Si je comprends bien, mère, j'ai été vendue à ce Koumandaw, comme une vulgaire marchandise. Au nom de son monde à lui. Au nom de la loi qui le gouverne et que vous acceptez... Mère, est-ce pour cela que vous lui avez donné ma main ? N'ai-je pas le droit de choisir ma propre voie du bonheur ?
Connais-tu la puissance des mots? Connais-tu ce plaisir suprême, ce bonheur ineffable que l'on ressent quand on les écrit pour chanter, dire le beau, la vérité, ouvrir les portes des prisons, guérir les blessures des hommes?
Tout le monde est faible devant l'être aimé. Mon tord c'est de trop l'aimer,c'est tout.
… Comme un seul homme, nous entamâmes les premiers mètres sur le pont…Devant nous, point de salut. Il fallait courir vite, dans le sens inverse de notre lutte et de notre dignité. Une deuxième explosion tonna, plus assourdissante que la première, suivie aussitôt d’une troisième. Puis des armes crépitèrent tacatacatac…tacatacatac…Des crie d’orfraie fusèrent de partout. On crachait, on toussait, on courrait, la poitrine en feu, les yeux en larmes. Et c’est dans cette course effrénées pour sauver le seul bien qui nous restait encore que je sentis Cajou ralentir le pas, puis se ramollir, après avoir poussé un cri sourd. Un cri qui m’arrêta net dans mn élan… A quelques mètres, Issaka aussi gisait dans une mare de sang. Touché en plein milieu du dos, il ne bougeait plus. Non loin de lui, un autre étudiant. Fauché pareillement…