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Critiques de Abigail Assor (57)
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Aussi riche que le roi

Éblouissant premier roman tellement maîtrisé et émouvant. L’histoire d’un amour contrarié par la différence sociale avec en portrait de fond une jeunesse marocaine désillusionnée durant les années de plomb. Dans ce roman tout n’est qu’émotion, poésie, éveil des sens, images, odeurs, saveurs, sentiments ajoutés à un grand réalisme.

Maroc, 1994. Casablanca la blanche s’élève ondoyant sous une brise marine entre lumière et contre-jour étalant ses palais, les remparts ocre de la Médina, ses résidences huppées mais aussi sa misère la violence des bidonvilles celle qui fait honte, que l’on voudrait cacher, que l’on se cache. C’est là que Sarah une adolescente française « à la peau de terre cuite » vit avec sa mère du mauvais côté du fossé creusé par les inégalités sociales et qui renie ses origines au point « d’avoir la nausée lorsqu’elle croise les yeux des gens d’en bas ». Cette adolescente à la beauté tapageuse, très débrouillarde, use et abuse de ses « sortilèges de joliesse » avec ses poses sensuelles, ses sourires calculés et ses battement de cils exagérés. Menteuse et stratège, elle en apprend plus à l’école de la vie que sur les bancs du lycée. Faux self, faux mots d’amour elle joue de tous les artifices pour paraître et obtenir. Tout comme sa mère elle offre ses charmes contre quelques mets, boissons, vêtements et privilèges. Ne visant qu’à cacher sa pauvreté elle fréquente des amis du quartier huppé d’Anfa, tous plus ou moins paumés, ensemble ils rêvent d’un ailleurs et refont le monde depuis leur transat sur le sable, dans les cafés ou brasseries sous une chaleur propice à l’indolence. Les regards ont une importance capitale dans ce roman, les yeux qui scrutent ou ceux qui ne vous voient pas. Driss est de ceux là, de ceux qui ont un regard qui glisse sur les filles, alors Sarah ne voit plus que ces iris là « de thym et de laurier». Lorsqu’on lui apprend qu’il est « aussi riche que le roi » il devient son unique objet de désir malgré son physique ingrat. Elle qui envie les filles riches du lycée français, imagine son mariage avec lui et fantasme sur un palais majestueux aux jardins luxuriants avec des diamants au sol et d’un personnel à son service. Sa mère qui en a déjà bien assez à supporter son surpoids, ses amants et sa précarité se préoccupe peu d’elle. Quel destin possible pour ces dernières? Car être femme et pauvre constitue une double peine dans ce pays où des traditions sclérosantes condamnent à être dominée. L’écrivaine parvient à éviter les clichés et nous embarque avec justesse de sa très belle plume dans cette histoire d’un amour impossible, de cet amour pour lequel on scarifie les tables en bois du lycée du prénom de l’autre. Driss et Sarah. Pendant des mois « elle avait été lui, il avait été elle ». L’un est le refuge de l’autre. Au fond leur combat se ressemblent. Mais les parents de Driss voient cette relation d’un mauvais œil. Le face à face entre Sarah et la mère du jeune homme en pleine fête de l’Aïd est sensationnel d’ailleurs. Dès lors la réalité dévoile les murs qui les enferment calfeutrés jusque là par le déni. Un « Nous » unissant deux mondes opposés est-il possible ? Seront-ils un jour :

Libres de choisir

Libres d’agir

Libres de s’aimer? À quel prix...?

Dépaysant et bouleversant.









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Aussi riche que le roi

Roman époustouflant et qui vous tient en haleine jusqu’au bout, « Aussi riche que le roi » vous plonge dans la brutalité de la société marocaine des années 90.

On est tout de suite happé par la vitalité qui émane de Sarah, cette jeune française si pauvre qu’elle doit vivre à l’orée d’un bidonville de Casablanca avec sa mère qui se vend aux français du Cercle pour survivre. Mais sa pauvreté, elle la cache par fierté, plutôt marcher à pied que prendre le bus comme une fille du peuple. Ses efforts ne dupent personne sauf elle-même qui poursuit de grands rêves. Elle est sûre que sa beauté lui permettra d’accéder au mariage avec un homme riche, et elle vivra dans le quartier d’Anfa où s’élèvent les villas cossues des riches.

