"Créer des besoins à défaut de parvenir à en combler d'autres plus élémentaires ... Vous ai-je montré mon porte-clefs chat-sushi ?"
« Les responsabilités et les objets m’encombrent. J’aspire à pouvoir tout quitter sur un coup de tête. Naviguer à vue sans conséquence pour personne d‘autre que moi. La précarité maitrisée n’a rien d’héroïque ni de douloureux et je préfère à l’occasion me serrer la ceinture plutôt que de dépendre de possessions. Et puis, en m’affranchissant du matériel, j’apprends à accepter la mort. Alors je n’ai aucune care de fidélité, dans aucun magasin. Libre et intraçable. Que j’achète des substituts de repas, du Nutella, de l’alcool ou des préservatifs nervurés qui brillent dans la nuit : impossible à traquer. On peut par contre connaître le détail de ce que j’ai lu et écouté ces cinq dernières années via différents réseaux sociaux constamment mis à jour (la cohérence aussi est encombrante). » Page 23
Au même étage que le coussin-caca, pourquoi ne pas se laisser tenter par un sac Chanel? Un coup d'œil distrait laisserait penser que les produits ont été importés de la Porte de Clignancourt mais les antivols et les prix indiquent, eux, que ces jolies choses sont bien authentiques.
Gaijin, c'est le terme désignant l'étranger, celui qui a traversé la mer ou l'océan... et qui n'aurait peut-être pas dû. C'est un terme courant parce que c'est un fait : il y a eux et il y a nous, qui ne parviendrons jamais complètement à maîtriser et la langue et les codes.
Au moment de passer en caisse avec des préservatifs ou des serviettes hygiéniques cochon-ailé-couronné, le caissier, d'habitude prompt à commenter à haute voix chacune de ses actions sur le modèle du je scanne ça et ça coûte tant, restera silencieux. Et de manière à ne pas contaminer le reste des achats, il glissera discrètement le produit à part dans un sachet en papier opaque.
Si je devais résumer les choses, le principal problème du pays, c'est sa tendance à l'infantilisation. [...] Tokyo refait de moi une enfant. Le symbole de ma perdition est une figurine de phoque déguisé en tortue. Elle trône sur mon étagère et me rappelle qu'un jour, j'ai ressenti le besoin de la posséder.