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Citations de Adolphe Thiers (19)


Adolphe Thiers
"Il faut tout prendre au sérieux, mais rien au tragique."
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Il y avait chez Mirabeau, comme chez tous les hommes supérieurs, beaucoup de petitesse à côté de beaucoup de grandeur. Il avait une imagination vive qu'il fallait occuper par des espérances. Il était impossible de lui donner le ministère sans détruire son influence, et par conséquent sans le perdre lui-même, et le secours qu'on en pouvait retirer. D'autre part, il fallait cette amorce à son imagination. Ceux donc qui s'étaient placés entre lui et la cour conseillèrent de lui laisser au moins l'espérance d'un portefeuille.
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L'évêque d'Autun commence la messe ; des cœurs accompagnent la voix du pontife ; le canon y mêle ses bruits solennels. Le saint sacrifice achevé, Lafayette descend de cheval, monte les marches du trône, et vient recevoir les ordres du roi, qui lui confie la formule du serment. Lafayette la porte à l'autel, et dans ce moment toutes les bannières s'agitent, tous les sabres étincellent. Le général, l'armée, le président, les députés crient : Je le jure ! Le roi debout, la main tendue vers l'autel, dit : Moi, roi des Français, je jure d'employer le pouvoir que m'a délégué l'acte constitutionnel de l'état à maintenir la constitution décrétée par l'assemblée nationale et acceptée par moi. Dans ce moment la reine, entraînée par le mouvement général, saisit dans ses bras l'auguste enfant, héritier du trône, et du haut du balcon où elle est placée, le montre à la nation assemblée. À cette vue, des cris extraordinaires de joie, d'amour, d'enthousiasme, se dirigent vers la mère et l'enfant, et tous les cœurs sont à elle. C'est dans ce même instant que la France tout entière, réunie dans les quatre-vingt-trois chefs-lieux des départemens, faisait le même serment d'aimer le roi qui les aimerait. Hélas ! dans ces momens, la haine même s'attendrit, l'orgueil cède, tous sont heureux du bonheur commun, et fiers de la dignité de tous. Pourquoi ces plaisirs si profonds de la concorde sont-ils si tôt oubliés ?
(Fête de la Fédération, 14 juillet 1790.)
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Mirabeau vit la reine, la charma par sa supériorité, et en reçut un accueil qui le flatta beaucoup. Cet homme extraordinaire était sensible à tous les plaisirs, à ceux de la vanité comme à ceux des passions. Il fallait le prendre avec sa force et ses faiblesses, et l'employer au profit de la cause commune.
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Le plus audacieux des chefs populaires, celui qui, toujours en avant, ouvrait les délibérations les plus hardies, était Mirabeau. Les absurdes institution de la vieille monarchie avaient blessé des esprits justes et indigné des cœurs droits ; mais il n'était pas possible qu'elles n'eussent froissé quelque ame ardente et irrité de grandes passions. Cette ame fut celle de Mirabeau, qui, rencontrant dès sa naissance tous les despotismes, celui de son père, du gouvernement et des tribunaux, employa sa jeunesse à les combattre et à les haïr. Il était né sous le soleil de la Provence, et issu d'une famille noble. De bonne heure il s'était fait connaître par ses désordres, ses querelles et une éloquence emportée. Ses voyages, ses observations, ses immenses lectures, lui avaient tout appris, et il avait tout retenu. Mais outré, bizarre, sophiste même quand il n'était pas soutenu par la passion, il devenait tout autre par elle. Promptement excité par la tribune et la présence de ses contradicteurs, son esprit s'enflammait : d'abord ses premières vues étaient confuses, ses paroles entrecoupées, ses chairs palpitantes, mais bientôt venait la lumière ; alors son esprit faisait en un instant le travail des années ; et à la tribune même, tout était pour lui découverte, expression vive et soudaine. Contrarié de nouveau, il revenait plus pressant et plus clair, et présentait la vérité en images frappantes ou terribles. Les circonstances étaient-elles difficiles, les esprits fatigués d'une longue discussion ou intimidés par le danger, un cri, un mot décisif s'échappait de sa bouche, sa tête se montrait effrayante de laideur et de génie, et l'assemblée éclairée ou raffermie rendait des lois, ou prenait des résolutions magnanimes.

