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Citations de Aharon Appelfeld (426)


Comme tous ceux de ma génération qui étaient arrivés en Israël à l'adolescence, je ne savais pas relier mes expériences européennes à ma vie ici. Plus exactement, je ne savais comment ignorer mon passé. Le passé vivait en moi dans une sorte d'intensité éruptive et exigeait mon attention. Sous cet angle, l'université ne fut pas seulement la maison où j'acquis certaines connaissances mais l'endroit où s'élabora le début de ma conscience : le début du tracé qui reliait « d'où ? » à « vers où ? ».
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On les haïssait au village, et c'est pour cela qu'il a été possible de les assassiner. On disait dans nos campagnes: "Si les Allemands, qui sont tellement cultivés, ordonnent de les tuer, on peut leur faire confiance".
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Bois, mon petit, le café vivifie l’âme.
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Il apparut que son père ne lui avait dit que très peu de choses, et à présent cet homme grand et beau vivait en ignorant tout de cette partie montagneuse où étaient nés son père, le père de son père, et les générations qui lui avaient précédés. On peut supposer qu'une trace de ses grands-parents inconnus réside dans l'âme du fils mais il n'en sait rien. Il n'y a aucune chance que son père prenne le parti de tout lui raconter maintenant. Et même s'il le faisait, ce serait contraint par quelqu'un d'autre. Ce qui n'a pas été dit en temps voulu est perçu, en d'autres temps, comme une pure fiction.

p.193
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Il est plus facile de lire que d'écrire. Mon père prétend que je lis trop vite et qu'une lecture précipitée n'a pas beaucoup de valeur. Il faut prendre le temps de s'interroger sur ce que l'on vient de lire. Une lecture dépourvue de réflexion équivaut à engloutir une soupe claire.
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Un regard d'enfant est indispensable à tout acte créateur. Lorsque vous perdez l'enfant qui en est en vous, effaçant insidieusement la surprise du premier regard; la capacité créatrice diminue. Plus grave encore: sans l'émerveillement de l'enfant, la pensée s'encombre de doutes, l’innocence bat en retraite, tout est examiné à la loupe, tout devient contestable, et l'on se sent contrarié d'avoir simplement aligné ses mots.
p.7/8
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Je ne prétends pas apporter un message, être un chroniqueur de la guerre ou une personne omnisciente. Je me relie aux lieux où j'ai vécu et j'écris sur eux. Je n'ai pas l'impression d'écrire sur le passé. Le passé en lui-même est un très mauvais matériau pour la littérature. La littérature est un présent brûlant, non au sens journalistique, mais comme une aspiration à transcender le temps en une présence éternelle.
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Theo pensa soudain : Au camp, on parlait une autre langue, une langue réduite, on n’utilisait que les mots essentiels, voire plus de mots du tout. Les silences entre les mots étaient leur vrai langage. Un jour, un compagnon de son âge, pour qui il avait de l’estime, lui avait confié : « J’ai peur que nous soyons muets lorsque nous serons libérés. Nous n’avons presque plus de mots dans nos bouches. »
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Des ailes, mon chéri, il nous faut des ailes. Sinon nous piétinons comme des poules. Seul Bach peut nous élever.
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La guerre est une serre pour l'attention et pour le mutisme. La faim, la soif, la peur de la mort rendent les mots superflus. (p.114)
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Je me rappelle l’instant où je me suis retrouvé là-bas, devant un arbre couvert de pommes rouges. […]. Cela faisait plusieurs jours que je n’avais pas mangé, et voici que se dressait devant moi un arbre couvert de fruits. Je n’avais qu’à tendre la main et à cueillir, mais je restais debout, paralysé par la surprise, et plus je restais ainsi plus la paralysie augmentait. Finalement je mangeai une petite pomme pourrie qui était tombée au sol et m’endormis. […]. Ce n’est que le lendemain que je cueilli une pomme de l’arbre. Elle était dure, acide, et la mordre me fit mal aux dents, le fruit pénétra dans mon œsophage contracté. Après avoir été affamé pendant plusieurs jours, l’homme cesse d’avoir faim. […]. La soif m’arracha au fossé et je partis chercher de l’eau et ce n’est que le soir que je trouvai un ruisseau.
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Lorsque Irina émergea de son sommeil ,il était déjà huit heures .Des flots de lumière entraient par la fenêtre et un silence désagréable régnait dans la pièce, comme si la maison avait été abandonnée par ses occupants.
Au petit matin ,la silhouette agitée de son mari l'avait visitée dans sa léthargie. Fort heureusement, il ne l'avait pas réveillée cette fois .Il était sorti de la maison en claquant la porte ,laissant derrière lui l'odeur de sa sueur et un agacement réprimé.
Irina avait tiré la couverture sur sa tête et plongé plus profondément dans un mauvais sommeil.
Le réveil la soulagea.Les visions troubles et bouillonnantes coulèrent à pic,s'effaçant de sa mémoire. La tête vide ,elle se leva et palpa ses jambes engourdies.Elle s'habilla aussitôt et alla se préparer un café.( Page 9).
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Il m'apportait des jouets étonnants et discutait avec moi comme si j'avais été grand. Il n'agissait pas ainsi sans raison. Sa théorie était que les enfants sont doués de sens aigus et d'une intelligence naturelle, et qu'il convient de les écouter.