Parce qu’elle est française, Sarah fréquente le lycée français et côtoie cette jeunesse dorée. Sa beauté et sa débrouillardise lui ouvrent des portes jusque-là interdites.

Sarah s’est construite deux vies, celle de la fille cool et riche qui s’immisce parmi les gosses de riches et la Sarah des bidons villes où les gamins survivent en mendiant et en vendant de la drogue ou des cigarettes et où la violence est le quotidien des habitants. Cette vie de débrouillardise au jour le jour aurait pu continuer longtemps qu’il n’y avait eu Driss que les autres disent « aussi riche que le roi ». C’est donc lui que Sarah doit séduire pour se faire épouser. « Je suis amoureuse de toi », c’est avec cette phrase qu’elle apprivoise le garçon riche mais timoré et décalé dans son monde. Il est aussi très laid avec une démarche de canard et ne s’intéresse qu’à sa moto et aux mécanismes de ses montres, mais Sarah ne retient que le vert de thym de ses yeux. Leur solitude va les rapprocher, et « le petit mari » comme l’appelle Monique la mère de Sarah, sera le seul à entrer dans le cercle de pauvreté de Sarah. Faisant fi des codes de la société et de la ségrégation qui fait loi entre les riches, les pauvres et les appartenances religieuses dans un régime autoritaire et policier, Driss et Sarah vont se mettre à rêver d’une autre vie, une vie libre comme une course en moto, et pourquoi pas une vie en Amérique.

Cette histoire est un contre moderne et cruel, le récit initiatique de deux enfants décalés qui n’auraient jamais dû se rencontrer et qui aspirent à une liberté dans une société codifiée et surveillée.

L’écriture, fluide, précise, restitue parfaitement l’agitation de la rue, ses odeurs, la saleté, en contraste avec le jardin de la villa de la famille de Driss, monde luxueux et fermé. On s’attache à Sarah et Driss et leurs amis et on se laisse bousculer par ce monde de contrastes aux parfums de merguez, de kif et de Giorgio Armani ou l’injustice sociale n’a jamais été aussi poignante.

Une lecture addictive pour un premier roman maitrisé.













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Aussi riche que le roi

Driss est aussi riche que le roi. Pour Sarah, adolescente des bidonvilles de Casablanca, il est l’Eldorado. La porte vers la richesse et la vie facile. Alors, même s’il n’a pas un physique facile (sauf ses yeux couleur thym), Sarah, dont la beauté est le seul bien, tente l’aventure, le séduit et le miracle opère : ils finissent par se trouver. Se reconnaissent. Se lient. Malgré leurs différences de milieu.

Mais la vie n’est pas un long fleuve tranquille au Maroc pendant les années de plomb. Chaque personnage de ce conte cruel va le comprendre à ses dépens...

Il n’est jamais simple de sortir de sa condition. Pas facile de rejoindre Anfa supérieur quand on habite à Hay Mohammadi !

Ce premier roman flamboyant dresse le portrait lumineux d’une arriviste attachante, qui essaie de se hisser par tous les moyens, dans une ville (un pays ?) marquée par une hiérarchie sociale indéboulonnable, où l’argent et les hommes sont rois.

Le couple d'amoureux, Driss et Sarah, joue sa partition avec précision, les seconds rôles (Yaya, Chirine, Alain, Badr, Abdallah...) sont parfaitement attribués et complètement représentatifs de la multiplicité sociale, culturelle, religieuse du Maroc.

La plume est virevoltante, l’histoire toujours passionnante. Enfin, Le pouls de Casablanca bat à chaque page, celui de la société marocaine également, grâce aux descriptions détaillées, imagées de l’autrice, qui sonnent toujours justes.

