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3.86/5 (sur 32 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Uffholtz , 1982
Biographie :

Adrien Absolu est un écrivain français.

Originaire de Uffholtz près de Mulhouse, il vit aujourd’hui à Paris.
Adrien Absolu parcourt le continent africain depuis longtemps, racontant l’histoire de ses villes et de ses hommes.
Il est l’auteur de "Les forêts profondes" (Lattès, 2016), sur l’épidémie d’Ebola en Guinée. Il a collaboré à la revue Le Tigre aux côtés de Francis Tabouret et Sylvain Prudhomme. Il travaille pour l’AFD et écrit aujourd’hui pour plusieurs revues et journaux notamment pour XXI et Le Point Afrique.

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« Les Disparus du Joola » de Adrien Absolu, un combat acharné pour découvrir la vérité, une enquête passionnante, documentée et sensible, qui fait de nous les témoins du naufrage du Joola, l'une des plus tragiques catastrophes maritimes de l'histoire. « Déroulée d'une écriture limpide et efficace, l'autopsie de cette catastrophe offre non seulement à chacune des victimes une sépulture en forme de récit, mais il donne aussi l'occasion au lecteur d'entrer dans l'épaisseur du monde, sa beauté et sa noirceur, et dans le coeur des hommes, la lâcheté des uns, l'héroïsme des autres. » - France Info Paru aux éditions JC Lattès en août 2020. Retrouvez tous les auteurs de la rentrée littéraire 2020 dans la playlist https://www.youtube.com/watch?v=FicXRryAVHg&list=PLsZ5K2QrWs21plHm4SarNb5yEzVtIaeoS Et découvrez pleins d'autres vidéos sur notre chaîne https://www.youtube.com/channel/UCtoS...

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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Ces calculs révèlent que, toutes circonstances égales par ailleurs, avec seulement 580 passagers à bord, le bateau aurait été bien chahuté cette nuit-là, mais ne se serait pas retourné. Que pareillement, si les ballasts avaient été remplis à ras bord, la stabilité accrue du bateau lui aurait permis de faire face à la charge excédentaire. Mais que l’accumulation des facteurs – passagers surnuméraires, carènes liquides, chargement aberrant, mauvaise météo – a empêché le redressement du Joola, quand celui-ci s’est mis à tanguer trop fort.
Quand cela fait plusieurs mois que l’on s’intéresse à l’affaire, la lecture de ce rapport n’apporte pas beaucoup d’éléments nouveaux, mais elle est édifiante, parce qu’elle ordonnance tous les éléments du drame, rend nette une réalité en kaléidoscope. Et statue : « chronique et certaine » (l’absence de calculs de stabilité) ; « certain et connu » (le dépassement de la jauge passagers) ; « conjoncturel et certain » (le coup de vent).
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Début avril, 150 cas étaient dénombrés dans tout le pays, et une centaine de décès, dont 20 à Conakry. Pendant quelques semaines, on resta comme cela sur la ligne de crête ; le nombre de cas décrut courant avril, et au mitan du printemps, il semblait que la partie contre le virus allait être remportée, comme elle l’avait été à chaque fois contre Ebola, que tout cela allait basculer du bon côté. Il ne demeurait que quelques cas résiduels comme des brisures sur une mer presque étale : annonciatrices de la grosse déferlante qui au large avait déjà pris forme. Une poignée de femmes et d’hommes contaminés avait en effet franchi début mars la frontière du fleuve Mano, qui fait boucle au sud de la Guinée, en direction de la Sierra Leone, le virus en bandoulière, dans une région où l’on se déplace à pied ou en pirogue ignorant les frontières aussi sûrement qu’en France nos limites de département, et on peut bien passer de la préfecture de Guéckédou (Guinée) au district de Kailahun (Sierra Leone), sans même s’en rendre compte, comme de l’Indre à la Creuse.
