« Tu ne pensais pas que j’avais oublié ma petite mignonne ?! lui lança Madame Bonamy en lui tendant une belle moitié de pain au chocolat, mange le vite avant que les autres le voient ! C’est tout ce que j’ai pu récupérer du petit déjeuner de la directrice ! »
Ses grosses joues avaient pris une jolie teinte rosée. Madame Bonamy était une petite bonne femme toute ronde, remplie de gentillesse. La seule personne de l’orphelinat qui était douce avec les enfants. Ses joues rosissaient au moindre effort et lui donnaient l’allure d’une grosse sucette à la fraise. De temps en temps, lorsque Madame Dozieu, la directrice, ne finissait pas son petit déjeuner astronomique, elle sauvait quelques restes pour les enfants. Comme aujourd’hui.
Elle ne se connaissait aucune famille en vie. Elle avait été déposée aux portes de l’orphelinat le jour de sa naissance, le 20 février 1999, durant le jour le plus froid de l’hiver. Seule une lettre l’accompagnait, indiquant son nom et sa date de naissance. Madame Dozieu lui avait dit que sa mère était sans doute une femme de peu de vertu et que c’était pour cela que personne ne s’était manifesté pour réclamer une enfant née dans le péché.