Avec au final ce constat, amère, en déplaise à Charles Aznavour : Pas sûre que la misère soit moins pénible au soleil !
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Aussi riche que le roi

C'est « un roman époustouflant et superbement écrit » : ces mots que je fais miens sans hésiter sont ceux de Claja Lisa B., fondatrice du Prix Bookstagram du premier roman francophone, décerné dimanche 6 juin à Aussi riche que le roi. J'ajoute que c'est peu dire qu'il m'a totalement enthousiasmée.⠀⠀

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C'est l'éternelle histoire du prince et de la bergère, mais avec un sacré cabossage du conte de fée au passage… C'est l'éternelle histoire de l'amour impossible entre un drôle de Montaigu et une Capulet improbable, qui s'aimeront peut-être, eux non plus. C'est un homme laid et riche, et une jeune fille belle et pauvre, un homme aux yeux de thym et une jeune fille qui ne veut pas devenir une prostituée obèse comme sa mère, un homme dont la jeune fille apprend tous les cratères du visage par coeur et une jeune fille dont l'homme accepte qu'elle le rassure, c'est un homme et une femme, c'est Driss et Sarah, et leur histoire s'avère poignante.⠀⠀

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C'est un roman très social, aussi, très ancré dans les rivalités exacerbées qui se jouent dans le Casablanca de 1994, entre bidonvilles où il ne fait pas bon vivre et quartiers riches qui ont l'avantage d'être riches, mais l'inconvénient qu'on y étouffe.⠀⠀

⠀⠀

C'est un premier roman, enfin, d'une jeune autrice qui entre directement dans mon Panthéon des découvertes à suivre.⠀⠀

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Lisez-le, et aussi... n'hésitez pas à faire des infidélités à Babelio pour bookstagram, par exemple en suivant le lien que je vous mets ci-dessous : on peut y faire de vraies découvertes !
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Aussi riche que le roi



Casablanca; années 90 : la jeune Sarah , adolescente de 16 ans, issue des quartiers les plus pauvres de la ville, est une française qui étudie au Lycée Français et qui se débrouille alors qu'elle n'a pas un dirham en poche.



Très vite, elle a appris à manier les armes de la séduction pour lui permettre de manger à sa faim, et d’acquérir les choses plus ou moins superflues qu’une adolescente convoite . Pour cela, elle est prête à tout, et même sortir avec Driss, dont le père serait selon les rumeurs, plus riche que le roi du Maroc, malgré un physique désavantageux, que Sarah finira par oublier, face à la gentillesse et la maladresse du jeune homme .



Peu à peu, Driss et Sarah vont se rapprocher, se comprendre en dépit de leurs différences et une proximité difficile à qualifier va se nouer entre eux.



Entre deux personnes qui semblent à des années lumières l'une de l'autre, quel est ce lien qui peut les unir ? Ce formidable premier roman d'Abigail Assor raconte l'histoire de deux gens gens a priori opposés qui vivent à Casablanca pendant les années de plomb.



Pas de balade touristique et encore moins un conte de fées à la 1001 nuits au programme, tant la plume d'Abigail Assor, incarné et coloré, lyrique et sensuelle, mordante et virvoltante, nous emporte bien ailleurs.



Une plume à l'image de cette ville qui ne ressemble à aucune autre, ville de contrastes aux rues ensoleillées et grouillantes où misère et richesse cohabitent dans un système quelque peu obsolète.



Les bruits, les odeurs, tous les détails sont retranscrits ici de manière saisissante . "Aussi riche que le roi" , c'est aussi le portrait très touchant d'une jeune fille dont le seule échappatoire face à sa condition sociale misérable est de jouer de ces charmes.



Et ce n'est pas évident dans un pays où la condition féminine est loin d'être reluisante et où la jeunesse désabusée et impuissante face au poids des traditions.



On n'oubliera pas de sitôt Sarah, héroïne à la fois solaire et mystérieuse dont on ne peut que tomber sous le charme pendant la lecture de ce très beau texte.
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Aussi riche que le roi

Sarah est une ado française, elle vit avec sa mère à Casablanca, sa mère y avait immigré pensant y trouver des jours meilleurs. Elles vivent dans une maison délabrée près d 'un bidonville. Sarah côtoie la jeunesse dorée au lycée français où elle va en cours Elle refuse sa condition et fait semblant, auprès de ses copines, d'habiter dans les beaux quartiers, elle sort avec des garçons nantis pour profiter de leurs belles voitures et des piscines de leurs villas , elle se fait offrir des vêtements et des repas en tirant parti de sa beauté.

Sarah rêve du jour où elle sera riche, c'est son obsession,sortir de sa condition et devenir une reine ! Un jour, elle rencontre Driss, on dit que Driss est très riche ," aussi riche que le roi" , mais, il est laid, empoté et taiseux. Qu'importe , Sarah jette son dévolu sur lui, c'est lui qu'elle épousera !

