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Citations de Abdourahman A. Waberi (173)


Papa,Aujourd’hui, j’ai eu une journée super ennuyeuse. Je n’aime pas les mercredis. On a attendu longtemps le passage du médecin et il n’est arrivé qu’à 14 heures. C’était un nouveau. Il avait une casquette ridicule, je crois qu’il est chauve mais il a quand même une petite mèche qui lui tombe sur le front en virgule. Il m’a pris la température. Puis, il n’a rien dit, et il ne m’a rien donné. Maman est presque fâchée mais je crois qu’elle est surtout morte d’inquiétude. On a attendu longtemps pour rien. Nous étions comme deux petites mouches prises dans une toile d’araignée. Ma journée a été super ennuyeuse jusqu’au bout.
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Abdourahman A. Waberi
Désirs



Je suis le bruit du monde
le balancement inapaisé entre ici et ailleurs
la frondaison muette du cactus
le bois rugueux qui recouvre le gecko
les rais du caméléon jaune soleil
le lit du livre-monde
où les pages sont autant des vagues de la quête
toujours recommencée
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Écrire un livre c'est prolonger une vibration profonde et souterraine ; lorsqu'on met le doigt sur la corde, sa vibration s'arrête, de nombreuses personnes m'ont aidé à maintenir la résonance vivante, palpitante.
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En venant au chevet de toi, ma fille alitée, je.me suis retrouvé. Je.me suis recentré. J'ai forci dans l'épreuve. Et, par ricochets, tu t'esretrouvée. Fragile mais entière. Enjouée même.
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Je sens au fond de mes tripes la honte, surtout la culpabilité qui macère. Quand j'y pense un seul instant, son volume augmente.
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Personne dans ma lignée n'avait ouvert le moindre livre. J'étais le premier de ma famille.
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Nous sommes à trois blocks de la Maison-Blanche occupée, je te cite, par un ogre à demi- fou, un ours à la chevelure orange. Je t'avais dit en rigolant qu'il passait pour le fils naturel d'un orang-outan et de la gardienne d'un zoo new-yorkais. Tu m'avais répondu que ce n'était pas très gentil pour l'orang-outan.
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A présent je sais Béa qu'en me mettant à noircir des papiers je cherchais le terrain où poser la maison de mes rêves. J'élaborais des récits pour me rendre riche de tout ce dont on ne peut se passer. Tout ce dont j'étais déjà orphelin. J'avais quitté un pays et des proches. J'avais rompu surtout avec mon enfance. La nuit, a mon Insu, mes larmes coulaient à la seule pensée des bruissements de mon quartier du château d'eau.
p 226
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Personne n'en parlait en ces temps-là, soulignait ma grand-mère, mais le canal de Suez ne consistait pas en un progrès comme les journaux de Paris le proclamaient. Quel est ce progrès qui avait emporté des centaines de milliers de paysans égyptiens transformés en maçons et en terrassiers ? Quel était le progrès qui avait arraché à la mer des tonnes de sable ? Quel était ce progrès qui avait amené des maladies nouvelles comme la dysenterie et le choléra ? Personne n'était content parmi nos ancêtres. Personne. Pis, à peine le premier bateau avait-il emprunté le tout nouveau canal que les Anglais et les Français ont gâché les festivités avec leur rivalité. Les troupes britanniques ont chassé les Ottomans et occupés l'Égypte. Puis, avant la fin de la première guerre mondiale, a laquelle participèrent des cousins directs de ma grand-mère Cochise, les Anglais et les Français se sont mis d 'accord pour se partager toute la région.
p 218 et 219
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Aujourd'hui encore, les mots sont des jouets merveilleux. Les noms de certaines personnes, de certaines plantes, de certains lieux où certains animaux nous font voyager. Certains mots te mettent en fureur, d'autres en joie.
p179
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Et pourtant, j'angoisse Mariam, la femme ordinaire d'un pays sans fantaisie tout entier occupé à mâcher les maigres restes d'un repas entamé ailleurs et acheminé grâce à l'admirable énergie des receleurs de la charité.
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Certes, il ne faut pas parler à l'identique mais doit-on pour autant multiplier les langages à l'infini ? Le pays s'est déjà doté de quatre langues : deux officielles parce qu'étrangères (le français pour la notoriété et l'arabe pour les sous du Golfe) et deux nationales parce qu'autochtones.
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Ecrire était une obligation, une manière quasi biologique de respirer, de vivre par procuration, ce que je m'imaginais se dérouler à Rouen comme là-bas à Djibouti.
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Ma mère voulait un bel enfant, vigoureux et sain, peu importe le sexe.
Papa la Tige voulait un garçon formidable pour ouvrir le bal de la lignée. Je n'ai assouvi ni le désir de l'un , ni le voeu de l'autre.J'étais une énigme, pas l'aîné bien portant voué à un avenir prometteur dont ils rêvaient tant.
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C'est important les mots. Aussi important que l'eau, la nourriture ou l'air que tu respire, Béa. Notre vie en dépend.
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À mi-chemin de notre trajet, un ballet de gros camions bâchés, remplis de légionnaires français, est arrivé dans le sens inverse. J’avais le sentiment qu’il nous dévisageaient. Mon cœur battait la chamade mais ma tante ne donnait pas l’impression de ralentir sa course, ni de se soucier du trafic. Essoufflé, je me suis arrêté. Ma tante a fait de même, pas contente du tout.
- Avance, nous n’allons pas rester au milieu du trottoir.
J’ai eu la bonne idée de lui poser une question juste pour reprendre mon souffle. C’était toujours comme ça, je devais compter sur mon cerveau quand mes jambes me faisaient défaut.
