AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Achille Mbembe (32)


Achille Mbembe
La culture , c'est ce qui nous survit, ce qui nous permet d'inscrire la fragilité de l'humain dans la durée , d'entrer dans une forme de permanence alors que tout n'est que précarité.C'est ce qui nous permet d'imaginer ce qui n'existe pas encore, et donc de comprendre que nous ne sommes pas condamnés à ce qui existe.
Commenter  J’apprécie          210
Achille Mbembe
Il n’y a d’histoire que dans la circulation des mondes, dans la relation avec Autrui. C’est l’autre, le lointain, qui m’octroie mon identité
Commenter  J’apprécie          160
Achille Mbembe
Le Nègre n'est plus seulement l'homme noir, africain ou d'origine africaine, mais tous ceux qui aujourd'hui forment une humanité excédentaire au regard de la logique économique néolibérale.
Commenter  J’apprécie          110
Achille Mbembe
C'est dans le passage que réside le propre de l'humanité. Nous sommes des passants dans le sens où l'histoire des humains est est bien plus courte que celle du monde. Nous sommes une parenthèse dans cette histoire. Si l'humanité arrive un jour à son extinction, le monde lui survivra. Le monde a une histoire avant nous et en aura une après nous. Nous grande illusion, c'est d'avoir cru que nous étions maîtres et possesseurs de ce monde.

(Dans Télérama no 3462, 18 mai 2016)
Commenter  J’apprécie          110
Achille Mbembe
Pour le raciste, voir un Nègre, c'est ne pas voir qu'il n'est pas là; qu'il n'existe pas; qu'il n'est que le point de fixation pathologique d'une absence de relation. La race, il nous faut donc la considérer comme étant à la fois un en deçà et un au-delà de l'être. Elle est une opération de l'imaginaire, le lieu de la rencontre avec la part d'ombre et les régions obscures de l'inconscient.
Commenter  J’apprécie          110
Nous vivons un « arrangement avec le monde » qui « consiste à tenir pour rien tout ce qui n’est pas soi-même. Ce procès à une généalogie et un nom : la course vers la séparation et la déliaison. Celle-ci se déroule sur fond d’angoisse et d’anéantissement. Nombreux sont en effet ceux qui, aujourd’hui, sont frappés d’effroi. Ils craignent d’avoir été envahis et d’être sur le point de disparaître.
Commenter  J’apprécie          90
Tout sang versé ne produit pas nécessairement la vie, la liberté et la communauté» (p 243).
Commenter  J’apprécie          60
Achille Mbembe
En vérité, ce que l’on appelle l’identité n’est pas essentiel. Au fond, nous sommes tous des passants. Le monde que nous habitons a commencé longtemps avant nous et continuera longtemps après nous. Alors qu’émerge lentement une nouvelle conscience planétaire, la réalité d’une communauté objective de destin doit l’emporter sur l’attachement à la différence.
Commenter  J’apprécie          60
Achille Mbembe
C'est dans le passage que réside le propre de l'humanité. Nous sommes des passants dans le sens où l'histoire des humains est plus courte que celle du monde. Nous sommes une parenthèse dans cette histoire. Si l'humanité arrive un jour à son extinction,le monde lui survivra. Le monde à une histoire avant nous et en aura une après nous. Notre grande illusion , c'est d'avoir cru que nous étions maîtres et possesseurs de ce monde. La nouvelle condition planétaire implique que nous développions notre conscience de passant( n'appartenir à aucun lieu propre), plus que notre conscience de citoyens,qui se double toujours d'une ségrégation entre ceux qui sont inclus dans cette citoyenneté et ceux qui en sont exclus. Être un passant signifie être solidaire dans ce passage, mais aussi développer une éthique du détachement par rapport à nos identités, à nos origines,que l' époque ne cesse de fétichiser et d'hystériser.
Commenter  J’apprécie          60
Si l'on doit de nouveau, ensemble, réarpenter les chemins de l'humanité, alors il faut peut-être commencer par reconnaître qu'au fond il n'y a pas de monde ou d'endroit où nous soyons totalement "chez nous", maîtres des lieux.
Commenter  J’apprécie          40
Commenter  J’apprécie          40
«L'humanité de l'homme n'est pas donnée. Elle s'arrache et se crée au fil des luttes» (p 341),
Commenter  J’apprécie          30
Le problème, c’est que ni l’Europe, ni la France ne sont le monde. Le problème, c’est quand l’universalisme se fait ethnique. C’est quand l’identité se conjugue avec le racisme et que la culture se présente sous les traits d’une essence immuable. En vérité, ce que l’on appelle l’identité n’est pas essentiel. Au fond, nous sommes tous des passants. Le monde que nous habitons a commencé longtemps avant nous et continuera longtemps après nous. Alors qu’émerge lentement une nouvelle conscience planétaire, la réalité d’une communauté objective de destin doit l’emporter sur l’attachement à la différence.
Commenter  J’apprécie          30
Comme le soulignait Simone Weil, « la colonisation commence presque toujours par l’exercice de la force sous sa forme pure, c’est-à-dire par la conquête. Un peuple, soumis par les armes, subit soudain le commandement d’étrangers d’une autre couleur, d’une autre langue, d’une tout autre culture, et convaincus de leur propre supériorité. Par la suite, comme il faut vivre, et vivre ensemble, une certaine stabilité s’établit, fondée sur un compromis entre la contrainte et la collaboration ». Révisionnisme oblige, l’on prétend aujourd’hui que les guerres de conquête, les massacres, les déportations, les razzias, les travaux forcés, la discrimination raciale institutionnelle, les expropriations et toutes sortes de destructions, tout cela ne fut que la « corruption d’une grande idée » ou, comme l’expliquait autrefois Alexis de Tocqueville, des « nécessités fâcheuses ».