L'auteure nous offre une radiographie très précise de la société marocaine dans les années 90 ,avec ses disparités sociales criantes,ses inégalités,la domination et les rapports de force entre les riches et les pauvres, entre les hommes et les femmes et Sarah semble bien ingénue si elle pense pouvoir abolir tout ça d'un coup de baguette magique néanmoins sa détermination est émouvante.

Ce premier roman d'Abigail Assor est un coup de cœur pour moi , j'ai notamment apprécié son style riche, généreux et imagé qui nous embarque d'emblée dans les rues de Casablanca

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Aussi riche que le roi

Maroc. Années 90. Sarah, jeune et belle adolescente, rêve de sortir de la pauvreté. Son passeport lui permet de côtoyer les héritiers de la classe dirigeante marocaine dans le lycée français de Casablanca. Maintenir l'illusion d'être du même monde que ses camarades privilégiés est son combat quotidien. Ses espoirs sont vains. Elle ne fait pas vraiment illusion, mais sa détermination paie. Elle rencontre Driss. Il n'est pas beau. Il est gauche et timide. Elle tombe amoureuse... de ses cadeaux, de son argent, ... de l'avenir qu'il pourrait lui offrir. Un rêve d'échappatoire. Ce récit apporte un regard aiguisé sur la brutalité des rapports sociaux dans la société marocaine des années 90. Une analyse d'un système patriarcal et autocratique où les inégalités sont nombreuses. Captivant premier roman. À lire.
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Aussi riche que le roi

Dans la Casablanca des années 1990, on suit Sarah, une lycéenne Française aussi belle qu'elle est débrouillarde, qui vit dans un bidonville avec sa mère, une prostituée obèse. Sa nationalité lui confère tout de même un privilège certain, lui permettant de fréquenter un lycée français auquel les Marocains n'ont accès qu'à gros prix. Elle traîne avec une bande de jeunes plus vieux et plus riches qu'elle et n'a d'yeux et d'intérêt que pour l'argent, comment ne pas paraître pauvre, comment fréquenter les riches et les lieux de riches, comment se sortir de son humiliante pauvreté. Elle décide de séduire le petit, moche et timoré Driss, dont on dit qu'il est aussi riche que le roi. Mais il a des yeux de thym et qui sait, Sarah pourrait se prendre à son propre jeu et tomber amoureuse... Ce roman offre une description très fine, très sensible et assez désespérée de la société et des moeurs des Casablancais de cette époque pas si lointaine, de la police corrompue au respect hypocrite des dictats de la religion, de la domination étouffante des grandes familles, un monde où chacun méprise plus pauvre que soi et cherche à le dominer. Instructif, choquant, tragique, un premier roman plutôt réussi, ma foi.
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Aussi riche que le roi

Dévoré littéralement en un jour, ce roman dont l’histoire se déroule entre les beaux quartiers de Casablanca et ses lointains bidonvilles, est un véritable cri de détresse d’une jeunesse mutilée, perdue et incomprise, indépendamment du toit sous lequel elle grandit.



Retour aux années 90, telle une pièce de théâtre trouvant sa mise en scène dans les alentours du lycée français de la ville, l’auteure fait côtoyer avec subtilité les deux extrémités de l’échelle sociale marocaine avec une description troublante de réalisme, à quelques détails près.



Le personnage de Sarah se veut détestable car superficiel et vénal. Mais dès les premiers chapitres, on se prend d’affection pour cette « petite » à l’histoire touchante. Sa rencontre avec Driss n’a rien d’une telenovela. Initialement motivée par ses ambitions d’ascension sociale, elle cède rapidement la place à un nouveau sentiment amplifié par l’écoute et la compréhension que lui témoigne ce garçon aux yeux de thym, aussi riche que le roi...



Avec malice et courage, Sarah se bat contre son destin, usant de la seule chose qu’elle possède : son corps. Elle y croit dur comme fer et se projette déjà dans sa future demeure surplombant les collines d’Anfa Sup. Se considérant plus intelligente que sa mère, elle est certaine de ne jamais reproduire ses erreurs.



Et moi lectrice, j’ai envie d’y croire. Je défile les pages les unes après les autres en quête du dénouement heureux. La notion du bonheur étant subjective, je recommande vivement ce livre à tous ceux en recherche d’évasion avec en bonus pour les casablancais comme moi, un retour trente ans en arrière dans les dédales des lieux mythiques de la métropole.