Fier de ses hautes qualités, s'égayant de ses vices, tout à tout altier ou souple, il séduisait les uns par ses flatteries, intimidait les autres par ses sarcasmes, et les conduisait tous à sa suite par une singulière puissance d'entraînement. Son parti était partout, dans le peuple, dans l'assemblée, dans la cour même, dans tous ceux enfin auxquels il s'adressait dans le moment. Se mêlant familièrement avec les hommes, juste quand il fallait l'être, il avait applaudi au talent naissant de Barnave, quoiqu'il n'aimât pas ses jeunes amis ; il appréciait l'esprit profond de Sieyès, et caressait son humeur sauvage ; il redoutait dans Lafayette une vie trop pure ; il détestait dans Necker un rigorisme extrême, une raison orgueilleuse, et la prétention de gouverner une révolution qu'il savait lui appartenir. Il aimait peu le duc d'Orléans et son ambition incertaine ; et comme on le verra bientôt, il n'eut jamais avec lui aucun intérêt commun. Seul ainsi avec son génie, il attaquait le despotisme qu'il avait juré de détruire. Cependant, s'il ne volait pas les vanités de la monarchie, il voulait encore moins de l'ostracisme des républiques ; mais n'étant pas assez vengé des grands et du pouvoir, il continuait de détruire. D'ailleurs, dévoré de besoins, mécontent du présent, il s'avançait vers un avenir inconnu, faisant tout supposer de ses talens, de son ambition, de ses vices, du mauvais état de sa fortune, et autorisant, par le cynisme de ses propos, tous les soupçons et toutes les calomnies.
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Lafayette, issu d'une famille ancienne et demeurée pure au milieu de la corruption des grands, doué d'un esprit droit, d'une âme ferme, amoureux de la vraie gloire, s'était ennuyé des frivolités de la cour et de la discipline pédantesque de nos armées. Sa patrie ne lui offrant rien de noble à tenter, il se décida pour l'entreprise la plus généreuse du siècle, et il partit pour l'Amérique le lendemain du jour où l'on répandait en Europe qu'elle était soumise. Il y combattit à côté de Washington, et décida de l'affranchissement du Nouveau-Monde par l'alliance dans la France. Revenu dans son pays avec un nom européen, accueilli à la cour comme une nouveauté, il s'y montra simple et libre comme un Américain. Lorsque la philosophie, qui n'avait été pour des nobles oisifs qu'un jeu d'esprit, exigea de leur part des sacrifices, Lafayette presque seul persista dans ses opinions, demanda les Etats-Généraux, contribua puissamment à la réunion des ordres, et fut nommé, en récompense, commandant-général de la garde nationale. Lafayette n'avait pas les passions et le génie qui font souvent abuser de la puissance : avec une âme égale, un esprit fin, un système de désintéressement invariable, il était surtout propre au rôle que les circonstances lui avaient assigné, celui de faire exécuter les lois. Adoré de ses troupes sans les avoir captivées par la victoire, plein de calme et de ressources au milieu des fureurs de la multitude, il maintenait l'ordre avec une vigilance infatigable. Les partis, qui l'avaient trouvé incorruptible, accusaient son habileté, parce qu'ils ne pouvaient accuser son caractère. Cependant il ne se trompait pas sur les événements et sur les hommes, n'appréciait la cour et les chefs de parti que ce qu'ils valaient, les protégeait au péril de sa vie sans les estimer, et luttait souvent sans espoir contre les factions, mais avec la constance d'un homme qui ne doit jamais abandonner la chose publique, alors même qu'il n'espère plus pour elle.
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C'est en refusant l'égalité de l'impôt qu'on avait rendu les Etats-Généraux nécessaires ; c'est en refusant un juste partage d'autorité dans ces Etats qu'on y avait perdu toute influence ; c'est enfin en voulant recouvrer cette influence qu'on avait soulevé Paris, et provoqué la nation tout entière à s'emparer de la force publique.
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Un écrivain concis, énergique, amer, prit dans cette discussion (le nombre de députés aux Etats Généraux) la place que les grands génies du siècle avaient occupée dans les discussions philosophiques. L'abbé Sieyès, dans un livre qui donna une forte impulsion à l'esprit public, se demanda : Qu'est le Tiers-Etat ? Et il répondit : Rien. - Que doit-il être? - Tout.
