Adèle van Reeth vous présente son ouvrage "
Inconsolable" aux éditions Gallimard. Entretien avec Pierre Coutelle. Rentrée littéraire janvier 2023.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2671009/adele-van-reeth-
inconsolable
Note de musique : © mollat
Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
Visitez le site : http://www.mollat.com/
Suivez la librairie mollat sur les réseaux sociaux :
Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/
Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts
Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat
Linkedin : https://www.linkedin.com/in/votre-libraire-mollat/
Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat
Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/
Vimeo : https://vimeo.com/mollat
+ Lire la suite

Pourquoi la vie possible est-elle plus séduisante que la vie réelle ? Le possible est commode : il se tient à égale distance du réel et de l’ailleurs. Il ouvre la porte et n’en franchit jamais le seuil. De loin, on ne voit pas les croûtes ni les cicatrices, on ne sent pas l’odeur de renfermé, on n’entend pas le hoquet ni les soupirs. La vie ordinaire est une vie de détails, une vie vue de très près, de beaucoup trop près, ça colle, on s’englue, et on finit par ne plus bouger. À l’inverse, le possible nous donne la vie sans l’ordinaire, la vie en mieux, vécue de loin. Les amants du possible sont allergiques au microscope.
La vie possible n’a rien d’extraordinaire. Elle ne contient ni pouvoirs magiques ni super-héros. Mais c’est une vie filtrée, sans miroir, où les heures ne traînent jamais en longueur et les réveils sont toujours de bonne humeur, une vie dans une maison qui ne se salit pas, un corps qui ne vieillit pas, de l’argent qui ne manque pas et du sommeil qui répare pour de vrai. Pour les endeuillés du possible, la vie ordinaire est l’ultime défaite, ce que le réel a de plus réel – et donc de plus repoussant.
La sexualité est cet univers où tous les rôles sociaux s’annulent.
Le drame, c'est l'eau tiède. La vie qui continue après la fin du film et dans laquelle il ne se passe rien. Les secondes qui se suivent et se ressemblent, d'année en année. On en viendrait presque à la souhaiter, la fin, pour qu'enfin il se passe "quelque chose". Interrompre le flux par tous les moyens, quitte à y laisser sa peau. En pourtant, ça continue.
Comment endurer la durée ?
La nouveauté est dans mon ventre.
(p. 12)
Le démon de Nietzsche ne dit pas autre chose : imaginez que votre vie recommence exactement telle que vous l’avez vécue, un nombre incalculable de fois. Seriez-vous prêts ? Sinon, que voudriez-vous changer ? que vous manque-t-il pour pouvoir dire oui ? Le confinement est notre démon : il nous pose la même question. Rassurez-vous : non seulement le démon n'existe pas, mais le confinement ne durera pas.
(extrait du magazine Le 1 du 15/04/2020)
La philosophie est également dans le cinéma, dans la littérature, dans les choses du quotidien. C'est aussi le goût de poser des questions, une forme de curiosité qui consiste à interroger ce qui paraît évident. C'est pour ça que la philosophie marche très bien à la radio.
Philosopher, c’est le goût de s’étonner, d’ouvrir des portes dont on ne soupçonnait pas l’existence, de formuler les questions qui nous préoccupent.
Comment être de plain-pied dans le monde, s’y sentir chez soi, sans être aspirée par l’extérieur, sans renoncer à ma singularité , à ce qui fait que je ne suis pas pierre, ni plante, mais quelqu’un, ça demande du travail, du défrichage , et parfois, on n’en a tout simplement pas envie, on voudrait renoncer, pourquoi ne pas simplement se laisser être, devenir objet, inerte, laisser le temps faire son œuvre en se contentant de faire le nécessaire pour survivre ? Se foutre la paix, faire l’autruche, se gaver d’ordinaire et attendre que ça passe sans trop souffrir ? (pages 32-33)
« Tuer l’ange du foyer » C’est ainsi que Virginia Woolf nomme le premier geste à faire pour une femme qui désire écrire. L’ange du foyer, c’est la femme qui donne chaque jour sa vie en offrande pour maintenir l’harmonie domestique. (Page 146)
Je fuis père et mère, femme et frère lorsque mon génie m’appelle. J’écrirais volontiers sur les linteaux de la porte d’entrée : » Caprice « . J’espère du moins que c’est quelque chose de mieux que le caprice, mais nous ne pouvons pas passer la journée en explications.
Puisque l’existence humaine est à la fois provisoire et continue, puisque rien ne dure et que le temps ne se retient pas, la tranquillité n’est pas de ce monde. Et c’est tant mieux. Que le dard de l’intranquillité vous pique encore et encore! Demandez-vous, au moins une fois, si le nombre d’années parcourues, les épreuves et les angoisses endurées, si vous avez vécu tout ça pour vous réfugier dans la mauvaise foi de l’émerveillement ordinaire, sans jamais vouloir fouiller en dessous