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Aussi riche que le roi

Sarah est la grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le bœuf. La jolie petite Française échouée aux portes d’un bidonville de Casablanca rêve d’ailleurs et de passer sa vie dans le luxe au bord de la piscine d’une villa d’Anfa Supérieur, entourée de petites bonnes.

Elle va viser haut, très haut vers Driss, celui qui lui est présenté comme aussi riche que le roi. Rien ne va la rebuter, ni la laideur de Driss, ni son comportement étrange et ses difficultés à communiquer avec les autres.

Elle va alors se faire prendre à son propre jeu, car Driss va devenir sa moitié, et ils vont vite se comprendre sans même se parler. Reste à savoir si Driss et Sarah pourront aller à l’encontre des carcans familiaux, des contraintes sociales, dans ce Maroc profondément inégalitaire.

Abigail Assor parvient très facilement à rendre Sarah l’arriviste attachante, j’ai cependant regretté de ne pas avoir le point de vue de Driss ou d’autres personnages qui auraient permis de donner une vision plus large de la société marocaine. L’utilisation de la troisième personne met aussi les personnages un peu à distance, c’est dommage.

Un très beau premier roman, qui nous emmène dans l’envers du décor, dans un Maroc loin des hôtels pour touristes et des plages de sable fin.

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Aussi riche que le roi

Abigail Assor, dans une écriture rêche et âpre comme le sable de Casablanca raconte l'histoire d'une croqueuse de diamants et d'une altesse aux yeux couleur de thym, aux Rolex étincelantes et à la laideur repoussante. Leurs deux solitudes se percutent, Sarah rêve et fantasme, Driss la couvre de cadeaux et la dévore du regard. Mais en 1994, au Maroc, la société est régie par une hiérarchie inviolable, les riches dominant les pauvres, les hommes dominant les femmes et les rois dominant les princes... (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2021/03/30/aussi-riche-que-le-roi-abigail-assor/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Aussi riche que le roi

Ce qu'il y a de mieux dans Aussi riche que le roi, c'est la restitution de l'intensité de la vie à Casablanca, dans les années 90, une cité grouillante, dont nous parviennent les clameurs et même les odeurs, dans la langue extrêmement précise et souvent envoutante d'Abigail Assor. Native de Casa, la primo-romancière signe un faux conte de fées, avec son prince charmant riche mais laid et l'adolescente qui a entrepris de le séduire, elle qui est pauvre mais belle (tiens, cela rappelle le titre d'un film de Dino Risi de 1957 !). Socialement, les deux personnages principaux sont aux antipodes et Abigail Assor insiste beaucoup sur ce thème, dans des descriptions détaillées de vies en parallèle qui ne devraient pas se côtoyer et encore moins se voir. L'héroïne du récit, Sarah, est une sorte de Rastignac de la fin du XXe siècle, à l'ambition dévorante, qui est prête à tout pour parvenir à ses fins. Les enjeux sont clairs dès le début du roman et si la relation entre la jeune fille et son "prince pas charmant" est contée avec beaucoup de nuances et de maîtrise psychologique, le livre n'évite pas certaines redites dans plusieurs scènes et abuse parfois de scènes contemplatives. Le roman n'en reste pas moins une première œuvre prometteuse, Abigail Assor n'ayant sans doute pas épuisé les ressources narratives liées au caractère si particulier de la ville blanche.
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Aussi riche que le roi

Vivre à Casablanca, c’est faire partie d’une hiérarchie sociale stricte. Quand on vient du bidonville de Hay Mohammadi, impossible d’espérer un jour habiter les superbes villas d’Anfa Supérieur – Sarah le sait, mais ça ne l’empêche pas d’essayer. Quand elle rencontre Driss, ses rêves de fortune et d’élévation sociale prennent un nouveau visage, celui de ce garçon court sur pattes au nez crochu, un physique ingrat adossé à une pile de lingots d’or. Comme une sorte de Gossip Girl casablancais, Aussi riche que le roi, nous raconte l’histoire de cette jeune Française d’un pauvreté crasse, prête à tout pour s’attirer les faveurs du plus riche des riches.



