- Ils sont trop jeunes pour vivre ça, marmonna-t-il.
- Vous avez raison, acquiesça Cathbar. Mais ils rempliront leurs rôles, tous les deux. (…) Jeunes et vieux sont égaux à la guerre. J'avais douze ans la première fois que j'ai dû me battre.
- Et moi, dix-neuf, répondit Cluaran, qui regardait droit devant lui d'un air pensif. Dites-moi, vous y êtes-vous jamais habitué ? À observer vos compagnons avant l'attaque, en vous demandant lesquels...
- Vous réfléchissez trop, l'interrompit le capitaine. On ne se pose pas ces questions-là. (Il donna une tape dans le dos du ménestrel.) Vos camarades représentent votre unique espoir de survie, et vous, le leur. Il ne faut pas se priver d'eux, même en pensée.
- Voilà pourquoi je prends la route, leur cria Cluaran. Les Gardiens aiment à organiser des pendaisons – une sorte d'avertissement pour les voyageurs tentés de s'écarter des sentiers balisés. N'importe quel innocent attrapé sur un chemin de traverse risque d'être accusé de vol et transformé en gibier de potence – surtout s'il est armé.
- Les bois abritent-ils d'autres dangers ? s'enquit Elsbeth en frémissant.
- Non, mais la ruse des Gardiens suffit à terrifier la population. Les cadavres constituent des épouvantails très efficaces.
Comment un homme pouvait-il montrer deux visages à ce point opposés ?
Loki peut envoûter plusieurs personnes à la fois avec ses visions. Ou choisir de n'attaquer qu'une victime parmi d'autres. Il va utiliser tes propres peurs, tes propres démons intérieurs, pour te tourmenter.
(Dixit Eolande à Elsbeth)
- Encore un de ces saints errants ? fit Menobert avec dédain. On colporte trop de rumeurs de miracles aujourd'hui. De vils flatteurs retiennent l'attention des oisifs et leur font oublier le travail. Et puis ils reprennent la route et vivent de la charité tout en continuant à convertir les fainéants.
(dixit un marchand voyageant avec nos héros à propos d'un guérisseur 'extraordinaire')
Il vaut mieux être ignorant plutôt que de mal employer le peu de savoir qu'on possède.
Sitôt prononcées, il avait regretté ses paroles. La souffrance se lisait au fond des yeux de la souveraine. Elle lui avait toutefois répondu avec le sang-froid et la sagesse d'une reine, et non l'indulgence d'une mère.
Un vieillard cracha par terre d'un air dégoûté.
- Un ramassis de sottises, si vous voulez mon avis, s'exclama-t-il. Abandonner mes récoltes pour aller battre la campagne ? Bah, fichez le camp !
- Je vous parle de la gloire de l'esprit et vous me répondez « récoltes » ? s'écria le prédicateur d'une voix qui suintait le mépris. Que sont les choux et les céréales comparés au divin ? Notre dieu peut nous nourrir d'une simple parole.
- Et si tu essayais de ravaler les tiennes pour voir si ça nourrit son bonhomme ? railla le vieillard.
Le garçon était rouge de honte : être secouru par deux filles, quel déshonneur ! Elsbeth, comme d'habitude, en avait trop fait. Mais cette inconnue venait de lui sauver la vie et il ne savait même pas comment la remercier.
« Garder des enfants ! » De quel droit les traitait-il avec un tel mépris ? Ils avaient survécu à un naufrage, au cours d'une tempête sans précédent. Edmund était capable de se servir des yeux d'un dragon, Elsbeth était porteuse d'une épée enchantée, et cet amuseur public se permettait de les congédier comme des gamins encombrants !
(en parlant de Cluaran le ménestrel).