AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

4.44/5 (sur 143 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Né à Grenoble dans les années 80, Bouffanges est limousin de cœur.
Auteur d'une cinquantaine de nouvelles, Bouffanges a également commis quelques romans. Triumvirat, Zombies ou Rodden Eiland sont autant d'essais formels, alliant des histoires originales à des mises en forme singulières.
Explorateur de la langue, Bouffanges affectionne les littératures de genre, qu'il s'approprie pour les détourner. Son registre s'étend de la science-fiction au fantastique, en passant par le policier, l'anticipation, l'érotique, ou la littérature intimiste.

Ajouter des informations
Bibliographie de Bouffanges   (17)Voir plus

étiquettes

Citations et extraits (141) Voir plus Ajouter une citation
Quelle que soit la discipline, il y a deux types de compétiteurs : les compétiteurs insatiables, qui ne cesseront jamais de viser l'excellence, qui ne se lasseront jamais de gagner, saison après saison ; et les compétiteurs si j'ose dire "satiables", de loin les plus nombreux, qui se fixent un but, conscient ou non, et qui passé ce but peineront à se remotiver pour un nouveau défi. En alpinisme, certains arrivés au sommet, admireront le panorama, et redescendront tranquillement, d'autres ne verront que le sommet suivant. Il faut ajouter ceux qui ont connu des accidents de parcours, se sont retrouvés très en deçà de leur niveau, pour une raison quelconque, et qui auront du mal à tout recommencer.
Commenter  J’apprécie          478
Le silence de la chouette
.
J’ai tout compris. J’ai touché la Sérénité du doigt. J’ai su que l’homme n’était que toléré ici, que la beauté, la vraie, n’est pas humaine. J’ai compris que le hérisson se serait sorti, seul, des griffes du chat ; qu’il n’était vraiment beau que de loin, déroulé et naturel. J’ai compris qu’on ne devait intervenir que pour soulager, mais que le respect dû à l’animal impose qu’on ne jette pas son corps à la poubelle ou à l’équarrissage. J’ai compris que ce qu’on prélève dans la nature doit être fait avec reconnaissance. J’ai compris pourquoi Jean avait caressé le chêne avant de l’abattre, pourquoi il avait détruit mon enclos, pourquoi il avait mis le chevreuil à faisander, j’ai compris son bonheur, j’ai compris son silence. Tout n’a pas toujours besoin d’un nom. À Paris, on dit le boulevard Maréchal Trucmuche, parce que c’est la réplique à quelque chose près du boulevard Président Machinchose, et qu’il faut pouvoir les différencier. Mais pour les constellations, celle qui est là, elle est là, elle est comme ça et elle nous adresse sa lumière fidèlement ; quand on connaît vraiment cette campagne, on ne la nomme pas, on y vit.

La chouette a tourné la tête et m’a fixé droit dans les yeux. J’ai su que nous étions de trop. J’ai fait demi-tour ; Jean m’a suivi.
Commenter  J’apprécie          4012
Gabriel s'en voulait encore de n'avoir pas pu dire un mot. Nombreux étaient ceux qui avaient dû s'attendre à ce qu'il le fìt. Mais il en avait été incapable. Alors les témoignages s'étaient accumulés sans lui, et le puzzle s'était dessiné sous ses yeux. Sa mère, orpheline à vingt-cinq ans, veuve à vingt-huit, n'avait rapidement eu plus que lui au monde. Elle avait tout fait pour qu'il puisse accomplir sa vie, tracer sa voie. Sa réussite, il la devait aux sacrifices concédés par sa mère durant vingt ans. Une vieille dame s'était présentée à l'autel pour préciser: «Un sacrifice, c'est renoncer à ce qu'on aurait préféré faire pour ce qu'on doit faire. Marlène disait toujours : je ne me sacrifie pas, puisque ce que je préfère faire, c'est rendre heureux mon fils.»
Commenter  J’apprécie          406
Sur le flanc ouest du caillou, Jacques trouva la porte de l'hôtel réservé aux joueurs. D'une élégance épurée, les touches traditionnelles y restaient discrètes - quelques lampions, des estampes, un haïku peint à côté de chaque porte de chambre. Jacques demanda au garçon d'étage pourquoi ils n'avaient pas songé à inscrire une traduction, au moins anglaise. Le Japonais lui répondit dans un français irréprochable :

- il existe un proverbe italien, que vous connaissez sûrement, qui dit "traduttore traditore", intraduisible en anglais ou en japonais. En français cependant, il peut être approximativement saisi par "traduire c'est trahir".

