Extraits de la pièce Don Juan revient de guerre, joué par la compagnie Nova
Etrange : je crois au diable, mais pas au Bon Dieu.
Vraiment pas ?
Je ne sais pas. Si, je sais ! Je ne veux pas croire en lui ! Non, je ne veux pas.
C’est mon libre arbitre.
Et la seule liberté qui me reste : le droit de croire ou de ne pas croire.
Mais officiellement bien sűr, faire comme si.
Selon les circonstances : tantôt oui, tantôt non.
Il n’y aura probablement pas d’éclairs, car l’humanité ne s’accompagne pas d’orages, elle n’est qu’une faible lumičre dans les ténčbres. [Préface]
Par mon libre arbitre, je voulais déranger un calcul, mais le calcul était déjŕ effectué depuis longtemps.
Je voulais nous sauver tous, mais nous étions déjŕ noyés. Dans l’océan éternel de la faute.
Mais ŕ qui la faute si la serrure s’est faussée ? Si elle n’a plus voulu se reverrouiller ?
Eh oui, le malheur de la jeunesse d’aujourd’hui est qu’elle ne vit plus une puberté correcte –l’érotique, le politique, l’éthique, tout a été tripoté et frelaté, tout dans le męme sac ! Et par-dessus le marché, trop de défaites ont été célébrées comme des victoires, trop souvent les sentiments les plus profonds de la jeunesse ont été manipulés au profit de fantoches, tandis que d’un autre côté on leur rendait la vie facile : ils n’ont qu’ŕ recopier les imbécilités qu’ânonne la radio pour recevoir les meilleures notes.
Nous serions tous plus heureux si nous étions capables de nous dire que nous ne devons pas forcément aller mieux mais que nous pourrions aller plus mal.
Il n’y aura probablement pas d’éclairs, car l’humanité ne s’accompagne pas d’orages, elle n’est qu’une faible lumičre dans les ténčbres.
Hier, au club, lorsque nous avons lu votre déposition ŕ propos du coffret dans le journal, nous avons tous dit que vous étiez le seul adulte que nous connaissions qui aime la vérité.
"Notre pays c'est l’esprit".
Odon von Horvath - 1933
Je me lčve avec précaution et vais ŕ la fenętre.
Il fait encore nuit. Je ne vois rien. Ni rue, ni maison. Rien que du brouillard. Et la lueur d'un lointain réverbčre tombe sur le brouillard et le brouillard ressemble ŕ de l'eau. Comme si ma fenętre était sous la mer.
Je ne veux plus regarder dehors.
Sinon, les poissons viendront se coller ŕ la fenętre et regarder dedans.
Et naît soudain en moi le désir de la dépravation. Comme j’aimerais avoir moi aussi une tęte de mort lumineuse pour épingle de cravate !