Citations de Épicure (172)
Dépêchons-nous de succomber à la tentation avant qu'elle s'éloigne.
A en juger par la nature même du plaisir, qu'il soit fini ou infini en durée, il n'importe.
Car il ne reste plus rien à redouter dans la vie, pour qui a vraiment compris qu’il n’y a pas à redouter de ne pas vivre.
Gardez-vous de regarder la fortune comme une déesse
L'amitié s'impose comme une composante essentielle de la vie bonne. Elle est un bien périssable puisque l'ami est mortel, mais l'effet bienfaisant de son souvenir nous accompagne après sa mort.
Les hommes recherchent naturellement la vie heureuse qui a pour fin « la santé du corps et l’absence de trouble (ataraxia) dans l’âme.
La mort n'est rien pour nous, car ce qui est dissous est insensible. Or ce qui est insensible n'est rien pour nous.
Si le plaisir du corps pouvait être sans bornes, il faudrait un temps sans bornes pour le produire.
Nulle douleur du corps ne dure longtemps sans quelque interruption : si elle est au plus haut degré, elle finit bientôt ; si elle dure plusieurs jours, elle a des moments de repos. Les maladies qui durent ont des repos qui font plus de plaisir quela douleur n'a fait de mal.
A propos de chaque désir, il faut se poser cette question : quel avantage en résultera-t-il si je ne le satisfais pas ?
[dans l'introduction]
(...) en 323 av. J.-C., Épicure a dix-huit ans. Il assiste à l'écroulement de l'immense empire et à la multiplication de conflits entre successeurs d'Alexandre (...). C'est une période d'instabilité et de grande inquiétude. La démocratie n'est plus qu'un lointain souvenir. La politique n'est plus l'affaire des citoyens mais d'hommes de pouvoir issus de familles riches et puissantes qui cherchent à défendre leurs intérêts en servant les différents maîtres de la ville (...). La philosophie, qui jusque là pouvait se fixer comme but de former de vertueux citoyens, doit désormais chercher comment donner sens à la vie dans un monde de violence et d'injustice.
Quand on est jeune il ne faut pas attendre pour philosopher, et quand on est vieux il ne faut pas se lasser de philosopher. Car jamais il n'est trop tôt ou trop tard pour travailler à la santé de l'âme. Or celui qui dit que l'heure de philosopher n'est pas encore arrivée ou est passée ressemble à un homme qui dirait que l'heure d'être heureux n'est pas encore venue ou qu'elle n'est plus.
[...]
Par conséquent il faut méditer sur les causes qui peuvent produire le bonheur puisque, lorsqu'il est à nous, nous avons tout, et que, quand il nous manque, nous faisons tout pour l'avoir.
Tout bien - et tout mal est dans la sensation ; or la mort est privation de sensation. La mort n'est rien par rapport à nous puisque quand nous sommes, la mort n'est pas là et, quand la mort est là, nous ne sommes plus.
Le plus effrayant des maux, la mort, ne nous est rien, disais-je : quand nous sommes, la mort n'est pas là, et quand la mort est là, c'est nous qui ne sommes pas ! Elle ne concerne donc ni les vivants ni les trépassés, étant donné que pour les uns, elle n'est point, et que les autres ne sont plus.
Il faut faire des différences entre les désirs, et privilégier les seuls désirs naturels et nécessaires. Le plaisir qui en résulte implique l’exclusion de la douleur.
Tous les plaisirs ne correspondent d’ailleurs pas au même degré d’apaisement.
Nous sommes nés une seule fois, et il n'est pas possible de naître deux fois ; ne plus être dure nécessairement l'éternité ; mais toi, qui pourtant n'est pas maître du lendemain, tu renvoies à plus tard ce qui donne de la joie ; or la vie est ruinée par l'attente et chacun, parmi nous, meurt dans l'affairement.
nous ne cherchons pas tout plaisir; il y a des cas où nous passons par- dessus beaucoup de plaisirs s°il en résulte pour nous de l'ennui. Et nous jugeons beaucoup de douleurs préférables aux plaisirs lorsque, des souffrances que nous avons endurées pendant longtemps, il résulte pour nous un plaisir plus élevé. Tout plaisir est ainsi, de par sa nature propre, un bien, mais tout plaisir ne doit pas être recherché; pareillement, toute douleur est un mal, mais toute douleur ne doit pas être évitée à tout prix. En tout cas, il convient de décider de tout cela en comparant et en examinant attentivement ce qui est utile et ce qui est nuisible, car nous en usons parfois avec le bien comme s°il était le mal, et avec le mal comme s”il était le bien.
Lettre à Ménécée
De tous les biens que la sagesse procure à l'homme pour le rendre heureux, il n'en est point de plus grand que l'amitié. C'est en elle que l'homme, borné comme il l'est par sa nature, trouve la sûreté et son appui.
Quand nous parlons du plaisir comme d’un but essentiel, nous ne parlons pas des plaisirs du noceur irrécupérable ou de celui qui a la jouissance pour résidence permanente — comme se l’imaginent certaines personnes peu au courant et réticentes, ou victimes d’une fausse interprétation — mais d’en arriver au stade oµ l’on ne souffre pas du corps et ou l’on n’est pas perturbé de l’âme. Car ni les beuveries, ni les festins continuels, ni les jeunes garçons ou les femmes dont on jouit, ni la délectation des poissons et de tout ce que peut porter une table fastueuse ne sont à la source de la vie heureuse