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C'est un poème que Dominique a écrit quelques semaines avant son départ, ce dont témoigne la date d'enregistrement du fichier.
Je pensais n'en retranscrire que les premiers vers, mais ne sachant où couper, le voici in extenso.
La mer / torrent salé / funeste élément auquel j'ai tout consacré / tu me détruis / je t'ai tant aimée quand tu me berçais sur tes flots calmes, apaisants / Désormais, alors que gronde le ciel / tu te déchaînes. / Ma frêle embarcation plie sous ta force prodigieuse. / Tu l'as saisie de tes bras furieux / au flanc d'une vague d'émeraude / elle s'est évaporée en mille morceaux. / Les cris et les plaintes du mât brisé, des voiles déchirées / sont restées silencieux. / La fureur qui t'éprend se confond avec ton immensité. / Tu balaies les parasites / les vaniteux qui ont eu l'audace de te chevaucher. / Tu domptes les hommes / asservis au gré de tes caprices. / Pourtant, tant de marins t'aiment obstinément. / La larme à l’œil / ils te défient chaque soir à la même heure, fidèlement / lorsque le soleil s'échappe. / Tu es le dieu des ports, / église où ces hommes entretiennent ton culte / Toi, modèle de sérénité / souffle vital, terre d'asile. / Ta seule évocation illumine les yeux des hommes les plus braves : / Les échos de ton âme sont perçus par tous ceux qui ont / un jour, une seconde / su te regarder. / Comment peux-tu, aujourd'hui, envahir ma cabine ? / Tu ne le sais pas, tu ne te rends pas compte ! / Peut-être veux-tu simplement me protéger ! / Me recouvrir de ton manteau soyeux, / couvrir mon visage des menaces du ciel. / Qu'ai-je donc fait pour provoquer ta colère ? / Ma gorge s'enflamme de ton nectar salé. / Je te sens, / Tu gagnes tout mon corps, / tu me noies. / L'élément vital devient destructeur. / La houle est monstrueuse, / mes os se brisent dans un fracas épouvantable. Tes entrailles, jamais repues, ont-elles déjà digéré mon navire ? / Tu ne me protèges plus... / Noyé, pensif, / je descends.
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Dès le 4 février 1997, un courrier du directeur de la Marine marchande au chef d’état-major de la Marine nationale dénonce l’absence à bord du matériel de secours obligatoire. De nombreux fax sont échangés entre 1997 et 2000 entre le bureau de vérification Veritas et l’antenne d’exploitation du Joola à Dakar : les certificats ont expiré le 11 novembre 1996, mais en dépit de nombreuses relances, la plupart des courriers de Veritas restent sans réponse. Le Joola est menacé de déclassification, en raison d’anomalies sévères – la pompe à eau de mer n’est plus opérationnelle, le groupe électrogène principal est hors service. Les factures impayées s’accumulent. Veritas sollicite chaque mois l’organisation de visites de régularisation. « Le dossier du Joola est dans un parapheur sur le bureau du Premier ministre », se voient continuellement répondre ses dirigeants. La visite à flot est finalement organisée le 7 octobre 1997 : elle révèle un criant défaut de maintenance du navire. Les contrôleurs de Veritas découvrent entre autres que l’un des ballasts tribord d’eau salée a été perforé, en raison de la corrosion, et le Joola passe en hors-classe, le dernier sas avant la radiation. Le capitaine de vaisseau qui assure le commandement du navire demande une fois encore à Veritas que soit rédigé un mémo recensant toutes les non-conformités. Eu égard à l’importance de son client qu’est l’État sénégalais, Veritas s’exécute, énumère les actions correctives à entreprendre : réparation des alarmes incendie, contrôles d’étanchéité, remise en état du dispositif de fermeture des portes arrière, etc. La liste est longue comme le bras. Ange Pasquini, coopérant français tenant le rôle de conseiller auprès du chef d’état-major de la Marine, se démène pour essayer de sauver la classification du Joola. Mais les promesses de l’armateur restent lettre morte, et les travaux ne sont pas réalisés (...).