Réfléchissant sur la sorte de guerre que l’on peut et doit faire aux Arabes, le même Tocqueville affirmait : « Tous les moyens de désoler les tribus doivent être employés. » Et de recommander, en particulier, l’interdiction du commerce et le « ravage du pays » : « Je crois, dit-il, que le droit de guerre nous autorise à ravager le pays et que nous devons le faire soit en détruisant les moissons à l’époque de la récolte, soit tout le temps en faisant des incursions rapides qu’on nomme razzias et qui ont pour objet de s’emparer des hommes ou des troupeaux. » Comment s’étonner, dès lors, qu’il finisse par s’exclamer : « Dieu nous garde de voir jamais la France dirigée par l’un des officiers de l’armée d’Afrique ! » La raison en est que l’officier qui « une fois a adopté l’Afrique et en a fait son théâtre contracte bientôt des habitudes, des façons de penser et d’agir très dangereuses partout, mais surtout dans un pays libre. Il y prend l’usage et le goût d’un gouvernement dur, violent, arbitraire et grossier ».

Telle est, en effet, la vie psychique du pouvoir colonial. Il s’agit, non pas d’une « grande idée », mais d’une espèce bien déterminée de la logique des races au sens de traitement, contrôle, séparation des corps, voire des espèces. Dans son essence, il s’agit d’une guerre menée non contre d’autres personnes humaines, mais contre des espèces différentes qu’il faudrait, au besoin, exterminer. C’est la raison pour laquelle des auteurs tels que Hannah Arendt ou Simone Weil ont pu, après avoir examiné en détail les procédés des conquêtes et de l’occupation coloniales, conclure à une analogie entre ceux-ci et l’hitlérisme. L’hitlérisme, dit Simone Weil, « consiste dans l’application par l’Allemagne au continent européen, et plus généralement aux pays de race blanche, des méthodes de la conquête et de la domination coloniales y ». Et de citer, à l’appui de sa thèse, les lettres écrites par Hubert Lyautey depuis Madagascar et le Tonkin.

