Citations de Abd al Malik (156)
A force de dérision et d'autodérision tout devient dérisoire.
Aujourd'hui un Français, c'est aussi bien un Français athée, qu'un Français musulman, qu'un Français chrétien, qu'un Français juif.
Un Français n'est pas issu d'une caste sociale particulière et n'a pas une couleur de peau spécifique.
Etre Français, c'est être spirituel.
Etre porteur d'une véritable spiritualité laïque qui, avant même de s'articuler dans le langage, est à la fois raisonnement, intuition de l'idée immanente républicaine et sa transcription claire et intelligible.
Je parle de la vérité d'un Islam vécu dans le cadre d'un cheminement harmonieux, humblement et authentiquement spirituel.
Maman avait coutume de nous dire :
- Il faut aimer la France si vous voulez qu'elle vous aime en retour !
Ou encore :
- Mes fils vous êtes beaux !
Elle a dit ça dans nos têtes tellement de fois qu'on a fini par y croire.
Malgré la célébrité que nous apporta le succès commercial de l’album, l’échec était déjà certain : le rap était trop profondément rongé par le cancer de la bêtise, de la violence, de la surenchère et du mensonge.
La douleur s’est juste dissoute dans le fleuve du temps.
Nous sommes pourtant très nombreux à saisir, ou au moins à ressentir d'instinct, depuis le premier confinement, que la principale cause des dangers qui nous guettent se trouve précisément dans notre obsession du matériel et du bien-être physique au détriment de l'esprit. Au fond, une puissance qui fait projet, exclusivement, d'une préoccupation aussi vaine, fragile et instable que l'avoir ne peut (pouvait) réussir que momentanément.
Les gens aujourd'hui cherchent à s'enrichir par tous les moyens, quitte même à capitaliser sur ce qui est indispensable à la survie de tous.
Je peux dire sans vanité aucune qu'en admettant que j'étais le problème, j'ai fini par devenir la solution.
" Dans l'art comme das la vie, les frontières n'ont aucun sens, sauf pour signifier un lieu d'accueil."
Et puis, il ne s'agissait en aucun cas pour moi de créer, ou même de vivre en réaction, mais plutôt d'orienter vers des idées ou vers des figures qui, malgré les déviations de l'époque, n'avaient pas été totalement corrompues ou entièrement aveuglés par toutes les incohérences et les pseudo-vérité du temps.
Finissant par me ressaisir et par démêler ce sac de nœuds et de douleurs qui me ruinait. Je peux dire sans vanité aucune qu’en admettant que j’étais le problème, j’ai fini par devenir la solution. Il ne me restait plus qu’à parcourir la trajectoire entre les deux, en gérant le temps. C’est ce qu’on appelle vivre je présume.
Je ne me résumais pas, sans aucun doute, à cette méchante blessure mais celle-ci était fondatrice.
Et tous ces sentiments, ici, ils te sautent à la gueule comme un trop-plein de quelque chose, comme une énergie brute qui ne serait pas canalisée. C'est pour ça que, parfois, ça donne des choses dingues ; et, même si c'est pas toujours compréhensible, c'est toujours humainement explicable.
Ma mère m'apporte des livres à l'hôpital comme on apporte des fleurs. Je la regarde par la fenêtre s'éloigner toute seule dans la neige.
C'est ainsi, sous les auspices de l'auteur de L'Etranger, que débuta mon histoire d'amour avec le rap, et bientôt mon combat pour l'exprimer au monde entier. Chaque rappeur a sa petite histoire, sa rencontre avec le hip-hop, c'est ce moment, sa source véritable, c'est elle qui alimente sa vie de M. C. Tout ce qu'il dira ensuite dans ses textes et ses interviews vient de là, de cette rencontre première. Le début déterminant la fin.
Face à la douleur, la mort et la solitude, c'est dans les pages de Camus que j'ai trouvé mes réponses. Comme des évidences, ces choses qui n'avaient pas de sens (la camaraderie, la solidarité, l'amour de son pays, l'amour de l'autre...) tenaient pourtant tout entières sa vie et la mienne dans un même et superbe mouvement.
Longtemps, j'ai été ébahi par la puissance des émotions que me donnait la lecture de Camus. Sentiments jaillissant de ce jeune poitrail, qui avait pourtant déjà pris des allures de cercueil.
J'ai seize ans maintenant, et la mort a déjà essaimé tout autour de moi. La drogue a débuté sa sinistre conquête parmi les miens.
Je suis convaincu que, sous l'impulsion de figures intellectuelles et culturelles fédératrices comme Camus, il nous est possible de reconstituer une communauté nationale harmonieuse, riche de son histoire et de sa diversité.