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Citations de Abdulrazak Gurnah (142)


Il fut réveillé en pleine nuit par les hommes de Chatu, qui les attaquaient de tous côtés. Ils commencèrent par tuer les gardes, et s’emparèrent de leurs armes, puis assommèrent à coups de bâtons les hommes endormis qui n’opposèrent aucune résistance tant la surprise était complète. Les voyageurs furent parqués au milieu de la clairière par des guerriers exultant de joie. Des torches allumées furent brandies au-dessus des captifs qui reçurent l’ordre de s’accroupir, les mains sur la tête, et une foule en liesse s’empara des ballots de marchandises.
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Je veux aller de l'avant, mais je me retrouve toujours à regarder en arrière, à fouiller un passé lointain qu'estompent tous les évènements survenus depuis, des évènements tyranniques qui occupent le premier plan et dictent les actes de la vie ordinaire. Pourtant, quand je regarde en arrière, je vois encore certains objets briller d'un éclat malveillant, et chaque souvenir saigne. C'est un lieu austère que celui de la mémoire, un entrepôt sinistre et désolé aux planches pourrissantes, aux échelles rouillées, où l'on passe parfois du temps à fureter parmi les marchandises abandonnées.
Ici, l'après-midi glacial s'enfonce dans la nuit qu'illumine déjà la lumière réconfortante des réverbères; la nuit qu'agitent le grondement sourd de la circulation automobile, la multitude des passants, un bourdonnement d'essaim incessant.
L'autre lieu que j'habite est tranquille comme un murmure, la parole y est muette et personne ou presque ne bouge - le silence une fois la nuit tombée.
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Mr Willoughby mulled me over for a few minutes, throwing in a question or a remark between silent appraisal while I muttered and smiled heroically. ‘What are you studying? Will you be able to do anything with it afterwards? Is the British government paying for you? I suppose we’ve given your country independence. Do you think it’s too soon? What’s the political situation like?’ In the end I told him that the government had legalized cannibalism. He must have thought I said cannabis, because he asked me if I thought that should happen here too.
Monsieur Willoughby réfléchit un moment, lançant une question , une remarque entre mon acquiescement silencieux en murmurant et souriant héroïquement. Qu’est-ce que vous étudiez ? Pourriez- vous en faire quelque chose par la suite ? Est-ce que le gouvernement britannique finance vos études ? Je suppose que nous vous avons donné l’indépendance. Pensez vous que c’était trop tôt ? Quelle est la situation politique dans votre pays ?
À la fin je lui répondis que le gouvernement avait légalisé le cannibalisme. Je pense qu’il a compris cannabis car il m’a demandé si je pensais si cela sera bientôt de même ici.

*Un avocat londonien qui rencontre pour la première fois le petit ami noir de sa fille.
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C’est la fin de votre commerce de caravane… A cause des Allemands. Ils sont implacables ; ils disent qu’ils ne veulent plus de vous dans ce pays, car ils vous accusent de chercher à nous réduire en esclavage. Nous, des esclaves ! C’est nous qui en vendions aux marchands de la côte ! Nous les connaissons, ces Allemands , nous n’avons pas peur d’eux !
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Il n’éprouverait aucun remords envers ses parents ; ils l’avaient abandonné autrefois pour payer leur propre liberté, maintenant c’était à lui de les abandonner. L’aide que leur avait apportée sa captivité aurait une fin puisqu’il partirait vivre sa vie. Et lorsqu’il parcourrait librement le pays, il pourrait même leur rendre visite, et les remercier de l’avoir mis à rude école pour le préparer à la vie.
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Akbar began talking about the project he was working on, the renovation of the old colonial hotel and the restoration of the European quarter around it to its period splendour….. ‘
It will take a lot of money to get all that sorted,’ Amur Malik said. ‘But it’s necessary … It’s a pity the Aga Khan Trust wasn’t interested in the project. I mean, there’s tourism potential in this.’‘
But we’re confident UNESCO will sponsor it. We’re expecting a fact-finding team quite soon.’
Hard work, it’s all such hard work,’ Amur Malik said. ‘There’s nothing tougher than attracting international sponsorship.’ ‘We do our best,’ Akbar said.
I kept my eyes on both of them, to see if there was any way in which the conversation was ironic, if they were making fun of themselves, or just taking the piss. Were they soberly talking about throwing money at colonial curios when the whole town was falling down about their ears, food was short, toilets were blocked, water was available for two hours in the middle of the night, and the electricity was as likely to be off as on? And when the radio and television were blaring lies at all hours of every day and night, and for every simple thing that you wanted you had to lie belly-up on the floor and play the clown? I looked for a glint of cynicism or a tone of mockery in their faces and their voices, but they seemed absorbed by the weightiness of their concerns.

Akbar entama la conversation avec le projet de rénovation d’un vieux hotel de l’époque coloniale et la restauration du quartier européen et de sa splendeur de son époque….