-Pourquoi sont-ils chez nous ?
-Comment ça ?
-Mais pourquoi sont-ils arrivés chez nous ? – Parce qu’ils sont nos colonisateurs.
- Nos co.… ?
- Parce qu’ils sont plus fort que nous.
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Pas de doute, Ladane était innocente. Elle venait de la brousse, ses parents ne pouvaient plus la garder auprès d’eux parce qu’ils étaient pauvres ou morts. Je ne comprenais pas comment des adultes pouvaient faire des dizaines d’enfants et après les laisser partir où les déposer ici ou là comme s’ils étaient une valise encombrante. J’étais enragé par des adultes et j’imaginais que plus jeunes, les parents de Ladane était de l’espèce terroriste de Johnny et sa bande qui ne semaient que la violence sur leur chemin. Dès que j’évoquais ses parents, la bonne Ladane me regardait avec des yeux de chiot apeuré . Pourtant elle n’était plus une gamine. C’était une jeune femme désirable qui allait sur ses dix-sept ans. Enfin c’est ce qu’elle disait à tout le monde car elle venait de la brousse et là-bas, dans les djebels, personne ne connaissait sa vraie date de naissance. Personne n’avait poussé de chanson le jour de sa naissance. Personne n’avait préparé un gâteau comme Madame Annick pour ses enfants. Personne n’avait prévenu l’imam ou l’officier de l’état-civil. Mais où est-ce que j’avais la tête Béa, il n’y avait pas de mosquée dans le djebel. Les ouailles devaient se débrouiller toutes seules dans les gourbis, c’est-à-dire dans des trous dans la montagne qui n’avait ni électricité ni vaisselle. Elles ne profitaient pas de la science religieuse pour les aider à grandir. Je savais par grand-mère Cochise que ces gens-là avaient tous les yeux un peu rapprochés, les sourcil en accent circonflexe. Ils avaient l’air idiot car toutes les nuits, les enfants cherchaient la lumière dans leur gourbi plus sombre que le cul de Satan. Même que certains n’essuyaient pas la bave qui leur pendait aux lèvres, on les appelait les crétins du djebel. Ils finissaient bouchers ou assassins. Heureusement que Ladane avait échappé à la sécheresse et à la famine du djebel. Même si chez nous, elle devait travailler du chant du coq au coucher du soleil. Même si elle courait dans le coin de la cour qui servait de cuisine pour faire tinter les casseroles et remettre à maman le plat de haricots blancs ou la soupe de pois chiches que mon paternel adorait. Dès qu’elle entendait le boucan d’enfer de la Solex de mon père, Ladane bondissait comme un fauve. Elle restait en faction jusqu’à la fin du dîner. Ensuite, elle devait laver les ustensiles et ranger la cuisine. Si papa la Tige laissait quelque chose au fond de son assiette, il fallait le remettre à la matrone. Grand-mère rappelait à Ladane qu’il ne fallait pas se gaver de nourriture dans la nuit car ce n’était pas très bon pour la digestion sauf pour les enfants comme Ossobleht qui devaient se goinfrer à toute heure et laisser comme preuves des cacas bien souples et bien malodorants. Grand-mère adorait les humer avec joie et émotion. Elle préférait les cacas verts et jaunes d’Ossobleh qui allait vers ses cinq ans à mes crottes de bique. Ce n’était pas de ma faute si je n’aimais pas manger, si ma jambe me faisait toujours mal, si la visite au médecin n’avait rien donné ou six cette guibole me remplissait de honte. Ce n’était pas de ma faute si Ladane avait atterri chez nous et si j’aimais les yeux châtaigne de cette fille du djebel qui était beaucoup plus âgée que moi. Dans un an ou deux, grand-mère lui trouverait un mari, un boucher du djebel peut-être. Et moi je devais trouver un mur contre lequel j’irai me cacher, sangloter et pousser mais lamentations à l’abri de la matrone.
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Après un soupir un peu là, d’un œil inquisiteur Maman ausculta mon visage. Elle avait senti que quelque chose ne tournait pas rond mais elle n’en était pas absolument certaine. Je ne fis rien pour l’aider. Persistant dans le mensonge, je me mis à siffloter un petit air de mon invention. Sans le savoir, j’imitais les grandes personnes qui se donnent un air important en traversant la nuit les ruelles de notre quartier du Château-D’eau. Je souriais à maman. Pour une fois. Pour la tromper. Pour garder ma douleur aussi. Ma douleur est une île déserte, pensais-je au plus profond de moi, elle m’appartient. Elle ne saurait se partager. Je ne m’explique pas aujourd’hui Pourquoi j’ai persisté à mentir à maman. Ces mots m’auraient recousu le cœur lorsque Johnny m’avait fait injustement souffrir, encore fallait-il que je lui confie ma peine.
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Vous les humains vous avez une singulière façon de voir et de lire le monde - par votre cerveau, votre bouche, autant que par vos yeux. Et pourtant vous ne voyez que l'écorce du monde et non son noyau. Vous oubliez que rien ne s'arrête, la roue tourne toujours. Je n'habite pas un pays, je n'habite même pas la terre. Le cœur de ceux que nous aimons, voilà notre vraie demeure...
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Depuis que j'avais contracté le virus de la polio, je n'ai jamais pu recourir à nouveau. Pourtant j'avais des rêves plein la caboche. Je me voyais bien cowboy à l'âge de sept ans, footballeur à douze, marin à dix-huit. Dessinateur de bandes dessinées à vingt-deux.
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