- Pouvez-vous essayer de me traduire celui-ci ? insista Jacques en montrant la colonne d'idéogrammes qui longeait sa porte.

- Hum. Il est d'usage de le traduire ainsi : Au chant du coucou / Sans vergogne le corbeau / A mêlé sa voix.
Commenter  J’apprécie          350
 Bouffanges
[ Avent ]

Aujourd'hui c'est mercredi et mercredi, c'est...?
« Les histoires à Berni ! »
De nouveau, les enfants ont crié à l'unisson ces quelques mots comme un cri de ralliement.
Mais aujourd’hui ce sont les vacances, normalement il n’y a pas d’école. Cependant, devant l’insistance de nombreux élèves, la maîtresse d’école Sandrine a proposé exceptionnellement qu'on vienne dans sa classe pour écouter une histoire juste avant Noël.
Je me suis approché de mon auditoire, qui pour une fois était sage comme une image. Je pense que la maîtresse d’école avait bien fait passer la consigne de se tenir à carreau.
Je n’avais pas de livre à leur montrer car l’auteur de cette histoire ne l’a pas publié. J’en avais cependant obtenu un exemplaire par une de mes amies, Nicola, que je remercie ici chaleureusement. Les images étaient encore fraîchement gravées dans mon esprit, je m’apprêtais à les leur partager...
« Je ne sais pas si certains d’entre vous connaissent Bouffanges... » J’ai à peine eu le temps de prononcer le nom de l’auteur qu’une boule de nerfs en la personne de la petite Nico est venue sauter au milieu de la classe telle un Zébulon les doigts branchés sur la prise.
« Moi j’connais, moi j’connais.
- Pfff ! Elle connaît tout, elle connaît tout, soupira la petite Elea.
Il a écrit un très beau et original conte de Noël, - Avent, qui vient nous faire un joli clin d’œil à la période dans laquelle nous sommes...
- Avant ? s’étonna le petit Jean-Michel, mais avant quoi ?
- Oh celui-là je vous dis, fit la petite Chrystèle en haussant les épaules, le calendrier de l’Avent, tu ne connais pas ?
- Avant l’Avent, c’est l’avant, après l’Avent, c’est l’après, s’est exclamé le petit Pat un brin philosophe en faisant des pirouettes avec ses mains.
- Parfois ils mettent même du chocolat dans certains calendriers, a ajouté la petite Romileon.
- Dans un vrai calendrier de l’Avent, il y a TOUJOURS du chocolat, s’est écrié la petite Doriane comme une vérité implacable. Non, mais oh !
- Ça tombe bien, ai-je dit pour tenter de reprendre la main, tout-à-l’heure il sera justement question de chocolat dans l’histoire. J’ai vu alors les yeux de la petite Doriane fondre comme neige au soleil.
J’ai repris le cours de mon récit.
« D’abord il faut me promettre que vous croyez tous encore au père Noël. » Bon, les enfants ont senti qu’il valait mieux aller dans le même sens que moi, sinon cette matinée risquait de tourner court. J’ai eu quelques cris d’approbation un peu retenus, juste pour la politesse, mais je voyais bien que ça manquait un peu de conviction....
Cette histoire se passe juste quelques jours avant Noël.
« Nous sommes à quelques jours de la distribution des cadeaux de Noël et un drame vient de survenir. Le père Noël a un problème de santé. Il est tombé subitement malade. On ne sait pas trop ce que c’est. Il n’a plus aucune force, ne peut plus se lever...
- Il est peut-être vieux ?
- Le père Noël est toujours vieux.
- Pourquoi ils prennent toujours que des vieux ?
- Parce qu’ils ont de l’expérience, tiens pardi ! répliqua la petite Francine sûre d’elle.
- Quand on est vieux, on a de l’expérience ? demanda le petite Marie-Caroline.
- Pas toujours, ai-je répondu, mais en général oui...
- Et toi Berni ? Tu as de l’expérience ? demanda alors la petite Anne-Sophie intriguée.
- Non, PAS DU TOUT, me suis-je empressé de répondre, je n’ai aucune expérience EN RIEN DU TOUT, j’apprends tous les jours...
Je ne voyais vraiment pas où elle voulait en venir... J’ai senti que beaucoup d’élèves étaient soudain très rassurés par ce que je venais de dire. Moi aussi du coup.
- Il a peut-être le Covid le père Noël, manquerait plus que ça, a fait la petite Sylvie l’air révolté. Qui c’est qui va distribuer les cadeaux de Noël alors...