Amir Malik répondit, «  Il faudrait beaucoup d’argent pour cela, mais c’est nécessaire. Dommage que la fondation d’Aga Khan ne s’y est pas intéressée, car il y a un potentiel touristique .
« En faites nous sommes confident que l’Unesco s’en chargera. On attend une équipe d’évaluation. »
«  C’est dur , dur » dit Amir Malik
« Rien de plus difficile que d’attirer les fonds internationaux . On fait de notre mieux. »répondit Akbar.
Je regardais tous les deux pour voir s’ils étaient en train de blaguer.
Étaient ils vraiment en train de parler sérieusement de jeter de l’argent dans un projet sophistiqué alors que la ville entière était en ruines, il y avait pénurie alimentaire , les toilettes étaient bloquées,
l’eau courante était disponible que deux heures par nuit, et l’électricité était la majeure partie du temps coupée ? Alors que la radio et la télévision étaient en train de raconter des balivernes, et pour obtenir la chose la plus simple il fallait se coucher à terre sur le ventre et faire le clown ? J’ai cherché un ton de cynisme ou un air de moquerie sur leur visages, mais non ils continuaient à converser sérieusement sur le sujet qui les concernait.

*Ca se passe au Zanzibar.
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Quand le moment du départ arriva, tout parut irréel à Yusuf. Il dit adieu à sa mère sur le seuil de la maison et suivit son père et son oncle jusqu'à la gare. Il portait son petit ballot contenant deux shorts, une chemise, un Coran et un vieux chapelet de grès. Il ne lui vint pas à l'esprit, ne fût-ce qu'un instant, qu'il serait peut-être séparé de ses parents pour longtemps ou même qu'il ne les reverrait jamais. Il n'avait pas pensé à demander quand il reviendrait ni pourquoi tout avait été décidé si soudainement.
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Il se leva, s'éloigna et resta à l'écart un long moment ; il se reprochait de n'avoir pas assez gardé le souvenir de ses parents. S'ils étaient encore en vie, pensaient-ils toujours à lui ? Il savait qu'il préférait ne pas le savoir. D'autres souvenirs, d'autres images de sa servitude l'envahirent, qui témoignaient de son apathie. Les évènements avaient décidé de sa vie ; il avait gardé la tête hors de l'eau, les yeux fixés sur l'horizon le plus proche, préférant ignorer plutôt que de savoir ce qui l'attendait. Il ne voyait rien qui pût le libérer de sa condition d'esclave.
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Son père lui avait peut-être encore vanté son autre famille ; c'est ce qu'il faisait quand il était en colère. Yusuf l'avait entendu un jour reprocher à sa mère de venir d'une famille tribale de la montagne, vivant dans une hutte enfumée et s'habillant de peaux de bique, qui estimait que deux chèvres et cinq sacs de haricots étaient un bon prix pour une femme. "S'il t'arrive quelque chose, ils m'en trouveront une autre comme toi dans leur bergerie !" Ce n'est pas parce qu'elle avait grandi sur la côte parmi des gens civilisés qu'elle pouvait prendre de grands airs... Yusuf était terrifié lorsque ses parents se disputaient, il sentait que leurs paroles entraient en lui comme des lames acérées, et ils se souvenait des récits de violence et d'abandon racontés par ses camarades.
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"Tu nous racontes des histoires, s'écriaient les assistants, ce n'est pas vrai que de tels lieux existent.
- Si, c'est vrai, dit le marchand.
- Est-ce possible ? demandaient-ils, avec un désir éperdu de le croire. Ne veux-tu pas nous troubler avec des contes de fées ?
- C'est ce que j'ai dit à mon oncle, reconnut le marchand.
- Et qu'a-t-il répondu ?
- Il a dit : "je le jure.""
Ils soupirèrent : ces lieux existent donc...
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Au cours des mois suivants, j’ai commencé à me considérer comme un exclu, un exilé. Je donne l’impression que tout a été progressif, et il est vrai qu’il m’a fallu deux mois pour arriver à évaluer ma situation, mais j’avais tout senti beaucoup plus tôt. La lettre dans laquelle mon père m’enjoignait de ne pas revenir m’avait sonné, paralysé, réduit au silence et paniqué. Que voulait-il dire exactement par là ? Où irais-je si je ne rentrais pas au pays ? Où pouvais-je aller ? Ce n’est qu’une fois cette peur panique retombée, lorsque les jours passèrent sans apporter de répit dans l’inquiétude, aucun nouveau courrier ne venant annuler le premier, que je cherchai les mots pour expliquer ce qui s’était passé, des mots que je me murmurai en secret dans la honte et l’autodérision. Pour la première fois depuis que j’étais arrivé en Angleterre, je me sentais un étranger. Je le compris, je m’étais cru à mi-chemin de mon voyage, entre l’aller et le retour, réalisant un projet avant de retourner chez moi, mais brusquement j’ai craint que le voyage ne s’arrête là et que je n’aie à passer toute ma vie en Angleterre, étranger au milieu de nulle part.
