Vanessa L. Daniel

. La jalousie me ronge et je me fustige intérieurement. Je ne suis pas censée éprouver ça, mais il ne m’a pas fait le moindre compliment ce soir, alors qu’à elle… Ladite Jane me lance un regard triomphant avant de poser une main parfaitement manucurée sur la poitrine de mon fiancé et de lui murmurer quelque chose que je n’entends pas.

Je retiens une remarque perfide car je n’ai pas envie qu’Adrien sache que je suis jalouse. Mon armure me l’interdit. Ce serait dévoiler une partie de moi et par la même occasion, donner le pouvoir à un homme de me détruire. Or, je me suis juré que plus jamais je ne laisserais un connard me détruire.

Connaissant ses tendances violentes, il pourrait me tordre le cou, mais curieusement, je sais que lui aussi aime ce moment. Je sais qu’il aime que je lui résiste comme aucune autre ne l’a fait jusqu’à présent. Je suis un défi, un animal sauvage qu’il aimerait dompter. Je suis certaine que toutes ses anciennes maîtresses s’agenouillaient dès qu’il entrait dans la pièce. Moi, je le repousse. Ça le rend fou. Et je le constate encore aujourd’hui.

Les personnes riches et excentriques aiment insérer des conditions suspensives dans leur testament, histoire de nous obliger à nous battre pour avoir ce qui nous revient de droit. Mais assujettir un héritage à un mariage est illégal, du moins en France. C’est une cause immorale et illicite qui serait invalidée par n’importe quel tribunal.

J’aime à croire que la petite garce n’est pas honnête. J’aime imaginer qu’il va souffrir comme j’ai souffert toute mon existence à cause de lui. J’aime penser qu’elle n’est qu’une femme vénale de plus et qu’elle ne l’épouse que pour mieux le faire tomber.

Je retiens mes larmes et garde une expression aussi impassible que possible étant donné que mon ego, déjà peu développé, a pris un sacré coup. Ce mec va me rabaisser plus bas que terre…

“Le destin conduit celui qui consent et tire celui qui résiste.”

Cléanthe