Tous les certificats étant périmés, et la patience ayant des limites, le comité de classification de Veritas annonce officiellement le retrait du Joola de ses registres le 23 septembre 2000, présumant son innavigabilité potentielle. Ça ne change rien : le bateau poursuit ses rotations, il est en roue libre, et ceux qui le gouvernent sont comme les conducteurs d’un camion fou lancé à contresens sur l’autoroute ou des alcooliques mondains : entrés dans une phase de déni.
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Finalement, les gants arrivent quand même, et après le 15 septembre, on n’en parle plus, le pays a été inondé de gants, de quoi faire la vaisselle sans gerçures aux mains pendant trente ans.
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La comparaison vaut ce qu’elle vaut, mais par l’attachement à l’intégrité territoriale de leurs habitants respectifs, leur identité fière et jalouse, leurs festivités folkloriques, et l’idée de leur indépendance jamais complètement dissoute, elle n’est pas absurde : les colons français qui ont occupé la Casamance au début du XXe siècle avaient rebaptisé ses habitants diolas, à l’esprit égalitaire et individualiste mâtiné d’un grand sens du collectif, « les Bretons du Sénégal », et aussi vrai qu’il n’y a pas d’autoroute en Bretagne, il est difficile d’atteindre la Casamance, et tout aussi difficile pour une puissance étrangère d’y maintenir son emprise, qu’elle prenne son pouvoir à Paris ou à Dakar. On s’y attache comme à un paradis perdu : le cinéaste géorgien Otar Iosseliani chercha longtemps l’endroit où tourner son film contemplatif Et la lumière fut. Il tomba en arrêt devant un village de Casamance dont je n’ai pas réussi à retrouver le nom. Ses prises de vues extatiques ont saisi un temps suspendu, avec ses cireurs de chaussures, sa chasse à l’arc de la biche, ses jarres en terre cuite qui passent d’une main à l’autre, l’ardeur au travail, les eaux calmes des chenaux de marée, la société villageoise clanique, mais sans castes, ses habitants rétifs à l’autorité, aussi attachés à leur liberté que des chats.
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Personne ne sait en réalité combien de personnes se trouvent sur le Joola quand celui-ci largue les amarres : 45 billets ont été vendus en cabines, 110 en seconde classe, mais combien en troisième, à 3 500 francs CFA, soit un peu plus de cinq euros le passage ? Officiellement 855, mais personne n’ignore qu’il existe un système de billetterie parallèle, où la vente se fait de main à main, sans récépissé. Les gens s’entassent partout : dans les coursives, les allées du garage, le gaillard avant, près des canots sur le pont supérieur, s’asseyant sur les caisses renfermant les gilets de sauvetage. Où ils peuvent. Et comme les bagages n’ont pas été pesés, on ne sait pas non plus quel poids de fret charrie le bateau.
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C’est Florence Aubenas qui assure la couverture de l’événement pour Libé et titre : « Trois jours de deuil national pour le Titanic sénégalais. »
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Avec le sentiment d’être livrés à eux-mêmes dans leur propre pays, Malang Badji et Jean Diedhiou comprennent alors ce que beaucoup ressentiront ensuite : les rescapés du naufrage sont en passe de devenir un boulet au pied du pouvoir sénégalais, un colis encombrant. Les morts, eux au moins, ont le mérite d’avoir perdu leur langue.
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Dominique s’est peut-être rendu au marché de l’escale, où les poissons passent d’une bassine à l’autre, et qui résonne de la scansion des machettes s’abattant sur la paillasse pour venir découper en tronçons d’immenses thons, écartant des nuées de mouches à chaque impact, plus loin, les transistors branchés sur RFI, où s’écoute d’une oreille distraite le bulletin d’informations.
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