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Je me propose d'écrire l'histoire d'une révolution mémorable, qui a profondément agité les hommes, et qui les divise encore aujourd'hui.
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Des larmes coulent des yeux des égorgeurs ; et ils reviennent encore demander des victimes ! L'un d'entre eux retourne dans la prison pour conduire des prisonniers à la mort ; il apprend que les malheureux qu'il venait égorger ont manqué d'eau pendant vingt-deux heures, et il veut aller tuer le geôlier.


NDL : comment ça marche dans leur tête ?
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"Sans doute que les [ 10.000 nobles ] exécutions du 2 septembre étaient illégales, mais sans mesures illégales, on ne peut secouer le despotisme. Il faut faire ce même reproche à toute la révolution ; car tout est illégal, et la chute du trône, et la prise de la Bastille !"
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NDL : C'est la défense de ROBESPIERRE, le 5 novembre 92, devant les accusations de LOUVET d'être un tyran.
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Il justifie des actions illégales. Mais ces actions sont-elles éthiques ?
La Commune ( de Paris ) , qui est la Montagne, qui sont les jacobins, dont Robespierre et Marat (et dans une moindre mesure Danton ) instaurent petit-à-petit le régime arbitraire de "La Terreur". Cette période se termine quand la tête de Robespierre tombe, à l'été 94.
Les jacobins tuent, en deux ans, 100.000 êtres humains, dont beaucoup de Vendéens, et les députés Girondins, et pour finir s'éliminent entre eux.
Les Français auront mis deux ans à réagir.
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Après la convention,restait à visiter les jacobins, et cette puissance était alors devenue si imposante, que Dumouriez, le général victorieux, ne pouvait se dispenser de lui rendre hommage. C'est là que l'opinion en fermentation formait tous ses projets, et rendait tous ses arrêts.
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Cette évaluation varie de six à douze mille [ prisonniers tués par la Commune après quelques questions ] dans les prisons de Paris.

NDL : suite à l'invasion prussienne des Ardennes en août 1792, Danton ( ministre et député de l'Assemblée législative ), Marat (Commune ) et Billaud-Varennes encouragent Maillard ( qui avait ramené, avec des femmes, la famille royale de Versailles en 89 ) et ses "travailleurs" à faire la sale besogne, éliminer les soi-disant traîtres à la patrie, les aristocrates en prison qui sont soupçonnés de renseigner la coalition austro-prussienne.
C'est le massacre du 3 septembre 1792.
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Adolphe Thiers
Le roi n’administre pas, ne gouverne pas, il règne.
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Adolphe Thiers
La République sera conservatrice ou ne sera pas !
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Adolphe Thiers
Je veux rendre toute-puissante l'influence du clergé, parce que je compte sur lui pour propager cette bonne philosophie qui apprend à l'homme qu'il est ici-bas pour souffrir et non cette autre philosophie qui dit au contraire à l'homme : "Jouis"
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Adolphe Thiers
Un peuple instruit est un peuple ingouvernable.
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Adolphe Thiers
J’ai tâché, disait-il, d’apaiser en moi tout sentiment de haine ; je me suis tour à tour figuré que, né sous le chaume, animé d’une juste ambition, je voulais acquérir ce que l’orgueil des hautes classes m’avait injustement refusé ; ou bien qu’élevé dans les palais, héritier d’antiques privilèges, il m’était douloureux de renoncer à une possession que je prenais pour une propriété légitime. Dès lors, je n’ai pu m’irriter ; j’ai plaint les combattants, et je me suis dédommagé en adorant les âmes généreuses.
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Adolphe Thiers
J’ai tâché, disait-il, d’apaiser en moi tout sentiment de haine ; je me suis tour à tour figuré que, né sous le chaume, animé d’une juste ambition, je voulais acquérir ce que l’orgueil des hautes classes m’avait injustement refusé ; ou bien qu’élevé dans les palais, héritier d’antiques privilèges, il m’était douloureux de renoncer à une possession que je prenais pour une propriété légitime. Dès lors, je n’ai pu m’irriter ; j’ai plaint les combattants, et je me suis dédommagé en adorant les âmes généreuses.
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