Que, sur le plan culturel, l’ordre colonial ait été marqué de bout en bout par ses ambiguïtés et ses contradictions est indiscutable. La médiocrité de ses performances économiques est aujourd’hui largement admise. (chapitre 3)
Commenter  J’apprécie          30
«La colonisation moderne était l'une des filles directes des doctrines qui consistaient à trier les hommes et à les diviser en deux groupes : ceux qui comptent et que l'on compte, d'une part, et le «reste»; d'autre part, ce qu'il faut appeler les «résidus d'hommes» ou encore les «déchets d'hommes» (p 239)
Commenter  J’apprécie          20
Sa fonction (du droit) n'est plus de servir la justice, mais de sacraliser les rapports de force existants.
Commenter  J’apprécie          10
Achille Mbembe
Il faut cesser de lier les luttes pour la mémoire aux luttes pour l'identité comprise comme différence insurmontable. Là ou la colonisation, l'esclavage, le sexisme nous ont trop longtemps divisés, nous devons remplacer la politique de la différence par la politique de l'en-commun.

Dans le journal "Le Soir " du 16 juin 2021.
Commenter  J’apprécie          10
Il est vrai que, d’un point de vue historique, l’émergence des institutions que sont la plantation et la colonie coïncide avec la très longue époque au cours de laquelle une nouvelle raison gouvernementale s’esquisse et, finalement, s’affirme en Occident. Il s’agit de la raison mercantile. Celle-ci tient le marché pour le mécanisme par excellence des échanges et le lieu privilégié de véridiction aussi bien du politique que de la valeur et de l’utilité des choses en général. L’essor du libéralisme comme doctrine économique et art spécifique de gouverner a lieu sur fond du commerce des esclaves, à un moment où, soumis à une rude concurrence, les États européens s’affairent à majorer leur puissance et considèrent le reste du monde comme leur possession et domaine économique.

En gestation depuis la seconde moitié du XVe siècle, la plantation en particulier et plus tard la colonie constituent de ce point de vue des rouages essentiels d’un nouveau type de calcul et de conscience planétaire. Ce nouveau type de calcul pense la marchandise comme la forme élémentaire de la richesse, le mode de production capitaliste se présentant, dans ces conditions, comme une immense accumulation de marchandises. Les marchandises n’ont de valeur que parce qu’elles contribuent à la formation des richesses. C’est d’ailleurs dans cette perspective qu’elles sont utilisées ou échangées. Dans la perspective de la raison mercantiliste, l’esclave nègre est à la fois un objet, un corps et une marchandise. En tant que corps-objet ou objet-corps, il a une forme. Il est également une substance potentielle. Cette substance, qui fait sa valeur, découle de son énergie physique. C’est la substance-travail. Le Nègre est, de ce point de vue, une matière énergétique. Telle est la première porte par laquelle il rentre dans le processus de l’échange.
Commenter  J’apprécie          10
«Avoir un passé en commun ne signifie pas nécessairement l'avoir en partage» (p 12)
Commenter  J’apprécie          10
"Il ne saurait donc y avoir de discours sur les formes contemporaines de l'identité africaine qui ne tienne compte du génie hérétique au fondement de la rencontre entre l'Afrique et le monde. De ce génie hérétique découle la capacité des Africains d'habiter plusieurs mondes et de se situer des deux côtés de l'image simultanément. Ce génie lui-même opère par enroulement du sujet dans l'évènement, par la scission des choses, par leur dédoublement, par le surcroît de théâtralité qui, chaque fois, accompagne toute manifestation de la vie. C'est également ce génie hérétique qui, porté aux extrémités, produit des situations d'extraordinaire instabilité, volatilité et incertitude. Si, comme on tend à le croire, l'Afrique a été falsifiée au contact de l'extérieur, comment rendre compte de la falsification à laquelle, dans leur effort pour ingérer le monde, les Nègres ont, en retour, soumis le monde ?"
Commenter  J’apprécie          10



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Achille Mbembe (73)Voir plus

Quiz Voir plus

Métro Quiz 🚇

🎬 Film français réalisé par François Truffaut sorti en 1980, avec Catherine Deneuve et Gérard Depardieu, c'est ...

Le premier métro
Le dernier métro
L'ultime métro

10 questions
13 lecteurs ont répondu
Thèmes : métro , chanson , romans policiers et polars , cinema , romanCréer un quiz sur cet auteur

{* *}