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3.06/5 (sur 35 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Mouilleron-en-Pareds , le 04/07/1868
Mort(e) à : Chançay , le 30/12/1933
Biographie :

Abel Chevalley est écrivain d’ouvrages historiques et traducteur de l’anglais.

Agrégé de l'Université, il a publié des études anglaises ainsi que des recueils de poèmes.

Il est auteur d'une histoire romancée de la bête du Gévaudan, qui connut un succès de librairie dans sa première édition chez Gallimard en 1936.

Diplomate, il fut consul général à Pretoria en Afrique du Sud, (1905-1910), représentant de la France en Prusse orientale (1919-1920), haut-commissaire en Géorgie (1920-1921).

Il a aussi écrit sous le pseudonyme de Jean Baslin.





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Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
« La bête qui m’a attaquée ressemble à un gros loup mais ce n’en est pas un. Sa tête est plus grosse, plus allongée, elle est rousse et porte une raie noire tout le long du dos. Elle n’a pas cherché à s’en prendre au bétail, c’est moi qu’elle voulait dévorer ! »
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Une femme s'était révélée, la plus faible et la plus pauvre des femmes, mais une mère. Elle avait empoigné la Bête de ses mains, s'était jetée sur son dos, et l'avait montée comme une bourrique... Geste vengeur ! Voici en quels termes la Gazette de France du 22 mars 1765 raconte l'épisode : « Le 14 de ce mois, une femme du Pouget (à mi-chemin entre Saugues et Saint-Alban), étant vers le midi, avec trois de ses enfants sur le bord de son jardin, fut attaquée brusquement par la Bête féroce, qui se jeta sur l’aîné de ces enfants, âgé de dix ans, lequel tenait entre ses bras le plus jeune, encore à la mamelle. La mère, épouvantée, alla au secours de ses deux enfants et les arracha tour à tour de la gueule de cet animal, qui, lorsqu'on lui en ôtait un, se saisissait de l'autre. C'était surtout le plus jeune qu'elle attaquait avec le plus d'acharnement. Dans ce combat qui dura quelques minutes, cette femme courageuse reçut, ainsi que ses deux enfants, plusieurs coups de tête de l'animal, qui déchira et mit en lambeaux leurs vêtements. Enfin, voyant qu'on lui enlevait ses deux proies, la Bête féroce alla se jeter avec fureur sur le troisième enfant, âgé de six ans, qu'elle n'avait pas encore attaqué et dont elle engloutit la tête dans sa gueule. La mère accourut pour le défendre : après avoir fait des efforts inutiles pour arrêter cet animal, elle sauta à califourchon sur son dos, où elle ne put se tenir longtemps. Pour dernière ressource, elle chercha à saisir la Bête par une des parties de son corps qu'elle jugea la plus sensible. Mais les forces lui manquant tout à fait, elle fut obligée de lâcher prise et de laisser son enfant à la merci du monstre. Dans ce moment, un berger, apercevant cet animal qui emportait l'enfant, accourut armé d'un bâton, au bout duquel il avait attaché une lame de couteau. Il porta quelques coups à la Bête, mais sans lui pouvoir faire aucun mal. Elle sauta par-dessus une haie et un tertre de dix pieds de haut, tenant toujours l'enfant dans sa gueule. Le berger avait avec lui un mâtin de la plus haute taille qui courut après la Bête, la joignit à trente pas de là et donna dessus, ce qu’aucun chien n'avait encore osé faire. Elle laissa alors tomber sa proie et, se retournant vers le chien, elle l'enleva d'un coup de tête sans le mordre et le fit tomber à vingt pas de là. Après quoi, elle prit la fuite. L'enfant, qu'elle avait laissé, a la lèvre supérieure emportée, le cartilage du nez entièrement mangé, une joue déchirée, et, ce qu'il y a de plus dangereux, toute la peau de la tête est enlevée et tombant à droite et à gauche sur les épaules. Il y a tout à craindre pour sa vie. Qu'on se figure l'état de sa malheureuse mère à ce spectacle. Elle arriva, accablée de lassitude, le visage baigné de larmes de tendresse et de douleur, le cœur partagé entre la joie d'avoir sauvé deux de ses enfants et le désespoir de voir le troisième si cruellement déchiré. Cette respectable mère s'appelle Jeanne Chastan, femme de Pierre Jouve. Elle est âgée de vingt-sept à vingt-huit ans, d'une complexion très faible et même d'une mauvaise santé. Avant cette action, elle jouissait déjà de l'estime publique par sa sagesse et ses bonnes mœurs.
« Le roi, informé de la belle et courageuse action de cette femme, a ordonné qu'il lui soit donné une récompense. »

