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Citation de Charybde2


Il aurait préféré qu’on le surnomme Guevara plutôt que Charon, même si cela lui rappelait son ami le martyr Abbakar Guevara, le premier à prendre conscience du danger que constituaient les janjawids, et aussi le premier à avoir pris les armes pour défendre les siens au Darfour. Il ne reprochait qu’une seule chose à Abbakar Guevara, comme d’ailleurs à beaucoup de combattants au Darfour, à savoir qu’il n’appréhendait qu’une moitié de la guerre, et qu’il en ignorait l’autre moitié. Il voulait dire par là qu’il ne comprenait pas comment cet homme qui avait combattu les rebelles dans le sud du pays – où il avait tué des enfants, des femmes et des vieillards, brûlé leurs villages sans pitié, considérant qu’il s’agissait là d’un jihad au nom de Dieu – était devenu du jour au lendemain un rebelle contre le gouvernement parce que son ancien employeur appliquait désormais les mêmes principes, les mêmes slogans, la même morale pour mener une guerre dans sa région à lui, en s’appuyant cette fois sur d’autres soldats. Peut-être tenait-il un raisonnement métaphysique difficile à comprendre dans le bruit des tirs et l’odeur de la poudre. C’est ce que Charon appelait la schizophrénie du spolié, qui ne parvient à appréhender qu’une partie de la réalité, qu’une partie des faits, et qui donc ne remplit qu’une partie de son devoir. Et ce comportement faisait peut-être plus de tort que de bien, car le révolutionnaire a besoin d’un cœur pur plutôt que d’une main puissante, s’il ne peut avoir les deux en même temps.
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