Nouvelle plongée dans la plume sombre, angoissante et démente d’Adam Nevill ! Cette fois-ci, je reconnais avoir davantage apprécié le voyage cependant, je n’ai pas été totalement conquise. En effet, j’ai eu beaucoup de mal avec le rythme du livre et, surtout, avec l’héroïne pour laquelle je n’ai ressenti aucun attachement. En outre, je pensais que l’occultisme prendrait une place plus importante au fil des pages… Certes, il y a du surnaturel, mais cela vient trop lentement et de façon progressive. Il n’empêche que, si vous n’avez pas peur des récits à la Stephen King qui prennent le temps de planter leur décor (mais avec une fin explosive) et que vous appréciez les atmosphères glauques avec une tension mélangeant sexe et violence, alors ce titre devrait vous plaire ! Adam Nevill n’épargne pas ses personnages et propose de bonnes idées ! Ainsi, ne vous arrêtez pas forcément à mon avis.
Le début me paraissait prometteur. J’aimais énormément l’idée de huis-clos dans une maison hantée, si bien que je suis rapidement rentrée dans l’histoire. La narration se place aux côtés de Stéphanie, une jeune femme sans le sou, qui peine à joindre les deux bouts et survit grâce à des petits boulots. Elle a complètement coupé les ponts avec sa famille et son ex, si bien qu’elle ne peut compter que sur elle-même. Or, lorsque Knacker, le propriétaire d’un grand immeuble, lui a proposé une chambre à un prix alléchant, elle n’a pas hésité un instant ! Elle allait enfin pouvoir faire des économies, tout en recherchant un travail convenable ! Hélas, elle aurait peut-être dû vérifier sa location car, si la chambre semble être correcte, les parties communes sont en revanche sales, vétustes et insalubres ! On imagine assez bien le décor et, à sa place, on aurait fait machine arrière depuis longtemps… Tout empire lorsque la demoiselle se met à entendre toutes sortes de manifestations : des bruits de pas, des gens qui se disputent, des voix qui supplient, des femmes qui pleurent, des odeurs intenses, un froid glacial et soudain, une impression d’avoir une présence physique sur son lit, … Tout paraît suspect et terrifiant ! J’adorais cette ambiance et me demandais de qui provenaient ces lamentations ! Il me tardais de croiser le ou les spectres de la maison. C’était d’autant plus saisissant que, étrangement, Stéphanie ne croisait jamais âme qui vive dans les couloirs et ce, malgré les sons quotidiens ! Knacker, ce gestionnaire radin, sexiste, fier, bavard, colérique et vicieux, ne semblait pas prompt à l’aider à résoudre ce mystère… Pire : il paraissait dissimuler des informations…
Suivre l’héroïne menant ses propres recherches m’a intéressée. J’appréciais sa nature franche, curieuse, observatrice et déterminée. De plus, bien qu’il s’agisse d’un début classique, j’aimais énormément l’idée d’enquête en eaux troubles. Je me demandais si on allait faire face à des fantômes ou des créatures démoniaques… Et si Stéphanie allait s’en sortir vivante ! À la vue du titre et de la violence de Forgal, le cousin de Knacker, j’avais de sérieux doutes… J’étais donc happée par ce que je lisais. Malheureusement, la jeune femme a rapidement montré des failles en laissant souvent ses larmes, la peur et l’indécision la guider. Ses décisions me paraissaient toujours stupides et irraisonnées. D’ailleurs, à un moment, je me suis même dit qu’elle méritait son sort ! Je n’ai pas du tout réussi à m’attacher à elle ou à faire preuve d’empathie. Certes, je la plaignais, car la situation était épouvantable toutefois, je ne pouvais m’empêcher d’être agacée par ses nombreuses erreurs…
En plus du tempérament larmoyant et ingénu du personnage principal, l’absence de surnaturel en début d’ouvrage a fortement nui à mon ressenti général. En effet, alors qu’on partait sur l’idée de maison hantée, on a finalement dévié sur un scénario étrange, sexuel et dérangeant. L’horreur, que je pensais fantastique, était plutôt orientée sur le manque d’humanité, sur la violence, sur ce dont les hommes aussi vicieux que déments étaient capables… Cela m’a surprise et je me suis vue, malgré moi, bouder ma lecture. En réalité, mes attentes ont surtout été satisfaites durant les trente dernières pages, ce qui était trop tard à mon goût !… Par ailleurs, j’ai trouvé que le livre souffrait d’un problème de rythme et de répétitions. Bien que des personnages débarquent au compte-goutte ou que de nouvelles choses arrivaient, le récit était globalement lent. Je me demandais où l’auteur voulait en venir alors que, avec du recul, chaque étape était maîtrisée. Ce sentiment est dû au fait que, comme avec « Appartement 16 », Adam Nevill utilisait sans cesse le procédé « du rêve ». Ces cauchemars à répétitions arrivaient toutes les nuits et donnaient l’impression d’une histoire confuse. Cela m’a souvent perdue et agacée. Je me demandais si certaines choses s’étaient déroulées ou si c’était un songe. Or, même s’ils ajoutaient une tension supplémentaire, je pense que ces rêveries ralentissaient encore plus le rythme.
À ma grande surprise, « Personne ne sortira d’ici vivant » est véritablement coupé en deux parties distinctes : celle où Stéphanie va découvrir l’immeuble et ses habitants, puis va vouloir tout faire pour quitter ce lieu infernal ainsi que celle où elle se fera appeler « Amber ». Ce dernier tiers était intéressant, car il permettait d’enfin explorer la partie surnaturelle de l’histoire. Hélas, l’héroïne m’a de nouveau irritée avec son tempérament paranoïaque, dépressif, à vif et fou. Je l’ai également trouvée très vulgaire : il y avait presque une insulte à chaque page… Heureusement, l’ambiance était aussi addictive qu’insoutenable. Cela m’a permis de continuer à tourner les pages afin d’arriver à ce final intense et effroyable ! Malheureusement, comme dit plus haut, cela n’a pas suffit à effacer les défauts ressentis au fil de la lecture. Dommage, car il y avait énormément de potentiel dans ce pavé de cinq cent pages ! À réserver aux lecteurs ayant la patience d’une mise en place douce et progressive, avec des personnages peu attachants, mais que l’on a envie de suivre quand même.
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