ÉSOPE Ce célèbre inconnu (France Culture, 2020)
L'émission "Poésie et ainsi de suite", par Manou Farine, diffusée le 7 février 2020. Présences : Antoine Biscéré et Julien Bardot.
Une chatte, s’étant éprise d’un beau jeune homme, pria Aphrodite de la métamorphoser en femme. La déesse prenant en pitié sa passion, la changea en une gracieuse jeune fille ; et alors le jeune homme l’ayant vue s’en amouracha et l’emmena dans sa maison. Comme ils reposaient dans la chambre nuptiale, Aphrodite, voulant savoir si, en changeant de corps, la chatte avait aussi changé de caractère, lâcha une souris au milieu de la chambre. La chatte, oubliant sa condition présente, se leva du lit et poursuivit la souris pour la croquer. Alors la déesse indignée contre elle la remit dans son premier état.
Pareillement les hommes naturellement méchants ont beau changer d’état, ils ne changent point de caractère.
Ne comptez pas vos poussins avant qu'ils ne soient éclos.
"-Admire, disait la panthère, l'éclat varié de mon pelage.
-Chez nous autres, renards, ce n'est pas le corps qui brille, mais l'esprit."
Le Renard et la Panthère
« Celui qui doit passer sa vie sous un tyran, même s’il est innocent, est souvent frappé comme coupable. – »
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Un renard qui n'avait jamais vu de lion finit cependant par en croiser un. À le voir pour la première fois, il fut saisi d'une telle terreur qu'il faillit en mourir. À leur deuxième rencontre, le renard eut peur, mais moins qu'à la première. Enfin, lorsqu'il l'eut vu une troisième fois, il s'enhardit au point de l'aborder pour lui causer.
La fable montre qu'avec l'habitude, même les choses choses effrayantes font moins impression.
Prends garde à ne pas te perdre toi-même en étreignant des ombres.
Zeus et Apollon disputaient du tir à l'arc. Apollon banda son arc et décocha un trait ; Zeus fit alors une enjambée qui porta aussi loin que la flèche d'Apollon.
Ainsi, à rivaliser avec plus fort que soi, non seulement on ne l'égale pas, mais on fait rire à ses dépens.
« Du Renard et des Raisins. (Esope)
Un Renard ayant aperçu au haut d’un arbre quelques grappes de Raisins qui commençaient à mûrir, eut envie d’en manger, et fit tous ses efforts pour y atteindre ; mais voyant que sa peine était inutile, il dissimula son chagrin, et dit en se retirant qu’il ne voulait point manger de ces Raisins, parce qu’ils étaient encore trop verts et trop aigres. »
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Le Renard et les Raisins (La Fontaine)
Certain Renard gascon, d’autres disent normand, Mourant presque de faim, vit au haut d’une treille
Des raisins mûrs apparemment,
Et couverts d’une peau vermeille. Le galant en eût fait volontiers un repas ;
Mais comme il n’y pouvait atteindre :
« Ils sont trop verts, dit-il, et bons pour des goujats. »
Fit-il pas mieux que de se plaindre ?
Tome 2 page 112
Du Vieillard qui voulait remettre sa mort à plus tard.
Un Vieillard demandait à la Mort, qui était venue pour l'arracher à cette terre, de différer un peu jusqu'à ce qu'il eut dressé son testament et qu'il eut fait tous ses préparatifs pour un si long voyage.
Alors la Mort: -Pourquoi ne les as-tu pas faits, toi que j'ai tant de fois averti? - Et comme le Vieillard disait qu'il ne l'avait jamais vue, elle ajouta: - Quand j'emportais jour par jour non seulement tes contemporains, dont pas un presque ne survit, mais encore des Hommes dans la force de l'âge, des Enfants, des Nourrissons, ne t'avertissais-je pas que tu étais Mortel? Quand tu sentais ta vue s'émousser, ton ouïe s'affaiblir, tes autres sens baisser, ton corps s'alourdir, ne te disais-je pas que j'approchais? Allons, il ne faut pas tarder davantage.
Cette fable apprend qu'il convient de vivre comme si nous voyions la Mort devant nous.
Les lièvres, obsédés par leur couardise, convinrent de se suicider. Ils se transportèrent donc sur une falaise au pied de laquelle se trouvait un étang. Les grenouilles, au bruit de leurs pas, se réfugièrent dans les profondeurs de l'étang. À ce spectacle, l'un des lièvres dit à ses camarades : «Allons, ne parlons plus de suicide! Vous voyez bien qu'il existe des animaux encore plus couards que nous!»
Ainsi des hommes : les malheureux tirent une consolation des malheurs plus graves d'autrui.