Citations de Yoss (24)
La question demeure : quel destin attend une espèce qui a perdu sa foi dans le futur, regrette son passé et supporte le présent ?
Artistes, sportifs, scientifiques... Tous les humains possédant des capacités physiques ou intellectuelles espèrent qu'elles leur serviront à quitter la Terre et à réussir ailleurs, quelque part dans la galaxie. Jusqu'à ce qu'ils doivent ravaler leur orgueil et boire l'amer calice de l'exil et de l'humiliation par les autres espèces.
(P210)
Quelqu'un comme vous ne se sent-il pas comme ... un déserteur ? un traître à son espèce et à sa planète ?
-- Oui, j'en suis pleinement conscient.
Mais, qu'est-ce que j'y peux ?
Il faut bien vivre, non ?
p. 221
[à propos du tigre de Sibérie] Un magnifique animal, qui n’a quasiment pas d’ennemi naturel. Et qui a été le roi indiscuté de la taïga… jusqu’à l’apparition de l’homme.
En réalité, je crois que mon problème avec les femmes est très différent. Leur odeur, la manière qu'elles ont de regarder, de bouger. Elles me rendent nerveux. Elles ne sont pas... réductibles à des paramètres logiques.
(P192)
Seuls les futurs médecins ont le luxe de travailler dès le début avec de vrais patients, des patients humains pris en charge par l'Aide sociale et qui reçoivent des soins médicaux gratuits. On teste aussi sur eux les nouveaux médicaments. Personne ne se plaint : une vie humaine vaut bien peu face au besoin de médecins et de médicaments... C'est peut-être pour cela que la médecine et les spécialistes terriens ont si bonne réputation dans la galaxie : ils ne manquent pas d'expérience.
Quel développement peut avoir une planète qui jette chaque jour son intelligence à la poubelle? De quel idéalisme absurde a-t-on besoin pour continuer la recherche si on gagne bien davantage dans le tourisme? Quel sens cela a-t-il, pour un jeune diplômé, de travailler dans un endroit qui ne l'intéresse pas, comme un esclave, durant cinq ans? Entouré de vieux qui voient ses initiatives comme une menace et l'écartent constamment sous prétexte de son "inexpérience"? Pour un salaire de misère, après sept années d'efforts intellectuels, à l'université, en rêvant d'être utile à sa planète?
(P208)
Dans le grand pays, les gens de la rue avaient tant besoin de croire et croyaient en tant de choses pour ne pas se suicider, que leur foi en la vie extraterrestre était quasiment absolue. Ils croyaient que et/ou le danger viendraient de l'espace, aussi fort qu'il croyaient en la démocratie, en la publicité, aux fast-foods et au droit de chaque homme à détenir et à porter une arme pour se défendre. Ils croyaient au Père Noël et aux Rois Mages, et à la virginité des jeunes stars féminines de cinéma.
L'artiste ne peut mourir. Parce que tout artiste possède l'immortalité de Prométhée. Parce qu'il meurt dans chacune de ses œuvres, parce qu'il livre un morceau de vie dans chacune de ses créations. Parce que chaque morceau de matière qui jaillit transformé de ses mains est un délai supplémentaire qui l'arrache à l'entropie implacable.
Dans ce monde, la plus grande folie est de se prétendre sage.
L'artiste est une antenne répétitrice. Un entonnoir. Il capte et absorbe la douleur du monde, puis l'insuffle dans ses oeuvres.
"[...]Notre amie va pouvoir obtenir tout ce qu'elle a toujours désiré jusqu'à ce que le Gordien sente que le moment est venu de s'occuper de la continuité de son espèce. Je ne voudrais pas être à sa place à ce moment-là..."
Buca n'y tint plus. Se détachant précipitamment de Selshaliman, elle fit demi-tour pour toiser le sergent.
L'homme avait ôté son casque.
Ses traits, comme taillés à la serpe...
Buca déglutit en le reconnaissant.
Ce yeux fatigués de voir toute la misère de l'univers la regardaient de telle façon qu'elle ne put que bredouiller, confuse, mais avec un calme dont elle ne se serait jamais crue capable :
"C'est vrai. Mais je pars, et vous restez".
Pour certains sociologues, le meilleur indicateur du degré de civilisation d’une culture est la distance à laquelle elle est capable d’éloigner ses propres excréments.
Pour certains écologistes, le meilleur indicateur du degré de civilisation d’une culture est le recyclage qu’elle est capable d’appliquer à ses propres excréments.
Pour certains individus, le meilleur indicateur du degré de civilisation d’une culture est la capacité à tirer profit des excréments qu’elle produit
Crazy se moqua de nouveau, sans pitié, de ce plan, l'appellant l'Opération Autruche - personne n'avait eu de meilleure idée. Mais l'armée le mit en pratique, après qu'on ait fermé l'irrévérent hebdomadaire et mis en prison ses rédacteurs (toutes les plaisanteries ont une limite, et il vaut mieux ne pas faire de jeux de mots sur certains sujets... spécialement lorsque l'état de siège est déclaré).
Il y a peu de temps, j'ai lu un ouvrage qui parlait d'un roi, Louis II de Bavière. J'ai trouvé que l'un des qualificatifs dont on l'affublait cadrait parfaitement avec Brutos : malade de beauté.
Bien que la lumière de l'art soit toujours éphémere, cette lumière personnalise le souffle vital de l'artiste. Son âme, qui s'éteint dans chaque oeuvre.
" Le monde est la machine. En dévorant l'art, elle dévore son créateur. Elle est perpétuellement avide de sang, de douleur et d'inspiration, et il y a toujours de nouveaux artistes désireux de lui servir d'aliment. C'est la vie et c'est l'histoire. C'est le cycle éternel."
Dans le grand pays, gouvernait depuis plusieurs décennies une poignée de riches blasés, grâce à un système simple et efficace : l’achat des voix d’un peuple éduqué dans le principe que l’argent guide le monde et habitué au fait que tout a un prix. C’était, bien évidemment, une démocratie.
Dans le petit pays, gouvernait depuis plusieurs décennies son affable dictateur (Grand Timonier du Destin National), élu chaque année par son peuple lors d’élections où, de manière simple et efficace, il était le seul candidat autorisé à se présenter. C’était, ne vous en déplaise, une démocratie.
P.S. : Tu m'as toujours traité comme un individu de sexe masculin. Mais bien que mon espèce possède sept sexes, je suis plus semblable à ...
Au début, j'ai fait semblant d'être habituée à ce luxe. Mais je ne parvenais pas à garder la bouche fermée plus de trois secondes. Je bavais presque d'étonnement, et je trébuchais à chaque pas, trop occupée à regarder partout.