Si ton ami est de miel ne le lèche pas complètement.
C’est ma hantise depuis toujours. Laisser passer ma vie. La gâcher par ma faute. Mourir sans avoir rien fait de ma vie.
(p.166)
Ma soif de dire, de raconter, de chercher, de trouver, n’a jamais été assouvie. Il me semble que je passe toujours à côté de l’essentiel. Et je recommence un autre livre en espérant y toucher, ne sachant pas quel est le visage de l’essentiel ni comment le nommer. (p. 12)
Le meilleur repas du monde, même un festin, a mauvais goût si on le prend dans la discorde et la mauvaise humeur. Moi, j'aime mieux ne manger que des olives et du pain... dans la paix.
… je penserai à ce hors-temps vécu par notre famille et je me dirai que le bonheur avait la couleur du ciel et une odeur d’algues de soleil de mer du Milieu et le sourire de père et mère heureux.
(p.72)
Lire n’importe où, n’importe quand, dans n’importe quelle position, sans déranger personne; elle aimait serrer contre elle ce rectangle de feuilles serrées les unes contre les autres avec plein de mots écrits en noir sur blanc, et partir dans des mondes inconnus, vers soi ou vers les autres. (p. 141)
Depuis plus de cinquante ans je fais à manger tous les jours et, chaque fois, c'est différent. J'améliore les plats, j'invente de nouvelles recettes, de nouvelles façons de procéder, parfois. Je me demande s'il y a autant de différence dans les mots. Pour plonger mes mains dans la nourriture, il faut que j'en aie vraiment envie, sinon je brasse à la cuiller. Mes mains nues et propres touchent la nourriture que mes enfants vont manger. C'est ma façon de leur faire du bien, je ne peux pas grand-chose,mais ça, je le peux.
C'est le moment de la journée que j'aime le plus. Etendue dans mon lit, seule, bien au chaud, à demi réveillée, à demi endormie, je sens l'odeur du café, peu à peu , puis beaucoup. J'ouvre alors les yeux et je regarde l'arbre devant ma fenêtre.
Notre maison était,comme on dit, une maison ouverte. Je ne l'ai jamais vue vide, ou juste notre famille, il y avait toujours des gens.C'était le presbytère, un salon, un café, parfois même un tribunal, et pour ceux qui venaient d'ailleurs, un hôtel et un restaurant puisqu'il n'y en avait pas au village.
On ne reconnait que ce que l'on connait déjà intérieurement, sans le savoir peut-être. Connaître, c'est ''naitre avec''.