- Justement, ai-je répondu, c’est là toute la saveur de l’histoire. Des messagers sont dépêchés aux quatre coins du monde auprès des plus grandes personnalités pour les en informer et tenter de trouver une solution. Ici un dromadaire est venu auprès du Marchand de Sable. Là un pigeon auprès d’une cigogne qui dépose des enfants, ici un albatros auprès des Lapins de Pâques, là un dodo.
- Un dodo ? C’est un drôle de nom d’animal. C’est quoi un dodo ? demanda la petite Isa, curieuse.
- Oui, c’est un drôle d’oiseau, un peu idiot, mais c’est bien qu’il participe à l’histoire et qu’il soit aussi un des messagers de cette triste nouvelle...
Justement le dodo apporte le quatrième courrier au chat Chester...
J’ai vu mon assistance faire de grands yeux étonnés. J’ai insisté.
- Oui, le chat Chester, vous savez, le chat du Cheshire... Mais vous pouvez l’appeler Chester. Je suis sûr que vous le connaissez et que vous l’avez déjà rencontré dans une autre histoire...
J’ai fait un grand geste pour simuler de longs poils de chat et un air un peu félin.
Le petit Paulo a dit : C’est le chat Potté, celui qu’on voit dans Shrek.
- Pour toi poupée, je me couperais en quatre…, a aussitôt répliqué le petit Pat en se mettant à genoux devant la petite Anna.
- Quel charmeur celui-là ! a-t-elle alors répondu, tu finiras à coup sûr dans la finance, toi, quand tu seras grand...
La maîtresse d’école, qui semblait un peu peinée, a repris l’affaire en main. « Mais enfin, vous avez déjà oublié ? Le Chat Chester, c’est le chat dans Alice au pays des merveilles. Je vous avais pourtant raconté cette histoire dès la rentrée... » C'est vrai qu'elle avait l'air un peu peinée, j'étais triste pour elle qui se donnait tant de mal, mais les enfants n'étaient pas méchants, il y avait tant de choses à retenir à l'école...
Noël approche à grand pas, rien n’est prêt.
Tout le monde se retrouve en Laponie au chevet du père Noël. À ses côtés il y a les lutins totalement affolés, en particulier le Premier Lutin.
Il faut provisoirement pallier la charge du travail. Il faut élire quelqu’un de confiance, quelqu’un d’efficace, capable de traverser les océans, qui sache déléguer, organiser, encourager les équipes pour que chaque enfant ait le cadeau parfait, attendu... Quelqu’un qui...
- On a compris Berni, tonna la petite Onee impatiente, quelqu’un comme le père Noël en somme !
Alors, le père Noël désigna entre tous ceux qui étaient là la personne qui lui paraissait digne de lui succéder, du moins, par intérim... Chut ! Je ne vous dirai pas qui...
Mais tout n’était pas pour autant résolu. On venait de découvrir un long poil noir près du lit du père Noël. Quelqu’un l’avait peut-être empoisonné, quelqu’un qui cherchait à saboter Noël. Le conte de Noël devenait brusquement une vraie enquête policière...
Bon, ai-je suggéré pour rendre l’histoire presque réelle et palpitante, nous allons à présent distribuer quelques rôles entre nous... Je serai donc le père Noël cloué sur son lit...Qui veut être Le Marchand de Sable ? La petite Souris ? Qui veut être le chat Chester ? Le loup aussi qui vient d’arriver ? Rapanui, le lapin de Pâques ? La cigogne Coquecigrue ? Pour le rôle de Rapanui, celui qui s'occuper des œufs en chocolat, une main se tendit plus vite que son ombre, je vous laisse deviner de qui il s'agit...
Il faudra aussi des rôles pour les différents lutins.
La petite Fanny tout intimidée sortit du rang. « Je veux bien être la petite souris. »
Tous les élèves furent d’accord non seulement pour que le rôle soit confié à la petite Fanny, mais que ce soit la petite souris qui prenne provisoirement la responsabilité jusqu’alors confiée au père Noël. Je pense que ce qui a pesé dans cette décision, ce fut justement son expérience de petite souris, qui savait aller et venir un peu partout dans le monde, dans tous les quartiers, dans toutes les maisons, dans toutes les chambres où un enfant déposait le soir sous l’oreiller sa petite dent de lait perdue dans la journée, et retrouvait au lendemain matin quelque chose de nouveau qui lui donnait envie de reprendre son envol.
« Et quel rôle on va attribuer à mon caméléon ? demanda inquiet le petit Paulo.
- Il n’aura qu’à s’occuper de la couleur du papier cadeau, proposa ironique la petite Anna.