Chapitre 2
La bête et les dragons
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La Bête n'était pas seulement sauvage, féroce, immonde. Elle était rapide comme le vent, et, comme le vent, insaisissable. Elle avait le don d'être partout à la fois, le « privilège d'ubiquité », comme disait notre curé. C'était peut-être le diable ? Ce dimanche-là des prières furent dites dans notre église. Nous demandâmes à Dieu de nous protéger, à la sainte Vierge de nous secourir. Nous fîmes le signe de la croix sur nos baïonnettes rustiques.

Chapitre 1. La Bête et Monseigneur
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Une explication, même scientifique, n'est jamais que provisoire. Elle n'apporte rien, elle développe. Elle cesse d'être recevable dès qu'un fait nouveau la contredit. Mais, du moins, est-elle susceptible, par l'expérience, d'une sorte de confirmation. Allez donc vérifier expérimentalement une explication historique ! On ne peut pas plus recommencer la Bête que Napoléon. Au fond, toute explication d'événement humain, de fait social, est une espèce de danse devant le mystère. Elle procure un plaisir immédiat, une satisfaction calmante. C'est déjà beaucoup. Nous voyons le passé dans une fumée de pipe. L'histoire est un marchand d'opium.

Avertissement
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Et il est vrai, je le savais déjà, que des histoires singulières commençaient à courir. Ces histoires attribuaient au fauve certains traits purement humains. La Bête marchait parfois toute droite sur ses pieds de derrière. On l'avait entendu rire. Elle venait parfois s'accouder aux fenêtres et regardait le soir à l'intérieur de la maison. Tout près de chez nous, à Julianges, un certain Pourcher l'avait tirée la nuit, du haut d'une fente étroite dans le mur de sa grange. Elle avait trébuché, s'était relevée, et était partie « en jurant ». « Elle » faisait, disait Pourcher, un bruit comme quelqu'un qui se sépare d'un autre après une dispute. »

Chapitre 1.
La Bête et Monseigneur
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(...) la fortune est promise à qui tuera la Bête. Il faut, pour cela, qu'il n'y ait qu'une Bête. On ne le saura que si les ravages cessent après sa mort. Mais qui la tuera ? Un de ces vingt mille rustres qui rabattent ? Lequel de leurs hobereaux ? Un dragon ? Un piqueur ? Ou bien moi, d'Enneval, ou bien nous ? Il faut se surmener, tout surveiller, être à tout prix au bon endroit, le bon jour, au bon moment. Quel métier ! quel labeur ! quelle vie ! Même ces messieurs d'Enneval, père et fils, n'y peuvent tenir trois mois...

Chapitre 2
La bête et les dragons
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Le fait demeure qu'à la fin de juin, les terribles ravages qui ensanglantaient le Gévaudan cessèrent définitivement. Mais pourquoi et comment ? Le saura-t-on jamais ? La Bête n'était-elle qu'un loup, ou plusieurs ? Comment expliquer ces descriptions concordantes, ou ce qu'il y a de concordant dans ces descriptions qui la représentent tout autre ? Comment imaginer tout un peuple, à qui les loups étaient aussi familiers et pas plus mystérieux que les renards ou les blaireaux, se leurrant à ce point ? Et pourquoi ces loups auraient-ils soudain cessé de manger les moutons ? Préféraient-ils à tel point les enfants que de se passer d'agneaux ? Et pourquoi ces loups mangeurs de fillettes et de garçonnets auraient-ils soudain sévi ? Et d'où venaient-ils ? Et que devinrentils ? Jusqu'où reculer la chaîne des prétendues causes — ou la prolonger ? En quoi l'espèce, création de l'esprit, peut-elle limiter la nature ? Y a-t-il donc quelque chose de tellement inviolable, et net, et précis, entre ce que nous appelons chien, par exemple, et ce que nous appelons loup, entre ce que nous appelons loup et ce que nous appelons hyène ? La chaîne des êtres est-elle continue ou brisée ? Peut-on admettre des croisements ? Des hybrides ? Y aurait-il eu jadis entre loups et chiens, ou hyènes, ou chacals, ce que sont mules et mulets entre âne et cheval ?

