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Citations de Éric Faye (359)


Solitaire, sous la lampe,
c’est une joie incomparable 
de feuilleter des livres
et de se faire des amis avec 
les hommes d’un passé
que je n’ai point connu.

  Urabe Kenkô
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Ce ne sera pas pour cette nuit, songea-t-elle. Dommage. Quand on dort, on doit ne se rendre compte de rien. On passe la frontière en douce et on se retrouve de l'autre côté, loin de son corps et des tourments.
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Vaste parking agrémenté de toilettes putrides et sans murs de séparation entre elles, « hôtel » sans eau courante (mais avec wifi),.....
(Lac Namtso-Region autonome du Tibet,Chine)
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Shangri-la.....une succession de gargotes hétéroclites où des clients assis sur de petits tabourets jouent sur leur portable en mangeant des nouilles ; de boutiques dont les vendeurs jouent sur leur portable derrière leurs piles de Coca, Pepsi, bouteilles d’eau minérale « C’estbon », bières, yaourts à boire, viande séchée et friandises diverses ; d’autres où d’autres vendeurs jouent sur leur portable et proposent champignons séchés et herbes médicinales ; d’autres encore, très nombreuses, où l’on trouve sabres de toutes tailles et peignes en os (curieuse association) tandis que les commerçants du lieu jouent sur leur portable au fond du magasin ; et quelques restaus à touristes proposant pizzas et fondues tibétaines sous l’œil martial de Che Guevara, qui quant à lui n’a pas connu l’ère du portable et ne se demande même plus ce qu’il fait ici tant son portrait est décliné à toutes les sauces dans tous les lieux de la planète relevant du commerce global.
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Sôseki* nous fait comprendre qu’on ne peut saisir un être et ses secrets tant que celui-ci n’a pas composé son propre « code secret » pour ouvrir son coffre-fort.
* L’écrivain Natsume Sôseki
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La femme d’aujourd’hui sait qu’il ne faut pas laisser les souvenirs rebondir dans le palais des miroirs; ils deviendraient fous, comme une mouette qu’on enferme par mégarde dans une salle.
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Coincée au milieu d’immeubles de béton austère, la mosquée de Pékin est une succession de temples tout ce qu’il y a de chinois, sans rien qui indique une quelconque touche musulmane, si ce n’est une inscription en arabe stylisé au fronton de l’un d’eux. Trois semaines plus tard à Dali, dans le Yunnan, nous verrons une église catholique qui ne se distinguera de n’importe quel autre temple chinois que par la présence d’une croix la couronnant. Les Chinois, on le sait, sont dans tous les domaines les rois de la contrefaçon. Ils sont aussi ceux de l’assimilation.
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La veille au soir, à Pékin,....nous étions restés assis à la terrasse d’un infâme bouiboui (infâme mais très bien situé), nous étouffant de raviolis à la farce rare et indéfinie, et de baozi, ces petits pains fourrés qui peuvent, à l’occasion, être délicieux –mais ceux-là ne l’étaient pas : bien que vaguement garnis d’épinards, ils appartenaient indéniablement à la catégorie « estouffe belle-mère », comme on dit dans le Sud.
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Dans le wagon-restaurant, où nous sommes venus trinquer à la ponctualité helvétique de notre départ, sept plats sont proposés, mais un seul est disponible : poisson et riz.
( Pekin-Lhassa)
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Près d'un an s'est écoulé depuis la disparition d'Andonia. Un soir, vous rentrez de l'institut, et il n'y a personne chez vous. (...) Vous découvrez alors que vivre au quotidien ressemble à la traversée d'un glacier: un pas de côté, et c'est la crevasse. C'est seul, désormais, que vous enjambez les séracs de l'existence. Discutant, cherchant à comprendre avec son entourage, vous découvrez dans l'existence de votre compagne des trous noirs, des zones interdites. Peut-être avez-vous vécu avec une inconnue, qu'importe : elle n'est plus là. Quels démons l'ont attirée dans quelle oubliette ? Vous l'ignorez. Vous ne le saurez jamais. Quand la disparition est volontaire, vous répétez-vous, elle est la forme d'opposition la plus intransigeante et la plus éloquente. S'abstraire, sans suicide! Un suicide vise à attirer l'attention ; la disparition est une forme aggravée de l'indifférence au monde.