- Moi je veux bien être le loup, suggéra la petite Domm, à condition d’être Le grand gentil loup.
Les autres seront des lutins ou des cartes... Qui veut être le 2 cœur ? Chacun joua un rôle.
On a frôlé de près la grève car dans l’atelier personne ne voulait fabriquer ce jeu débile du mikado.
Tous les cadeaux furent distribués à tous les enfants du monde. J'ai adoré découvrir et raconter ce conte de Noël inédit, qui vient croiser des personnages d'Alice au pays des merveilles, enrichi de belles valeurs humaines. Cette très belle histoire a montré aux élèves que la solidarité était capable de surmonter l’impossible.
J’ai alors lu la dernière phrase du conte :
« Un beau cadeau de Noël, un vrai cadeau de Noël, n'est-ce pas un cadeau qui aide à devenir un peu meilleur ? »
La petite Gaëlle s’est approchée de moi et a dit : « Tu nous a offert un beau cadeau de Noël, camarade, merci. » À cet instant, mon cadeau de Noël était le bonheur des enfants autour de moi. Il n’y avait qu’une petite fausse note : J’aurais tant voulu que Bouffanges soit parmi nous.
C’est alors qu’on frappa à la porte de la classe. On a tous eu une petite frayeur... Qui était-ce ? Sandrine est allée ouvrir, il n’y avait personne. Les enfants l’ont suivie dehors dans la cour de récréation. Quelqu’un a crié : Regardez ! En ce mercredi matin, nous avons aperçu alors une aurore boréale traverser le ciel. Si vous ne me croyez pas, vous n’avez qu’à demander à Sandrine, la maîtresse d’école. Elle vous dira que c’est vrai...
On était tous là à regarder ce spectacle merveilleux, quand tout d’un coup j’ai senti une main chaleureuse se poser discrètement sur mon épaule, je savais qui c’était mais je voulais encore attendre quelques secondes, savourer cette attente, quelques secondes devant le ciel que contemplaient les enfants, un ciel embrasé de joie, quelques secondes avant de me retourner...
Merci Bouffanges.
Commenter  J’apprécie          31103
« Quand je repense à ma vie d’avant… Si c’était à refaire… Les gens que j’aimais… Je les aimerais plus fort. »
Commenter  J’apprécie          354
Les chênes auraient perdu leurs feuilles, délicates touches verdâtres parsemées de rousseur, les dernières fleurs auraient fané paresseusement, le somptueux tapis multicolore de l'automne se serait dessiné peu à peu sous les efforts de la nature, si celle-ci n'avait été depuis longtemps enfouie avec acharnement sous des mètres cubes de béton, de bitume et de pavés qui n'avaient cure des caprices des saisons.
Commenter  J’apprécie          322
J'en ai marre. Ras la crête. Je n'en peux plus des échecs. Je ne suis pas fait pour réinventer l'humanité. Je veux un briquet, je veux un couteau, je veux l'eau courante, l'électricité, je veux Wikipedia, je veux ma salle de chirurgie, mes instruments. Je veux ma bibliothèque ! Et je veux une bavette à l'échalote, nom de Dieu ! De rage, je balance la seringue dans le sable. Combien de temps vais-je encore attendre ces putain de secours ? Cinq jours à ronger de la noix de coco, ça commence à bien faire. Qu'est-ce qu'ils fabriquent ? Est-ce que tout le monde s'en fout, qu'un avion se crashe ? Surtout un avion comme celui-ci, ce n'est pas comme si c'était un coucou au milieu du Bangladesh ! Est-ce qu'il y a une grève des secours en mer ? On serait au large de Brest, je parierais bien sur un coup de la CGT, mais là, quand même !
Commenter  J’apprécie          315
« Si tu ne sais pas où tu veux aller, aucune route ne t’y mènera ».
Commenter  J’apprécie          332
Le silence de la chouette

Je suis crevé, courbattu. Je me serais bien avachi lourdement devant le match, mais bien sûr, pas de télé, pas de radio même. Donc couché à 20h30, je sais bien que Paris est pollué, tout ça, tout ça, mais la Creuse, c'est quand même un poil ascétique pour moi.
Commenter  J’apprécie          300

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Bouffanges (87)Voir plus

Quiz Voir plus

Le parfum

De quelle origine est l'auteur de ce livre ?

Hollandaise
Française
Allemande
Tchécoslovaque

10 questions
766 lecteurs ont répondu
Thème : Le Parfum de Patrick SüskindCréer un quiz sur cet auteur
¤¤

{* *} .._..