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Citations de Abdellali Hajjat (17)


Telle est, nous semble-t-il, la grande différence entre la critique anticléricale de la religion et le discours antisémite ou islamophobe : alors que, pour la première, l’enjeu est la lutte contre les institutions et les dogmes religieux, pour les seconds, l’enjeu est la légitimité de la présence des juifs et des musulmans sur un territoire
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L’objectif général de ce livre est d’apporter des éléments de réponse et de suggérer des pistes de réflexions pour saisir l’islamophobie comme un « fait social total », c’est-à-dire comme un phénomène social qui engage la « totalité de la société et de ses institutions » politiques, administratives, juridiques, économiques, médiatiques et intellectuelles
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En ce sens, la disqualification du concept d’assimilation se distingue de celle qui s’est opérée dans la seconde moitié du XIXe siècle. A l’époque, le discours impérial, soutenu par les discours à prétention scientifique, avait conclu à l’assimilation impossibles indigènes en raison de leur altérité raciale. Seule une petite minorité pouvait être assimilée au peuple français. Désormais, le concept d’assimilation est dénoncé par les indigènes eux-mêmes comme une ”illusion” destinée à légitimer le pouvoir colonial
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On essayera ainsi de montrer comment l’intervention des critères de civilisation dans le droit colonial s’inscrit dans le cadre d’une configuration des relations de pouvoir entre l’administration coloniale, les indigènes et les rares défenseurs des droits des indigènes, en l’occurrence la Ligue des droits de l’homme
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Le nouveau souffle de l'extrême droite et des mouvements nationalistes, en France comme dans le reste de l'Europe, doit pourtant beaucoup à l'apparition de nouvelles opportunités politique et électorale que représente la construction du "problème musulman". L'islamophobie est en quelque sorte une "aubaine" pour l'extrême droite : elle lui permet de dépasser les limites inhérentes à une xénophobie et un racisme brutal, politiquement démonétisés, et de tenter de s'affranchir d'un antisémitisme fort impopulaire et puissamment combattu, par une conversion à la lutte contre la "menace islamique", le "communautarisme" ou "l'islamisation", sous prétexte de défendre la nation et de sauvegarder des valeurs partagées par l'ensemble de l’échiquier politique, comme la laïcité ou l'égalité des sexes. L'islamophobie permet ainsi à l'extrême droite de se "raccrocher" idéologiquement à la rhétorique "acceptable", "respectable", voire "progressiste", que diffusent les "élites" politiques et médiatiques françaises, au nom de la lutte contre "l'intégrisme" et le "terrorisme". Ces amalgames s'articulent à un discours et une pensée de la conspiration et du complot entretenus par des personnalités situées au centre du champ politico-administratif, académique, médiatique ou de l'appareil policier.
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En résumé, les discours antisémites et islamophobes ont plusieurs points communs : l’essentialisation, la déshumanisation, l’interprétation abusive des impératifs religieux, les théories conspirationnistes, le fantasme de l’islamisation/judaïsation, l’idée d’une « communauté parallèle », d’« État dans l’État », de menaces intérieure et extérieure, l’appartenance religieuse comme identification totale explicative du comportement individuel, etc.
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Autrement dit, le signifiant change (la religion ou la culture sans la race), ainsi que les formes de justification, mais demeure la logique de division (”eux”/”nous”) et d’essentialisation (ou de radicalisation de la différence)
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Cet ordre sexuel national est idéal dans la mesure où il suppose que les ”naturels”, en particulier les hommes, s’y soumettent complètement, et qu’il désigne clairement une certaine catégorie de la population étrangère, dont le comportement, voire la ”nature”, serait antinomique à l’ordre sexuel national.
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A travers le filtre de la situation coloniale, on passe en quelque sorte de l’idée d’une politique d’assimilation comme condition de maintien de la victoire, à l’idée de l’assimilation comme condition d’entrée dans le groupe des vainqueurs.