Chapitre 6
La fin de la Bête
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Au Gévaudan, religion et superstition sont encore aujourd'hui très étroitement mariées. Mais alors, les puissances occultes étaient toutes-puissantes. Les esprits y étaient tournés vers le tragique et le merveilleux. Dès le début de la catastrophe, bien entendu, l'apparition du Malin avait été signalée. Un jour, des femmes des Escures, paroisse de Fournels, se rendaient à la messe. Un homme à la poitrine velue, aux mains fourrées de poils, les rejoint, silencieux, énigmatique. Elles tremblent. Il disparaît, comme par miracle, juste au seuil de l'église. La Bête est vue dans la matinée près du village. Auprès de Saugues, des femmes montent à dos de mulets vers un col, deux ou trois sur la même bête. L'homme silencieux qui les accoste a un fusil rouillé. Il dit qu'il va tuer la Bête. Une des femmes ne sait pas se tenir et glisse de la croupe du mulet vers l'arrière. Cet homme l'aide à se redresser. Elle sent contre sa peau une main râpante, couverte de poils qui brûlent. Elle pousse un cri... Toutes meurent d'effroi. L'homme les quitte aux bois du Favart. Une heure après, elles apprennent en route que la Bête est aux bois du Favart...

Chapitre 2
La bête et les dragons
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Nous étions divisés entre nous, et chacun en soi-même. Nous ne savions qui croire. On ne parlait pas de sorciers, mais on y pensait constamment. Tous ceux qui avaient eu naguère la réputation de double vue étaient à la fois craints et flattés. On se détournait d'une lieue pour les éviter. Mais si l'on venait à les rencontrer, on se faisait tout aimable. La paroisse de la Besseyre était célèbre par ses sorciers. Le Diable, disait-on, y avait jadis habité. Chacun savait, au reste, qu'il avait son château fort à Javols, château aussi invisible qu'imprenable. L'œil humain n'en pouvait distinguer que des ruines. Les esprits forts du Malzieu prétendaient que Javols était une ancienne capitale gauloise, sanctuaire druidique. Mais M. de Gumbera ayant une fois appuyé leurs dires, personne n'y ajoutait plus foi complètement. D'ailleurs, c'était l'esprit du diable qui habitait Javols. Son corps était partout où il le voulait, et partout à la fois. Il aimait la chair fraîche ; il avait besoin d'enfants, de jeunes filles, de femmes. Telle, la Bête...

Chapitre 3
La Bête et les louvetiers
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Malgré mainte publication, l'histoire de la Bête du Gévaudan reste à faire. C'est encore une énigme, la plus célèbre de celles qui relèvent à la fois de la chronique et de la biologie. Certains se persuadent que la Bête n'était qu'un nom collectif attribué par la simplicité populaire à une multitude de gros loups. D'autres pensent que la Bête était une espèce de monstre, ou plusieurs, quelque hybride d'hyène et de louve, ou toute une portée de ces animaux disparus qu'un caprice d'hérédités fait parfois reparaître. Il est bien singulier que les descriptions de la Bête par ceux qui l'ont vue — et ceux qui l'ont vue n'étaient pas tous des paysans — s'accordent presque exactement à lui reconnaître les mêmes traits ; or, ces traits ne permettent pas de la confondre avec un loup. Du Hamel et deux de ses dragons l'ont vue. D'Enneval, le vieux louvetier, l'a vue. Ils n'étaient pas du pays. Ce n'étaient pas des rustres. Des muletiers, des artisans, étrangers au Gévaudan, l'ont vue. S'il y eut autosuggestion, ils devaient y échapper.

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