi.
Une terrible muraille de verre.
Je me vois dans la honte et l’angoisse
Qui s’éloignent si je ferme les yeux,
Puis de nouveau je me tends la main
Et me heurte au grand froid transparent.


Никто теперь не справится со мною.
Нет больше смысла в жизни нежеланной.
Я от себя отделена стеною и,
Что всего ужаснее – стеклянной.
Себя я вижу и в стыде, и в муке
И то, закрыв глаза, отодвигаюсь,
То вновь к себе протягиваю руки
И на прозрачный холод натыкаюсь.
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Anastasia Kharitonova est née à Moscou en 1966. Elle s’est donné la mort en décembre 2003. Elle avait
publié une douzaine de recueils de poèmes parmi lesquels Le Calice (1991), Les Heures amères (1994) et
Miseria (2003). Elle est également l’auteur de pièces de théâtre, de traductions et d’essais littéraires. Un
choix de ses poèmes paraîtra dans la revue Europe à l’automne 2011. JBP

La neige recouvre les pierres sans âge.
Les roses dans le verre attendent leur tour.
Vivrais-tu encore tout un siècle humain,
Personne contre toi ne se blottirait plus tendrement
Que ce frisson, cette lubie,
La nature étreinte par le sommeil d’hiver.
Il est peu probable que la ville nous soit nécessaire
Quand y a brûlé notre maison.


На древние камни ложится снег.
Розы в стекле свой ожидают черед.
Живи хоть полвека, хоть весь человечий
век,
Никто к тебе нежно так не прильнет,
Как это дрожание, эта блажь,
Природа, объятая зимним сном.
И вряд ли нужен нам город наш,
Когда в нем сожжен наш дом.
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Les oies de mer


Où donc vous êtes-vous enfuies,
Paroles ombrageuses de mon rêve ?
Vous n’êtes plus que bruissement subtil
Un oiseau de passage,
Méditation de la neige qui tombe sans bruit.

O vous, enfuies au loin, paroles sauvages,
Comme les oiseaux du rivage qui ne me laissent
Que l’écho de leurs tristes appels.
Pouvoir vous suivre, paroles passagères,
Envol dans mon âme
Comme des bernacles au voyage sans fin.


//Maodez Glanndour (le 07/03/1909-25/11/1986)
Traduit du breton par l’auteur
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Écriture inconnue


Dans le tourment de votre vol
Depuis des millénaires,
Quel secret écrivez-vous,
Dans le frémissement de vos cris,
Goélands des grèves ?


//Maodez Glanndour (le 07/03/1909-25/11/1986)
Traduit du breton par l’auteur
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      O l’adieu…


  O l’adieu sous l’attelage funèbre du ciel,
Le dos tordu des nuages

  Au Champ Sainte-Anne
Les saxos soufflent avec leurs becs de bois

  Et nos corps affranchis tombent
dans un inconnu de pommiers délabrés de leurs mousses


//Denise Le Dantec (1939 -)
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Mésange
À Tangi


Rappelle-toi
à la bleuté de la mésange
qui vole ici,
      dans le sentier,

Son aile a bleui
dans la cuve
      de presque-clarté

D’un autrefois délivré,
     pénitente de l’ange,

Elle vient vers toi,
     bleue, bleue,
au régal de l’été.


//Denise Le Dantec (1939 -)
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