Ce qui ne semble commencer que comme un simple calcul vénal de la part de Sarah se transforme pourtant petit à petit en une relation dont elle ne réalise pas tout de suite la profondeur. A l’opposé sur l’échelle sociale, Driss et elle n’en sont pas moins singulièrement similaires, marqués par les blessures douloureuses que provoque l’argent, qu’on en ait trop ou qu’on en manque. Mutiques tous les deux, ils se comprennent à travers leurs silences, jusqu’à devenir le prolongement l’un de l’autre, une seule et même personne, que l’ordre social ne saurait tolérer. Construisant son récit en flashback, Abigail Assor attise notre curiosité en nous donnant envie de croire qu’un avenir est possible pour Driss et Sarah, quand bien même nous savons, dès les premières lignes des premières pages, que ce récit ne sera pas de ceux qui se finissent sous les youyous des femmes marocaines.



Abigail Assor nous entraîne dans un voyage sensoriel épatant, nous plongeant dans le tumulte des rues de Casablanca. On se cogne contre les règles non-écrites, on sent l’odeur des joints quand la jeunesse dorée s’ennuie, on se lèche les doigts de miel après avoir pioché dans la boîte de pâtisseries Bennis un soir de Ramadan. Loin de nous servir de la romance réchauffée, Abigail Assor nous émeut par l’humanité de ses personnages, par la vivacité de ses descriptions et par l’intensité des émotions qui naissent d’une entente partagée, d’une compréhension mutuelle. Un premier roman diablement réussi et une auteure prometteuse – à suivre.
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Aussi riche que le roi



Sarah est belle. C'est tout ce qu'elle possède.

Elle vit dans les quartiers pauvres, au milieu des bidonvilles, des déchets, des sifflements.

Mais elle est belle.



Alors elle minaude. Elle sourit, elle flirte. Fréquente les adolescents du quartier huppé d'Anfa. Ses silences mentent. Ses mots aussi. Elle dit je t'aime pour un jean de marque, un soda, un sandwich. Elle dit je t'aime quand elle offre ses cuisses, son ventre, ses reins, elle dit je t'aime, Sarah, pour leur faire oublier qu'ils ne sont pas le premier. Ne le seront jamais.



Et puis, un jour, elle rencontre Driss. Decide que ce sera lui. Il est laid, Driss, laid au point de n'avoir jamais embrassé aucune fille. Il est laid, même ses yeux couleur de thym n'y peuvent rien.

Pourquoi lui alors ?

Parce qu'il est aussi riche que le roi.



L'histoire s'accélère.

L'un et l'autre aux prises avec leurs chaînes, celles des traditions, celles de la misère.

Au point de se ressembler.

Au point de s'aimer malgré tout.

Comme le revers d'une même pièce. D'une même plaie.



D'une écriture sensuelle, dans sa restitution des parfums, des couleurs... Chaque mot semble s'approcher au plus vif de Sarah, au plus secret de ses désespérances.

Une plume en nuances, comme je les aime.

Un conte moderne qui vient cracher sur les fées.



Lu dans le cadre du #prixfrancoisesagan2022 , j'avoue avoir passé un très très bon moment
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Aussi riche que le roi

Casablanca la blanche, en 1994. Sarah, française, a 16 ans et vit avec sa mère dans une maison délabrée sans eau courante, tout près du bidonville, dans le quartier de Hay Mohammadi. Une mère qui ne peut lui offrir qu’un canapé pour dormir et ne lui accorde que peu d’attention.

Elle n’a qu’une idée en tête, sortir de la misère avec la seule ressource qu’elle sait posséder: sa beauté.

« Tous les garçons la regardaient toujours, même les plus fâchés; même après ses pires mensonges, ils continuaient à la regarder. »

Sarah a appris à jouer de ses charmes et à manier les armes de la séduction et de l’amour pour lui permettre de manger à sa faim, de s’habiller comme les jeunes de son âge ou d’acquérir les petites choses qu’une adolescente convoite.

Du haut de ses 16 ans, elle est pleine de l’espoir et de la fougue de sa jeunesse. Elle rêve d’une autre vie et quand son petit ami du moment, en apercevant Driss dans un café, lui lâche que « ce mec, c’est le plus riche des plus riches, plus riche que nous tous. Peut-être aussi riche que le roi. », elle n’a plus qu’une idée en tête: le séduire et l’épouser.

