La Mama de la rue Rivoli me pousse légèrement en entrant dans mon bureau. Je l'écoute se plaindre qu'elle ne reçoit pas assez d'allocs, lui fait comprendre pour la énième fois que depuis qu'elle n'a plus ses enfants à charge, elle ne peut plus recevoir autant qu'avant... que peut-être un emploi à mi-temps pourrait suffire... et comme d'habitude, fâchée, elle repart. Je vais accueillir la personne suivante, espérant au fond de moi qu'il s'agira de la belle demoiselle en détresse. Lorsque j'ouvre la porte, je la vois se lever et quelque chose en moi s'allume. Je le sens, sans pouvoir encore bien l'exprimer...j'ai déjà ressenti ça. Mais quand?
Je l'installe sur la chaise, elle renifle, tentant de retenir ses larmes, par fierté. Elle n'ose même pas enlever ses lunettes. Elle a juste le courage d'ôter son mouchoir de son visage pour me dire merci, lorsqu'elle s'assoit. Mais je suis derrière elle et ne peut la voir. Je fais le tour du bureau et m'installe face à elle, alors qu'elle fouille frénétiquement dans son sac à main :
- Alors? Que puis-je faire pour vous... Madame? Mademoiselle?
- Mademoiselle, dit-elle simplement derrière son mouchoir.
Deuxième allumage en moi... et ça me revient.
La première fois que j'ai fait une vente de shit grâce à laquelle j'ai pu m'acheter un scooter : le premier pas vers la vente en gros.
Et à cet instant, je le sens, je le sais.... et ce sera plus fort que moi : je vais profiter d'elle.
Pourquoi aller vers un couple?
Une nouvelle expérience bien sûr... et très excitante. Mais j'ai bien compris qu'il y avait plus que ça. Ils m'ont donné envie... et je veux le leur rendre... pour que ce ne soit pas que l'histoire d'un soir.
C'est hier soir, en me caressant avant de dormir, que j'ai comprise et ai pu poser des mots sur ce qui sommeillait en moi : je veux devenir leur maîtresse à tous les deux, une maîtresse qu'ils se partagent. Non pas un objet que l'on baise et qu'on renvoi chez lui après satisfaction, mais une maîtresse au sens noble du terme : une femme que l'on aime, en plus de son conjoint ou sa conjointe. J'ai eu peur de cette pensée, d'abord. Non pas que la position de maîtresse ne me convienne pas. Surtout dans ce cas où il n'y aurait pas de mensonge, pas de cachotteries ridicules. Non... c'était simplement ce que cette pensée venait traduire : je suis tombée amoureuse de Jacques et Maëlle.... et je veux qu'ils m'aiment comme je les aime. Clémence amoureuse... Je ne l'aurais plus cru! Mais passée la crainte de cette révélation, je m'y suis lovée. Oui... qu'il serait bon de se sentir aimée à nouveau...
A cet instant, je retrouve enfin le regard de cette belle adolescente que j'étais il n'y a encore pas si longtemps. ce regard qui dit : je veux que tu me baises.
[Catherine]
Et à cet instant, je le sens, je le sais ... et ce sera plus fort que moi : je vais profiter d'elle.
[Tom]
Elle n'est pas de celles qui se sentent en danger si son homme fantasme ailleurs que sur elle. Au contraire, elle a su en jouer, jusqu'à le faire jouir. Et jouir elle même.
[Anthony]
Aussitôt, son corps est rempli de frissons, de fourmillements. Il a l'impression que son cerveau va imploser, bouillir dans sa boîte crânienne.