L'enseignement de Krishnamurti ne s'adresse pas à une certaine race ou « catégorie » du monde : il s’adresse à l'Homme car, quel qu'il soit, il est porteur de vie et, en tant que tel, il doit la comprendre, et non pas l'affronter.
Yvon Achard s'est attaché à condenser en une centaine de pages l'essentiel de l'oeuvre de Krishnamurti. C 'était là une tâche ingrate qu'il a, il me semble, parfaitement accomplie. Il est hautement souhaitable que ce travail incite professeurs et étudiants à se pencher avec attention sur cette oeuvre considérable, sur cette pensée profonde et lucide qui répond sans conteste à un besoin pressant de notre époque.
Mourez à la durée — Mourez à la conception totale du temps : au passé, au présent et au futur — Mourez aux systèmes, mourez aux symboles, mourez aux mots, car ce sont des facteurs de décomposition. Mourez à votre psychisme car c'est lui qui fabrique le temps psychologique. Ce temps n'a aucune réalité.
C'est une tâche certes difficile que celle de présenter un homme de la stature de Krishnamurti, et peut-être plus encore de comprendre pleinement une pensée totalement nouvelle, dégagée des moules du passé, des systèmes de références auxquels nous sommes tant habitués, et qui apparaît cependant si essentielle à cette transformation profonde du monde actuel dont chacun de nous ressent plus ou moins confusément la nécessité.
Sans doute sa lucidité , sa pénétration d'esprit, sa clairvoyance, son courage sont exceptionnels, et sa manière peu commune d 'aller au coeur des problèmes, du seul vrai problème, qui est celui de l'individu , est un peu déroutante de prime abord.
C’est en 1930 que Krishnamurti commença à parler régulièrement dans différentes parties du monde. Au début,les réunions eurent lieu en trois points seulements : pour l’Amérique à Ojaï (Californie), pour l’Europe à Ommen (Hollande) et pour les Indes à Bénarès.
Vous devez devenir non des disciples de la Vérité, mais la Vérité elle-même. Mais, la plupart des gens s'imaginent que la vérité est cachée, qu'elle est en dehors de l'existence quotidienne, en dehors de l'esprit humain ordinaire, qu'elle est inaccessible à l'homme dont les pensées et les sentiments ne seraient pas exceptionnels. On pense que, pour trouver la vérité, on doit se retirer du monde, acquérir des qualités, des connaissances, connaître certaines douleurs et certaines joies. Au contraire, j'affirme que dès l'instant où vous comprenez la Vie telle qu'elle se déroule devant chacun de vous, vous comprenez la Vérité.
Il insistera beaucoup sur cette idée, car il sait, par sa propre expérience, que la grande erreur consiste à accepter au lieu de comprendre, il sait « qu’il est beaucoup plus facile de suivre et d’adorer aveuglément que de comprendre et de devenir ainsi vraiment libre ». Alors, couronnant le tout, il déclara à ses adorateurs : Je ne veux pas de sectateurs, je ne veux pas de disciples, je ne veux ni louanges, ni adorations d’aucune sorte, je n ’ai besoin de rien, ni de personne.
D’une part, la réalité dont parle Krishnamurti est vivante et, en tant que telle, mouvante : il est alors très délicat de la couler dans le langage qui structure
et fossilise. Il la cerne donc par certains mots, auxquels il attribue des valeurs précises, inhabituelles, et qui peuvent varier.
D ’autre part, nous voyons également dans ces procédés un moyen de maintenir l’auditeur, le lecteur très éveillés, très attentifs, très alertes.
Chacun doit apprendre à se délivrer par luimême... Si vous avez le courage d'inviter le doute, vous ne serez plus des disciples d'individus comme vous l'êtes à présent, mais des disciples de la vérité... Ce n'est pas en élevant des églises que vous obtiendrez la compréhension et la tranquillité intérieures. Vous voulez connaître Dieu parce que vous avez perdu le chant de votre coeur ».
Krishnamurti nous invite à prendre conscience de ces mobiles cachés, à « voir » directement à l'oeuvre le processus de désagrégation, et ainsi à ne plus en être la victime , le seul fait de le voir agir clairement d 'instanten instan t nous en rendant libre.