Elle est pauvre, il est riche mais nous ne sommes pas dans un conte de fées. Sarah n’a rien d’une princesse endormie. Elle va trouver le moyen de le rencontrer. Peu importe qu’il soit laid (« il avait les jambes courtes et le ventre dodu (…) il sourit, et les petites dents de rongeur apparurent, écrasées sous l’épaisse gencive, et l’épaisse gencive pliait sous l’ombre du nez, qui était crochu et pointait vers le sol. Franchement laid, oui. »), son avenir, c’est Driss.

Quel roman époustouflant et superbement écrit! À en juger par la qualité de ce premier roman, Abigail Assor est une voix qui va compter dans le paysage littéraire francophone.

La grâce, la précision et l’agilité de sa plume nous transportent dans les rues et ruelles de Casablanca ou sur le sable de ses plages bordant l’océan. Entourés de palmiers, d’hibiscus rouges, de petites échoppes, on en respire les odeurs, on est rafraîchi par son vent de janvier, on est ébloui par son soleil, on y boit des smoothies improbables et les fourmis qui les accompagnent…

On y croise Yaya, Alain , Chirine, Badr, Abdellah, Moustache, le viouzabi, personnages secondaires tout autant inoubliables que Sarah et Driss.

On suit Sarah… qui suit Driss, tous deux aussi mystérieux qu’attachants, leur relation, à mille lieux des clichés et des stéréotypes, une relation confrontée à la réalité de la hiérarchie des classes dans une société sclérosée patriarcale, sexiste et gouvernée par l’argent.

Que ce soit dans les quartiers pauvres ou derrière les façades des maisons luxueuses, la vie et les moeurs sont régies par des traditions patriarcales immuables.

Aux côtés de Sarah, nous découvrons la dureté, la rudesse, la violence et l’hypocrisie d’un monde gouverné par ces traditions figées, un monde de privilèges où les seuls véritables privilégiés sont les hommes riches. Ce qui ne leur garantit pas pour autant la liberté.

Un roman magnifique, poignant, profond, empreint de gravité mais éclairé par un personnage féminin solaire qui irradie de sa lumière les rues de Casablanca et les pages de ce livre.

Un roman incontournable de cette rentrée littéraire!

(J’adore les métaphores filées dans un roman et il en comporte une que j’ai trouvé sublime!)
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Aussi riche que le roi

J'ai vraiment apprécié lire ce livre. Il pose un regard cru, presque cruel sur un monde assez récent et pourtant dont les mœurs nous paraissent si barbares. La véritable cruauté de certains personnages nous font prendre pitié de l'héroïne, qui est pourtant aisément détestable par ce qu'elle incarne. C'est donc un livre qui joue avec nos émotions, parvenant à les passer devant la raison pourtant fortement sollicitée.

La plume est vraiment agréable et donne une véritable impression de réalité, brutale et sanglante. Bref, une impression de vie, palpitante et cruelle.
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Aussi riche que le roi

Casablanca, dans les années 1990. C'est aux portes du bidonville que nous rencontrons Sarah, 16 ans, qui vit seule avec sa mère dans une habitation délabrée. Sa seule arme contre la pauvreté est sa beauté. Un atout précieux dont elle se sert pour séduire les garçons, lui permettant ainsi d'améliorer son quotidien et de manger à sa faim.



Jusqu'au jour où elle croise le regard de Driss. Driss, un jeune homme timide au physique disgracieux qui serait «aussi riche que le roi». Elle jette son dévolu sur lui et met tout en œuvre pour le conquérir. Car l'épouser est pour elle sa seule échappatoire face à sa condition sociale misérable. Peu à peu, ils vont se rapprocher, se comprendre en dépit de leurs différences et un lien va se tisser entre eux.



Rassurez-vous, on est loin ici de la simple bluette et cette lecture est bien plus profonde qu'il n'y paraît au premier abord. Le happy end est ici compromis dans ce monde impitoyable et violent, dans cette société marocaine régie uniquement par l'argent et dans laquelle les classes sociales ne se mélangent pas.



Sarah est une héroïne complexe, qui n'a d'autres choix que d'agir par intérêt dans un pays où la condition féminine est loin d'être reluisante. La plume aiguisée de l'auteure nous offre une formidable galerie de personnages secondaires, nous dévoilant ainsi le portrait d'une jeunesse désabusée et impuissante face au poids des traditions.