p.33
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J’avais d’autres amis qui, durant ces années, ne demandaient qu’à m’écouter et à m’aider. Ils faisaient si peu de cas d’eux-mêmes que je ressentais à peine leur présence. Ils me murmuraient toujours le mot juste, fécond, le mot qui prenait racine et déclenchait la floraison.
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- Si tu cesses d'être un excellent élève, personne ne t'embêtera plus.
Cette phrase avait désarçonné Thomas, qui avait demandé :
- Que dois-je faire ?
- C'est très simple. Cesse d'être excellent. Ton excellence provoque un malaise chez les autres enfants.
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Pendant la guerre nous avons vu la valeur des idéologies. Des communistes qui avaient prôné l'égalité et l'amour de l'homme su les places publiques devenaient dans un moment de détresse des bêtes humaines. Mais il y avait aussi des communistes chez qui la foi en l'homme était très pure, et ils ressemblaient à des hommes très pieux. Tous leurs actes n'étaient que dévouement de l'âme. Cette règle s'appliquait également, me semble-t-il aux gens pieux. Il y avait des pratiquants que la guerre avait transformés en matérialistes et en égoïstes, et d'autres qui apportaient la lumière par leurs bonnes actions.
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Il s'appelait Hugo. Quel doux prénom. Et solide en même temps. C'est un prénom qui n'a besoin ni de suffixe ni de surnom pour être aimé. Tu dis "Hugo" et le prénom te colle aussitôt à la langue et au corps.
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Iréna voulut se concilier ses bonnes graces ,demanda pardon et lui promit que,quoi qu'il arrive,elle ne la laisserait pas longtemps seule.À quoi la tante répondit d'une voix perçante : 《 Je n'ai plus besoin de personne.Je n'ai besoin que du silence absolu.
--Je ne serai pas un poids》.
Le visage de la tante s'assombrit .Iréna s'en alarma: Tu veux que je t'apporte un verre de lait?
--Moi ,grâce soit rendue à Dieu ,je n'ai pas besoin des hommes. Je prépare moi-même mes repas,dit la tante en faisant le geste d'une personne qui ferme une porte.
-En quoi pourrais-je t'aider tout de même ?demanda Iréna,démunie.
--Moi répondit la tante en fermant les yeux ,j'ai besoin d'un sommeil ininterrompu.Un grand travail m'attend.Il faut récolter les pommes de terre et les légumes dans le potager.Ils sont mûrs. 》
Iréna comprit que Yanka vivait dans un autre monde désormais et qu'il ne fallait pas la déranger.
La tante s'assoupit un instant en effet.Ses traits n'exprimaient aucune rancoeur.Tenant la main d'Iréna,elle dit, comme hors de propos:《 Notre vie en ce monde est si brève que n'avons pas la possibilité d'aimer ceux que nous voulons aimer.Tu sais en quoi les juifs sont différents de nous? Ce qu'ils ont ,qui nous manque?
-Quoi donc? demanda Iréna ahurie.
--Ils ont la force d'ignorer la mort.》.( Page 123).
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Il y a peu encore, il pensait que les collabos s’étaient eux-mêmes retranchés de la communauté des hommes. Ils avaient un visage différent. Ils seraient exécutés le jour de la libération. Et maintenant, à sa grande stupeur, ils lui apparaissaient comme des hommes.
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Au petit matin, j'écarte les lourdes tentures qui masquent les années pour les examiner à loisir, en silence, face à face, comme disent les Écritures.
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