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4.18/5 (sur 11 notes)

Biographie :

Abdellali Hajjat est sociologue et politiste, maître de conférences à l'université Paris-Ouest Nanterre-La Défense.
Il a codirigé Histoire politique des immigrations (post) coloniales (avec Ahmed Boubeker, Amsterdam, 2008) et Engagements, rébellions et genre dans les quartiers populaires en Europe (1968-2005) (avec Sophie Béroud, Boris Gobille et Michelle Zancarini-Fournel, EAC, 2011)

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Abdellali Hajjat et la Marche pour l'égalité .
La Marche pour l'égalité et contre le racisme de 1983 fête ses trente ans. Dans un livre à paraître aux éditions Amsterdam, le sociologue Abdellali Hajjat rappelle le contexte d'années marquées par les violences à l'encontre des Maghrébins et la montée du FN. Il fait de cet événement une résurgence de mai 1968, représentant un fort moment de socialisation de jeunes nés en France mais s'y sentant discriminés. Il analyse la manière dont les médias l'ont interprété comme le symbole de l'intégration réussie de la génération des «beurs laïcs», par opposition à celle, venue plus tard, des musulmans taxés de communautarisme.
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
En ce sens, la disqualification du concept d’assimilation se distingue de celle qui s’est opérée dans la seconde moitié du XIXe siècle. A l’époque, le discours impérial, soutenu par les discours à prétention scientifique, avait conclu à l’assimilation impossibles indigènes en raison de leur altérité raciale. Seule une petite minorité pouvait être assimilée au peuple français. Désormais, le concept d’assimilation est dénoncé par les indigènes eux-mêmes comme une ”illusion” destinée à légitimer le pouvoir colonial
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Le nouveau souffle de l'extrême droite et des mouvements nationalistes, en France comme dans le reste de l'Europe, doit pourtant beaucoup à l'apparition de nouvelles opportunités politique et électorale que représente la construction du "problème musulman". L'islamophobie est en quelque sorte une "aubaine" pour l'extrême droite : elle lui permet de dépasser les limites inhérentes à une xénophobie et un racisme brutal, politiquement démonétisés, et de tenter de s'affranchir d'un antisémitisme fort impopulaire et puissamment combattu, par une conversion à la lutte contre la "menace islamique", le "communautarisme" ou "l'islamisation", sous prétexte de défendre la nation et de sauvegarder des valeurs partagées par l'ensemble de l’échiquier politique, comme la laïcité ou l'égalité des sexes. L'islamophobie permet ainsi à l'extrême droite de se "raccrocher" idéologiquement à la rhétorique "acceptable", "respectable", voire "progressiste", que diffusent les "élites" politiques et médiatiques françaises, au nom de la lutte contre "l'intégrisme" et le "terrorisme". Ces amalgames s'articulent à un discours et une pensée de la conspiration et du complot entretenus par des personnalités situées au centre du champ politico-administratif, académique, médiatique ou de l'appareil policier.
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Cependant, la limite entre reconnaissance et dénégation est ténue : on peut tout à fait reconnaître que le racisme existe sans se donner les moyens de lutter contre celui-ci, et occulter les racines profondes du racisme structurel. En effet, alors que le gouvernement français semble reconnaître l'islamophobie, sa politique sécuritaire participe grandement à la suspicion généralisée à l'encontre des présumés musulmans : appels demandant aux musulmans de se « désolidariser » des combattants de l'OEI, arsenal juridique sur l'apologie du terrorisme, extension des pouvoirs des services de police, mise en place de dispositifs contre la « radicalisation » à l'école publique et les services sociaux, instauration de l'état d'urgence (perquisitions et assignations à résidence dont la majorité semblent abusives). Ainsi, c'est le cadrage néolaïque qui s'est imposé pour interpréter la violence politique : au lieu de comprendre ses ressorts sociaux et politiques, elle est analysée comme les symptômes d'une « maladie de l'Islam », selon l'expression d'Abdelwahab Medded et d'Abdenour Bidar, dont la guérison résiderait dans l'administration d'un traitement de choc composé de cours de laïcité. Ce cadrage néolaïque est une forme particulièrement puissante de culturalisme, qui occulte les véritables sources de la violence politique : la politique étrangère des puissances de l'OTAN, et les inégalités sociales et raciales des sociétés occidentales.
De fait, la « communauté musulmane » est perçue comme un ensemble homogène et le terreau de la violence politique. Les mesures prises après les tueries de 2015 s'apparentent à des formes de punition collectives dans la mesure où cet ensemble d'outils juridiques et administratifs contribue à identifier et confondre toute forme de religiosité musulmane rigoriste ou simplement visible comme un « indicateur de radicalisation ». Le concept de « radicalisation », forgé en sociologie pour rendre compte de la polarisation et de l'élévation du niveau de violence (symbolique ou physique) dans les conflits politiques, est détourné de son sens initial par les marchands de l'expertise ès islam et terrorisme. […]
Plus largement, le mélange de préjugés et de référentiels à la scientificité plus que douteuse fait que le port du hijab, de la barbe, de robes longues, de bandeaux, le fait de prier, lire le Coran, devenir pointilleux sur l'alimentation, faire le jeûne, etc. sont perçus par de nombreux acteurs institutionnels, public ou privé, comme des signes avant-coureurs de la « radicalisation » et de la violence politique. Cette expertise contribue grandement à une confusion entre religiosité intense et menace sécuritaire.
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L’objectif général de ce livre est d’apporter des éléments de réponse et de suggérer des pistes de réflexions pour saisir l’islamophobie comme un « fait social total », c’est-à-dire comme un phénomène social qui engage la « totalité de la société et de ses institutions » politiques, administratives, juridiques, économiques, médiatiques et intellectuelles
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Telle est, nous semble-t-il, la grande différence entre la critique anticléricale de la religion et le discours antisémite ou islamophobe : alors que, pour la première, l’enjeu est la lutte contre les institutions et les dogmes religieux, pour les seconds, l’enjeu est la légitimité de la présence des juifs et des musulmans sur un territoire
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On essayera ainsi de montrer comment l’intervention des critères de civilisation dans le droit colonial s’inscrit dans le cadre d’une configuration des relations de pouvoir entre l’administration coloniale, les indigènes et les rares défenseurs des droits des indigènes, en l’occurrence la Ligue des droits de l’homme
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En résumé, les discours antisémites et islamophobes ont plusieurs points communs : l’essentialisation, la déshumanisation, l’interprétation abusive des impératifs religieux, les théories conspirationnistes, le fantasme de l’islamisation/judaïsation, l’idée d’une « communauté parallèle », d’« État dans l’État », de menaces intérieure et extérieure, l’appartenance religieuse comme identification totale explicative du comportement individuel, etc.
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Cet ordre sexuel national est idéal dans la mesure où il suppose que les ”naturels”, en particulier les hommes, s’y soumettent complètement, et qu’il désigne clairement une certaine catégorie de la population étrangère, dont le comportement, voire la ”nature”, serait antinomique à l’ordre sexuel national.
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A travers le filtre de la situation coloniale, on passe en quelque sorte de l’idée d’une politique d’assimilation comme condition de maintien de la victoire, à l’idée de l’assimilation comme condition d’entrée dans le groupe des vainqueurs.
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Autrement dit, le signifiant change (la religion ou la culture sans la race), ainsi que les formes de justification, mais demeure la logique de division (”eux”/”nous”) et d’essentialisation (ou de radicalisation de la différence)
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