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En septembre 1995, dans le sud-ouest de la province du Jiangsu, dans la petite ville de Wuxi (« petite » à l’échelle chinoise, évidemment : 3,5 millions d’habitants aujourd’hui) dont les vieux quartiers sont parcourus de canaux et d’une multitude de ponts en échine de bête arquée, j’avais rencontré un guide du nom de Ma Jian. C’était un homme assez jeune encore (un peu plus âgé que moi mais à peine), qui parlait admirablement le français et aimait les jeux de mots. Je me souviens notamment d’une de ses devinettes : Quelle est la différence entre un professeur à la retraite et une hémorroïde ? Devant ma perplexité, il avait répondu : Aucune, car tous deux sortent du corps en saignant (enseignant). J’avais souri poliment au calembour, mais avais surtout été épaté par une telle maîtrise de la langue française, appliquée à des fins aussi triviales et assez peu susceptibles d’être enseignées en Chine. D’autant que, m’avait-il dit, il n’avait jamais mis les pieds en France.
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....nous avons embarqué un mardi soir à 20 heures : le Pékin-Lhassa, beaucoup plus récent celui-là, puisque le dernier tronçon entre Golmud et Lhassa a été inauguré en 2006.
Ce train n’est pas vraiment un train de luxe, mais il est célèbre au moins pour deux raisons : il s’agit de la ligne la plus haute du monde (il franchit le col Tanggula à 5 072 mètres) et la moitié du trajet entre Golmud et Lhassa est construite sur du permafrost, ou pergélisol ce qui constitue une prouesse technique non négligeable.
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La phrase idéale pour commencer une lettre à un inconnu n'existe pas. Nous ne sommes, il est vrai, pas totalement des inconnus l'un pour l'autre, bien que nous ne nous soyons vus, "réellement" qu'une seule fois, et dans des circonstances ô combien particulières. Je ne perdrai pas plus le temps en préambule, Shimura-san. Il était très important pour moi, avant toute chose, de vous exprimer ma reconnaissance pour votre retenue lors du procès. Je ne sais le dire autrement que par ce mot-là, retenue.
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Je me suis mis à lire ce qu'on écrivait contre la Corée rouge. Je m'autorisais la prose de l'" ennemi ". Au-delà de la mer du Japon ne s'étendait plus le paradis terrestre que je m'étais imaginé. Il s'y jouait une pièce de théâtre interprétée par vingt millions de figurants, une tragédie au terme de laquelle celui qui se trompait de réplique était supprimé dans les coulisses.
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Attentats en gros plan, réductions budgétaires, plans asociaux qui tranchent des vies. Et partout la peur, de la peur à flots. Au lieu de catapulter des sondes sur Mars pour savoir s'il y a une vie là-bas, les hommes feraient mieux d'en envoyer sur Terre pour déterminer s'il reste des traces de poésie. Ah ! Je l'imagine. De son bras télécommandé, elle prélèverait des roches, des lichens, des humains et des villes, des autoroutes et des chars, des rampes de missiles et des cours de la Bourse, les analyserait, les observerait d'un air dépité. Au petit matin, à midi, le soir. Elle analyserait l'atmosphère qu'osent encore respirer les hommes. Quels éléments subtils sont indispensables pour assurer l'existence de la poésie, vie à l'intérieur de la vie ?
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"Le Tibet est ce grenier du monde où l'on ne monte presque jamais, où dorment les secrets de famille dans des malles à souvenirs."
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Nous nous arrêtons à la pointe de la péninsule de Tashi Dor. Sur le rivage, les touristes chinois sont alpagués par des Tibétains qui leur proposent de poser pour la photo aux côtés de yaks blancs ornés comme des sapins de Noël. Moyennant un supplément, le vacancier peut grimper dessus ; le gardien fait reculer la bête d’un mètre ou deux dans l’eau, si bien qu’en regardant la photo les amis du touriste croiront qu’il a franchi le lac à dos de « bœuf grognant ».
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L'intérieur de mon frigo était en quelque sorte la matrice sans cesse recommencée de mon avenir : là m'attendaient les molécules qui me donneraient de l'énergie dans les jours suivants, sous la forme d'aubergines ou de jus de mangue, et que sais-je encore. Mes microbes, mes toxines et mes protéines de demain patientaient dans cette antichambre froide et l'idée qu'une main étrangère attentait à celui que je deviendrais, par des prélèvements aléatoire, me troublait au plus profond.
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Qui sait ce qui est obligatoire, là-bas [en Corée du nord] ? Lorsque vous êtes tenus de porter arrimé sur le coeur un badge du chef historique souriant, n'avez-vous pas pour devoir de sourire, vous aussi ? Un air grave, triste, n'est-il pas assimilé à un blasphème ?
(p. 191)
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[Corée du nord]
A l'heure de la séparation, ses parents n'osèrent pas lui demander sa destination. Qu'aurait-elle pu répondre, d'ailleurs ? Au lieu de cela, ils réussirent à simuler un peu de joie. Son père, en souriant, lui dit en guise d'au revoir : 'Un enfant n'appartient pas à ses parents, mais à la patrie.'
(p. 29)
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