D'autre part, tous nos sens sont en éveil avec ce roman où Casablanca joue un rôle à part entière. Les descriptions sont complètement immersives et j'ai été transportée au cœur de ces rues ensoleillées et grouillantes. Les bruits, les odeurs, tous les détails retranscrivent de manière saisissante le tumulte de cette ville et ses contrastes.



Un excellent premier roman, poignant et magnifique. Une auteure à suivre avec attention.
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Aussi riche que le roi

On va pas s'mentir, lecteur, toi et moi, on a besoin d'air et de soleil. Alors quand j'ai eu l'occasion de faire ce petit voyage à Casablanca, j'ai dit banco illico presto.



Bien m'en a pris, parce que Abigail Assor, avec sa plume, elle retranscrit avec un réalisme parfait la ville de Casablanca, son atmosphère insaisissable, ses couleurs chatoyantes, ses odeurs et les bruits tapageurs de ses rues fertiles.



Tu vois, tu y es déjà, lecteur, mais crois pas te contenter d'un peu d'exotisme arabe, là t'aurais tout faux. Parce qu'Abigail Assor, elle te plonge au cœur d'une génération entière bâillonnée et qui hurle sa soif de liberté en silence. Juifs, arabes, français, riches et pauvres, tous dans le même bateau au final.



Ça gronde, lecteur, le fric qui te saute à la gueule quand tu t'y attends pas, le misérabilisme qui te prend à la gorge sans crier gare, jusqu'à la voix de la petite bonne que personne n'a jamais entendue. Et au milieu de cette foule immense et silencieuse, tu suis Sarah et ses sandwiches au thon degueu de chez Moustache qui poursuit son rêve aux yeux de thym. Viens faire un tour à moto, lecteur, Casablanca c'est un melting pot incroyable !

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Aussi riche que le roi

Roman attendrissant dans l’écriture même. Le parlé est franc avec parfois des tournures pleines de surprise et de fraicheur j’oserai même dire, et en ça la lecture m’a enchantée. L’auteure nous plonge dans des vies quotidiennes d’Afrique du nord, ici le Maroc, mais à bien des moments, j’ai retrouvé les ambiances des rues de pays frontaliers. C’est un roman sur la lutte des classe, on y voit ceux qui remettent en cause leur condition, qui cherchent une autre vie, en pleine force de l’âge. J’ai lu en ne cessant d’espérer sincèrement une suite heureuse pour la jeunesse.
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Aussi riche que le roi

Pour un premier roman, c'est une jolie réussite ! Et les souvenirs de mon adolescence passée dans la ville blanche à la même période que l'histoire racontée par Abigail Assor y sont sûrement aussi pour quelque chose...



Casablanca, début des années 90. Sarah, une ado française de 16 ans, vit seule avec sa mère en bordure du bidonville des Carrières Centrales de la ville. Une vie de dénuement et de débrouille pour arriver à faire illusion auprès des riches qui fréquentent le même lycée français qu'elle. Sarah est belle et a un bas goût à toute épreuve pour obtenir ce qu'elle veut. Lorsqu'elle rencontre Driss, le garçon au physique ingrat mais aux yeux "couleur de thym", elle fera tout pour qu'il devienne son homme et qu'il l'épouse un jour. Parce que tout le monde le dit, Driss "ce mec, c'est le plus riche des riches. Peut-être aussi riche que le roi".



Ce roman est plus qu'une histoire d'amour entre deux êtres que tout oppose. C'est surtout le portrait d'une jeunesse désabusée et la photographie d'une société contrastée et empêtrée dans ses traditions et ses codes familiaux. La volonté farouche de s'en sortir et de se construire une vie meilleure rend le personnage de Sarah très touchant. Tout comme celui de Driss qui doit défier l'autorité parentale pour aimer sa belle au grand jour. La galerie de personnages secondaires haute en couleurs et les descriptions de Casa nous immergent dans cette ville foisonnante. De la Corniche à Anfa, j'y ai retrouvé les sons, les odeurs des épices et l'atmosphère effervescente de ses rues.

"Aussi riche que le roi" est un récit aussi poignant que révoltant, à l'écriture très rythmée. À découvrir !

Je remercie @babelio_ et les @editions_gallimard pour ce roman lu dans le cadre de la dernière masse critique.
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