Le sens de l'humour raciste doit être interprété dans le contexte social dans lequel il est inséré et pas seulement comme une expression culturelle dont l'objectif est de produire un effet comique. Les blagues racistes se comprennent uniquement au sein d'une situation marquée par l'oppression et la discrimination raciale puisqu'elles visent toujours des minorités raciales ou identifiées comme telles. La violence, le mépris et la condescendance font partie intégrante de ces blagues. (58)
Le racisme institutionnel peut prendre quatre formes : lorsque des individus n'ont pas accès aux services d'une institution, lorsque les services sont proposés de façon discriminatoire, lorsque des individus n'arrivent pas à avoir accès à des postes de travail dans l'institution, ou lorsque les chances d'ascension professionnelle sont diminuées à cause de la race. (35)
Nous pensons que le racisme récréatif est une politique culturelle caractéristique d'une société qui a fait un récit précis sur les relations raciales entre les Noirs et les Blancs : celui de la transcendance raciale. Ce discours permet aux personnes blanches d'utiliser l'humour pour exprimer leur aversion envers les minorités raciales tout en apparaissant engagées pour l'égalité et en affirmant qu'elles ne sont pas racistes, reproduisant ainsi l'idée d'une moralité publique ayant transcendé la race et basée sur la cordialité raciale. (68)
L'humour raciste a donc un rôle important dans la perpétuation du racisme en tant que système d'oppression et de reproduction d'idéologies sociales qui cherchent à maintenir un ordre racial déterminé. L'humour exprime et consolide des signifiants sociaux que l'on retrouve ailleurs : les stéréotypes négatifs présents dans les blagues racistes sont les mêmes que ceux qui entravent l'accès à des opportunités professionnelles et universitaires. (59)
De nature dynamique et multiple, le racisme peut prendre diverses formes selon les contextes géographiques et historiques. Son objectif est toujours le même : préserver et légitimer un système de privilèges raciaux, qui dépend de la circulation continue de stéréotypes représentant les minorités raciales comme des individus incapables d'agir de façon compétente dans la sphère publique. (19)
Ainsi, ce type d'humour ["communautaire"] est intéressant à analyser pour percevoir le caractère ambigu du discours français, tolérant envers les préjugés mais intolérant envers toute réaction contre le racisme, qui ne ferait qu'accentuer la fragmentation sociale. (82)
Ces plaisanteries sont des exemples de la stratégie utilisée par le groupe racial dominant pour affirmer sa supériorité, obtenir une satisfaction narcissique et empêcher les groupes minoritaires de bénéficier de la même estime sociale que lui. (98)
N'oublions pas que les images négatives sont également construites à partir de l'invisibilisation des minorités raciales, ce qui crée le sentiment que seules les personnes blanches peuvent occuper des positions sociales d'importance. (71)
Demander la respectabilité raciale est assimilé à vouloir établir une censure culturelle sur les manifestations humoristiques. (81)
Plus que de simplement faire rire une assemblée, l'humour légitime le pacte social existant. (67)