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Cependant, la limite entre reconnaissance et dénégation est ténue : on peut tout à fait reconnaître que le racisme existe sans se donner les moyens de lutter contre celui-ci, et occulter les racines profondes du racisme structurel. En effet, alors que le gouvernement français semble reconnaître l'islamophobie, sa politique sécuritaire participe grandement à la suspicion généralisée à l'encontre des présumés musulmans : appels demandant aux musulmans de se « désolidariser » des combattants de l'OEI, arsenal juridique sur l'apologie du terrorisme, extension des pouvoirs des services de police, mise en place de dispositifs contre la « radicalisation » à l'école publique et les services sociaux, instauration de l'état d'urgence (perquisitions et assignations à résidence dont la majorité semblent abusives). Ainsi, c'est le cadrage néolaïque qui s'est imposé pour interpréter la violence politique : au lieu de comprendre ses ressorts sociaux et politiques, elle est analysée comme les symptômes d'une « maladie de l'Islam », selon l'expression d'Abdelwahab Medded et d'Abdenour Bidar, dont la guérison résiderait dans l'administration d'un traitement de choc composé de cours de laïcité. Ce cadrage néolaïque est une forme particulièrement puissante de culturalisme, qui occulte les véritables sources de la violence politique : la politique étrangère des puissances de l'OTAN, et les inégalités sociales et raciales des sociétés occidentales.
De fait, la « communauté musulmane » est perçue comme un ensemble homogène et le terreau de la violence politique. Les mesures prises après les tueries de 2015 s'apparentent à des formes de punition collectives dans la mesure où cet ensemble d'outils juridiques et administratifs contribue à identifier et confondre toute forme de religiosité musulmane rigoriste ou simplement visible comme un « indicateur de radicalisation ». Le concept de « radicalisation », forgé en sociologie pour rendre compte de la polarisation et de l'élévation du niveau de violence (symbolique ou physique) dans les conflits politiques, est détourné de son sens initial par les marchands de l'expertise ès islam et terrorisme. […]
Plus largement, le mélange de préjugés et de référentiels à la scientificité plus que douteuse fait que le port du hijab, de la barbe, de robes longues, de bandeaux, le fait de prier, lire le Coran, devenir pointilleux sur l'alimentation, faire le jeûne, etc. sont perçus par de nombreux acteurs institutionnels, public ou privé, comme des signes avant-coureurs de la « radicalisation » et de la violence politique. Cette expertise contribue grandement à une confusion entre religiosité intense et menace sécuritaire.
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La discrimination se présente comme un ensemble de contraintes diffuses, rarement explicites et brutales, qui amènent les victimes à développer de multiples stratégies, à « faire avec », c’est-à-dire à « construire une expérience qui leur permette non seulement de vivre le mieux possible, mais aussi de ne jamais se laisser assigner une identité qui les invalide » (Richard Millet)
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Ainsi, comme tous les termes désignant d’autres formes d’« altérophobie », la notion d’islamophobie est imparfaite et instrumentalisable, mais nécessaire afin de nommer et d’analyser un phénomène aujourd’hui mesuré et exploré par les sciences sociales, combattu par l’action militante et pris au sérieux par la plupart des organisations internationales et gouvernements occidentaux ; mettre un mot sur une réalité sociale permet de faire reconnaître son existence ; à l’inverse, ne pas la nommer revient finalement à l’occulter socialement et politiquement
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Comment comprendre que l’islamité associée arbitrairement à la jupe et au bandeau de Sirine suffise à la déshumaniser ou, du moins, à neutraliser les affects de l’encadrement scolaire, à suspendre toute forme d’empathie et de compréhension ?
Pourquoi son islamité présumée a-t-elle écrasé aussi facilement les différentes facettes de son identité, de son humanité et de sa subjectivité ?
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Selon S. Sayyid et AbdoolKarim Vakil, l'islamophobie doit être distinguée du racisme pour trois raisons. Tout d'abord, les discriminations antimusulmanes ne sont pas réductibles au racisme puisque les musulmans ne constituent pas un seul groupe ethnique:le concept d'islamophobie permet de prendre en compte la dimension multiethnique des discriminations. Ensuite, l'islamophobie transcende les frontières de l'État-nation et va au-delà du racisme fondé sur l'idéologie du nationalisme. Enfin, l'islamophobie démontre l'existence d'une anxiété dans le monde occidental relative au maintien dans le futur de sa domination culturelle, économique et militaire.
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La thématique de l’islamophobie, contrairement aux questions entourant l’exercice du culte, symbolise cette exposition collective au rejet social et participe du coup à la construction de la condition musulmane
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Des choix de vie a priori anodins ou banals ne le sont plus dans un contexte de surinterprétation, de très forte réactivité face aux moindres signes d’appartenance religieuse et d’amalgames assimilant l’islam pratiqué, radicalisme et terrorisme
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l’islamophobie correspond au processus social complexe de racialisation/altérisation appuyée sur le signe de l’appartenance (réelle ou supposée) à la religion musulmane, dont les modalités sont variables en fonction des contextes nationaux et des périodes historiques
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