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Suis-je un? Je suis l'étang où elle se mêle à moi. Je n'ai jamais connu pareil manque ni pareil désir, comme si j'allais mourir de soif ou de folie si je ne la tenais pas entre mes bras, si je ne m'étendais pas à côté d'elle. Pourtant je ne meurs pas et je ne la tiens pas entre mes bras. Mais je n'ai jamais su grand-chose, et peut-être en est-il ainsi de tout amour tôt ou tard.
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Il savait que les vieux sages reviendraient plus tard dans la matinée s’asseoir sur le banc qu’il avait installé devant sa boutique à leur intention, lorsque le soleil aurait disparu derrière les maisons les plus proches. ils migreraient ensuite nonchalamment au cours de la journée vers un autre coin d’ombre, ou bien retourneraient au café, puis à la mosquée, avant de réapparaître en fin d’après-midi du côté de la boutique. A la fraîche les bavardages seraient plus amènes, les récits plus longs et plus anciens. Il en allait ainsi depuis l’époque de son père. Les vieillards se succédaient, qui allaient et venaient en traînant les pieds au gré des événements, mais le banc restait à sa place, et ne manquait jamais d’occupants. p35
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- Je vais traduire le Coran, dit soudain Kalasinga. En swahili, ajouta-t-il quand les autres eurent fini de s'esclaffer.
- Tu ne sais même pas parler swahili, objecta Hamid, ni lire l'arabe.
- Je le traduirai à partir d'une traduction en anglais, dit Kalasinga, l'air déterminé.
- Mais pour quelle raison ? demanda Hussein. Je ne t'ai jamais entendu dire quelque chose de plus ridicule.
- Pour vous faire comprendre, stupides indigènes, que vous adorez un Dieu extravagant, dit le Sikh. Ce sera ma croisade. Est-ce que vous comprenez seulement ce que dit le Coran en arabe ? Un peu peut-être, mais la plupart de vos idiots de frères n'y entendent rien. Vous verriez peut-être à quel point votre Allah est intolérant, et, au lieu de l'adorer, vous trouveriez quelque chose de mieux à faire.
- Wallahi ! c'écria Hamid, qui ne plaisantait plus. Quelqu'un comme toi n'a pas le droit de parler de Lui de cette façon, c'est impardonnable. Il faudrait donner une leçon à ce chien velu ! La prochaine fois que tu viendras espionner nos conversations dans ma boutique, je leur raconterai, à ces stupides indigènes, ce que tu viens de dire. Et ils mettront le feu à ton derrière poilu.
- Je traduirai le Coran, répéta Kalasinga, d'un ton ferme. Parce que je me soucie de mes semblables, même s'ils ne sont que d'ignorants musulmans. Est-ce une religion pour des adultes ? Je ne sais peut-être pas qui est Dieu, je ne me souviens pas de ces milliers de noms et de ses millions de promesses, mais je sais qu'il ne peut pas être ce tyran que vous adorez.
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Il n'éprouvait aucun remords envers ses parents ; ils l'avaient abandonné autrefois pour payer leur propre liberté, maintenant c'était à lui de les abandonner. L'aide que leur avait apportée sa captivité aurait une fin puisqu'il partirait vivre sa vie.
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Le destin est partout, comme il était dans cette première rencontre, mais le destin n'est pas le hasard, et les événements même les plus inattendus répondent à un plan.
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Les Britanniques étaient partis, voilà. Du temps de leur présence, ils menaient tout a la baguette, like a school for monkeys, comme on dit dans leur langue. Ceci n'est pas autorisés, cela est interdit. C'est mal, mal, allez en prison. Arriérés, corrompus, infantiles, nous seuls, les Britanniques, sommes honnêtes, les plus justes, les plus efficaces dirigeants depuis l'aube des temps.
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Lors de ces terribles scènes, où ses parents semblaient oublier que, pendant qu'ils se déchiraient mutuellement, il était assis devant la porte ouverte, Yusuf avait entendu son père gémir : "Mon amour pour elle n'a pas été heureux. Si tu savais comment cela fait souffrir !
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Il y a, vous le voyez, un je dans cette histoire, mais je n’en suis pas le sujet. C’est une histoire sur nous tous, Farida et Amin, nos parents, Jamila. Elle dit que chaque histoire en contient beaucoup d’autres, et qu’elle ne nous appartiennent pas mais se confondent avec les aléas de notre époque, qu’elles s’emparent de nous et nous lient à jamais. p135
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Le destin est partout, comme il était dans cette première rencontre, mais le destin n’est pas le hasard, et les événements même les plus inattendus répondent à un plan. Ainsi la suite a-t-elle laissé paraître moins qu’accidentel le fait qu’Hassanali ait été celui qui a découvert l’homme. p10
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